• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Mai 2006, Erhan Timuroglu : « Nous devions tuer des Arméniens », janvier (...)

Mai 2006, Erhan Timuroglu : « Nous devions tuer des Arméniens », janvier 2007, Hrant Dink est assassiné !

« Notre ami le plus cher, notre frère, le rédacteur en chef du journal AGOS vient d’être victime du plus lâche des assassinats. Aucun mot ne peut exprimer la profondeur de notre douleur. Nous adressons nos condoléances à sa famille, à ses amis et à tous ceux qui continuent de croire en l’humanité ».

http://www.agos.com.tr/

Choqué, bouleversé, attristé, ne trouvant plus les mots pour décrire ce que j’ai ressenti à la découverte de l’assassinat du journaliste citoyen de Turquie mais arménien Hrant Dink, comme lui-même l’avait déclaré lors d’un discours prononcé à Urfa en 2002.
Je n’ai connu, comme d’autres Turcs, Hrant Dink que tard, beaucoup trop tard et dans des circonstances haineuses à son encontre. Je l’ai découvert il y a quelques mois à la suite de son procès intenté par le groupe d’avocats ultranationalistes de l’Union des grands juristes avec à sa tête Kemal Kerinçsiz. Il était poursuivi pour insulte à l’identité nationale turque au titre de l’article 301 du Code pénal. Ses détracteurs l’accusaient d’avoir qualifié le sang turc comme un sang empoisonné alors que le vrai sujet de l’article, c’est bien que les Arméniens de la diaspora, une fois en paix avec la composante turque de leur identité, pourront trouver, en Arménie, des réponses nouvelles à leurs interrogations, avait déclaré Hrant Dink à RSF
Leur propagande était tellement efficace que moi-même, j’avais douté, lors de ma première lecture, de la phrase incriminée à cause d’une mauvaise traduction. Même si mes doutes ont été effacés quelques heures après, aujourd’hui ce doute me hante. Je me dis qu’il faut toujours être sur ses gardes, ne jamais faire confiance à au premier journal venu et encore moins à la décision d’un juge sans avoir mené ses propres recherches.

Quand l’oiseau du sommeil pensa faire son lit dans ma pupille, il vit les cils et s’effraya du filet.  Ben Alhamara (poète andalou).

Depuis son assassinat, j’ai perdu le sommeil. Je passe mes jours et mes nuits à lire tout ce qui concerne Hrant Dink. Je regarde ses vidéos dans lesquelles, pris d’émotion, il expliquait que s’il n’obtenait pas justice devant la Cour européenne des droits de l’homme, il quitterait la Turquie, son pays. Parce que d’après moi, une personne convaincue d’avoir insulté ses concitoyens n’a pas le droit de vivre auprès d’eux, avait-il déclaré. Mais il refusait de partir, d’abandonner tous ceux qui luttent pour une véritable démocratie en Turquie. Sa position sur le génocide arménien, sur la Turquie, sur la diaspora arménienne ainsi que sur l’attitude des Européens vis-à-vis de la Turquie, lui ont valu plus d’ennemis que d’amis. Il l’explique dans cet entretien réalisé par Frédéric Mitterrand pour TV5 à Istanbul en septembre 2005(entretien vidéo).
Celui qui a lâchement tiré sur Hrant Dink a donc été arrêté. Un garçon de seize ans, originaire de la ville de Trabzon, là où un prêtre italien, Andrea Santoro, a été tué en février 2006.

Les vrais lâches sont non seulement les commanditaires de cet assassinat mais aussi tous ceux qui n’ont pas voulu entendre les nombreuses mises en garde.
On peut aller plus loin et rejoindre l’analyse de Ismet Berkan, de Radikal ; titre son éditorial : "Nous avons tué Hrant Dink". Selon lui, l’ambiance nationaliste entretenue par certains en Turquie explique que ce type de meurtre soit possible. "Avant, lorsque de pareils crimes étaient commis, je pensais tout de suite à l’Etat profond [qui désigne en Turquie les gangs, formés de militants d’extrême droite plus ou moins liés à la pègre, commettant de basses œuvres pour le compte d’une partie de l’appareil d’Etat].
Ce n’est plus le cas aujourd’hui, car ceux qui alimentent le nationalisme en Turquie ont créé un tel monstre qu’il y a désormais dans les rues de nos villes de nombreux jeunes inspirés par La Vallée des loups [du nom d’un feuilleton et d’un film valorisant l’action violente au service de la cause nationaliste turque] et pour lesquels même l’Etat profond n’est pas assez nationaliste." (Source : Courrier international).
Regarder les chaînes de télévision turques, j’en ai la nausée, tellement tous ces journalistes et politiciens tirent la couverture à eux et ne s’occupent que de l’image de la Turquie. Tous se félicitent de cette manifestation de 250 000 personnes à la mémoire de Hrant Dink, de ce cortège long de huit kilomètres pour les obsèques, et déclarent que cela donnera une image positive de la Turquie à l’étranger ! Hallucinant ! Si je devais m’attacher à l’image de cette manifestation, j’ai remarqué que la majorité des manifestant(e)s n’était ni barbue, ni voilée. Ce sont toujours les mêmes qui descendent dans la rue.
Ce qui les préoccupe, c’est toujours, encore, l’image de la Turquie. Aucun ne se pose de question sur lui-même, sur la société turque, sur notre histoire, nos manuels scolaires, nos médias, etc. Rien ! L’important est toujours l’image de la Turquie !
Ils déclarent que les balles tirées sur Hrant Dink sont d’abord des balles tirées sur la Turquie. Certes, mais qui a fait en sorte qu’un jeune, même manipulé, accepte de prendre ce pistolet en étant persuadé que son geste était bon pour la Turquie ? Qui, à part ceux qui ont mis dans la tête de la majorité des Turcs que l’Arménien est un ennemi potentiel, que seul un autre Turc peut être l’ami d’un Turc, que la Turquie n’est entourée que d’ennemis ! C’est presque un siècle d’histoire turque qui a conduit à cet assassinat comme il avait conduit d’autres fanatiques à brûler vifs des intellectuels et des poètes alévis ou athées dans l’incendie d’un hôtel à Sivas en 1993, où une réunion se tenait avec le traducteur des Versets sataniques de Salman Rushdie.
Je continue à lire, à aller dans les archives des journaux, à chercher les derniers évènements qui ont des liens avec cet avocat ultranationaliste, à comprendre ce qui s’est passé dans mon pays d’origine pour en arriver là.

La femme et les filles de Hrant Dink à son enterrement

26 mai 2006 - Erhan Timuroglu : « Nous devions tuer des Arméniens » !

