Marcel Vervloesem : le chasseur de pédophiles condamné à mourir en prison
Marcel Vervloesem a dénoncé en Belgique un réseau de pédophilie lié à des autres affaires connues (Dutroux et peut être Marion), mais devant son acharnement qui commençait de toucher à des personnages hauts placés, il a été mis en détention en prison dans des conditions scandaleuses, privé de soins alors qu’il est malade.
Dans ce cadre et de par son expérience professionnelle, Marcel Vervloesem s’intéresse déjà de près aux enfants fugueurs et disparus. Très vite, son attention se porte sur une autre association située près d’Anvers et dédiée, officiellement à l’encadrement des mineurs : l’ASBL Ganumèdes. C’est en fait une association paravent qui permet à des pédophiles d’attirer très facilement de nombreux enfants vers eux pour les exploiter ensuite dans des tournages pédo-pornographiques. Alertée dès 1990 par l’association Morkhoven, la justice belge réfutera dans un premier temps ces accusations avant de mettre fin définitivement en 1996 aux activités de l’ASBL Ganumèdes suite à une saisie pour impayés par un huissier de justice au domicile du président de cette association : cette saisie permettra de découvrir fortuitement les preuves vidéos et photos.
En 1992, en poursuivant son enquête sur l’environnement de cette association, le Werkgroep Morkhoven met à jour un trafic d’enfants entre le Portugal et la Belgique (entre Madère et Temse). À Temse, l’ancien détective privé identifie deux plaques tournantes : les cafés "Monty" et "Gayati". Il décide de faire pression sur les proxénètes des deux cafés pour obtenir d’eux plus d’informations. Le propriétaire du Monty, Dirk Tahon, tente alors de retourner la situation à son avantage en portant plainte contre l’enquêteur pour chantage. Marcel Vervloesem sera ainsi poursuivi, incarcéré quinze jours et finalement condamné pour chantage et escroquerie grâce, notamment, à la production du casier judiciaire d’un homonyme (Dirk Tahon reconnaîtra par la suite, devant une journaliste, qu’il avait produit un faux témoignage pour protéger l’un de ses amis). Marcel Vervloesem, qui ne perd pas une seule occasion de poursuivre son activisme, a très intelligemment pris soin de compulser dans les murs du tribunal (ainsi que la loi l’y autorise) le dossier de l’investigation pénale menée contre lui : il découvre ainsi qu’un officier de police hollandais a déposé au greffe des agendas, des centaines de photos et 27 vidéos à caractère pédophile. L’une d’elle intitulée ’Madeira’, retranscrite par écrit dans le dossier, incrimine Norbert De Rijck, un citoyen belge. L’association Morkhoven sait désormais que les autorités belges ont donc en leur possession toutes les informations pour enquêter sur le réseau ’Temse-Madère’.
Il découvre malheureusement qu’aucune investigation n’est menée pour identifier les criminels sur les cassettes et prend donc la liberté de photographier et de diffuser pour identification publique un des visages présents dans le dossier. Très vite, des retours permettent d’identifier Robert Van Der Naaten, un pédophile hollandais. Comme précédemment, Vervloesem fait le choix courageux de la confrontation directe mais plus prudent, il se fait désormais accompagner de journalistes. Avec la RTBF, il va donc à la rencontre de Van Der Naaten, qui paniqué, tente de se défausser sur ses complices et lui remet la cassette ’Madeira’ sur laquelle figure Norbert De Rijck. En 1997, il remet aux policiers portugais une copie de l’enregistrement en prenant bien soin d’être filmé par les journalistes pour médiatiser l’affaire. Cinq ans après les premières révélations à la justice belge, les autorités portugaises se décident à poursuivre les membres du réseau Temse-Madère en lançant des mandats d’arrêts internationaux. Sous la pression médiatique, la justice belge reconnaît officiellement l’affaire. De nombreux pédophiles sont arrêtés et 340 victimes sont identifiées dans ce dossier.
