Michel Onfray, roi des plateaux télé et contempteur du marché
Michel Onfray est ce qu’on appelle pour la télévision un “bon client”. Il parle bien, présente bien, et ne rate jamais une occasion de se payer les autres “bons clients” de la télé. Un Zemmour immigrationniste, en quelque sorte. Il est donc un des intellectuels les plus invités dans le petit écran, côtoyant ainsi l’oligarchie et partageant avec elle le prestige et les privilèges de la célébrité. Pourtant, il ne lui vient pas à l’esprit de critiquer les médias, ce qui rend ce “rebelle” finalement assez soumis au système. Brillant sur la critique des religions, il développe une pensée économique on ne peut plus proche du communisme, à l’instar de celui qu’il soutient en politique, Jean-Luc Mélenchon.
Nous avons invité plusieurs fois Michel Onfray, pour une interview ou un débat. Mais il nous répondait qu’il était toujours trop occupé. Certes, on le voit dans beaucoup de grands médias, télévisuels notamment, cela doit lui prendre beaucoup de temps. Pourtant, pour un homme qui dit défendre les petits, les faibles, les dissidents, il semble qu’accorder une interview à Europe 1(appartenant à Lagardère, une multinationale, marchand d’armes, abreuvant ses auditeurs de publicité, donnant toujours la parole aux puissants et rarement aux faibles) soit plus aisé qu’à Enquête & Débat (média totalement indépendant de toute entreprise, n’acceptant la publicité que de façon automatique donc sans lien avec les annonceurs, et donnant d’abord et surtout la parole aux petits).
Il est donc proche de Jean-Luc Mélenchon, qu’il soutient aux présidentielles (après avoir soutenu le NPA qu’il a quitté suite à l’affaire de la candidate voilée), et qu’on voit encore plus que lui dans les médias, y compris sur le canapé rouge de Drucker. Mais à part cela, les médias dominants sont de droite néo-libérale, évidemment.
Ce qui est intéressant avec Onfray, c’est qu’il n’est pas bête. Il écrit sans nul doute ses livres lui-même, contrairement à Attali comme il l’a sous-entendu sur un plateau de télévision (Voir le vidéo ici).
Le problème de la télévision, c’est qu’elle invite toujours les mêmes, donc on nous ressert l’opposition Onfray/Attali quelques mois plus tard(voir la vidéo ici) Ça sent un peu le réchauffé tout ça…
Ce qui le sent moins, c’est sa critique des religions, dans laquelle il excelle, et notamment la critique de l’islam. En voici deux exemples :
- son échange avec Malek Chebel, dans lequel il classe l’islam comme la religion la plus violente des 3 religions monothéistes (à partir de 1’20”), ce qui est indéniablement le cas (voir la vidéo ici)
Admettons que sur la critique de l’islam, peu d’intellectuels français ont osé aller aussi loin, se risquant aux foudres des ayatollahs de tous poils, et pas forcément que musulmans d’ailleurs. Cette critique de l’islam est si sincère chez Onfray qu’elle est la raison qui lui fera quitter le NPA, suite à l’affaire de la candidate voilée.
Plus généralement, sur le sujet des religions, Onfray frappe fort et vise souvent juste, alors qu’il s’agit d’un des sujets les plus minés qui soit. Si vous voulez éviter que la vaisselle ne vole, évitez de parler de deux sujets : la religion et la politique…
Justement, au niveau politique, on se demande quelle mouche communisante a piqué le philosophe écrivain. Certes, le communisme est profondément athée, mais cela suffit-il à rallier ce totalitarisme ? Pourtant, le brillant Michel Onfray n’a aucun problème à soutenir aux présidentielles le candidat Mélenchon, et ses déclarations abracadabrantesques sur le stalinisme : ““C’était quoi ce monde [de 1945] ? C’était celui où le tiers de l’humanité avait échappé au régime capitalisteparce qu’elle était dans un régime socialiste. Socialisme je mets des guillemets.“
Même le très socialiste Emmanuel Todd avait déclaré à Mélenchon dans la même émission : “Dans ce cas-là, effectivement on est en désaccord, ce que vous voulez c’est une soviétisation de l’économie française, une économie sous-productive, et ça je n’en veux pas.”
Michel Onfray ne voit rien à redire à cette position soviétoïde, puisqu’il a encore osé déclarer le 23 août dernier, parmi tant d’autres inepties, que “le marché ne doit pas faire la loi à l’école“. On se demande où a vécu monsieur Onfray ces 50 dernières années. L’Éducation Nationale infiltrée par l’ultra-libéralisme ? On aimerait des preuves ! Et à la hauteur de celles qui s’opposent radicalement à cette lubie. 1,05 millions de fonctionnaires, ce qui en fait le sixième employeur au monde, peu après l’administration chinoise (communiste, faut-il le rappeler) !
L’école française est sans doute la plus communiste au monde, bourdieusienne au possible, méprisant le libéralisme, le bannissant même, jusqu’au cours de philosophie (matière si chère à Onfray, mais pour le coup si stalinienne). Le gouvernement, quel qu’il soit, n’a aucune prise sur le “mammouth” comme l’appelait Claude Allègre, il ne peut que subir la volonté des syndicats d’enseignants…
On se pince en entendant le philosophe, qui se prétend libéré de toute idéologie, quand il défend un État socialiste qui échoue partout, et en demandant toujours plus, tout en fustigeant le marché qui est son bouc-émissaire permanent. Des pauvres ? La faute au marché. Des incultes ? Encore le marché ? Des idiots ?
Toujours le marché. Simple, et même simplistes, surtout pour un philosophe. Michel Onfray oublie de parler de la télévision (sans douteparce qu’il y passe sans arrêt), comme nous l’avons vu, et il oublie de dire que le marché développe les classes moyennes partout où il est implanté, sort les masses de la pauvreté, de la mortalité infantile, des conditions de vie déplorables, d’une natalité galopante, et développe le confort de vie. Les faits montrent que la liberté économique est la base de la prospérité. Mais ces faits-là n’intéressent pas le matérialiste et hédoniste Onfray, tout cela n’est pas trèscatholiquerationnel.
L’athée Michel Onfray est bel est bien croyant, mais dans le socialisme. Il fait partie de ces intellectuels qui n’aiment pas le libéralisme dont parle le sociologue Raymond Boudon, ces intellectuels français qui sont ultra-majoritaires dans notre oligarchie. C’est simple, trouvez-en un seul qui ose déclarer ceci : “Il faut montrer patte blanche, si vous ne tapez pas sur le libéralisme, vous êtessuspect.” Elle est deNicolas Stoquer, qui ne passe jamais dans les grands médias, contrairement à Onfray qui y passe sans cesse, (une des très nombreuses) preuve(s) qu’ils ne sont pas libéraux mais anti-libéraux.
Michel Onfray est certes brillant en philosophie, mais on aimerait qu’il cesse un peu de donner son avis sur les autres domaines. Voilà un autre des problèmes créés par les grands médias : faire parler les personnalités sur autre chose que leur domaine de légitimité. Nous renouvelons au “pape des pauvres” (un sobriquet dont l’ont affublé certains de ses critiques) bien volontiers une invitation pour qu’il vienne répondre à nos questions, si toutefois il trouve le temps entre deux plateaux télé.
Jean Robin
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