Or, je tombe sur l’attaque contre le Conseil d’Etat qui a provoqué, le 17 mai 2006, la mort du juge Mustafa Yücel Özbilgin ainsi que blessé quatre autres juges. Ces magistrats étaient connus pour la sévérité avec laquelle ils appliquaient l’interdiction du port du voile dans les lieux publics. Et, s’autoproclamant « soldat de Dieu », Alparslan Arslan déclare avoir voulu les « punir ».
On pense tout de suite à une attaque islamiste. Tous les médias en parlent, et une grande marche est organisée pour la défense de la république laïque. Mais l’enquête de la police révèle autre chose. Les commanditaires sont plutôt liés à des groupes ultranationalistes et à ce qu’on appelle le « derin devlet » (l’Etat profond), cette nébuleuse qui relie policiers, politiciens et mafia.
A la suite de cette attaque, le journal Yeni Safak en date du 26 mai 2006 cite Erhan Timuroglu, l’un des complices, qui a déclaré : « Après notre attaque au Conseil d’Etat et si Alparslan Arslan n’avait pas été interpellé, nous aurions commis plusieurs actions à Istanbul. Nous devions tuer des Arméniens à Istanbul. Mais quand il a été attrapé, tous nos plans ont été bouleversés. »
Comment expliquer que le gouvernement, le ministre de l’Intérieur, le ministre de la Justice ainsi que le préfet d’Istanbul aient tous ignoré cette confession ? Ou bien ont-ils tous choisi de se taire, en se disant que finalement, cela ne concerne que des Arméniens ?

Sur la pancarte : ce pays protège les oiseaux !

A peine huit mois plus tard, son funeste vœu fut exaucé sans que les autorités turques aient bougé le petit doigt. Aucun journal ni chaîne de télévision n’a trouvé bon d’aller plus loin dans cette déclaration. Pourtant, celui qui l’a prononcée n’est ni un simple fou fantaisiste, ni un inconnu. Il s’agit de ceux qui, avec Alparslan Arslan, ont réussi à pénétrer dans l’enceinte du Conseil d’Etat pour tirer sur cinq juges.
Le 1er juin 2006 Hrant Dink appelait lui-même tous les représentants du gouvernement à agir, à questionner l’auteur de cet aveu, à trouver les cibles arméniennes potentielles de ces criminels et à prendre les mesures nécessaires pour les protéger. Il disait que si eux ne faisaient rien, il n’en serait pas de même chez AGOS, et que si dans le futur un tel incident se produisait, ils interrogeraient ceux qui ont ignoré cette menace !
L’une des priorités de n’importe quel Etat est de veiller à la protection et aux droits de ses citoyens, surtout lorsque ceux-ci font partie d’une minorité. Ce même Etat avait déjà failli à son devoir en 1915 lorsqu’il a envoyé des centaines de milliers d’Arméniens sur les routes au prétexte d’un déplacement de population, sachant très bien qu’ils mourraient de froid, de faim ou seraient tués.
La première fois que j’ai entendu parler du génocide arménien, c’était par la voix de mon père. Il m’a raconté comment son grand-père avait sauvé une famille arménienne voisine d’une mort certaine. Il avait changé leur nom sur la porte en les turquifiant, et écrit en arabe quelques versets du Coran.
Aujourd’hui, alors que tout indiquait que la prochaine cible serait un Arménien, l’Etat est une fois de plus resté insensible à l’appel des Arméniens de Turquie.
Voilà donc bien des questions auxquelles devront répondre tant les responsables politiques que les différents médias dont la seule préoccupation semble l’image de la Turquie !
Alors, notre seul espoir repose sur cette foule de cent mille personnes enfin conscientes que la voie de la démocratie ne peut se passer de ceux qui posent les vraies questions, de ceux qui défendent d’abord une communauté d’idées, de valeurs et non une ethnie particulière, de ceux opposés à toute injustice et épris de liberté. Hrant Dink en faisait partie. Sa mort ne doit pas être inutile. Elle doit servir à continuer son combat, qui est celui de tous les habitants de Turquie : vivre ensemble en paix !

Nobel GÜNEŞ, Président d’Athétürk

Athétürk répond à l’APPEL A MANIFESTATION lancé par l’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT) :


Moyenne des avis sur cet article :  4.38/5   (116 votes)




Réagissez à l'article

31 réactions à cet article    


  • Briseur d’idoles (---.---.162.170) 24 janvier 2007 12:11

    Il est facile de faire dire à Erhan Timuroglu, tout ce que vous voulez lui faire dire !


    • Gazi BORAT (---.---.164.192) 24 janvier 2007 12:57

      Hrant DINK rejoint le funèbre cortège des victimes du nationalisme turc, qu’elles soient d’origine arménienne, de confession alevie (n’oublions pas non plus les massacres de Maras en 1983) ou attachées sincèrement à la démocratie et à un monde où les hommes, comme l’ écrit Nazim Hikmet pourraient « vivre en frêres comme les arbres de la forêt ».

      Mais soyons aussi vigilants, en ces temps de repli identitaire, en n’oubliant pas que l’ultranationalisme turc s’inspira du modèle jacobin français lorsque s’opéra la transition entre l’identité ottomane et sa fédération de nations de l’empire ottoman (lorsque les Arméniens d’Anatolie étaient qualifiés de "Millet i sadiqa) et la formation de la nation turque moderne sur une base de pantouranisme latent.

      Gazi BORAT


      • erdal (---.---.242.88) 24 janvier 2007 13:13

        Quel gâchi !

        Et pourtant, il savait qu’il était dans une position fébrile comme une colombe ainsi se voyait-il.

        Et ce qui devait arriver... arriva.

        En ce qui me concerne, j’ai compris que la suite allait être tendu, car je tiens à rappeller que le dialogue entre turc et arménien pouvait s’installer l’année dernière avec un groupe d’historien entre les deux camps (suite à la volonté du premier ministre Erdogan) pour faire la lumière sur ces évènements, mais leurs entêtements (celle de la diaspora arménienne) à ne pas discuter de manière pédagogique a radicalisé les opinions. La disapora sous entendait que le fait d’accepter ce dialogue remettait en cause les acquis internationaux, mais en ce comportant ainsi, ils ont tué le dialogue et à fortiori Hrant.

        Et maintenant, que va t il se passer ? Est ce que enfin Hrant va être entendu ? et est ce que les arméniens et les turcs vont pouvoir se débarrasser de leur haine ? et est ce que les turcs vont dire que c’est trop ou bien, allons nous, nous enfoncer dans une confrontation qui faira surement aucun gagnant, mais à coup que des perdants.

        Pour revenir sur l’article et le nationalisme, il faut se remémorer la situation lors de la chute de l’empire ottoman. Et malheureusement, nous savons que sans le nationalisme nouveau de l’époque, nous n’aurions pas vu le jour et il est bien là le dilemme !

        salutation à Hrant et nous ne l’oublierons pas

        erdal


        • Gazi BORAT (---.---.164.192) 24 janvier 2007 13:54

          Erdal,

          vous avez raison en ce qui concerne le nationalisme et l’époque de transition car ce fut là une occasion manquée..

