Mockingbird, de qui se moque-t-on ?
Nos programmes de désinformation auront atteint leur objectif quand tout ce que croit le public est faux. William Casey, Directeur de la CIA (1981-1987)
« Je suis arrivé, en février 2014, en tant que Sous-secrétaire d’Etat aux affaires publiques dans l’administration du Président Barack Obama, après avoir été un journaliste et éditeur du magazine TIME pendant sept ans. En ma qualité de journaliste je considérais qu’il était de mon devoir de façonner l’image des Etats-Unis à travers le monde. Je me voyais comme une sorte de directeur de marketing pour la marque USA. » (Richard Stengel)
« Mockingbird » est le nom donné à une opération d’infiltration des médias de l’agence de renseignements américaine la plus connue, la CIA, à l‘issue de la Deuxième guerre mondiale, dans le but de maitriser l’opinion publique.
Le premier pion sur l’échiquier de l’agence fut Philip Graham, éditeur du « Washington Post », mari de « Catherine la Grande », pas de Russie, mais de « Watergate ». La collaboration perdure d’ailleurs à ce jour, puisque son nouveau propriétaire, Jeffrey Bezos, a conclu un contrat de stockage informatique (cloud computing) avec la firme de Langley, pour 600 millions USD.
« Vous savez », expliqua un agent, impliqué dans le projet, à Philip Graham, « il est plus facile d’obtenir les services d’un journaliste que ceux d’une call-girl, quelques centaines de dollars par mois suffisent, » au point que dès le début des années 1950 l’agence disposait d’un réseau de plus de 400 taupes à travers le spectre médiatique américain, dans des maisons aussi prestigieuses que le New York Times, Newsweek, Time Magazine, CBS, ABC, Associated Press, Reuters, et tant d’autres.
En 1953, Allen Dulles, nouveau directeur de l’agence et ancien ambassadeur à Berne, plaque tournante des services de renseignements pendant la guerre, se chargea de l’opération et mit les bouchées doubles en étendant les activités de l’opération aux milieux culturels, dans le but d’y insérer subrepticement la « bonne parole », anti-communiste de préférence. De grands noms purent être gagnés pour la cause, John Ford, John Wayne, Howard Hughes, Cecil B. DeMille, Darryl Zanuck.
Ainsi, le film d’animation « Animal Farm », sorti en 1954, basé sur la nouvelle du même nom de l’écrivain britannique, Eric Blair, alias George Orwell, fut entièrement financé par la CIA. Connaissant les sensibilités politiques de l’auteur, cela semble assez cocasse comme entreprise, d’autant plus que l’œuvre est en réalité un pamphlet contre le totalitarisme per se, fusse-t-il staliniste ou capitaliste.
Insatisfaite de continuer à prêcher à des convertis, l’agence se mit également à courtiser la gauche du spectre politique, fatiguée du stalinisme, en organisant des conférences, concerts et autres expositions avant-gardistes, financés copieusement via des organisations philanthropiques telles que les fondations Rockefeller, Ford et d’autres. (Investigaction)
Une des activités, qui fait d’ailleurs ses preuves jusqu’à ce jour, consistait en la publication d’articles et d’essais biaisés, dans des médias choisis, ainsi que de livres, tout en commandant simultanément des éditoriaux élogieux auprès de leurs contractants. (Udo Ulfkotte)
Suite à l’éclatement de l’affaire « Watergate », le Congrès américain mandata, en 1975, le sénateur démocrate Frank Church de l’Idaho, de former une commission d’enquête dans le but d’éclaircir le rôle du FBI et de la CIA dans l’espionnage, à la demande du Président Richard Nixon, du quartier général du Parti démocrate. Un des volets de l’enquête, à côté de ceux traitant des coups d’état et assassinats politiques divers et variés dans le monde, concernait justement l’infiltration des médias par l’agence.
En cette année 2020, l’Allemagne vient de célébrer à nouveau, pour la trentième fois, le « Jour de l’unité allemande », marquant la fin de la Guerre froide, et, implicitement la fin du communisme. On a le sentiment toutefois, que, particulièrement cette année, une certaine lassitude se répand dans la population, une lente prise de conscience d’avoir été bernée depuis trente ans, par le narratif post-communiste d’une part et par le rôle, joué par les médias dans sa diffusion.