Sur les traces de Manuel Shadwald, un enfant allemand disparu en 1993, Marcel Vervloesem et l’association, enquêtent de près sur Lothar Glandorf qui figure dans le dossier Temse-Madère et qui dirige le bar ’Le Pinocchio’ à Berlin en Allemagne : un établissement spécialisé dans le proxénétisme des jeunes garçons. Lothar Glandorf se fait assister dans ses trafics entre la Hollande et la Belgique par Robbie Van Der Plancken, un ancien fugueur belge qui apparaît d’ailleurs sur la cassette Madeira. Ce dernier, lors d’une confrontation directe et filmée avec Vervloesem, le met sur la piste de son amant : un pédophile hollandais du nom de Gerrit Ulrich. Celui-ci assure depuis son appartement à Zandvoort la diffusion commerciale de matériel pédophile au travers de son site internet "Apollo". En se rendant sur place le 11 juin 1998 et en faisant pression sur lui, Vervloesem obtient qu’il lui remette un premier CD ROM de 8500 photos pédocriminelles allant jusqu’à des viols de bébés et jusqu’à la mise à mort d’enfants : c’est ce qu’on appellera par la suite le ’CD de ZANDVOORT’.
Gerrit Ulrich décide alors de prendre la fuite : il est assassiné en Italie le 29 juin 1998 par Robbie Van Der Plancken. Avant sa mort, il aura eu le temps de contacter par téléphone Vervloesem pour lui indiquer une cache de son appartement qui dissimule d’autres documents. Sur les lieux, Marcel Vervloesem récupère discrètement 20 autres CD et découvre que des agents des services de renseignement hollandais l’ont précédé. L’association Morkhoven a désormais en sa possession plus de 100 000 photos. La justice hollandaise qui a récupéré de son côté entre 100 000 et 200 000 autres photos, identifiera plus tard 472 visages dont une vingtaine de victimes françaises.
Fin juin 1998, Marcel Vervloesem détient donc 21 CD ROM pédocriminels. Consciencieusement, il effectue dans un premier temps des copies du matériel. Dans un second temps, il informe la justice mais, méfiant, lui demande des garanties. Le 14 juillet 1998, la chaîne hollandaise Nova diffuse un reportage autour du réseau ’Apollo’ et des récentes découvertes de l’association Morkhoven. Marcel Vervloesem sera immédiatement arrêté et mis en garde à vue par les autorités belges. Il sera ensuite inculpé pour détention de matériel pédopornographique. Le 22 juillet 1998, à la sortie de sa garde à vue, il annonce qu’il est prêt à faire toute confiance à la justice belge pour démanteler le réseau et il remet les CD ROM aux autorités belges et hollandaises devant les caméras de télévision.
À la fin de l’été 1998, aucune suite judiciaire n’est réellement donnée au dossier Zandvoort en Belgique. Le ’dossier Vervloesem’ va curieusement intéresser et mobiliser beaucoup plus la justice belge. L’activiste est toujours poursuivi pour chantage dans l’affaire Temse-Madère et détention de matériel pornographique dans l’affaire Zandvoort. Plus grave, le 10 septembre 1998 au lendemain d’un reportage sur l’affaire Zandvoort diffusé sur la chaîne de télévision RTBF, des plaintes sont déposées contre Marcel Vervloesem pour attouchements et viols sur mineurs dont certaines par des habitants de Morkhoven ainsi que par le propre demi-frère de Marcel Vervloesem. Par la suite, ils seront nombreux à se rétracter : un jeune reconnaîtra dans une déposition avoir reçu 375 euros pour mettre en cause Marcel Vervloevsem. Quatre médecins attesteront auprès des juges de l’impossibilité physique des viols du fait de l’état de santé déjà très fragile de Marcel Vervloesem. N’empêche, l’enquêteur est désormais poursuivi pour pédophilie ! À noter, Marcel Vervloesem sera également poursuivi pour diffusion de matériel pédopornographique et violation de la vie privée suite à la réalisation d’affiches destinées à alerter la population belge.