          Des Arméniens (et d’autre minorités) participèrent au tout début du mouvement « Jeune Turc » mais la radicalisation de part et d’autre amena au tragique dénouement que l’on connait et que certains nient encore actuellement.

          Gazi BORAT


        • de passage (---.---.0.79) 24 janvier 2007 13:58

          Bravo pour ce plaidoyer, pas evident encore. Il existe encore beaucoup trop de gens qui ignorent leur passé. J’avais noté le « attaque contre la Turquie et son image », comme si la victime etait la Turquie et non ce journaliste, comme s’il n’y avait que cela qui comptait. Je trouve par contre l’attitude du gouvernement limite, notamment Erdogan qui n’a pas voulu etre présent et qui dans ses déclarations a évité soigneusement de déplorer la mort de ce journaliste pour une autre raison que celle qu’elle nuirait à la Turquie.


          • Aurel (---.---.105.67) 24 janvier 2007 15:42

            Si, il me semble qu’il a dit un truc du genre, je ne me rappelle plus quoi exactement, c’était à la TV le jour de l’assassinat. Et ce n’est pas dans mes habitudes de défendre Tayyip !


          • Aurel (---.---.105.67) 24 janvier 2007 14:59

            Excellent article, évidemment ce n’est pas moi qui vais dire le contraire puisque je fais parti de l’assoc’ http://www.atheturk.com Chapeau bas à l’intégrité d’un homme hors normes qui disait tout haut ce qu’il pensait, sans se demander si cela allait froisser les uns ou les autres, qu’ils soient arméniens ou turcs. Mais peut-être est-ce cela véritablement aimer les siens, dire ce qu’il ne va pas chez eux dans l’espoir de les voir s’améliorer. Pour ma part je trouve désopilant de voir qu’il faille qu’un turc démocrate se fasse assassiner pour qu’on s’apperçoive enfin qu’il y a des démocrates en Turquie aussi ! Espérons que cet assassinat n’ira pas à l’encontre de l’entrée de la Turquie dans l’U.E. Ce serait assassiner Hrant Dink une deuxième fois, lui qui disait que ceux qui sont contre sont entrée en Europe, comme en Turquie, partagent les mêmes idées. Ces idées là sont la montée d’un nationalisme chrétien, puant, et raciste en Europe ( France, Pologne, Allemagne, Serbie... ) et d’un islamo fascisme en Turquie du au rejet de l’Europe.

            Rappellons nous que ce sont les mêmes idées qui ont tué Jaurès et Hrant Dink qui circulent des deux cotés de la méditérannée, et qu’ils nous faut combattre, ENSEMBLES !


            • marc (---.---.31.231) 24 janvier 2007 16:13

              Merci Nobel pour cet excellent article. Je ne peux qu’approuver chaque mot puisqu’ils traduisent parfaitement mon sentiment de perte et la situation que je vois tous les jours ici avec l’aveuglement des Turcs devant leur propre comportement. Depuis l’assassinat, j’ai de nombreuses fois tenté de donner les mêmes explications que les votres mais quelque soit la bonté de l’auditeur, je me retrouve face à un mur d’incompréhension, né de son éducation totalement sous controle de la propagande. La vrai responsabilité est clairement et uniquement les institutions et les autorités Turques qui usent et abusent du lavage de cerveaux depuis le plus jeune age de leur citoyens. Ainsi ils ont mis un couvercle sur une bouilloire.

              Le comportement de certains responsables politiques d’états Européens,notament et surtout en France à fini de « clipser » la cocotte-minute.

              Le monstre ultra-nationaliste est maintenant puissant et sur d’etre soutenu par une tres grande majorité de la population inconsciente, hypersensible sur son besoin d’appartenance nationale et ethnique et incapable de mettre en cause la véracité d’un article dont vous, Nobel, expliquez la nécessité dans votre premier paragraphe. Pour l’illusion de préserver notre pouvoir d’achat et pour le plaisir d’entretenir la démagogie de nos politiciens, nous allons nous refugiez derriere un mur en attendant que la cocotte-minute explose au lieu de faire diminuer la pression ce qui serait d’un folle simplicité.

              Je ne suis pas d’accord avec les slogans bien attentionnés des manifestations. Nous ne sommes pas tous des Hrank Dink. Comme le dit Ismet Berkan, nous sommes tous ses tueurs, nous les Turs ET les Européens car nous avons clipser la cocotte-minute au lieu d’aider à enlever le couvercle.


              • astre (---.---.61.182) 24 janvier 2007 18:18

                en tant que citoyenne franco armenienne, je suis agréablement surprise de la participation au débat de jeunes turcs mais émet quelques réserves sur certains propostenus notamment par Erdal

                « car je tiens à rappeller que le dialogue entre turc et arménien pouvait s’installer l’année dernière avec un groupe d’historien entre les deux camps (suite à la volonté du premier ministre Erdogan) pour faire la lumière sur ces évènements, mais leurs entêtements (celle de la diaspora arménienne) à ne pas discuter de manière pédagogique a radicalisé les opinions. » notre « entêtement » ? la « volonté » du premier ministre ? je ris doucement...si l’allemagne avait proposé un tel dialogue avec les juifs quant à la réalité de la Shoah, le refus de ceux ci de dialoguer aurait il été critiqué ? je ne crois pas.. !! la vérité est établie et seule la turquie semble sourde et aveugle et tente de masquer sa mauvaise foi avec des tentatives pitoyables...mais nous ne sommes pas dupes. le négationnisme est l’apogée du crime de génocide..aucune négociation n’est possible avec ceux qui refusent cette évidence..le dialogue entre ces deux pays ne pourra être rétabli qu’avec la reconnaissance de ce qui fut le premier génocide du XXème siècle...


                • erdal (---.---.242.88) 24 janvier 2007 19:18

                  je ris doucement...
                  - he bien ! je suis bien triste de vous entendre

                  si l’allemagne avait proposé un tel dialogue avec les juifs quant à la réalité de la Shoah, le refus de ceux ci de dialoguer aurait il été critiqué ? je ne crois pas.. !!

                  - premièrement, la connaissance des actes fait par les allemands suite à la chute du 3ème reich s’est faite dans la foulée et non 100 ans plus tard

                  - deuxièmement, je ne veux pas rentrer dans ce débat et je ne nie pas les massacres. Mais lorsqu’une délégation turco-arméienne concluera le mot « génocide », alors je me taierai sur ce sujet.

                  la vérité est établie et seule la turquie semble sourde et aveugle et tente de masquer sa mauvaise foi avec des tentatives pitoyables...mais nous ne sommes pas dupes. le négationnisme est l’apogée du crime de génocide..

