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Accueil du site > Tribune Libre > Manipulation, désinformation, quand tu nous tiens…

Manipulation, désinformation, quand tu nous tiens…

Depuis deux semaines qu’un certain Monsieur Frédéric Mitterrand fait la une de tous les médias, numériques ou papiers, peu de gens parmi ceux qui s’expriment ne semblent nous livrer une analyse concrète de cette affaire riche en rebondissements. Surtout, peu ne nous livrent l’objectif souhaité du pourquoi ressortir ses sujets là maintenant de sous les fagots.

On critique les polémiques, l’une chassant l’autre, et ainsi de suite, sans penser à considérer chaque polémique comme le maillon d’une solide chaîne, pour observer les tenants et les aboutissements politiques. En clair, chaque affaire, n’est qu’une anecdote parmi d’autres. Mais mises bout à bout, cela peut traduire l’objectif proche du législateur…enfin de notre autoritaire président. Je n’ai pas moi-même la prétention d’être un fin analyste des mécanismes de désinformation médiatique que nous subissons tous les jours, et ce serait faire fausse route que d’affirmer connaître la réalité, tout en restant devant cet ordinateur assis sur cette chaise. C’est pourquoi cet article ne vend pas des échantillons de certitude à la sauce aigre douce AFP, mais juste propose quelques interrogations sur ces polémiques qui rodent autour du nom de Mitterrand. Je n’ai donc pas la prétention comme je le disais d’avoir un réel recul face à l’endoctrinement de masse, mais j’ai juste trouvé un exutoire à mon dégoût : écrire. Dégoût, car cela m’exaspère de constater l’art qu’ont les gens de tant s’étaler sur des sujets, que l’on sait volontairement transformés en une sorte de gamelle de soupe moisie et visqueuse, en une mascarade fumante par nos élites médiatiques, pions du royaume de la pensée unique environnante.

Inutile de faire un rappel interminable des faits, puisque je n’écris pas ces lignes pour faire le procès de ce ministre, ce que les internautes font tous les jours. Dites vous bien que ce n’est pas non plus l’abstentionniste convaincu que je suis qui va écrire pour le défendre ! Soit, il ne reste de tout cela que l’image d’un ministre pédophile. Qui aurait été honteusement nommé par une classe politique dirigeante en pleine conscience de la chose, puisque son ouvrage « La mauvaise vie », qui fait polémique, date de 2005. Bien que profondément révolté par la manière qu’ont ces gens de faire semblant de tirer les ficelles à Matignon et à l’Élysée en grugeant le populo, on ne peut nier que ces individus là sont intelligents, qu’ils connaissent donc tous les mécanismes de la communication moderne, du marketing politique. Je m’explique. Toutes ces affaires qui font la une des colonnes journalistiques, ne sont à mes yeux qu’une grande pièce montée (bon appétit), une manipulation politico-médiatique. La loi arbitraire et liberticide sur la Hadopi initiée par le ministre de la Culture est très mal vue par l’opinion publique, qui comme moi, se défoule pendant trois bon mois contre cette loi anticonstitutionnelle. Déjà, un Mitterrand dans le gouvernement mené par l’UMP, ça fait cloche : cela permettait de sabrer la vision symbolique socialiste incarnée depuis les années 1960 par la famille. Plus, d’avoir pris fin septembre, le parti de la défense de Roman Polanski, subitement incarcéré (pourquoi ne pas l’avoir arrêté en 1979, encore une fois, on ne sait pas…), ce ministre venait de s’attribuer les foudres de tous les bords. Prendre la défense d’un artiste ayant violé une femme, alors qu’il aurait révélé dans son ouvrage avoir fait du tourisme sexuel, ce n’est pas fin, pas très malin ni glorieux. Mais que c’est rondement mené de la part des politiques. Quel merveilleux scoop pour les journalistes ! Cerise sur le gâteau, le neveu de l’ancien président de la République aurait fourni de l’aide à la réinsertion professionnelle à deux jeunes violeurs, via ses fonctions administratives. L’on dit, c’est un pédophile, un criminel qui fait fi des principes républicains ainsi que du code de procédure pénale, dont les actes mériteraient au moins une place à la Cour d’Assises, au moins une démission. J’ai tendance à être d’accord avec vous sur le fond. Mais sur la forme, je pense surtout que tout cela est voulu, commandé, scénarisé. S’ajoutait à cela la colère de Marine Le Pen, réclamant sa démission, mais c’est du pain béni pour le gouvernement : les opposants qui facilitent le travail manipulatoire du gouvernement, que demander de mieux ? Et notre cher ministre à répondre cyniquement que c’est un honneur pour lui d’être jeté en pâture par le Front National, c’est léger comme défense. Mieux que cela, juste avant cet ingénieux tapage médiatique. Suite au viol d’une femme de 42 ans, partie faire son jogging, suivi du meurtre par un récidiviste, voilà qu’on apprend, que notre ministre de la justice voudrait inscrire dans la loi la castration chimique pour les criminels sexuels. Les sondages (même si les sondages ne sont pas représentatifs de toute la population) nous apprennent qu’entre 70 et 80% des sondés sont subitement favorables à la castration chimique pour ces criminels. Tiens donc… Et si pourrir l’image de F. Mitterrand avait servi à obtenir le consentement de l’opinion publique ? Je le pense. Le (faux) débat politique sur la castration chimique n’est pas nouveau, il a déjà été proposé en 2007, mais pour ménager la veuve et l’orphelin après le meurtre de « Marie Christine », Michèle Alliot Marie devait bien trouver quelque chose pour se dépêtrer de cette affaire qui ternit la justice. "Bingo, on a Mitterrand"… Sans ce scandale sur Mitterrand et Polanski, dans un pays où la culture des droits de l’Homme était un point d’ancrage hérité directement de la philosophie des Lumières et de la Révolution de 1789, une telle loi aurait-elle été acceptée en France ? Comment une loi sécuritaire si bestiale peut-elle passer comme une lettre à la poste dans un pays où l’on a traditionnellement du respect pour l’humain, du moins où l’on laisse aux criminels la possibilité de se repentir ? C’est simple : seule une pure campagne de propagande le permet. Cette loi qui durcit un peu plus les peines pénales, n’a certes pas encore été décrétée. Mais ce n’est peut-être qu’une question de jours ou de semaines.

