Madame la conseillère

Voici plus de deux ans que vous m’accompagnez dans ma recherche d’emploi, après avoir émargé chez un de vos prestataires fantômes (ceux qui facturent leurs services au prix très fort, sans plus de résultat) durant une année, et six mois dans une antenne spécialisée seniors (un suivi dispensé, adapté et réel, mais là encore abandon du produit, à se demander pourquoi ?). Vous m’avez souhaité avec solidarité, dans notre dernière entrevue, vos bons vœux pour la nouvelle année. Dans un premier temps je vous en remercie, et tenais aujourd’hui à faire le bilan de notre partenariat, si on peut le nommer ainsi.
Au fil des ans, et sans jamais faillir ni baisser les bras, je me suis appliqué à fournir un nombre impressionnant de curriculum-vitae et de lettre de motivation, seul ou avec l’aide de vos services. Le décompte très approximatif est de plus de huit cent courriers ou courriels postés, une cinquantaine de démarche en porte à porte ou téléphonique, et une activation de mon réseau personnel qui tend à se rétrécir au fil du temps (allez comprendre pourquoi ?), trois démarches récentes pour un plan de formation offert par notre gouvernement (sans retour, étonnant, incompréhensible, mon adhésion aurait dû faire baisser la fameuse courbe encore plus fortement), mon solde comptable en retour positif est d’une dizaine d’entretiens sans suite ni explication malgré mes demandes consciencieuses à progresser, et le reste cumulé est simplement un non-retour, ou parfois une lettre sans équivoque de négation polie et pré-imprimé.
Après quelques mois, je comprenais bien la nécessité d’étendre ma recherche et ne plus me focaliser sur mes compétences de mon dernier emploi, ce que je m’appliquais à faire, tentant ma chance dans des postes plus manuel, ménage, plonge, préparateur de commande, bref une gamme à jouer plus large et moins restrictive. Le constat depuis un an est le suivant, pour le métier de développeur informatique, je me suis rendu à l’évidence, les petites annonces se voyaient gratifier d’un niveau Bac plus cinq, ce qui était nouveau et récent dans la façon, et me mettait sur la touche ayant les compétences mais pas le niveau, place aux jeunes sans doute et c’est assez logique. Pour les autres emplois de ma recherche étendu, sans avoir jamais entendu, sauf une seul fois, la barrière de l’âge (merci au préposé de La Poste), il était facile de comprendre, qu’un jeune sans formation précise était plus marchand et sans doute malléable pour un salaire plus attractif et à la baisse, à croire que l’exploitation et la consommation outrancière en contrat CDD et Intérim, nourrissent sans discernement le marché de l’emploi, genre Kleenex, et à mon humble avis de non spécialiste de la chose économique, ce n’est pas la nouvelle loi travail (celle du 49.3) qui améliorera les choses.
J’ai durant cette période de chômage depuis juillet 2012, eu un problème de santé qui m’a vu sortir des statistiques Pôle Emploi durant 16 mois, (j’ai indirectement mis un embarras conséquent dans les statistiques et leurs courbes de vos données calculées chaque mois) ce qui allonge mes droits d’autant, mais m’éloigne encore plus de la réalité (si elle existe) du marché du travail, et malgré cette maladie non reconnu handicapante par notre sécurité sociale, elle me laisse sur le bord du chemin pour un nombre impressionnant de poste souhaitable. Ce qui réduit mon panel de recherche. Bref, pas commode, voire impossible de trouver un travail pour remplir la gamelle…
Votre compassion toute en émotion, à comprendre et à nommer le problème de mon âge (58 ans c’est encore jeune, non ?), à participer à ma renonciation pour ma recherche d’emploi tambour battant, pour devenir un travail en dilettante à ce jour, sans omettre l’importance du pointage au 28 de chaque mois. De plus arrivant en fin de droit (tout de même trois ans, n’en déplaise à certain politique), me voici casé et pointant pour une nouvelle appellation, l’ASS (allocation de solidarité spécifique) pour six mois (peut être renouvelable) et une perte considérable d’indemnisation malgré mes 42 ans cotisés, bref une somme qu’il va falloir gérer avec tact et parcimonie (500 € c’est bien ça ?). C’est un devoir à ne pas renoncer, au vu de l’espoir proposé, une survie à apprivoiser, restons digne et soigné.
Je pourrai détailler ici, chaque journée passée à tenter l’impossible, dire que « pas de bol » à frapper, penser que ma motivation était un leurre, dire aussi que pourquoi ne pas profiter du système, mais non mon éducation me l’interdit, je dois rester polie et politiquement correct. Mais croyez-bien que le nombre de jurons et d’insanités pensés, dépasse allègrement le nombre de démarche tentée à prouver mon utilité, jusqu’à devoir croire au final de l’inutilité bien évidente de ma motivation.
Vous m’avez fait vos vœux, pour ma part je renonce à la politesse de vous les retourner, ce n’est pas bien mais j’assume. Votre aide tout au long du parcours était précieuse mais vaine, me faire croire au miracle ne pouvait être possible, je compatis à votre manque de proposition et à l’éventail restreint d’outils possible en vos mains, vous êtes tout comme moi, soumis à l’incapacité et négligences de nos politiques, de nos gouvernants et d’un système obsolète et dépassé, soumis aux affres de l’économie de marché (que c’est drôle !). Mais que faire sinon apprendre l’humilité et la prouesse de survivre, car la vie doit continuer.
Il me reste donc à patienter dans ma survie au quotidien, attendre mes 60 ans, pour il est possible à ce jour pouvoir prétendre à cette foutu retraite pas complète, bien entendu. L’aléa le plus encombrant serait pour ces élections présidentielles d’hériter d’une nouvelle réglementation d’un âge à la retraite prévu pour nos 80 ans (boutade ou pas ?), là j’avoue ne pas avoir de solution, sinon de voter pour un « renverseur de table » (est-ce possible ?)...
Pour en terminer, je n’userai pas de la formule conventionnelle de politesse, juste vous dire, c’est bien dommage d’avoir dû faire ce constat d’échec, au final pas personnel mais bien à supporter dans son entier, et juste soumis aux désirs économiques et inconstances politique de notre beau pays.
Cordialement.
PS : Comprenez bien que je ne peux pas vous poster cette lettre, ce n’est qu’une analyse de ma part à divaguer dans la réalité de notre monde, du mien c’est plus surement vrai.
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