                  - si la turquie est sourde, il est temps de confronter la vérité comme l’a fait un journaliste arménien sur l’execution de la grande majorité d’arménien stambouliote pendant cette période. Ce journaliste à le mérite d’avoir poser une bonne question, au lieu de voter des lois qui sont des instruments de manipulation.

                  aucune négociation n’est possible avec ceux qui refusent cette évidence..le dialogue entre ces deux pays ne pourra être rétabli qu’avec la reconnaissance de ce qui fut le premier génocide du XXème siècle...

                  - désolé l’histoire ne se négocie pas !


                • Gazi BORAT (---.---.164.192) 25 janvier 2007 07:42

                  « La reconnaissance des actes (...) par les Allemands s’est faite dans la foulée.. »

                  Attention à ce type de comparaisons..

                  - La reconnaissance des crimes du III° Reich s’est produite dans le contexte d’un pays vaincu et occupé par les armées de ses vainqueurs.

                  - Cette reconnaissance a très vite été l’objet d’une relativisation officielle des mêmes crimes. Dans les livres d’histoires scolaires de RFA, au début des années 80, on pouvait voir, rassemblés sur une même page : - une photo de rescapés dans un camp de la mort - une photo de rescapés d’Hiroshima au milieu des décombres - une photo de Cologne après les bombardements alliés - une photo de civils allemands en déroute devant l’avancée des Russes.

                  - Nul doute que la Turquie dans un même contexte (occupation du territoire nationale par Anglais, Grecs, Italiens, Français, Russes en 1918, aurait reconnu le génocide arménien à cette époque.

                  Gazi BORAT


                • Gazi BORAT (---.---.164.192) 25 janvier 2007 08:22

                  - Vous avez raison d’appuyer sur l’importance du travail des historiens et de la confrontation des points de vue d’où ne pourrait sortir qu’une vérité diificilement contestable.

                  - La turquie moderne d’Atatürk, dans un souci de réconciliation nationale, s’est bâtie sur la négation du génocide, c’est un fait.

                  - La France du général De Gaulle, et pour les mêmes motifs, a, elle aussi jeté un voile sur la collaboration et la participation française au génocide juif. Ce n’est ainsi qu’à la fin des années 70 qu’ont commencé à être abordées plus ouvertement ces questions.

                  - Turcs et Arméniens ont tout à gagner à une meilleure connaissance de leur passé.

                  Gazi BORAT


                • erdal (---.---.242.88) 25 janvier 2007 13:23

                  Sayin Gazi BORAT,

                  En ce qui me concerne, je ne demande que cela.. la reconnaissance faite par des historiens turcs et arméniens.

                  Je n’aime pas l’intervention d’un avocat amériain marquant du sceau de l’ONU le mot « génocide ». Je préfère voir des savant plutôt que des états qui se confronter à coup de loi et qui masquent dans les deux camps leur mauvaise foi et donc une réalité surement tordu.

                  selam

                  erdal

                  PS : Aux arméniens, je ne demande que la vérité, quel soit bonne ou mauvaise. Et nous savons que cette période de l’histoire, et la complexité qui l’accompagne n’est pas aussi simple à définir.

                  un rappel est nécessaire, déclin de l’empire ottoman, première guerre mondiale, attaque des arabes, des grecques, des russes, des anglais, etc.. sur tout les fronts de l’empire et le dépeçage de l’anatolie à la fin. Suite à cela, les mouvement des populations minoritaires ont commencé...et après...génocide de ces populations lors de la reprise en main des jeunes turcs ? Bonne question, un état qui n’existait pas à réussi un génocide bien ciblé et de manière méthodique et complète ? A vous de me le dire...


                • kevork (---.---.203.19) 24 janvier 2007 22:43

                  En tout cas l’Etat turc a bien réussi sa manipulation

                  1 - je tue Hrant Dink : ça me débarasse d’un gêneur et le message est clair pour les Arméniens de Turquie : la récré est finie

                  2 - je lui organise des funerailles nationales en versant des larmes de crocodiles (avec le relais de la presse dite nationaliste et de la presse dite islamiste ... en fait c’est bonnet blanc et blanc bonnet)

                  3 - je capitalise : regardez, nous qui pleurons Dink ne pouvons être que des progressistes-modérés-proeuropéens (puisque nous pleurons Dink), mais attention (message subliminal) si l’Europe ne fait pas preuve de plus de compréhension, alors des éléments fascistes-incontrolés-kemaliste-loupgris (avec lesquelles nous agissons en vérité de concert pour berner ces abrutis d’Européens) pourrait faire « dérailler le processus de démocratisation » (processus qui n’existe que dans l’esprit d’Alexandre Adler et de quelques exaltés piqués à l’atlantisme de la rédaction du « journal » le Monde)

                  Belle manip !! mais désolé ça marche pas, vous n’êtes pas « tous des Arméniens », vous êtes tous des Turcs ultranationalistes, racistes, négationnistes. Rien de neuf.


                  • Gazi BORAT (---.---.164.192) 25 janvier 2007 08:53

                    Qui est « l’état turc » ?

                    - Votre analyse est globalement bonne sauf qu’il n’y a pas un manipulateur unique (l’Etat turc) mais différentes composantes qui, chacunes, tentent d’exploiter un assassinat politique.

                    - Derrière ce que vous appelez « l’état turc » on peut trouver pêle mêle : un gouvernement islamiste modéré issus des élections, tenu lui même en tutelle par l’état major de l’armée (le MGK), lui même travaersé par des courants farouchement nationalistes d’une part et largement atlantiste d’une autre, des courants nationalistes de gauche (qu’incarna longtemps Bülent Ecevit) et d’extrême-droite (les Loups gris de Türkes) avec leur réservoir de laissés-pour-compte utilisés comme hommes de main. Chacun de ces courants tentant de tirer la couverture à lui, on se trouve confronté à autant de manipulateurs.

                    Gazi BORAT


                  • de passage bis (---.---.0.79) 25 janvier 2007 11:33

                    erdal, les crimes ont été reconnus non pas 100 ans plus tard mais immédiatement par la communauté internationale et la turquie elle-même juste après les faits, avant que tout ne soit « oublié » par la suite. C’est bien le but de faire passer le temps pour ensuite relativiser ou dire que ça n’a pas existé. le coup du dialogue est d’un hypocrisie.. il faut que le bourreau soit d’accord avec la victime pour que les blessures soient reconnues comme vraies ? Mais vous êtes un troll qui pollue l’article, je ne devrais pas répondre.


