Me voilà, retraité et privé de ma pension
Que ressent-on quand on devient retraité ? Le changement que représente le départ à la retraite est multiple. Pour moi ? C’était le soulagement. Je ne constitue plus une classe sociale, je suis simplement mari, père de famille et surtout papy de mes petits-enfants. Ma petite fille me dit que je suis vieux mais elle est contente que ma nouvelle vie lui semble satisfaire.
Ma nouvelle vie ? Plus besoin de courir dans le métro, Profiter de mon temps libre pour ranger la maison, aller chercher ma petite fille à l’école, aller me balader, et cuisiner.
Donc, une vie que tous les jeunes (ou presque) rêvent. Mais parlons sérieusement. Pour vivre cette vie, dans cette société de consommation, il me faut de l’argent. Et cet argent, je l’ai cotisé, j’ai payé mes impôts, pour ma retraite. La licorne n’est jamais loin dit-on, je croyais que ma pension de retraite allait verser sur mon compte mensuellement et ponctuellement. Que demander de plus ? C’était ma nouvelle vie (que je rêvais).
Je suis née en 1948. Reconnu comme réfugié politique par HCR, j’ai choisi la France comme terre d’accueil, et suis arrivé en 1993. Après 111 trimestres de cotisation au régime général, j’ai pris ma retraite à compter du 29 février 2016.
Voici la simulation de ma pension de retraite : CNAV a versé 498.34 – 39.79 (CSG) Complémentaire 171.08 – 15.56 (CSG) 669.42 / net / mois |
Je gagne donc un peu plus de RSA (545.48). Mes chers députés LREM disent ne pas vivre correctement avec leur indemnité. Alors imaginez ma situation ? Car je suis privé de ma pension depuis plus de 4 mois. Comment offrir un tour de manège à ma petite fille et comment l’amener au Mc Do pour aller piocher les cadeaux dans Happy Meal ?
Je vous épargne toute mon histoire déprimante concernant le droit au cumul intégral emploi-retraite, que j’écourte mon histoire sur ma vie fraichement active que je m’impose pour pouvoir vivre convenablement et non dans le confort, sur mon obligation de payer l’assurance vieillesse que je continue à cotiser au nom de la solidarité nationale alors que je ne perçois même plus ma pension de retraite.
Toute histoire a une belle fin. Voici la mienne.
Je change de banque pour éviter les déplacements. Selon la nouvelle loi « mobilité bancaire », la nouvelle banque s’occupe toutes les démarches pour avertir les débiteurs de prélèvements et de virements.
Aussitôt dit, aussitôt faite. Tous les autres débiteurs sont prévenus, sauf un ! La CNAV ! Mon dernier versement de pension remonte au 06 octobre 2017 sur mon ancien compte et qui plus est fermé depuis le mois de novembre 2017.
Le digital est super. La technologie simplifie la vie. Un vieux retraité peut contacter un conseiller de la CNAV sans me déplacer. Je laisse à de multiple reprises les messages sur mon espace personnel, qui, malheureusement, sont restés sans réponse. Deuxième options alors. Je téléphone au service. La persévérance paie toujours !
Quelques extraits d’échanges ?
- Ah non, monsieur, ce n’est pas à votre banque de faire les démarches, mais c’est vous : Alors j’exécute. J’envoie mon RIB de ma nouvelle banque
- Nous avons bien reçu mais il faut passer devant une commission : mais quelle commission ? C’est justement un changement de situation. Mais il faut quand même que cela passe devant.
- Il faut que vous attendiez. Il y a un temps de traitement de dossier : cela fait plus de 4 mois..
J’ai recours au crédit à la consommation pour vivre. Certains d’entre vous diront qu’il faut simplement économiser ou dépenser un peu moins ? Mais le smic ne suffit pas pour vivre convenablement avec les charges à payer et les impôts.
Le 05 mars, le chef de la division des cabinets m’a répondu. Me notifiant qu’ils sont soucieux de ma situation et que ma requête est transférée à Monsieur le directeur de la CNAV, afin que ses services apportent la suite appropriée à ma démarche dans les meilleurs délais.
Une semaine plus tard, je me laisse bercer par la musique pendant 15 minutes. Au téléphone, la vérification de mon identité est plus longue que leur réponse : Il nous reste à enregistrer les informations reçues de votre part. Je vois que ce n’est pas encore fait.
Je lui remercie du fond de mon cœur, car, c’était la première personne honnête que j’ai eu depuis tous ces calvaires.
5 mois pour enregistrer les informations ? 5 mois pour entendre dire que « nous n’avons pas fait notre travail » ? 5 mois pour que je vive dans l’inquiétude totale ? Que c’est beau la France de Fraternité-Liberté-Egalité. A ce jour, j’attends toujours ma pension.
Ne soyez pas étonnés, si un jour, vous entendez parler d’un vieux qui squatte devant le ministère des solidarités et de la Santé. Venez me dire bonjour.
28 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON