C’est une spécificité française qui fait bien marrer les Anglo-saxons : dans de nombreux domaines sensibles, les mêmes personnes peuvent chez nous être à la fois juges et parties. Une aberration en matière d’équité. Et d’efficacité.
Ainsi un magistrat ripou (qui exécute des ordres ou se laisse acheter ou qui ne rend ses décisions qu’à travers ses penchants personnels, ou encore qui enterre prestement des dossiers, les laisse pourrir, rend des jugements de complaisance...) commettant la lourde bêtise de se laisser prendre, devra s’expliquer devant... ses « chers collègues » du Conseil supérieur de la magistrature. On frémit à l’idée de la terrible sanction que ces derniers pourront infliger au contrevenant s’il ne parvient pas à se défendre correctement. Il paraît qu’ils peuvent aller jusqu’à la réprimande !... Si, si ! Quelle horreur ! Heureusement qu’ils ne vont pas jusqu’à lui tirer les oreilles, ce serait insupportable.
Qui juge les militaires ? Des militaires.
Qui prend des sanctions contre les médecins ? Des médecins.
Qui peut éventuellement réduire les avantages accordés aux parlementaires ? Les parlementaires eux-mêmes... On comprend qu’ils ne soient pas vraiment pressés d’examiner le sujet...
La connivence entre l’IGS et la police apparaît donc presque normale (en France !) dans cette organisation générale où le mélange des genres et le conflit d’intérêts sont la règle.
Ce n’est pas à des magistrats qu’il faut confier le contrôle ordinaire de la police. Ils ont suffisamment de travail comme ça à rendre la justice. C’est à des citoyens élus (au sein de comités de quartiers, par exemple), des gens auprès de qui tout le monde pourrait aller déposer des récriminations, à se charger de cette tâche, si on veut qu’elle soit sérieusement menée. Il reste à leur attribuer un statut. Parce que si on confie à des fonctionnaires le soin de contrôler d’autres fonctionnaires, le risque de collusion demeure grand.