                    • Athétürk 25 janvier 2007 15:13

                      Bonjour,

                      Je voulais rappeler ceci :

                      APPEL A MANIFESTATION

                      LE SAMEDI 27 JANVIER A 15H LA PLACE DE LA REPUBLIQUE METRO : République

                      Le Rédacteur en Chef du journal Agos, Hrant Dink, a été assassiné le vendredi 19 janvier devant la porte du journal.

                      NOUS APPELONS A UNE MANIFESTATION SILENCIEUSE, SOUS UNE SEULE PANCARTE,

                      NOUS SOMMES TOUS DES HRANTS !

                      NOUS SOMMES TOUS DES ARMENIENS !

                      EN HOMMAGE A HRANT DINK,

                      Défenseur de la paix, de la fraternité, de la liberté, de la démocratie et artisan du dialogue Arméno-Turc pour une mémoire collective

                      ATHETÜRK se joint à l’appel de l’ensemble des organisations, des syndicats et des associations a répondre à l’appel à une manifestation silencieuse en la mémoire de HRANT DINK, défenseur des droits de l’homme et artisan du dialogue arméno-turc.

                      Plus que jamais le dialogue arméno-turc doit être renforcé et soutenu par l’ensemble des démocrates français.

                      Il n’est pas nécessaire d’avoir des origines arméniennes ou turques pour participer à cet hommage. Toute personne qui partage les valeurs de démocratie, de liberté d’expression et de droits de l’Homme peut naturellement y participer.

                      Merci à vous,

                      Nobel

                      Liste des associations qui ont signé l’appel : Rassemblement des Associations Citoyennes des Originaires Turquie (RACORT)

                      Centre de Recherche sur la Diaspora Arménienne (CRDA)

                      Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (L’ACORT)

                      Association Audiovisuelle Arménienne (AAA)

                      Association Culturelle et de Solidarité d’Anatolie

                      Association Culturelle des Travailleurs Immigrés de Turquie (ACTIT)

                      Association de Solidarité Franco-Anatolienne (ASFA)

                      Assemblée Européenne des Citoyens (A.E.C)

                      Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)

                      Association des Tunisiens de France (ATF)

                      ATHETÜRK

                      Bir-Kar

                      Centre Culturelles des Alévis de Paris- PAKMERKEZ

                      Centre de Recherche et Culturel de Dersim

                      Centre Culturel Kurde- Ahmet Kaya

                      CEDETIM

                      Collectif les mots sont importants

                      Confédération des droits démocratiques en Europe

                      Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)

                      Fédération des Travailleurs turcs en France (FTIF)

                      Fédération Tunisienne pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)

                      Fédération SUD ptt

                      FEYKA

                      Turquie Européenne

                      Ligue des droits de l’Homme (LDH)

                      Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR)

                      Les Verts

                      Union syndicale Solidaires

                      MRAP

                      Parti Communiste Français (PC.F)

                      Plateforme pour vivre ensemble-Paris

                      Réseau Féministe « Ruptures »

                      Union des Familles Laďques

                      Yasanacak Dunya

                      Le Groupe Tchétchénie


                      • kevork (---.---.203.19) 25 janvier 2007 17:31

                        certes, certes

                        tous ces courants se détestent cordialement mais il y a un point qui fait l’Union sacrée : la négation du génocide ! et pourquoi ?

                        Parce qu’au lieu d’être le fruit d’une ligne politique particulière, le génocide - en vérité non pas sa négation (qui n’est qu’une posture pour l’exterieur) mais sa revendication et son cautionnement - est au coeur du pacte social qui a donné naissance à la société turque.

                        ca va être dur de changer ça !


                        • Gazi BORAT (---.---.164.192) 26 janvier 2007 07:48

                          « La négation du génocide, pourquoi ? »

                          - Cette question est aussi importante que la reconnaissance des faits et ici, seuls le travail des historiens pourra apporter sa réponse.

                          - Des éléments de réponse sont connus : la nation turque moderne est récente, sa bataille de Valmy, la Sakkarya est postérieure au premier conflit mondial. La république turque moderne est aujourd’hui solide et pourrait aujourd’hui reconnaitre un génocide antérieur à sa création et imputable à l’administration d’un empire ottoman alors à l’agonie sans courir le moindre danger d’éclatement.

                          - Pour établir un parallèle, la France jacobine s’est fondée sur le déni du régionalisme et l’interdiction du multilinguisme mais a tout de même fini, très tardivement, par autoriser l’enseignement à l’école du breton, de l’occitan, de l’alsacien, du basque sans qu’aujourd’hui personne ne remette en cause son unité nationale.

                          - La communauté arménienne est une composante indissociable de la nation antolienne dont elle partage l’histoire. Il n’est qu’a voir les mosquées construites à Istanbul par la famille Balyan, se souvenir des directeurs arméniens des arsenaux impériaux de Tophane et voir jusque dans le quotidien des familles turques et la place qu’y tient la gastronomie arménienne : börek, sucuk, pastirma, pekmez... pour le constater.

                          - La reconnaissance du génocide, un regard lucide sur une histoire commune ne pourraient qu’aboutir à un dialogue constructif et à une réconciliation profitable aux deux parties..

                          Gazi BORAT


                        • Hokis (---.---.116.227) 25 janvier 2007 21:32

                          Par Ahmet Altan

                          Il semble qu’il n’y ait pas eu grand-chose de changé.

                          Il y a eu aussi bien des meurtres en 1915...

                          Ils sont aussi assassinés en 2007...

                          Que disait-on au sujet du massacre au début du siècle denier ?

                          « Ils nous ont tués, et nous les avons tués à notre tour« .

                          Qu’allons-nous dire alors au sujet du meurtre de Hrant ?

                          Que « Hrant nous a tués, et nous avons tué Hrant à notre tour » ?

                          Or, ce n’est pas ce que nous disons, n’est-ce pas ?

                          Nous disons : « des traîtres ont tué Hrant ».

                          Nous ne voyons pas les meurtriers de Hrant comme l’un d’entre « nous ».

                          Pourquoi est-ce que « nous » sommes ceux qui, il y a quatre-vingt-dix ans ont tué des centaines de milliers de gens, sans épargner les enfants, les femmes, les vieillards et les bébés, et qui ont décimé les Arméniens, mais nous ne sommes pas ceux qui ont tué Hrant ?

                          Quelle est la différence entre les deux ?

                          La différence est que cette fois-ci nous avons vu le meurtre, que nous avons une idée sur les intentions du meurtrier.

                          Cette fois-ci, on ne nous a pas « dit » comment le meurtre a été commis, nous en avons été témoins nous-mêmes personnellement.

                          Si ceux qui dans ce pays « écrivent » l’histoire de 1915 avaient aussi écrit le meurtre de Hrant, les enfants de ce pays auraient dit, cinquante ans plus tard que « Hrant nous avait tués, et nous avons tué Hrant à notre tour ».