Une récente étude suisse de l’Office fédéral de la communication (OFCOM) démontre que 34% des jeunes entre 15 et 29 ans s’informent via les réseaux sociaux (45% dans la partie francophone de la Suisse), davantage que la radio (21%), les médias d’information en ligne (18%), la presse écrite (16%) et la télévision (11%).
Une prise de conscience s’imposerait donc dans les milieux journalistiques. Eh bien non. A l’instar de la lutte anticommuniste on lance la bouée de sauvetage « fact checking », « Décodex » par le Monde, « CheckNews » par Libération, « Les Pinocchios de l’Obs » par l’Obs, « Le scan politique » par « Le Figaro », « Le vrai du faux » par Franceinfo, « Fake off » par 20minutes ou encore « Info ou intox » par France 24.
En Allemagne, cette « prise de conscience journalistique » s’appelle « Correctiv » une organisation à but non lucrative, fondée et dirigée par le journaliste David Schraven, (TIME magazine, Die Welt, Die Zeit, Süddeutsche Zeitung), financée par la « Fondation Brost » de l’éditrice et milliardaire Anneliese Brost (WAZ Mediengruppe), décédée en 2010., une des figures féminines majeures du paysage médiatique allemand, à côté de Friede Springer, qui vient d’ailleurs de céder son empire « Axel Springer » à son protégé Mathias Doepfner pour 1 milliard euros, et Liz Mohn, Présidente du groupe « Bertelsmann ».
Une récente interview du sémillant journaliste, accordée au média online « Planet-Interview », dans le contexte de la gestion de la pandémie du coronavirus par le gouvernement allemand, révèle le fond de sa pensée, au sujet de la « populace inculte » qui n’est pas de son avis et autres travers.
« En ces temps de coronavirus nous sommes littéralement débordés à devoir combattre des thèses complotistes de sectes illuminées d’opposants aux vaccins, de hippies de « New Age » ou de cuisiniers végétaliens. » fin de citation
« Planet-Interview » : « Etant donné que l’acceptation des mesures sanitaires du gouvernement allemand est élevée dans la population, ne pensez-vous pas que l’influence des « fake news » est exagérée ? » Schraven : « Bien au contraire, il s’agit là de campagnes de désinformation ciblées d’opposants à la vaccination, diffusées par des illuminés de l’Homéopathie à ceux, propagées par la propagande russe « RT » au sujet de la dangerosité de la « 5G » dont on sait pertinemment que les ondes sont totalement inoffensives. » encore fin de citation
« Planet-Interview » : « Vous est « fact checker » agrées de « facebook ». Est-ce que cela vous permet, dans une certaine mesure de contrer les « fake news » ? » Schraven : « En effet, « facebook » nous donne la possibilité de mettre en évidence de telles désinformations. » fin de citation
On pourrait ajouter à ce sujet qu’au niveau mondial il y a une cinquantaine d’organisations qui participent au programme « third party fact checking » de facebook dont, en Allemagne, à part l’ONG « Correctiv », l’agence « DPA » (Deutsche Presse-Agentur), contre rémunération, cela va sans dire.
« Planet-Interview » : « Certains critiques des mesures sanitaires exigent une confrontation publique entre les voix du gouvernement, le virologue Christian Drosten, et ses critiques, le professeur Dr. Sucharit Bhakdi et le médecin Dr. Wolfgang Wodarg (ancien soutien à « Correctiv », actuellement un fervent critique pour avoir été sciemment diffamé par le dernier selon sa propre déclaration ndlr). » Schraven : « Dr. Bhakdi raconte des balivernes. Je considère une telle confrontation comme une perte de temps, juste parce que deux idiots avancent des vérités qui sont contestées par la majorité des scientifiques » fin de citation http://www.planet-interview.de/interviews/david-schraven/51884/
Quant aux activités de la CIA, on apprend que la dernière aurait mandaté un agent de sécurité espagnol, au service du milliardaire américain Sheldon Adelson, soutien du Président Donald Trump, pour infiltrer l’ambassade équatorienne à Londres dans le but d’espionner les faits et gestes de l’ennemi public no 1, Julian Assange, ainsi que de tous ses visiteurs, dont des avocats, personnalités publiques et de nombreux journalistes. Mais, de ce côté-là, silence radio.
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