Maroc : la vérité qui dérange
Sommes-nous sublimés par nous-mêmes ? Ou nous voyons-nous sur un miroir qui nous ment ?
Vous ne m’en voulez pas si mes propos sont directs et frontaux. Je veux que vous sachiez bien que si je parle ainsi de mon pays, c’est parce que je l’aime et cet amour est indescriptible et indéfinissable car je n’ai pas l’âme d’un poète qui sait mieux que moi extérioriser ses émotions.
J’ai choisi ce titre, ce n’est pas pour ennuyer ou déranger quiconque bien au contraire, je voudrais juste rapporter une vérité sur qui sommes-nous en réalité ? Certains qui ont vu le film d’Al Gore La Vérité qui dérange ont pu remarquer sûrement à la fin du film que la vérité du réchauffement de la planète est un fait avéré. La question qui se pose est est-ce que le poids de ce titre traduit effectivement la préoccupation de la population de la planète ? Ma réponse est non parce qu’en ce moment la majeure partie de la population de la planète, environ 80 %, est plutôt préoccupée par le réchauffement du prix du pétrole et son impact sur le réchauffement des prix des produits de première nécessité dont ils ont besoin au quotidien. Ceci n’enlève pas le caractère sérieux de la problématique du réchauffement de la planète, mais l’enrichissement des spéculateurs au détriment de la population de la Terre me paraît beaucoup plus sérieux que le réchauffement climatique.
Certaines ou certains Marocains sont sublimés par eux-mêmes
J’ai envie d’utiliser une autre métaphore qui illustre bien qui nous sommes en réalité, mais je n’ai trouvé que celle-là : nous ressemblons terriblement à quelqu’un qui croit dur comme le fer qu’il est beau, mais en réalité il ne l’est pas. Sûrement que ce quelqu’un, il faut lui recommander de changer son miroir ou l’enlever carrément de chez lui parce que lui raconte n’importe quoi. Probablement cette vérité, ça va choquer quelques-uns, mais hélas il n’y en a pas d’autres. La seule et l’unique que j’estime à même de coller à notre vérité, c’est celle-là. Cette vérité qui dérange, mais c’est la seule à mes yeux palpable et quantifiable. La question de croire ou de ne pas croire à cette métaphore, ça n’a pas beaucoup d’importance. Par contre la question jusqu’à quand on va continuer à faire confiance au fameux miroir qui voile la vraie réalité de notre face et en consolide en conséquence l’idée que nous sommes sublimés par nous-mêmes :).
- Tu rigoles.
- Oui, mais tu veux que je fasse quoi m’a-t-il répondu le sublimé par lui-même.
- T’as raison, continue à rigoler et on verra qui va rigoler le dernier.
Maintenant, je vais décliner les chiffres qui font tourner la tête. Ce sont des chiffres que j’ai pioché dans ce rapport et on va voir qui rira le dernier :
1. Les perspectives de développement humain :
Nous sommes au 126e rang juste devant le Soudan. Tous les pays arabes sont devant nous à des années-lumière. Quant au niveau de l’enseignement, on est pratiquement le dernier de la classe. A tire indicatif, la Namibie nous devance largement au niveau du développement humain, ça ressemble à une grosse blague, mais ce que je suis en train de rapporter, hélas, c’est la vérité. Le rapport révèle que ce classement nous permet de nous rapprocher des pays « à faible développement humain ». Quelle honte !!
2. Les perspectives de développement social
A ce niveau, aucun organe marocain ou aucun plan de développement social n’a convaincu les experts de PNUD des « progrès effectifs ». Par contre, nous n’avons pas honte de ne faire valoir que les plans. Les experts internationaux n’ont rien à faire des signaux. Ils ne croient qu’aux faits et les résultats calamiteux. Visiblement, on est atteint du syndrome de la Coupe du monde. On veut tout organiser et tout édifier sur la base des maquettes. Apparemment, on est plus champion du monde dans le jeu des maquettes qu’autre chose.
3. Les perspectives de l’éducation et de l’enseignement
Puisque les indices de développement humain ont atteint le sommet de la médiocrité, je vous laisse deviner le niveau de l’éducation et de l’enseignement. Faute de paraître cynique aux yeux de certains, je vous laisse méditer ces chiffres. En fait, jusque-là, je ne fais que rapporter des faits quantifiables et les qualifier à leur juste valeur. Ce qui fait le plus défaut dans notre tissu social, ce sont les indicateurs de l’éducation et l’enseignement. A la fin de l’année 2005, le Maroc affiche un taux
- 52 % d’alphabétisation des adultes ;
- 58 % un niveau de scolarisation combiné (primaire, secondaire, universitaire).
Notre pays fait moins bien que l’Ouganda, le Kenya ou même Madagascar. Encore quelle honte… !
4. Autres perspectives
La liste est longue si je décline tous les chiffres et indicateurs qui attestent que la gestion des pouvoirs publics est en plein délire. Si nous n’avions pas atteint une espérance de vie de 70,4 ans et un PIB par habitant de 4,555 $, notre classement aurait été bien pire. Toujours est-il que ces deux résultats restent bien loin de ceux de l’Algérie, la Tunisie ou même le Gabon. Des pays comme l’Egypte ou la Syrie se rapprochent des niveaux de PIB/hab du Maroc, mais le devancent de loin dans le classement global, grâce à de bons indicateurs d’enseignement.
Où l’engrenage fait défaut ?
A la lumière des indicateurs précités, il y a matière de se poser des questions sur la fiabilité des stratégies de développement social au Maroc si elles existent bel et bien. Tous les projets initiés depuis 2005 dans le cadre de l’INDH « l’Initiative nationale pour le développement humain » partout au Maroc n’ont permis de relever qu’il y a une amélioration tangible de la population nécessiteuse. Il faut attendre le rapport DH de l’année prochaine pour évaluer les mesures de cette initiative. Les premières enquêtes font état de dysfonctionnement qui paralyse gravement l’atteinte des objectifs.
Quant à l’enseignement, les indicateurs ne risquent pas de s’améliorer. Les opérateurs font état d’une aggravation sérieuse du secteur surtout au niveau de son infrastructure et de ses ressources humaines ainsi qu’une dégradation des conditions d’enseignement, notamment dans le monde rural. L’insuffisance dans ce secteur qui a été annoncé par des instances suprêmes et compte tenu de ces éléments, le score du Maroc ne risque pas de s’améliorer dans les prochaines années.
Constat fait, le Maroc est mauvais élève en termes de développement humain et social. Les experts du PNUD sont unanimes sur ce point et ont sûrement dû remarquer les inégalités incontestables entre les riches et les pauvres. Les signes de pauvreté et de précarité sont toujours aussi saillants et visibles que ce soit dans le milieu rural ou dans les espaces urbains comme les grandes agglomérations. Pourtant les organismes internationaux ne cessent de ressasser cette remarque qui n’a pas besoin d’expertise pour être signalée.
Des centaines de solutions ont été avancées pour garantir le minimum vital en termes de qualité de vie pour les plus démunis. Mais il semble que les responsables régionaux n’ont pas encore la volonté de passer à l’action. Résultat des courses : un résultat humiliant qui ne peut être que nuisible sur l’attractivité du Maroc pour les investissements étrangers.
Pendant que le Maroc recule, ses concurrents directs progressent à grands pas. Le Gabon, qui était classé juste devant nous il y a deux ans, grimpe désormais à la 119e place. Au niveau du monde arabe, il n’y a que la Mauritanie, le Yémen et le Soudan que nous arrivons à devancer. Toujours pas de quoi pavoiser.
A tire de rappel, je donne quelques chiffres concernant le classement des pays européens par le PNUD.
On voit d’après ce classement que les pays scandinaves confirment leurs réputations en matière de qualité de vie. Les pays fortement industrialisés sont loin de donner le bon exemple en développement humain, mais on trouve des raisons valables du pourquoi de cette négligence dans ce domaine.
Climat des affaires
Le rapport de WWF, « World Economic Forum », souligne que l’accès au financement, la bureaucratie gouvernementale mal organisée et la corruption sont les facteurs les plus problématiques pour faire des affaires dans les pays africains en général et les pays de l’Afrique du Nord en particulier. Sur ce registre, l’Algérie détient le score de la négligence. Le document cite aussi la fiscalité, les taxes de régulation, une main-d’œuvre non qualifiée, une réglementation de travail restrictive, l’instabilité politique entrave la bonne marche du train de développement. Le rapport fait état de ce classement.
Conclusion
En fin un classement au milieu de peloton, ce n’est pas réjouissant, mais c’est déjà ça de gagné. Pour consolider cette bonne note, je tire la conclusion suivante : ce ne sont pas les ressources qui font défaut au Maroc, c’est plutôt le mode de gouvernance qui piétine. Il est à noter qu’il y a eu des grandes réformes au Maroc, chose qu’il faut bien saluer, mais, au niveau des mécanismes des répartitions des richesses et la bonne délégation des responsabilités, les organes compétents doivent revoir leurs copies.
A suivre...
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