                          La vérité aurait changé d’aspect entre les mains des menteurs.

                          Nous n’avons pas tué Hrant.

                          Il est plus probable que certaines personnes ayant fureté pour s’introduire dans l’Etat ont fait tuer Hrant.

                          Leur intention était que le monde réagisse négativement envers la Turquie, ce qui aurait intensifié en conséquence le nationalisme dans le pays, provoquant une rupture avec l’Europe.

                          En 1915 également, « nous » n’avons pas tué les Arméniens.

                          Ces pauvres gens n’ont pas été tués par « ceux qui avaient fureté pour s’introduire dans l’Etat », mais directement par l’Etat lui-même.

                          Un grand massacre qui a été organisé par les Unionistes au gouvernement, a été concrétisé.

                          Les Arméniens qui ont été tués étaient des sujets ottomans.

                          Ils faisaient partie de la nation ottomane.

                          Une partie de la nation fut complètement détruite par l’Etat.

                          « Nous » sommes la nation.

                          Ceux qui ont été tués faisaient partie de « nous ».

                          Puisque chaque Turc vivant dans ce pays se considère non pas comme « une partie de la nation » mais plutôt « une partie de l’Etat », les Turcs seraient donc les auteurs de ce massacre exécuté par l’Etat.

                          « Ils nous ont tués, nous les avons tués » disent-ils.

                          Or, c’est là un mensonge.

                          L’Etat ottoman, sous le gouvernement des Unionistes, a tué, d’une manière organisée selon le plan de l’unité des services secrets intitulée Organisation Spéciale (Teskilat-i Mahsusa) une partie de nous.

                          Les Arméniens assassinés sont une partie de « nous ».

                          Il est réellement de notre devoir de demander des comptes pour cette partie de nous assassinée.

                          « Nous » devrions affronter cet Etat et lui demander : « Etes-vous une prolongation de l’Etat ottoman ?

                          Pourquoi avouez-vous le meurtre commis par un Etat que vous avez détruit ? » ; et aussi : « Pourquoi ne cherchez-vous pas vous-mêmes les responsables de cette destruction par l’Etat d’une part de sa nation et laissez-vous cette tâche à d’autres ? »

                          Parce que nous n’avons pas posé cette question, l’un de « nous » Hrant Dink, a maintenant été assassiné.

                          Par-dessus tout, tandis qu’il portait encore le deuil de ses ancêtres, il ne voulait pas que la Turquie soit piégée uniquement par le terme « génocide », il ne voulait pas que tout le débat se réduise à un simple mot ; il voulait que la Turquie soit autorisée à se démocratiser par son union avec le monde.

                          Il fut déclaré « un ennemi des Turcs ».

                          Hrant n’était l’ennemi de personne, il n’était pas quelqu’un qui puisse être un ennemi.

                          Il était un ami.

                          Et il était un ami pour chacun.

                          Pourquoi est-ce que dans ce pays ceux qui sont « pour les meurtres et les massacres » sont acceptés comme Turcs, alors que « ceux qui sont pour l’amitié, la paix, la justice et l’humanité » sont considérés comme des ennemis ?

                          Pourquoi est-ce que ceux qui s’efforcent d’assimiler le mot « Turc » au mot « mort » sont considérés comme des Turcs ?

                          Ceux qui essaient d’avoir toute une tribu déclarée comme « meurtriers » sont-ils vraiment les amis des Turcs ?

                          Le population turque avoue les crimes de « l’Etat » ancien et nouveau, car elle ne peut pas saisir que c’est la « nation »".

                          De même qu’elle ne peut pas saisir qu’elle est elle-même la nation, elle s’identifie au contraire aux meurtriers et dit « nous ».

                          Mon cœur ne pourrait jamais supporter d’avoir les morts douloureuses de ces centaines de milliers de gens, la sanglante tragédie qu’ils ont subie dans le tourbillon créé par le terme « génocide ».

                          Pourtant, à cause de notre incapacité à aller au delà de ce mot, des gens comme Hrant continuent à être tués.

                          Je pense que maintenant, afin d’empêcher de nouveaux meurtres, et afin que ce pays arrête d’être entraîné dans un cul-de-sac, c’est à nous maintenant d’agir au delà de ce mot.

                          L’Etat Ottoman a tué des centaines de milliers de gens uniquement parce qu’ils étaient « Arméniens ».

                          Et aujourd’hui, une force cachée tue Hrant « parce qu’il est un Arménien ».

                          Comment allons-nous appeler cela si une personne est tuée uniquement à cause de sa race ou de sa religion ?

                          C’est à « nous », à cette nation, de demander des comptes pour ceux qui ont été tués.

                          La mort de Hrant vous blesse tous profondément.

                          Si vous aviez été témoins de ce qui est arrivé en 1915, vous auriez été de même profondément blessés.

                          Et vous n’auriez pas dit : « Ils nous ont tués, nous les avons tués ».

                          Vous auriez eu honte.

                          De même que vous avez voulu que les meurtriers de Hrant soient trouvés, vous auriez voulu que les meurtriers de ces Arméniens soient trouvés également.

                          Par sa mort, Hrant nous rappelle que nous sommes une nation, et que nous ne devrions pas nous identifier aux meurtriers.

                          Faisons donc ce qui convient à une nation.

                          Qui a tué Hrant ?

                          Qui a tué les Arméniens en 1915 ?

                          Ils n’ont pas à rendre compte de leurs actions à « d’autres », c’est à « nous » qu’ils doivent rendre des comptes.

                          Car nous sommes de ceux qui sont morts.

                          Ceux qui sont morts sont une partie de nous.


