Valoche n’est pas diplomatique ! Autant s'y faire. Avec Carla, c’était du sérieux. Avec Valérie, ce sera du lourd. Pauvre François Hollande. Les astres se conjuguaient déjà à lui pourrir le début de quinquennat : pluies diluviennes, foudres, crises… Voilà que ses femmes s’y mettent, lui offrant, en matière de cohabitation apaisée, des perspectives à peu près aussi engageantes qu’un tablier de forgeron à la veille d’une épilation du maillot.
Rififi à La Rochelle ! Au moment où François Hollande voit s’éloigner les affres d’une cohabitation gouvernementale avec l’UMP, celles d’une cohabitation entre ses deux femmes, l’ex et la nouvelle, se précisent. En 140 caractères bien trempés — ajoutés au sien — la première concubine de France vient de réussir un double exploit : déclencher la bourde que toute la droite avait passé 3 mois de campagne présidentielle à espérer en vain, et nous rendre Ségolène Royal digne et sympathique, dans son rôle de femme répudiée, puis accablée de tous les fléaux de la terre, au cours d’un parcours politique qui, depuis 2007, tient plus d’une remontée de magasin Ikéa, un samedi, à contresens — ceux qui ont essayé me comprendront — que d’un long fleuve tranquille.
On avait entrevu des signes… quelques élucubrations niaises, une pente naturelle à se laisser glisser sur le devant de la scène, à se galocher en public, des riens… une volonté aussi féroce qu’incompréhensible de s’accrocher mordicus à son poste de journaliste à Paris-Match. En s’invitant aux Francofolies socialistes de La Rochelle, la première tonitruante de France peut se vanter d’avoir fait sonner haut et fort sa fausse note dans une cacophonie ambiante pourtant bien assourdissante.
Le poids des mots. Le choc des tourtereaux ? Comment l’a pris François Hollande, en privé ? On ne sait pas, même si on imagine qu’il n’a pas dû rugir de joie. En revanche, un fait est avéré : loin de la douceur Angevine qui l’a vu naître, Valérie Trierweiler — alias Tweetweiler — est une femme indomptée, voire indomptable. Et elle risque fort de le rester. Qu’ils soient donc rassurés, ceux qui craignaient de se barber au spectacle d’une présidence normale, ceux qui pensaient que la défaite du vibrionnant Sarkozy allait mettre les Guignols au chômage technique. Valérie attack !
Certes, aucune symphonie gouvernementale ne peut se jouer sans quelques faux accords. Et Dieu sait que l’orchestre précédent n’était pas avare de couacs, telle cette annonce de TVA sociale entre les deux tours des législatives 2007 qui avait coûté cher en sièges à l’UMP. Mais jusqu’alors, les dissonances s’élevaient de la classe politique, des membres du parti, du gouvernement, et non de l’entourage privé. On assiste donc à une première assez croquignolesque de collision entre sphères publique et privée, un mélange des genres dont François Hollande s’était pourtant clairement démarqué, lors de sa campagne. Il faut s’y faire : en France, on n’a pas de pétrole, comme à Dallas, mais on a La Rochelle et son univers impitoyable. Et nos « Sue Ellen » ! Attention, tout de même qu’après la « Bling-Bling », ne vienne la présidence « Big-Bang ».
C’est ahurissant, ce cirque. Venant d’une journaliste politique rompue aux ficelles du métier, apporter son soutien à un candidat arrivé en seconde position au premier tour, et qui ne peut donc être élu qu’avec le concours des voix de droite — promises par M Bussereau — ça tient déjà de l’abracadabrance colosse. Mais venant de la femme d’un président socialiste, ça laisse baba. Si Ségolène Royal accédait au perchoir, on n’ose même pas imaginer les séances de ball-trap.
Elle interloque, Valérie Trierweiler. On ne saisit pas trop son intérêt, si ce n’est pour se faire remarquer, affirmer son indépendance, à moins que ce ne soit une marque de jalousie maladive. D’autant que les arguments avancés, le prétendu « dévouement désintéressé » d’Olivier Falorni peuvent prêter à sourire. Citez-moi un seul homme politique qui ne soit dévoué et désintéressé — mauvaise pioche.
Au lendemain de la déclaration fracassante de Valérie Trierweiler, certains tentent d’en minimiser la portée. A gauche, Jean-Marc, ce Ayrault, grand paladin de la République, vole au secours de la veuve orpheline du PS en lui assurant son soutien total ainsi que celui de François Hollande. A Valérie Trierweiler, il assigne, si ce n’est une place au foyer — seul Landru aurait osé — du moins « un rôle discret ». A droite, JF Copé, grand vizir béat de cohabitation, souffle sur les flammes. Il espère des conséquences cataclysmiques pour le PS, au second tour des législatives, qui le feraient calife à la place du calife. Berniques médiatiques ! Bien malin qui peut dire exactement ce qu’il adviendra de ce Babel de La Rochelle. Jouer une fausse note en pleine cacophonie, c’est un peu comme se servir d’un marteau-piqueur lors d’un tremblement de terre, n’est-ce pas. Qui peut dire ce qui va se passer, au juste ? Probablement, pas grand-chose.
Aujourd’hui, toute la gauche socialiste est « derrière Ségolène Royal », situation qu’elle partage avec Valérie Trierweiler… d’où son problème, me direz-vous ! Quelle est la chose qu’une femme déteste en premier chez un homme ? Quand c’est pas sa mère, c’est son ex. Et souvent, les deux. C’est humain. N’empêche, Ségolène, puis Valérie… sourdes et aveugles aux consignes politiques, hermétiques à tout compromis, incontrôlables, François Hollande peut se vanter d’avoir tiré le pompon. Si on devait décerner un grand prix de l’adversité, il serait dans le Guinness Book. Manquerait plus qu’il se mette en ménage — ménagerie serait un terme plus approprié — avec Nadine Morano ou Rachida Dati, et c’est la béatification assurée. Et dire qu’on le subodorait mou…
Serait-il maso, au fond, notre président, pour collectionner à ce point les relations lancinantes ? Désire-t-il seulement s’endurcir avant de subir les schlagues d’Angela Merkel ? Qu’il soit rassuré, il est fin prêt pour toutes fessées, cuirs, chaînes, etc...
On prête à Talleyrand, fameux coureur de jupons, la phrase, devenue proverbiale, selon laquelle « Derrière chaque grand homme, il y a une femme ». On aurait aimé avoir l’avis de l’abbé, dans le cas où il y en a deux de l’acabit de Ségolène et Valérie. Moins par moins, me direz-vous, font plus. Tout de même, ce n’est pas la tranquillité au foyer assurée. Cela dit, il y a un avantage pour François Hollande. L’âpreté de ses pénates lui fera vite passer des arènes autrement plus tumultueuses — G8, conseil de sécurité de l’ONU, cabinet privé d’Angela Merkel, théâtre d’opérations en Afghanistan — pour des havres de paix. Ces lieux deviendront ses Bugarach, en somme. C’est pourquoi François Hollande est le président qu’il faut à la France, en ces temps de crise profonde. Il est rompu à l’adversité. Avouez-le, ramer jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, quand on est enchaîné au même banc de nage que Ségolène, puis Valérie, c’est aussi galère que gagner le marathon de Paris avec un caillou dans chaque chaussure. Chapeau bas François !
Selon certains observateurs, naturellement de droite, les péripéties Rochelaises tiennent du vaudeville, de la comédie de boulevard. Ils ont raison. Tout cela est d’un mièvre affligeant. Moi, si j’étais le président — Dieu m’en garde, et surtout les français — je leur organiserais un combat de catch dans la boue, aux deux mousmés, retransmis en direct au 20H. Pas de demi-mesure. Qu’elles sachent une fois pour toutes qui c’est François et qu’on en finisse. Un milliard de téléspectateurs garantis… mieux que la finale de Coupe du monde… et bien attentifs à pas en perdre goutte, tous pendus salaces et spumeux à leur téléviseur, priant qu’il n’y ait pas de rupture de faisceau, et qu’elles finissent à poil. Et dare ! Ah ! jolités, gredines, comme je les imagine, auréolées d’éclats furibonds, enchevêtrées dans la boue, morsures, ruades, écartelages de croupes, ébouriffures en touffes… J’en convulse ! Et voilà que François tente, allez-savoir pourquoi… un élan à la con… de les séparer… vautre au milieu du ring, s’embourbe… chiffe mollasse. Et vroum ! Qu’elles se ruent sur lui, furibardes… cherchent à lui arracher le slip... ça s’est vu, paraît-il. Cris atroces. Y parviennent ! Oubliés Dominique et Nafissatou ! Carré blanc. La totale Full Monty ! J’en délire… divague… j’essoufle.
Pardonnez-moi. Mais tant qu’à débloquer, Valérie, allons y gaiement. Ah ! Ça m’excite l’imagination, ce début de quinquennat normal. Et son ménage à froid.
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