Il semble que le coup de pétard dans la course au pouvoir pour 2012 ait déjà été tiré. A partir de là, tous les moyens sont bons pour préparer le terrain. Encore une fois, la propagande permet d’entourer la vérité d’anecdotes et de faux problèmes pour détourner l’attention du peuple, et parvenir à durcir coute que coute la politique sécuritaire sans avoir à infliger des coups de matraque sur le dos des récalcitrants. A ce titre, Chomsky a beaucoup montré que pour toute question dérangeante*, (il prend l’exemple de la commission Creel formée en 1917, qui milita et investit tous les espaces de la vie publique pour obtenir le consentement d’un peuple pacifiste, devenu belliqueux, favorable à l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne grâce à la propagande. Mais le mécanisme fonctionne aussi pour d’autres manœuvres, pour les lois sécuritaires, l’immigration, le travail, la sécurité sociale etc) le meilleur outil pour obtenir le consentement de l’opinion publique reste la propagande et la publicité, plutôt que la matraque des sociétés totalitaires.

 

Pour finir, je me permets alors de poser une question à tous ces journalistes, rédacteurs en chef, et autres têtes pensantes médiatisées. Pourquoi ne pas inscrire dans vos journaux la face cachée de l’iceberg au lieu de prendre parti bêtement pour ou contre Mitterrand ? Ne pas forcément dénoncer illusoirement des faits, mais laisser au lecteur l’éventualité qu’il y ait derrière tout ça un montage politique pour mettre en place cette loi durcissant la castration chimique ?

Peut-être que journalistes, internautes, et autres lecteurs n’y pensent pas, ou que les journalistes se rendent eux-mêmes victimes de madame autocensure, par respect envers la hiérarchie (surtout pour la sauvegarde de son CDI) ? Non suis-je bête, j’oubliais… la presse est libre en France, donc tout va bien…

 

Samuel Métairie

 

http://sam-articles.over-blog.com


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10 réactions à cet article    


  • Batila Batila 18 octobre 2009 14:41

    Alors, là, en voilà une façon nouvelle de s’étaler sur la question. Rien de nouveala fonctionu dans le débat, à part une analyse superficielle -quoique très longue- de la politique du contre-feu.
    Cependant, une question me taraude en lisant cet article : Mitté n’aurait il été nommé que parce que son image et le contenu de son personnage médiatique recélaient un tel débat sur la pédophilie ? (Je ne suis pas de ceux qui croient à ses explications sur l’age des prostitués Thaïlandais).
    Au moment de sa nomination, une voix discordante faisait railler : celle de Jack Lang affirmant qu’on lui avait proposé le poste. Bizarre : son personnage médiatique semble recéler le même débat...
    Au delà du débat sur la castration chimique n’y a-t-il pas un moyen de décrédibiliser
    la fonction de ministre de la culture ?
    Nous savons que Sarko voulait fusionner Culture et Education au niveau ministériel....
    Ne voila-t-il pas un argument sarkosien de plus pour la moralisation de la culture, qui peut passer par une mise sous tutelle du ministère de l’éducation ?