                          • Bomontim (---.---.154.179) 25 janvier 2007 21:52

                            Passage du livre de Maître GEORGES DE MALLEVILLE, avocat français

                            Le 13 novembre 1918, la flotte anglaise vint mouiller dans le Bosphore, en application de l’armistice de MOUDROS, plaçant ainsi la capitale ottomane sous sa surveillance, avec l’accord d’un gouvernement anglophile. Le 25 janvier puis le 9 mars 1919, les autorités militaires britanniques firent arrêter par la police turque un certain nombre de personnes qui leur avaient été dénoncées comme les plus compromises dans l’affaire arménienne. 67 de ces prisonniers furent remis le 29 mai 1919 par les autorités ottomanes à la marine britannique, qui les interna aussitôt à Malte. La moitié de ces prisonniers étaient expressément accusés de mauvais traitement envers les arméniens. Le 16 mars 1920, l’armée britannique débarqua à Istanbul et l’occupa. Cette opération fut immédiatement suivie de la remise de 30 prisonniers, à leur tour transférés à Malte. Compte tenu d’autres arrestations opérées directement par les britanniques dans les territoires qu’ils avaient conquis sur l’armée ottomane, le nombre des internés de malte s’éleva en novembre 1920 à 144 personnes. Or à la même époque, en vertu de l’article 230 du traité de Sèvres, signé en août par le gouvernement du Sultan, traité dont la Grande-Bretagne reconnaissait alors la validité, compétence avait été donnée expressément aux gouvernements alliés (en l’occurrence l’Angleterre) pour juger les personnes responsables des massacres commis pendant la guerre -et le gouvernement du Sultan s’engageait à communiquer aux vainqueurs toutes les informations en sa possession permettant l’achèvement des poursuites (ce qu’il fit d’ailleurs). Mais la procédure tentée par les anglais contre les détenus de Malte avorta complètement. Le 8 février 1921, le parquet britannique adressa un rapport selon lequel la procédure ne pouvait être engagée contre les accusés faute de preuves. Le 1er juin le foreign office demanda au gouvernement des Etats-Unis de lui venir en aide, pour recevoir la réponse officielle suivante ; « rien n’a pu être découvert ici qui soit de nature à être utilisé contre les turcs détenus à Malte » Finalement, le 29 juillet 1921, le procureur de la couronne britannique conclut à un non-lieu en ces termes ; « jusqu’à présent, aucun témoignage écrit, prouvant l’exactitude des charges retenues contre les prisonniers, n’a pu être recueilli et il est peu certain que de tels témoignages puissent être trouvés. » Ainsi donc, six ans après les faits, des magistrats professionnels n’arrivent pas à réunir les preuves nécessaires à la poursuite d’un procès conforme à la politique de leur gouvernement, alors les accusés sont entre leurs mains, les archives ottomanes leur sont ouvertes et que tous les survivants des tragiques événements vivent encore.


                            • caius (---.---.208.4) 26 janvier 2007 08:56

                              Il n’y a pas que le génocide des arméniens ...

                              Il y a 50 ans, plus de 4.000 échoppes, un millier d’habitations, 26 écoles, deux monastères et une synagogue étaient détruits, pillés par une foule en furie manipulée par le gouvernement Turc qui voulait en finir une fois pour toute avec les 100.000 derniers grecs vivant dans ce qui avait été Constantinople. Une fois de plus, Istanbul venait de vivre une « nuit de cristal ».

                              L’opération était menée par le Parti Demokrat (ça ne s’invente pas ! ) du Premier Ministre Adnan Menderes.

                              Il fallait un prétexte : le 3 septembre 1955, le consulat de Turquie à Thessalonique fait réaliser par un photographe professionnel une série de photographies de la maison natale de Mustafa Kemal Ataturk (75 de l’Avenue Apostolou Pavlou) et du consulat qui est installé juste à côté de la maison.

                              Le 5 septembre 1955, vers minuit, une charge de dynamite explose dans le jardin du consulat, entre les deux bâtiments. Les dégâts sont minimes : les fenêtres des deux bâtiments ont volé en éclats et c’est tout. Au procès que des militaires putschistes firent quelques années plus tard à Adnan Menderes (du 14 août 1960 au 15 septembre 1961), il fut prouvé que la bombe avait été amenée quelques jours plus tôt de Turquie par le consul Bali et son vice-consul Tsetiner.

                              Au cours de la même nuit, avant même que l’explosion ait eu lieu, on communique aux journaux turcs une version truquée des photographies du consulat représentant le lieu de naissance d’Atatürk totalement détruit. Aussitôt, les journaux de Turquie publient des éditoriaux incendiaires sur la prétendue destruction de la maison natale de Mustafa Kemal provoquant une vague de colère parmi la population turque. L’organisation de pogroms de masses était une affaire bien rodée en Turquie : dans tout le pays des trains spéciaux et des convois de véhicules de l’armée étaient prêts pour assurer le transports vers Constantinople des militants nationalistes chauffées à blancs. On avait même prévu 4.000 taxis privés pour transporter les émeutiers qui avaient été équipés en haches, gourdins et autres ustensiles.

                              Dans l’après-midi du 6 septembre les groupes d’émeutiers se rassemblèrent sur la place Taxim et, de là, la populace déchaînée, aux cris de « mort aux infidèles » et « les Grecs à Athènes » commença l’attaque dans la soirée. La police ne broncha pas et participa même aux destructions. Les seules mesures prises par le gouvernement furent la protection des Patriarcats grec et arménien.

                              Naturellement, des dizaines de femmes grecques furent violées mais la violence sexuelle toucha aussi les hommes et les enfants : nombreux furent les sodomisés et aussi les circoncis de force, souvent sommairement.

                              Ce n’est que le 7 que la loi martiale fut finalement proclamée, restaurant un semblant d’ordre. Les instigateurs du complot savaient bien qu’en terrorisant les derniers résidants grecs de Constantinople, ils les contraindraient à abandonner leur patrie définitivement.

                              Pour faire d’une pierre deux coups les autorités et les journaux s’empressèrent d’accuser les communistes d’être les auteurs du pogrom ; on en profita pour jeter en prison les intellectuels progressistes et prétendre que les services secrets russes se dissimulaient derrière ces faits.

                              Après le pogrom la majeure partie de la population grecque a quitté Constantinople.

                              Le gouvernement turc a-t-il jamais parlé d’excuses, d’indemnités ?


                              • Gazi BORAT (---.---.164.192) 26 janvier 2007 12:49

                                « Pogrome anti grec de 1955 »

                                - Une exposition de photographies sur ces évènements a eu lieu à Istanbul en 2006 et donna lieu à une agression de la part des ultranationalistes des « Loups Gris ».

                                - A noter sur ces évènements : Le Demokrat Partisi d’Adnan Menderes n’était pas à proprement parler un parti nationaliste mais l’ancètre d’une série de partis (Adalet partisi, Refah Partisi..) d’orientations libérale, religieuse et antikemaliste.

                                - Adnan Menderes ainsi que Celal BAYAR, du parti démocrate, furent condamnés à mort et pendus lors du coup d’état militaire de 1960 auquel participa le Colonel Türkes, ex-leader de l’ultra nationaliste Millyet Hareket Partisi et idéologue en son temps des Loups Gris.

                                Gazi BORAT


                                • Maxime Verner Maxime Verner 26 janvier 2007 15:04

                                  Merci Nobel pour cet article ! La mort de Hrant Dink a provoquée une émotion énorme, comment la canalyser ? J’espère que les relations diplomatiques entre Turquie et Arménie vont prendre un nouveau départ, mais ne croit pas trop à une reconnaissance, même à long terme, du génocide ! En tout les cas, que l’esprit libre et courageux de notre frère Hrant Dink repose en paix.


