Manifestations : comment se protéger face à la police de Macron ?
La crise des Gilets Jaunes, avec ces milliers de manifestants gazés, molestés et parfois éborgnés, a au moins eu pour vertu de révéler au grand jour la détermination des séides du régime, prêts aux plus violentes extrémités pour "maintenir l'ordre", ou plutôt maintenir l'ordre établi. Police et Gendarmerie ont prouvé par leur zèle qu'elles n'étaient plus des forces protectrices au service du peuple, mais la garde prétorienne du régime en place. L'épisode sanitaire n'a fait que le confirmer, avec ces patrouilles disproportionnées que l'on a pu voir lors des deux confinements, parfois sur des routes désertes des campagnes les plus reculées, dans le but d'y surprendre quelque contrevenant et de l'affubler d'une amende.
Alors même que les policiers sont eux aussi victimes de la politique gouvernementale, tant au niveau du matraquage social que du laxisme à l'égard des fauteurs de troubles (nous l'avons vu lors des émeutes au début de l'été), et qu'ils auraient toute leur place aux côtés du peuple dont ils font partie, beaucoup font hélas le choix inverse. Il est naturel que les forces de l'ordre soient loyalistes, c'est même le marqueur d'un pays développé ; et nous pouvons fort bien comprendre que les policiers en désaccord avec la ligne de leur hiérarchie ne puissent démissionner pour des raisons financières et familiales. Il y a cependant une distinction entre le loyalisme auquel on est astreint et le zèle répressif dont on fait preuve de façon volontaire.
Il ne s'agit nullement, ici, d'encourager à la haine des policiers (dont nous comprenons le quotidien difficile) et encore moins à la violence, mais au contraire de délivrer quelques conseils aux manifestants pacifiques afin de se prémunir de la violence lorsqu'elle vient, sans raison, de ceux-là mêmes qui devraient nous protéger.
Avant la manifestation
Lorsque l'on part manifester, surtout en groupe, il est recommandé que tous les membres du groupe aient un justificatif de leur identité en cas de contrôle. Cela concerne aussi les enfants, de plus en plus présents aux côtés de leurs parents dans les cortèges. Un policier zélé pourrait par exemple prétexter de l'absence d'une pièce d'identité sur un enfant pour interpeller l'adulte qui l'accompagne et exiger la confirmation de la filiation (après tout, rien ne garantit qu'il n'est pas un ravisseur… c'est bien connu que les prédateurs qui enlèvent des enfants ont pour premier réflexe de les emmener à une manif anti-Macron…). Il faut préciser ici qu'en manifestation ou non, aucun texte de loi n'oblige les citoyens français à avoir sur eux une pièce justifiant de leur identité. Cependant, l'usage a fait qu'elle est vivement conseillée lors de contextes particuliers comme celui des manifestations.
En ce qui concerne l'habillement, toute provocation inutile ("ACAB", "Mort aux vaches", images de feuilles de cannabis) est déconseillée. Si dans les manifestations elles-mêmes il y a une tolérance de fait (les policiers ne vont pas faire irruption dans un cortège pour embarquer quelqu'un portant un tel t-shirt), cela pourrait néanmoins créer des ennuis une fois sur le chemin aller ou retour. Lors de la Manif Pour Tous, plusieurs jeunes avaient ainsi été arrêtés alors qu'ils revenaient des manifestations en portant les caractéristiques sweats roses du mouvement. L'on recommandera donc un habillage neutre, ou du moins, de prévoir un vêtement de rechange à porter avant et après la manifestation.
Il va de soi que tout objet pouvant être considéré comme arme (par nature ou par destination) est interdite de détention et de transport dans l'espace public – même en dehors des manifestations. Cela concerne bien sûr les objets tranchants, mais aussi les barres de fer, les battes de baseball, les grenades, les liquides inflammables et tout autre objet pouvant servir à nuire aux personnes ou aux biens. À noter que les fumigènes, les pétards et autres artifices non détonants sont autorisés à moins d'un arrêté préfectoral préalable interdisant leur usage. Les matériels sonores comme les cornes de brume, les vuvuzelas ou les mégaphones sont également autorisés, et leur confiscation sans motif légitime constituerait un abus d'après la jurisprudence. Pour ce qui est des bouteilles de verre, dès lors que celle-ci contient de l'eau et a pour seul usage l'hydratation de son possesseur, que ce dernier n'a pas eu de gestes ou de propos alléguant d'une utilisation violente de l'objet, toute confiscation serait là encore abusive. Cette considération vaut pour d'autres matériels comme les marqueurs, les bombes de peinture, des objets servant à se protéger du gaz lacrymogène, etc. Bien sûr, il en est de même pour les casseroles et autres ustensiles : dès lors que leur usage n'est pas violent, vous êtes tout à fait libres de les apporter à la manifestation.