    • Batila Batila 18 octobre 2009 14:45

      Correction
      Ligne 1-2 :« Rien de nouveala fonctionu dans le débat » = rien de nouveau dans le débat
      ligne 13 : « mise sous tutelle du ministère de l’éducation »=ministère de la culture mis sous la tutelle du ministère de l’éducation.


    • Samuel Moleaud 18 octobre 2009 15:47

      Merci pour votre « franchise », de dire selon vous que je n’ai pas été assez perspicace, je ne pourrai que m’améliorer lorsque vous m’aurez transmis vos lignes de codes pour être un fin analyste de la politique...(je plaisante) Rassurez vous, mon ambition n’est pas d’être politologue. ;) J’ajoute que ce n’est qu’un article d’opinion, c’est juste ma réflexion, mon point de vue sur le sujet. Je serais de plus prétentieux de croire que mes articles plaisent à tout le monde ;)
      Bref, en fait, il me semblait important d’énumérer les faits divers de l’actualité plus ou moins fraîche, qui mènent à ficeler une loi, notamment grâce au processus de manipulation de l’opinion publique, flagrant, disons plutôt grâce au traitement finement choisi de l’information. Mais peut être est-ce inutile de le rappeler, puisque les gens sont libres de penser, et votent librement en fonction de leurs choix réels, et non en fonction des médias...
      Au fait, ai-je soupçonné que Mitterrand ait été nommé uniquement pour ce que vous dites ? L’image que véhicule la pratique du tourisme sexuel ? Non. J’ai juste affirmé que nommer un Mitterrand au gouvernement dans un régime autoritaire, est une fine opération de sabotage démocratique : tuer l’idéal symbolique pseudo socialiste qu’incarne la famille Mitterrand depuis les années 1960, belle politique d’ouverture...
      Je ne voulais pas parler dans cet article de la folie sarkozyste de tout contrôler dans les institutions publiques, et de tout recentraliser à la napoléonienne, mais puisque vous pointez le doigt dessus, je suis bien d’accord avec vous : ces gens de l’UMP pensent que la culture n’est pas utile, rentable...que seuls l’entreprise et le commerce doivent prédominer. Evidemment, pour un homme d’affaire aux commande de l’Etat, il est plus important de faire apprendre aux enfants des valeurs marchandes plutôt que de leur rentrer dans le crâne de la philo, la litterature, la musique ou autres arts culturels non rentables...Mais ce n’était pas le sujet de cet article, à moins d’en écrire des pages, et de se livrer à des « analyses superficielles », comme vous dites...


      • Batila Batila 18 octobre 2009 18:47

        Ne vous fâchez pas, cher Samuel, je suis d’accord avec vous sur le fond. Effectivement, je me suis éloigné dans mon post de votre idée de départ que je trouve très intéressante, néanmoins, mais pas assez développée dans votre article.
        Je ne voulais pas vous critiquer gratuitement, au contraire, je pense que votre idée mériterait une rédaction à la fois plus concise et plus complète.
        J’apprécie la rapidité de votre réponse, de mon coté, qui prouve qu’en plus d’exprimer des idées intéressantes, vous êtes vraiment intéressé par le sujet...
        Le mot superficiel est sans doute trop fort, mea culpa !


        • Samuel Moleaud 19 octobre 2009 10:11

          Dsl pour le coup dans le retard de ma réponse...
          En fait, je ne me suis pas vexé ni fâché, j’ai juste défendu ma cause et mon bout de gras.. ;)
          A une prochaine, pour débattre de mon prochain article peut-être !!


          • Batila Batila 19 octobre 2009 13:48

            Avec plaisir !


