Mais où sont donc passés les électeurs de François Bayrou ?
L’un des constats marquants du premier tour de l’élection présidentielle de 2007 est le score plus qu’honorable de François Bayrou : 6 820 119 électeurs représentant 18,57 % des inscrits votant. Les analystes politiques se sont livrés à toutes sortes d’analyses sur cet électorat et son poids politique, mais la question demeure : qui sont ses électeurs ?
Sous étiquette UDF, Bayrou, avant l’élection présidentielle, représentait une frange plutôt centre-droit. Un temps condamné à être absorbé par l’UMP, l’UDF s’est démarqué en demeurant indépendant. Souvent dans la majorité, l’UDF a maintes fois voté avec l’opposition.
Pendant l’élection, son positionnement a oscillé, pour pencher de plus en plus vers le centre. Avec l’impression que, presque malgré lui, il s’est retrouvé à représenter les idées d’un électorat plutôt centre-gauche, en sus de son électorat habituel. Du coup, Bayrou a rassemblé sous son nom, deux électorats distincts et du centre : les centres-gauche et les centres-droite. La nouveauté, c’est ce centre-gauche, presque palpable entre les deux tours, mouvement qui permet à Bayrou de rassembler près de 7 millions d’inscrits votants. Si on y ôte l’électorat « classique » de Bayrou, celui qui par exemple a déjà voté pour lui en 2002, il reste au moins quatre millions d’électeurs !
L’électorat centre-gauche n’a pas disparu...
Bayrou a-t-il senti l’émergence de ce centre-gauche et de son poids politique non négligeable ? Difficile de répondre à cette question. Qui sont ces électeurs ? Beaucoup, lassé du Parti socialiste, et face aux réalités du monde socio-économique, se sont écartés de la gauche. Et sans, jusqu’à Bayrou, être représenté par un courant politique. Il existait donc une partie de l’électorat sans parti politique fixe. Bayrou a été l’occasion de s’exprimer.
L’élection passée, et après toutes les vicissitudes de la vie politique, Bayrou et son soutien ont littéralement implosé. Le centre-gauche se trouve à nouveau sans parti institutionnel. Difficile de voter MoDem au deuxième tour. Et surtout, ce centre-gauche veut du neuf, de nouvelles têtes, de nouvelles idées. Bayrou a certes permis de le révéler, mais Bayrou ne pourra le fédérer. Il existe donc un réel marché politique à fort potentiel non exploité. Le centre-gauche, pragmatique, mais social, doit avoir cette représentation politique qui lui est légitime. Partout, les électeurs, lassés du PS et ne pouvant voter UMP, par éthique, peur ou conviction, sentent un vide politique, et ne savent pour qui voter. Cet électorat existe toujours, mais il ne peut rassembler ses votes. Il est encore noyé dans les autres partis, mais il ne demande qu’à réapparaître et à exister.
Le centre-gauche, c’est un tronc commun d’idées républicaines, mais aussi une liberté de penser dans certains domaines. L’électeur n’a pas besoin de consigne pour toutes les réformes. Il faut arrêter de faire de la politique de masse, puisque tout ce qui est destiné au plus grand nombre perd en qualité. Est-ce le rôle d’un parti politique de s’exprimer sur tous les sujets, de donner des consignes de votes, de ne pas fonctionner démocratiquement ?
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