Pendant la manifestation
Les manifestations sont généralement divisées en plusieurs cortèges qui se suivent, chaque organisme ou syndicat organisateur ayant le sien. Il nous semble important de conseiller aux personnes qui vont manifester de choisir le cortège de l'organisation qui se rapproche le plus de leurs propres idées. Cela peut éviter de se retrouver mêlé involontairement à une action dont on ne partage pas les valeurs et dont on n'avait même pas connaissance.
Nous conseillons également d'être sur ses gardes face aux black blocs, aux indics et aux policiers en civil qui s'infiltrent dans chaque cortège pour provoquer ou du moins pour surveiller les "débordements". À Rouen, par exemple, il nous a été rapporté qu'une dizaine d'hommes portant des casques de motard sur le visage et des battes de baseball dans les mains ont été aperçus dès le début de la manifestation du 1er mai sans que les forces de l'ordre présentes sur place n'interviennent. C'est grâce à une manifestante qui avait filmé la scène que les images ont pu être rendues publiques. L'on se souvient également de cette scène surréaliste lors de la crise des Gilets Jaunes : pendant le saccage d'un commerce par des "manifestants" cagoulés, l'un d'eux, qui portait un talkie-walkie, s'était adressé à plusieurs autres aux cris de "Repli, repli ! On nous rappelle à la base !". Les images avaient alors fait le tour de Twitter.
Que ces fauteurs de trouble soient de vrais casseurs, des agents de diversion ou même des fonctionnaires stipendiés par l'État et missionnés pour provoquer des violences afin de discréditer la cause des manifestants, il nous apparaît vital de recommander à toute personne désireuse de voir sa cause triompher de ne pas s'embarquer dans des actions violentes contre les biens ou les personnes. Ce sont les excès de la Commune qui ont rendu les crimes des Versaillais acceptables à l'opinion française ; c'est la radicalisation des mouvement sociaux de mai 68 qui a permis au vieux Général de revenir triomphant depuis sa cachette allemande ; ce sont les débordements de certains Gilets Jaunes qui ont, en partie, causé l'effritement du mouvement et renforcé la popularité d'un Macron pourtant honni. La violence venue d'en bas appelle toujours la répression d'en haut, sous les regards satisfaits de l'opinion publique moutonnière qui aspire toujours à l'ordre, quoi qu'elle pense du régime en place. Il est donc préférable, pour l'ordre public et pour la cause défendue elle-même, de rester dans le parcours pré-établi et d'éviter les débordements.
Les récents mouvements contestataires font état d'une répression croissante sur le contenu même des banderoles et des slogans utilisés dans les cortèges, ce qui n'était jamais arrivé jusqu'à l'accession au pouvoir de Macron. La condamnation de Cassandre Fristot, pour avoir simplement brandi une pancarte avec le pronom "Qui ?" écrit dessus illustre cette folie répressive où une citoyenne ne peut même plus se demander s'il n'y a pas une élite occulte qui dirige son pays sous les atours d'une démocratie. Pour éviter de telles répressions, la meilleure façon de procéder est d'avoir recours à l'équivoque et de prendre le Système à son propre jeu. Si par exemple cette enseignante avait eu la présence d'esprit d'écrire la célèbre maxime latine "Cui prodest ?" (à qui profite le crime ?) au lieu d'un pathétique "Qui ?", elle aurait certainement échappé aux griffes de la "justice" républicaine (le nombre de latinistes étant plutôt faible dans les forces de l'ordre, aux dernières nouvelles). Dénoncer les élites – quel que soit le sens qu'on donne à ce mot – doit se faire de façon d'autant plus intelligente que c'est un terrain glissant qui mène tout droit aux geôles. Sous couvert de "combattre la haine", c'est la critique même des castes dirigeantes, de leurs privilèges et des solidarités informelles qui les lient que l'on muselle. L'outrance, dès lors, ne peut qu'être contre-productive et servir justement de prétexte à une répression accrue de la parole. Il y a cependant de nombreuses citations avérées de figures des élites mondialistes (BHL, Attali, Schwab, Sarkozy, etc.) attestant, directement ou non, qu'il existe un plan pour créer ce que l'on appelle le Nouvel Ordre Mondial. Il suffit de chercher ces citations avérées, de les imprimer et de les coller sur des pancartes pour défiler sans crainte (toute poursuite est dès lors inenvisageable puisque ce sont des faits avérés). Si caricaturer Macron comme une marionnette aux mains de la finance peut apparaître comme "haineux" (ce qui est le nouvel équivalent du blasphème médiéval), une citation sourcée de Schwab (du genre : "4 milliards de mangeurs inutiles seront éliminés d'ici 2050") aura plus d'effet et vous épargnera la vindicte des lobbys et d'une justice qui leur est inféodée.