            • Wrong Orwell Wrong Orwell 19 octobre 2009 14:57

              L’illusion de la liberté reste la plus douce des dictatures.La démocratie nous le montre à chaque élection.Douillet, élu député dans une circonscription qui vote habituellement à gauche...Doc Ginéco aurait pu postuler dans le 9-3.Ah,trop tard:il est grillé ! .On en est,hélas, plus à un mimétisme près avec les USA.
              On a même mercantilisé la politique.Que reste t-il ?Le vivant ?déjà fait : OGM.Les rencontres ?déjà fait : MEETIC. Les cheveux d’Elvis ? fait aussi : 15000$ aux enchères.Priscilla aurait dû lui épiler les poils du cul,y aurait eu un con pour renchérir.
              Le point commun entre tous,c’est la loi de l’offre et de la demande,même les plus absurdes.
              La traite des femmes (prostitution forcée à coup de seringue d’héroïne) et le tourisme sexuel en sont les pires.J’oubliai les snuff movies...qui inspirent même le cinéma (« Hostel »,pas « 8mm »).
              C’est beau,l’économie de marché : elle nous dicte tout jusqu’à comment voter,comme une vulgaire dictature,mais sans en avoir l’air.Merci Pavlov.
              A croire que les seuls imperméables au matraquage médiatique,soient les Espagnols : à la suite des attentats,ils ont voté Zappatero et ne se sont pas laissés manipuler comme les Américains,après le 11/9.


              • Samuel Moleaud 19 octobre 2009 15:17

                Je suis bien d’accord avec vous, Wrong Orwell, la démocratie n’est qu’un semblant de liberté, édulcorée, alambiquée, camouflée derrière la coercition et la dictature de l’intérêt général... C’est un système qui apporte des libertés, mais comme dit Chomsky, ce n’est pas totalitaire, mais la longueur de la corde doit être très bien délimitée.

                Démocratie se confond avec oligarchie et monarchies, une poignée de cravateux gouvernent pour le reste. Bref, la doctrine libérale presque divinisée nous impose en permanence ses lois. Simple exemple, la valorisation du travail, de l’enrichissement de chacun qui le voudraient, en démocratie cela passe par l’écrasement de son voisin pour son confort personnel de vie, la convoitise dans un univers d’entreprise où chacun vend sa propre personne, ce qui relève de tout sauf de la démocratie...C’est pour cela que j’ai tendance à penser que dans cette « république des marchands », il est dur de se dire révolutionnaire, anarchiste ou socialiste là où nos actions, notre mode de vie se trouvent pris en contradiction directes avec nos convictions.

                Mais je ne suis pas d’accord avec vous en ce qui est de Zappatero, qui n’a de socialiste que les mots que l’on écris sur le papier des documents officiels. Le papier ne refuse pas l’encre. Depuis qu’il est au pouvoir, les conditions d’immigration se sont très durcies en Espagne, me semble-t-il, et la crise économique (subprimes) qu’ils se mangent de plein fouet (pire qu’en France) n’est pas sans hasard : leur politique économique était infiniment plus libérale que sociale...je dirais très atlantiste. De plus, personnellement, je pense que le système américain est plus démocratique que le système parlementaire/présidentiel français. Rappellons tout de même que la liberté d’expression figure dans les premiers amendemants de la constitution américaine vieille de deux siècles..ce qui est une autre histoire en Europe. L’idée que tous les ricains soient manipulés n’est que ce que nos médias nous transmettent smiley Tout comme il y a peut-être dans l’esprit des américains que le français n’est qu’un communiste gavé de vin rouge


                • Wrong Orwell Wrong Orwell 19 octobre 2009 18:23

                  Je n’ai pas parlé de l’appartenance politique de Zappatero mais du camp opposé au pouvoir en place.
                  Les partis socialistes de nos « démocraties » (ou plutôt « dictature de l’argent ») n’ont de socialiste que le nom. C’est une politique de droite avec un peu de pommade comme les démocrates aux USA.
                  Mitterand était de droite d’ailleurs mais comme c’était complet avec d’abord (de) Gaulle puis Pompidou,Chaban,Chirac,Giscard,etc...Il a fait une politique libérale (sauf quelques nationalisations mais d’entreprises en difficulté ;le RMI,c’est Rocard ) : les dérégulations des marchés financiers étaient en totale résonnance avec celle de Reagan et Tatcher.
                  Vous citez Chomsky alors vous devez savoir que les médias américains s’autocensurent si vous n’avez pas raté « Chomsky et Cie ».
                  Mais il est vrai que la justice est indépendante dans le sens du porte-monnaie,oui,mais les procureurs sont élus au suffrage universel et non nommés comme en France.


                  • FLORILEGE1975 FLORILEGE1975 19 octobre 2009 21:47

                    Tout à fait d’accord, en particulier avec le titre qui sous entend un vaste débat à
                     ouvrir ....Au-delà de l’événement médiatique, ce qu’il est convenu d’appeler “l’affaire Mitterrand” constitue un exemple particulièrement révélateur de la mise en œuvre de toutes les techniques de manipulation de l’opinion.

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