Marks & Spencer, ou la destruction de l’emploi français
Avec plus de 99% de produits importés, du lait aux pommes de terre anglais en passant par les viandes et les œufs, l’expansion rapide de la division alimentaire du britannique Marks & Spencer menace directement l’emploi en France. En ces temps de chômage de masse, l’inertie des différents acteurs économiques et politiques est intolérable.
Depuis son retour en France en 2011, l’enseigne britannique Marks & Spencer a déjà ouvert non moins de 14 magasins de produits alimentaires en région Île de France (dont 9 exclusivement, les M & S Food). Dix autres ouvertures seraient également prévues d’ici à la fin de l’année 2019. Qu’une enseigne étrangère s’intéresse au marché français ne pose naturellement aucun problème. D’autres y sont déjà installées, à l’instar de l’allemand Lidl et de l’espagnol Dia (la branche française de ce dernier ayant été rachetée par carrefour en 2014), et se sont toujours efforcées de s’approvisionner majoritairement auprès de fournisseurs hexagonaux. Et ce, tout comme le font leurs concurrents français, y compris à l’étranger dans la pure tradition française du gagnant-gagnant, où les intérêts de chacune des parties sont respectés. A titre d’exemple, et toujours en matière d’alimentation, les magasins de proximité et supermarchés Carrefour à l’étranger se fournissent à hauteur de 75% auprès d’entreprises installées dans le pays d’implantation.
Une politique au service quasi exclusif de l’économie britannique
Or, il n’en va pas de même des magasins Marks & Spencer dont les rayons sont garnis à plus de 99% de produits importés de l’étranger, dont près de 90% venant directement du Royaume-Uni : des plats cuisinés typiquement anglais aux viandes et baguettes (eh oui !), en passant par les plus simples des yaourts, briques de lait, œufs, carottes, oignons et pommes de terre, tous ces produits viennent directement des champs, éleveurs et usines britanniques. Même les quelques plats « exotiques » relevant de la gastronomie des pays du sous-continent indien sont également produits…au Royaume-Uni. Bien maigre consolation, quelques rares bouteilles de vin viennent du territoire français.
Mais ce qui pourrait être considéré comme normal de la part d’une poignée de petites boutiques, indépendantes ou non et cherchant à faire découvrir les traditions culinaires d’un pays tiers (tout comme l’on peut trouver des boutiques de produits spécifiquement français à l’étranger), ne peut plus l’être lorsqu’il s’agit d’un groupe ayant manifestement adopté une stratégie consistant à se positionner désormais en tant que véritable commerce de proximité pour des milliers de nos compatriotes. Allant même jusqu’à reprendre les locaux - et parfois le personnel - d’autres enseignes présentes de longue date (Monoprix de la gare RER de Châtelet - Les Halles, Franprix de la rue Duban dans le 16e arrondissement…). Désormais contraints d’y faire leurs courses quotidiennes, faute d’alternative plus proche, nombre de nos concitoyens sont alors privés de la possibilité d’acheter français, avec toutes les conséquences qui en découlent en matière d’emploi dans notre pays.
Une léthargie française intolérable
Face à la politique de cette enseigne, dont le développement accéléré ne saurait s’arrêter aux frontières franciliennes, il est plus que regrettable d’observer l’absence de réaction des différents syndicats et professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire, dont les débouchés sont ainsi directement impactés par toute ouverture de nouveau magasin. Réalité qui ne peut qu’aggraver encore plus la situation de certaines filières déjà sévèrement malmenées (comme la filière laitière), avec à la clé et à terme, des milliers de destructions d’emploi potentielles au bénéfice quasi exclusif de l’économie britannique.
Absence de réaction également de la part des associations de défense du consommateur dont on pouvait espérer un minimum de patriotisme économique, bien que cela n’entre pas directement dans le cadre de leur mission. Ces mêmes associations, qui sont par ailleurs totalement inactives en matière de défense de la langue française, dont la primauté en toutes circonstances constitue le droit le plus fondamental des consommateurs français et plus largement francophones résidants ou de passage sur notre territoire. Sans doute gagneraient-elles à se rapprocher de leurs confrères québécois et à s’inspirer de leur professionnalisme, ténacité et efficacité afin d’imposer le respect du statut officiel de notre langue. Faire respecter ce pilier de notre identité nationale, de plus en plus souvent éradiqué, ou présent en caractères microscopiques et de ce fait inaccessible aux millions de nos compatriotes souffrant de troubles de la vue (au mépris de leur sécurité même), serait l’occasion de remonter dans l’estime des centaines de millions de francophone d’outre-mer, lassés par tant d’incompétence et de naïveté françaises.
En attendant, les prochaines ouvertures de petits supermarchés Marks & Spencer ne manqueront probablement pas d’être saluées par une partie de la presse locale, ainsi que par de nombreux élus locaux qui y feront quotidiennement leurs achats sans mot dire. Et d’en ressortir même avec des sacs - toujours disponibles - à l’effigie du drapeau britannique, déjà massivement présent dans notre espace public (t-shirts, coques de téléphones portables, agendas, couettes et oreillers…). Pourtant, force est de constater que la réciprocité outre-manche vis-à-vis de notre drapeau tricolore n’est nullement vérifiée. A cela, l’on pourrait également rappeler l’inexistence totale de l’Union Jack dans les rues et boutiques du Québec, pourtant statutairement membre du Commonwealth de par son appartenance au Canada. Le philosophe Michel Serres, qui aurait probablement été résistant pendant la seconde guerre mondiale, n’a-t-il pas dit qu’il y avait aujourd’hui « plus de mots anglais sur les murs de Paris et de Toulouse qu'il n'y avait de mots allemands sous l'Occupation ».
Une société française sans repères
L’indifférence totale des responsables politiques et acteurs économiques de notre pays face au mépris manifeste de cette enseigne de la grande distribution pour l’emploi en France, mais également face au non-respect du statut officiel de la langue française, de la sécurité du consommateur et de son droit le plus strict de pouvoir acheter français, ou encore face à la prolifération de drapeaux étrangers sur notre territoire au détriment du drapeau national, en disent long sur la perte de repères de notre société ainsi que sur le degré de vassalisation des esprits atteint dans notre pays. Avec des conséquences qui ne peuvent qu’être extrêmement dommageables à de multiples niveaux : sociaux, économiques et géopolitiques.
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