                                  • (---.---.155.19) 26 janvier 2007 17:04

                                    Décidément, ne pas être musulman est dangereux en Turquie, après un prêtre de 60 ans assassiné alors que la communauté chrétienne, exterminée culturellement ne présente aucuns dangers pour la nation turque, il s’agit encore du meurtre d’un arménien, vieille et vivace tradition turque. La similitude des assassins (mineurs au moment des faits, fragiles psychologiquement donc déclarés probablement non responsables des leurs actes, originaires de Trabzon) est frappante entre les deux crimes. Mais la vraie question est : qui manipule ces jeunes ? les islamistes au pouvoir ? les groupes d’extrême-droites ? les ultra-nationalistes ? L’UE doit bien suivre ces deux affaires et en tirer toutes les conséquences.


                                    • Gazi BORAT (---.---.164.192) 26 janvier 2007 17:59

                                      "Qui manipule ces jeunes ?

                                      - Le gouvernement au pouvoir : cela semble peu probable. Tayip Erdogan semble, même s’il n’ira jamais jusqu’à la reconnaissance du génocide, plus modéré sur la question. Il ne faut pas oublier qu’il a bénéficié de nombreux votes arméniens en raison d’une clause son programme relative à la prise en charge de l’entretien des édifices religieux (églises arméniennes comprises) ce que refusent strictement les partis strictement laïque.

                                      - Il existe par contre une mouvance très complexe qui mêle extremistes islamistes, groupes d’extrême droite (autrefois attachés à la laïcité et qui se découvrent aujourd’hui une sensibilité religieuse), officines de barbouzes (comparable au SAC français) et entraînés par les USA à toutes les finesses et provocations contre-subversives.

                                      - C’est dans ce dernier groupe, à mon sens, que l’on pourrait trouver ceux qui se cachent derrière le pantin qui assassina Hrant DINK.

                                      Gazi BORAT


                                    • (---.---.155.19) 26 janvier 2007 18:54

                                      Merci de votre intéressante contribution, que penser de Sezer qui au plus haut de l’Etat justifie encore l’ostracisme dont sont victimes les minorités ? Quel encouragement ce déni de justice peut avoir joué sur les commanditaires de l’assassinat ?


                                      • mazo (---.---.99.79) 27 janvier 2007 07:03

                                        Quelle version de l’histoire voulons nous proposer en tant qu’européens à dominance chrétienne aux musulmans de turquie. Surtout pas la notre. Un arménien, c’est rien parceque chrétien. Un arménien, c’est pas beau parceque chrétien. Un européen, c’est pas beau non plus. Un arménien, c’est comme un européen c’est rien. Il n’y a pas de génocide d’un rien, c’est mathématique. En plus un chrétien c’est pas sain et ça sent mauvais. Il n’auront jamais de leçon de raison et de moral à recevoir d’un rien pas beau mal sain et qui sent mauvais. Dieux à toutes les raisons et est pure comme un turque.


                                        • atomikiten (---.---.208.46) 27 janvier 2007 21:47

                                          Beaucoup de tristesse , beaucoup de regrets peut-on entendre ici et là dans une mièvrerie presque écoeurante , comme si Mr Dink, hier conspué dans son propre pays pour son combat au motif de trahison à l’égard de l’état Turc, menacé de mort, poursuivi devant les Tribunaux Turcs de manière obsessionnelle, trouvait dans la mort une respectabilité et une rédemption post mortem assez affligeante (combien de fois aura il donc été condamné par les Tribunaux Turcs et la presse « libre » pour ses prises de position, dans ce pays prétendument libre et démocratique ?) ce qui participe manifestement à l’escalade de la violence, à savoir un Nationalisme exacerbé, une culture de la nation et de l’armée , le culte de la patrie poussée à son paroxysme depuis les hautes sphères du pouvoir jusqu’au citoyen Turc de la rue aura LARGEMENT participé à l’assassinat de cet écrivain ainsi que des prêtres massacrés aussi au sortir des offices par des « agités » mais qui n’auront pas suscité au passage une telle levée de bouclier de l’intelligentsia et de la « libre pensée » put elle s’exprimer. Cela ne fait pas plaisir à entendre ou à lire, mais il faudra bien un jour soulever le couvercle Turc pour y regarder de plus prêt , déslors que ce pays « aspire » à rejoindre les démocraties occidentales. On se souviendra, pour mémoire, des œufs pourris sur l’Ambassade Française lors de la pénalisation du génocide en France, des menaces de Boycott, des matchs de Foot ou l’équipe Suisse se fait malmener jusque dans les vestiaires , y compris par la Police etc etc....

                                          Ce n’est pas un homme, le meurtrier qui est à ce titre seul coupable, mais la folie, la crétinerie patriotique d’une élite et d’une partie de la nation qui a presque permis dans un geste légitime de « défense » pour la cause national à un individu de prendre les armes et d’aller tuer. Le meurtrier dit ne pas regretter son geste, et comment en serait il autrement lorsque le bibronage et le bourrage de crâne formate depuis la naissance des générations de « patriotes ». Le coupable n’est pas forcément celui que l’on montre du doigt, mais plutôt un système .

                                          J’espère que les euroco...rds à Bruxelles en tireront toutes les conséquences. Il serait vraiment temps de renvoyer ce pays dans les calanques et à ses démons au lieu que de discuter avec lui ! Basta ! ! !


                                          • sabrina (---.---.9.36) 27 janvier 2007 22:44

                                            bonjour, je voulais remercier la personne qui a ecrit cet article qui est en total accord avec ce que je pense

                                            C’est difficile de vivre, avec un passé que beaucoup refutent encore, alors que nous enfants et petits enfants de victimes vivons tous les jours avec cette histoire terrible encrée en nous, et que jamais nous pourrons effacer. Ceci est gravé dans nos memoires et nous sommes les seuls temoins de cette tragedie.

                                            Pourquoi tant d’acharnements, nous armeniens nous connaissons notre histoire et nous n’avons plus rien a prouver à personne car fatigués de toujours devoir se justifer.

                                            Mais plus besoin de se justifier un frère,un père,un heros est partie pour NOUS et aujourd’hui il nous laisse orphelins mais en montrant aux yeux du monde entier que c’est nous les victimes.

                                            A Notre HEROS , notre PORTE PAROLE, celui qui n’avait pas peur de nous defendre dans un pays qui tue encore et où la liberté d’expression n’existe pas . Il a pris le risque et voila le RESULTAT ... je voudrais lui rendre hommage et le remercier meme si c’est trop tard. MERCI HRANT DINK et REPOSE EN PAIX


                                            • Gyptis (---.---.176.244) 3 février 2007 16:38

                                              Voir l’article de Dogu Ergil

                                              Hrant Dink n’est plus : retrouvons notre âme

                                              http://www.yevrobatsi.org/st/item.php?r=1&&id=2611

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès