Mélenchon nos âmes
« Mélenchon nos âmes » dit une pancarte (auvergnate) au Capitole, à Toulouse, le 5 avril 2012
Sur les chaînes de télévision, Jean-Luc Mélenchon nous régale ! Soudain chez les jeunes bien élevés du public aussi bien que chez les journalistes, une détente, des sourires, des rires qui font du bien.
Pourquoi ?
Jean-Luc Mélenchon n'est, ni se veut un monument, nous ne sommes pas mal à l'aise, inquiets pour lui comme nous le sommes pour certains dont on redoute le moment où ils vont se vautrer sur leurs mensonges, se prendre les pieds dans le tapis de leur incompétence. Il ne veut pas nous protéger, nous récompenser, nous punir : c'est un copain, un ami. Merveilleux ami qui donne une énergie incalculable aux cerveaux, aux mains, aux bras, aux jambes qui s'activent, dans l'anonymat le plus souvent, pour une cause commune qu'il a su focaliser.
C'est le moment qui veut ça, l'heure est grave et nous n'avons devant nous ni trois vies ni trois planètes pour prendre le temps de tergiverser.
Il est dans l'urgence, nous sommes dans l'urgence, il y a urgence.
Ce qui lui permet d'être ce qu'il est dans ces circonstances, et de ne jamais décevoir, est le fait qu'il est parfaitement sincère et que, personnellement, il place la réalisation de soi bien au delà de quelques réussites ponctuelles qui sont, même en politique, somme toute éphémères et superficielles.
Peu d'hommes politiques ont fait dans l'histoire récente quelque chose de bien ou de bien qui n'a pas été dévoyé. Cela fait si longtemps qu'ils rafistolent, ne sachant plus où donner de la tête, dans l'instant, à tel point que tout notre monde occidental est dans cet affolement, sans jamais de repos ni de belles envolées.
On étouffe, il donne de l'air.
Aussi, personne ne pourra le prendre en défaut ; il offre à ses interrogateurs et à ses auditeurs une transparence sur le chemin qui l'a conduit jusqu'ici.
Ce chemin fait de curiosités, de remises en question, d'ouvertures et d'écoutes qui semblent bien être, au fond, son idéal.
Du reste Jean-Luc Mélenchon n'a pas de détracteurs ; certes les libéraux disent que son programme économique est irréaliste, c'est normal, ils s'affolent un peu plus mais semblent oublier qu'avoir déboulonné l'aristocratie régnante semblait irréaliste aussi à certains esprits formatés, confinés, dociles. Et pourtant, nos ancêtres l'ont fait !
On ne peut contredire le bon sens, on ne peut que l'insulter, le nier, dans la plus totale impuissance.
La révolution que nous avons à faire aujourd'hui est de la même importance. Pendant des siècles, l'Église a tenu le peuple dans l'ignorance et la peur.
Que fait le libéralisme d'autre aujourd'hui ?
Seulement, le peuple, c'est l'espèce humaine avec, comme toutes les espèces qui peuplent depuis toujours cette planète, une immense force de vie, un instinct de conservation.
Ce que ne comprennent pas les libéraux c'est que cette force de vie est aussi puissante que n'importe quelle force naturelle : indomptable.
Pour en revenir à Jean-Luc Mélenchon, ceux qui le craignent ou le haïssent ( ou les deux) sont « les petits hommes » si bien décrits par W. Reich, car cette force de vie qu'il représente menace le petit homme immature dans son ivresse de pouvoir, tout puissant derrière ses mensonges, dans sa folie du jeu, mort en lui-même...
Et aussi ceux qui sont au service de ces gens-là, les courtisans et les servants, ignorant même leur servitude.
Ils jouent et leur casino n'a pas d'équivalent et la tricherie, inhérente au jeu, leur semble si admise qu'ils la croient naturelle. Ils trichent avec eux-même parce qu'ils renient ou qu'ils ont honte de leur appartenance au peuple ; le peuple, pour ces tricheurs, n'est qu'un ramassis d'obèses, de déglingués, d'abrutis, de crédules, d'ivrognes, ils veulent croire à un déterminisme qui les aurait placés plus haut ! Ils ne peuvent pas voir que ces malheurs ne sont que le fruit de leur égoïsme, leur bêtise et leur irresponsabilité, qu'aucune place n'a été faite à ces exclus pour se construire, s'épanouir, et vivre, tout simplement.
Ils se contentent de pouvoir sur les faibles ; cela s'appelle la lâcheté.
Ils cèdent à quelques concessions, oh combien loin du réel, pour se maintenir, et prônent "l'égalité des chances » !
Quelle blague !
Leur éducation ne parvient que fort mal à appâter certains, pour qu'ils trahissent...
Ils n'ont donc, contre celui qui ( bien modestement, à un moment donné, dans un modeste pays) représente cette force de vie, que des injures, des insultes, des calomnies à proférer : l'arme des impuissants.
Pourquoi Jean-Luc Mélenchon suscite-il l'engouement des foules ?
Parce qu'il cloue le bec à ceux qui s'agitent devant ce surgissement d'énergie- ce que beaucoup d'entre nous ne peuvent pas faire-, parce qu'il désarme les attaques contre une mauvaise cible. Et parce qu'il a foncièrement horreur de l'ignorance arrogante des imbéciles prétentieux, cela lui est aisé.
En effet, si Jean-Luc Mélenchon avait eu, depuis tout petit, comme ce fut le cas pour notre cher Miterrand ! le désir obsessionnel du pouvoir, qu'aurait-il attendu tant de temps avant de se déclarer ?
Que n'aurait-il joué des coudes, dans son parti d'origine, pour se hisser au sommet ? Que serait-il aller se mettre dans une contestation (de bon sens plus que de contre-pouvoir) attendant patiemment qu'on le hisse à la première place ?
Il agace.
La réussite d'un tel homme ne se contenterait pas d'un éphémère séjour au pouvoir et à la richesse : elle ne peut se réaliser que dans le passage du flambeau à la postérité.
Ses ambitions sont bien plus souveraines : c'est l'apanage du héros qui ne manque pas d'orgueil ni de personnalité mais qui place son destin bien plus haut que sa personne.
Et cela, pour le bien de tous.
Et cela exaspère, et cela inquiète...
Mais pas tout le monde !
Ceux qui le suivent et ceux qui le soutiennent savent qu'il a une parole à porter, un combat à mener et qu'il a la force et le talent nécessaires pour cette lourde tâche.
Ne crachons pas dans la soupe : nous sommes bien contents qu'il soit cet homme-là, là, mais soyons sûrs d'une chose : il ne nous entraînera pas là où lui veut aller, pour lui-même, nous le portons pour qu'il nous mène là où, ensemble, nous voulons aller.
Et cela fait toute la différence.
Je ne pense pas que Jean-Luc Mélenchon, accédant à la Présidence, y resterait jusqu'à ce que mort s'ensuive, rendu indispensable à maintenir ce nouvel ordre du monde. Il trouverait les relais ( et nous devons penser à être et à créer cette relève) pour pouvoir, une fois sa tâche accomplie, retourner à la vie ordinaire, but finalement de tout ce cirque que l'on nous contraint à faire, depuis des siècles, pour y parvenir. But qui doit nous rendre vigilants à chaque instant : nous nous sommes endormis pendant trente ans, croyant que « c'était arrivé » et, pendant que nous dormions, tout a été détricoté !
Je m'illusionne peut-être mais c'est cette certitude qui m'attache à lui de manière indéfectible.
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