Pour ce qui est des messages "violents" dans leur expression ou dans leur volonté, il y a eu jusque là une forme de tolérance dans les manifestations. Lors des grèves contre la réforme des retraites de 2010, un mannequin à l'effigie de Sarkozy (de petite taille, donc) avait ainsi été pendu à Lyon lors d'une mobilisation étudiante. À notre connaissance, il n'y a même pas eu d'enquête. Des effigies de Manuel Valls avaient encore été brûlées lors des mobilisations contre la loi El Khomri, là encore sans que cela ne débouche sur une action en justice. Ce n'est que depuis l'accession au pouvoir de Macron et la crise des Gilets Jaunes que la jurisprudence tend à assimiler l'outrage à une effigie du chef de l'État à un outrage au chef de l'État lui-même (bien que ce délit ait été officiellement aboli). Or, la jurisprudence n'étant pas une source de droit, il n'est à l'heure actuelle pas illégal de brûler ou de pendre un mannequin, et toutes les condamnations en ce sens se sont soldés par des appels ou des pourvois en cassation. Cependant, un policier serait toujours en droit de vous interpeller sur le chemin de la manifestation s'il vous voyait avec un mannequin et du matériel inflammable (de toute façon interdit de transport dans l'espace public). Il en est de même pour les slogans. Dans les faits, chanter : "Louis XVI, on l'a décapité […] Macron, on peut recommencer" ou toute autre chanson violente à l'égard des autorités, n'est pas illégal en soi, même si là encore la jurisprudence tend de plus en plus à y voir un outrage voire une menace sur la personne du chef de l'État. Plusieurs organisations syndicales ont également fait passer des circulaires internes à leurs membres pour leur déconseiller vivement de chanter "CRS : SS" ou 'Tout le monde déteste la police", des slogans pourtant clamés depuis les années 1960 et qui n'avaient jusqu'alors jamais été interprétés comme des outrages aux forces de l'ordre. Bien que nous regrettions ces slogans qui tendent à assimiler l'ensemble des forces de l'ordre au gouvernement inique qu'elles servent, il n'est pas illégal – au vu de la tradition contestataire française et de cet usage accepté par la justice – de les entonner : il vaut mieux toutefois éviter de le faire devant une Préfecture où un commissariat, ce qui pourrait être perçu à juste titre comme de la provocation et donne lieu à une dispersion du cortège par la force.
En ce qui concerne le gaz lacrymogène et autres moyens de répression policière, la prudence est de mise. Bien que l'usage de ces matériels soit encadré par la loi, les faits ont montré durant la crise des Gilets Jaunes que certains prétoriens zélés ne reculaient pas à les utiliser en dehors des procédures fixées par la loi, quitte à tirer des LBD dans le visage des manifestants, ce qui est évidemment interdit. Gazeuse, grenade, LBD, chacune de ces armes requiert une protection particulière en amont et des actions particulières une fois exposé.
- Pour se protéger en amont d'une exposition au gaz lacrymogène, nous conseillons d'avoir sur soi des lunettes de piscine, de l'eau (voire du sérum physiologique) et une écharpe imbibée de jus de citron. Une fois exposé, il est impératif de se laver les yeux à l'eau (ne surtout pas frotter) ainsi que la bouche et le nez, et de retirer la couche de vêtement qui a été en contact avec le gaz. Si on est en présence d'une personne en souffrance après avoir été exposée au gaz, a fortiori s'il s'agit d'un enfant, d'une femme enceinte ou d'une personne âgée, nous vous recommandons de la prendre à part, de la faire asseoir à un endroit éloigné du point de chute du gaz et de lui permettre de se rincer le visage à l'eau voire de lui mettre du sérum physiologique sur les yeux si l'exposition est forte et provoque des brûlures. Une fois rentrée chez elle, la personne exposée devra prendre une douche complète et mettre ses vêtements à laver à haute température. Enfin, si vous souhaitez relancer une grenade lacrymogène (ce qui peut vous valoir une interpellation, donc à vous de voir), il est impératif de le faire en s'étant préalablement protégé le visage avec un masque et des lunettes et de porter des gants.
- Les flash-balls et autres LBD sont des armes incapacitantes pouvant occasionner des dommages irréversibles au corps humain, voire causer la mort de la personne touchée. Il est dès lors vital de s'en protéger. L'idéal serait de porter des protections au moins aux endroits sensibles comme la tête, les yeux et (pour les messieurs) les testicules. Rien, dans la loi, n'interdit le port d'un casque de chantier lors d'une manifestation, à moins qu'un arrêté préfectoral ait été pris en ce sens au préalable. Le port de lunettes et de protège-testicules est quant à lui évidemment autorisé. Afin d'éviter d'être touché, nous vous recommandons d'observer la progression des forces de l'ordre et de s'écarter dès lors que des échauffourées éclatent ; si l'on voit un membre des FDO s'apprêter à lancer un LBD, nous vous conseillons d'en avertir les manifestants à proximité et de vous baisser en protégeant votre visage de vos mains. Si on est touché à une partie moins sensible du corps, le mieux est de refroidir l'hématome avec un linge propre et froid, et d'aller dans la pharmacie la plus proche acheter de la crème d'arnica. On pourra encore appliquer de la glace une fois chez soi. Si l'on est témoin d'une personne touchée par un tel projectile, selon la gravité, il est recommandé de l'allonger, de stabiliser sa tête, de bien couvrir les deux yeux si l'un d'eux a été touché, et d'évacuer le blessé vers les urgences en ayant pris au préalable ses coordonnées afin de prévenir ses proches et de garder le contact (il est important de veiller à ce que l'affaire ne soit pas étouffée suite à des pressions). Filmer la scène peut également s'avérer nécessaire afin de prouver la véracité des faits en cas de dépôt de plainte. Malgré les éventuelles intimidations des policiers, sachez que le fait de les filmer lors d'une intervention est parfaitement légal.
- Les grenades, qu'il s'agisse de grenades de désencerclement ou de grenades à effet de souffle, sont des armes qui peuvent causer des séquelles physiques irréversibles (surdité, cécité) et même s'avérer potentiellement létales. Il convient donc d'être extrêmement prudent et d'éviter tout contact direct. Porter des bouchons protégeant les oreilles et des lunettes de soleil ou de natation est une précaution souhaitée. Un conseil vital : ne ramassez jamais une grenade lancée par un policier pour la relancer, elle pourrait vous estropier voire vous tuer en explosant dans vos mains. Dissuadez les autres manifestants qui seraient tentés de le faire. En cas d'exposition, selon la gravité de la blessure, il convient d'appliquer de la biafine s'il y a une brûlure ou de faire un garrot en cas d'hémorragie grave ou de mutilation. Dans ce dernier cas, il est recommandé de mettre la personne touchée à l'abri, d'essayer de la maintenir consciente et de ranger le membre détaché du corps dans un sac en attendant la venue des secours ; ramasser les morceaux du projectile incriminé peut également être utile afin de prouver avec certitude devant un tribunal que la mutilation est du au jet desdits projectiles.
Après la manifestation
Une fois la manifestation officiellement terminée, il est préférable de s'en éloigner au plus vite afin d'éviter d'être pris en étau entre d'éventuels fauteurs de troubles (les débordements ont le plus souvent lieu après la fin du parcours officiel) et les charges policières. Nous vous recommandons de partir en petits groupes de deux ou trois, mais pas seuls, surtout si vous êtes jeunes. C'est une consigne officieuse que les syndicats passent à leurs membres. Il semble en effet que les personnes seules constituent des cibles de choix pour des contrôles intempestifs et des interpellations ayant pour but de gonfler les quotas demandés par le Ministère. Pour éviter toute interpellation abusive, nous vous suggérons de ranger tout matériel militant et de mettre des vêtements de rechange neutres si vous portiez des habits à caractère politique. En effet, dans le cas contraire, il serait possible de vous soupçonner de continuer la manifestation après sa dispersion officielle, alors que vous rentriez seulement chez vous drapeau en main.
Conclusion
Voilà, chers lecteurs, les quelques conseils que nous vous donnons pour manifester en toute sécurité et vous protéger des forces du régime. Une question se pose néanmoins : dès lors qu'il faut prendre autant de précautions avant, pendant et après la manifestation pour ne pas finir embarqué ou mutilé, et sachant que ces manifestations n'auront sans doute aucun impact sur la politique du pays, cela vaut-il encore la peine d'aller dans la rue s'afficher ouvertement comme adversaire du pouvoir ? La France a une longue tradition contestataire et on ne la fera pas disparaître : c'est à l'adresse des héritiers de cette tradition que nous avons écrit le présent article. Mais des mouvements populaires aussi variés politiquement que la Manif Pour Tous, Nuit Debout, les Gilets Jaunes et la récente mobilisation syndicale contre la réforme des retraites nous ont montré que mis à part une grève générale paralysant tous les secteurs du pays (impossible à mettre en place en l'état), les manifestations gentillettes restant dans les clous des parcours autorisés par la préfecture ne sont pas susceptibles de faire plier le régime. Peut-être faudra-t-il renouer avec le militantisme clandestin pour obtenir gain de cause…
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