Dans la nuit du samedi 14 novembre 1998, une militante du Morkhoven Group, Gina Bernaer meurt au volant de son véhicule peu de temps après avoir transmis une copie du CD ROM de Gerrit Ulrich au CIDE (Comité International pour la Dignité de l’Enfant) à Lausanne, en Suisse : les freins ont lâché !
Le 11 avril 1999, l’association Morkhoven transmet des copies de plusieurs CD ROM au roi belge Albert II, à son procureur général et au gouvernement français. Le cabinet de Jacques Chirac accusera réception, indiquant avoir transmis le CD ROM au garde des Sceaux. Le 12 avril 2000, Elisabeth Guigou alors garde des Sceaux, déclarera pourtant ne pas être en possession du matériel de Zandvoort. Finalement, après l’ouverture d’une enquête en France et malgré l’identification de 42 enfants par les familles, un non-lieu sera rendu en 2002 puis un classement sans suite le 20 mars 2003 par la juge Danielle Ringot. En 2008, le procureur général belge de son côté répondra que les pièces ont disparu du dossier.
Marcel Vervloesem est finalement condamné en juillet 2001 à 7 mois de prison avec sursis pour imprudence dans le traitement de ses dossiers dans l’affaire Temse-Madère. À partir du printemps 2004, puis en 2006 et enfin en 2008, Marcel Vervloesem va comparaître pour possession et diffusion de matériels pédophiles, escroquerie et viols. Le juge désignera comme psychiatre expert le professeur Cosyns mis en cause dans la première affaire traitée par l’association Morkhoven à l’hopital psychiatrique Good Engels d’Anvers. Le test de polygraphe (détecteur de mensonges) demandé par le juge sera lui enterré. Le 24 juin 2008, il est condamné à 4 ans de prison pour deux viols sur enfants (et innocenté de dix autres viols). Il est incarcéré définitivement le 5 septembre 2008. Marcel Vervloesem a survécu jusqu’à présent malgré de nombreuses interdictions d’hospitalisation. Il est, entre autres difficultés de santé, insulino-dépendant, déficient rénal et doit lutter contre un cancer métastasé.
Jan Boeykens, président du Werkgroep Morkhoven, annonce le 28 février 2010 que tout contact (visite, courrier, téléphone) avec Marcel Vervloesem leur est désormais interdit. Il accuse le ministre belge de la justice Stefaan De Clerck (démocrate-chrétien comme Herman Van Rompuy le président de l’Union européenne) déjà partie prenante dans le traitement de l’affaire Zandvoort, d’être responsable directement de cette situation.
Trouvé sur :
- Reportage Vidéo Intégral sur cette affaire (très documenté et instructif)
- Le prix de l’ignorance, extrait : "Concernant la pédophilie l’ignorance n’est pas interdite, ni en France, ni ailleurs, ni aux candidats présidentiels ni même aux présidents. C’est le déni de la maltraitance subie chez nos parents qui est la vraie cause de la violence dans notre société, malheureusement la cause toujours ignorée. Les conséquences de cette ignorance sont catastrophiques. On ignore par exemple les faits que chaque pédophile a une histoire de maltraitance sexuelle dans son enfance refoulée par lui-même et niée par la société . C’est pourquoi les thérapeutes ne s’intéressent généralement pas à l’enfance, ils protègent plutôt les parents comme le fait toute la société. Enfin nous tournons en rond dans la lutte inefficace contre la pédophilie. On préfère laisser les enfants dans leur communauté en danger, que voir la réalité que presque tous les pédophiles pourraient guérir au lieu de continuer de blesser et menacer les jeunes, s’il leur était permis de discerner les crimes de leurs parents. Mais cela exactement est interdit."
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