Mohamed Merah pris dans la toile de la veuve noire
On ne remerciera jamais assez, je pense, le juge Trévidic pour son travail de fond, méticuleux et minutieux, quel que soit le sujet auquel il s'attaque (le Rwanda étant un bel exemple de son activité salutaire). Là où son prédécesseur le juge Brugière s'était parfois fourvoyé, le juge français se démène davantage pour filer les écheveaux, et semble bien plus efficace que celui qu'il a remplacé (peut-être lui même bloqué par un pouvoir embarrassé...). Sa dernière enquête lui a fait mettre la main sur un beau pot aux roses, celui des filières jihadistes contrôlées depuis le début par un pouvoir, justement, qui y voyait-là un double intérêt : de surveiler ainsi les jeunes prétendants, en l'occurrence des français, qui s'engageaient (tel Mohamed Merah), et en même temps d'obtenir des renseignements sur des zones très particulières du Pakistan, celles qu'avaient décrites en détail une personne telle que Willy Brigitte (qu'avait repéré Bruguière en son temps avec cette fois une belle efficacité, on doit lui concéder). Dans ce jeu immonde du chat et de la souris, où des sites islamistes ont été laissés ouverts afin de mieux pouvoir pister ceux qui s'y inscrivaient, un responsable de Toulon vient d'être repéré et arrêté hier. Or cet individu, dont le site avait pignon sur rue, était lié à un individu cité par la dépêche d'agence... sans qu'on ne fasse immédiatement le lien avec ses antécédents (le comportement des agences d'infos laisse à désirer, visiblement !). Car ce second individu, pourtant nommé dans la dépêche, n'est autre que Moez Garsallaoui, le second mari de la célèbre Malika El Aroud, la veuve "noire" de l'assassin de Massoud ! Comme on la retrouve ! Squarcini à peine parti, des portes jusqu'ici bloquéees s'entrouvent pour les enquêtes ... qui confirment que les filières anciennes subsistent, et que Mohamed Merah était bien affilié à un réseau terroriste, et pas n'importe lequel !
Mohamed Merah, qui avait peut-être visité le site du bloggeur varois, Nabil Amdouni (l'enquête le déterminera, sur ce site surveillé de près par la DCRI, au temps de Squarcini), a manifestement été aidé à pénétrer la galaxie El-Aroud, qui remontait on le sait jusqu'en Belgique et surtout en Allemagne (à Hambourg, ou habitait Mohamed Atta). Celle des blogs et sites jihadistes contrôlés depuis le début par des services secrets : Bernard Squarcini, en ce cas de figure aurait-il été tenté de jouer à une CIA aux petits pieds en recrutant Merah comme indic pour aller scruter ce réseau complexe ? L'annonce récente de l' arrestation récente au Pakistan, par l'ISI (et pour l'exemple !) d'un activiste franco-allemand annoncé pourtant jadis comme mort par les américains (d'une frappe de Predator) ajoutant une couche supplémentaire à l'édifice complexe de ses jeunes écervelés manifestement manipulés depuis toujours. Le puzzle Merah vient de se trouver un pièce maîtresse, semble-t-il, grâce à la sagacité d'un juge : l'individu s'apprêtait à quitter le territoire français, juste au moment où les policiers lui a mis le grappin dessus. On apprenait ce jour que l'individu arrêté place Lambert à Toulon avait été "logé" par les renseignements, mais sans que cela n'aît été suivi d'effets jusqu"ici : "en mai 2011, une enquête préliminaire était ouverte par le parquet de Paris, suivie en juin 2011 d’une information judiciaire. Ce qui montre que « l’enquête était déjà bien avancée », confirme une magistrate". Le juge Trevidic avait donc déjà mis la main dessus il y a plus d'un an.
Le changement survenu à la tête de la DCRI semble donc déjà porter ses fruits, et de manière spectaculaire : hier, donc, un activiste du djihad déguisé en toulonnais bon teint (il habitait à 50 mètres à peine de la mairie et n'avait rien extérieurement d'un islamiste !) qui tenait un site de recrutement de jihadistes à été arrêté par la DCRI, "nouvelle version" (débarrassée de Squarcini) : on notera surtout que dans les mois qui précédaient, son activité n'avait pas eu ce genre d'honneur, et ce, pendant même... quatre longues années : "surveillé depuis près de 4 ans, il a été interpellé vendredi dernier par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), puis mis en examen et incarcéré mardi. Nabil A. est soupçonné d'avoir, depuis son ordinateur, « transmis des informations et relayé des instructions à des organisations terroristes », a indiqué le parquet de Paris. Le parquet cite parmi les organisations avec lesquelles il était en lien al-Qaida et al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi)." Jusqu'ici, rien de transcendant me direz-vous, à part que la pelote laissée derrière lui par Squarcini se déroule bien plus loin que dans le Var... ou la proximité de la mairie de Toulon ! Car le site incriminé n'a rien à voir avec celui du forum de "paint-balleurs" de Forza Alizza : pour y rentrer, il fallait présenter patte blanche, et communiquer... de façon cryptée : manifestement, ce site-là ne jouait pas dans la même catégorie que les appeleurs habituels au jihad avec leurs sites.... d'amateurs ou de clowns médiatiques !
Le communiqué annonçant l'arrestation, sur ce point est très précis : l'homme a sévi quatre ans pendant lesquels on l'a donc laissé clairement faire à sa guise, à savoir d'attirer les jeunes candidats kamikazes chez les talibans. Mais il y a mieux, encore, quand on découvre qui était son contact préférentiel : "Le jeune homme ne semble pas correspondre au profil traditionnel du terroriste et aurait conquis ses galons uniquement sur Internet, en développant notamment un logiciel ultra-sophistiqué de cryptage que les enquêteurs ont mis des semaines à décoder. Toujours selon les informations du Parisien, Nabil A. comptait parmi ses proches un certain Moez Garssaloui. La DCRI pense que ce dernier a pu être l'un des formateurs de Mohamed Merah, le terroriste toulousain, lors de ses séjours au Pakistan." Un homme capable d'utiliser un tel logiciel de protection n'est donc pas né de la dernière pluie, et la question qui vient aussitôt étant où donc s'était-il procuré ce logiciel... lui permettant d'être en contact (crypté) avec le mari actuel de la veuve de Massoud, le fameux Moez Garssallaoui, filmé ici tirant au bazooka. En suisse, il avait eu une vie plus paisible, le fameux mari terroriste de la veuve noire : "le quotidien fribourgeois La Liberté vient de révéler que Moez Garsallaoui, qui bénéficie d’un statut de réfugié politique depuis 1998, profiterait d’une rente versée par la caisse nationale suisse en cas d’accident. Le Tunisien, qui souffrirait de troubles mentaux et de pulsions suicidaires, jouirait, en plus de sa rente, de l’aide sociale de la commune de Guin " nous avait rappelé Bakchich pour nous signifier l'étonnant degré d'immersion de ce terroriste en suisse. Par contraste, en mars 2010, Moez Garsallaoui aurait échappé de peu à la mort un drone américain ayant bombardé la maison du Waziristan, où il résidait. Depuis, on est sans nouvelles de lui (ce qui pose aussi le problème de sa rencontre avec Merah, à vrai dire !).
Garsallaoui et Aroud qui envoyaient se faire tuer de jeunes recrues tel Hamza El Alami, un double parfait (les problèmes psychologiques en moins), de Mohamed Merha comme on pourra le constater à leur procés (où Garsallaoui était absent) : "l'’enquête s’attarde sur le point de passage à Istanbul parce que début décembre 2007, Moez Garsallaoui (l’actuel mari de Malika El Aroud) y séjournait en compagnie d’autres jeunes européens désirant se rendre “dans la zone” de combat sur la frontière afghano-pakistanaise. Le 7 décembre 2007, Moez Garsallaoui quitte Istanbul pour traverser les montagnes iraniennes et rejoindre le Waziristan, les jeunes tenteront de le rejoindre plus tard. Le tribunal détaille brièvement le parcours tragique du jeune Hamza El Alami : un jeune français qui contacte Malika El Aroud pour savoir s’il doit se marier avec une jeune infirmière dénommée Samira ou s’engager dans le jihad au Waziristan. Vivant en France, il séjournera quelques temps à Molenbeek, racontera son désir d’apprendre la langue arabe classique en Egypte, partira en avion vers le Caire, rejoindra les “jeunes frères” à Istanbul pour entamer sa traversée fatale vers le Waziristan. “Il faut lire la détresse des parents du jeune Hamza El Alami qui étaient tellement inquiets pour leur fils qu’ils ont même payé, en vain, 5.000 euros à des passeurs turcs dans l’espoir de faciliter le retour de leur fils. Il faut aussi lire le désespoir du père de ce jeune garçon qui raconte une conversation téléphonique qu’il a eu avec son garçon alors qu’il était sur le point de charger la chemise de sa kalachnikov. Le papa lui demande de l’écouter et de revenir mais le jeune lui réponds : ‘écoute papa, écoute papa !’ en lui faisant écouter le bruit du chargement“, explique le juge Hendrickx." Le jeune jihadiste de Faverges ne reviendra jamais, il sera tué en décembre 2009 lors de combats en Afghanistan. Lors du même interrogatoire, El-Aroud avait affirmé que son mari avait "eu l'honneur" de rencontrer Ben Laden en personne... qui, on l'a vu, ne recevait jamais personne à Abbottabad !!!! Au pays du mensonge, de larges couches auront été étalées.
En France encore, Walid Othmani succombera aux appels d'El-Aroud, pour revenir bien amer et bien vacciné sur ce que lui avait promis... Hamadi Aziri, le "modérateur", d'un site de propagande jihadiste... "Minbar SOS" (ici à droite) le site tenu par Malika El-Aroud ! Aziri et celui qui se faisait "Phenixshadow" sur le site, en fait Mustapha Debchi, terroriste revendiqué de l'Aqmi, parfaitement identifié par la DCRI comme on a pu le constater au procès d'Adlène Hicheur ; lui aussi piégé dans les filets du site à hameçonnage jihadiste ! Nabil Amdouni n'était qu'un Hamadi Aziri bis, en ce cas ! A la différence près qu'au procès Hicheur, la déposition à charge d'Aziri lui avait valu semble-t-il une certaine mansuétude lors des condamnations.... Un Walid Othmani qui était revenu vivant, lui, mais plutôt dépité :" les services français suivent alors une quinzaine de profils par an. Reste que le jihadn’a rien d’une promenade de santé. Walid Othmani en sait quelque chose. Ce Lyonnais de 25 ans est interpellé à son retour du Pakistan en 2008. Aux policiers, il décrit les conditions de vie sur le terrain : on le soupçonne d’être un espion et l’accueil de ses « frères » est tout sauf chaleureux. Il doit débourser environ 1000 euros pour payer son fusil AK-47, ses grenades et ses munitions. L’intégration prend du temps pour ces Européens qui ne comprennent pas le pachtoune, la langue locale" un lyonnais intercepté à son retour et interrogé, lui. Par la DCRI, mais sans qu'on le sache. Il y a une raison à cela. Pour mémoire, le nom de Walid Othmani était apparu en bonne place lors du procès en Belgique de Malika el Aroud, accusée d'avoir financé la filière vers le Waziristan, et webmaster d'un site recrutant de jeunes européens tous pistés dès qu'ils se connectaient sur son site... Un vrai piège à kamikazes potentiels ! " avais-je écrit ici. On notera au passage qu'Othmani avait à l'époque été interrogé à son retour des camps d'entraînement, comme l'a été Merah lors de son périple palistanais et afghan. Mais il n'avait pas parlé de "tourisme", lui, semble-t-il...
Sachant que ceux qui avaient tout intérêt à l'époque à supprimer le leader susceptible de combattre les talibans étaient les membres de la CIA, et que le meurtre de Massoud est survenu la veille même du 11 septembre, on comprend vite l'enjeu énorme de l'affaire exhumée à Toulon. Mohamed Merah n'était qu'une pierre infime, mais la pyramide à laquelle elle appartenait remontait à une équipe connue : celle de la galaxie El-Aroud, qui relie au bureau de Hambourg, auquel appartenait en effet Mohamed Atta ! Autrement dit, on remonte à un historique ancien de la manipulation ! Le juge Brugière, dans son livre-testament avait bien indiqué que le 11 Septembre avait beaucoup aidé G.W.Bush, aujourd'hui encore son successeur tombe sur la même conclusion.
"Les faucons de Washington et plus précisément Dick Cheney et Paul WolfoWitz, avec leur doctrine de « guerre globale contre le terrorisme », ont donné une occasion inespérée à Al-Qaida de se remobiliser contre l'Occident. Cette folle stratégie politique que rien ne justifiait ni le combat contre Al-Qaida, ni le prétendu programme nucléaire secret de Saddam Hussein, a alimenté la propagande d'Al-Qaida contre les États-Unis et leurs alliés. Une situation d'autant plus opportune pour les réseaux islamistes radicaux que la riposte occidentale en Afghanistan après le 11 septembre 2001 avait réduit le sanctuaire afghan et porté des coups sévères à l'organisation Al-Qaida" avait en effet expliqué Brugière, faisant de lui un adepte de la thèse du complot organisé par le pouvoir US, en présentant un Al-Qaida fabriqué de toutes pièces et régaulièrement alimenté en hommes au su de tous ! Un juge dépité, laissant entendre que cette fameuse "guerre au terrorisme" était organisée et entretenue depuis toujours, et c'est bien pour cela qu'elle s'avérait sans fin !
Sans fin, car on se moquait en effet ouvertement du monde depuis le début : " (Willy) Brigitte a mis les pieds dans un des centres d'entraînement pakistanais sur lesquels on a à l'époque aucune information, apprend Brugière. Et ce que découvre Brigitte, c'est le pot aux roses complet, nous assène l'ex-juge : "Surtout, il apprend que ses instructeurs sont en réalité des militaires de l'armée régulière, détachés dans cette base. Les liens entre le Lashkar-e-TaI'ba et l'armée pakistanaise sont plus qu'étroits. Brigitte le constatera à deux reprises. D'abord à l'occasion de l'approvisionnement en armes et en munitions du camp. L'ensemble du matériel militaire est largué en altitude par des hélicoptères de l'armée... Les stagiaires sont chargés de les récupérer de nuit pour les acheminer jusqu'au camp : des M16 américains, des FAMAS français, des kalachnikovs, des grenades, des lance-roquettes de type RPG, des munitions de tout calibre... Les inspections régulières de l'armée pakistanaise et de la CIA vont confirmer les impressions de Brigitte...(...). Pour le juge, il y a de quoi s'étrangler : ce que la France vend comme armes au Pakistan est susceptible un jour ou l'autre de se retourner ailleurs (en Afghanistan) contre ses propres soldats !"... on ne pouvait être plus clair : Bruguière avait découvert que derrière Al-Qaida au Pakistan, les manettes étaient tenues par les services secrets pakistanais eux-mêmes !
Manifestement, on avait fait comprendre au juge de ne pas aller plus loin alors qu'il avait découvert que les jihadistes européens faisaient leurs entraînement sous la protection des militaires pakistanais censés les pourchasser ! La collusion Pakistan-talibans, que les Etats-Unis n'ont même pas voulu reconnaître après avoir affirmé que Ben Laden se cachait depuis 10 ans dans le pays (je n'ai pas dit que je croyais à cette fable !). Dix années après, on retombe sur une manipulation évidente de divers services secrets (à ce stade on en est à cinq : la CIA américaine, le MI6 anglais, la DGSE-DCRI, les services secrets belges, et les services secrets allemands), tous se surveillant mutuellement, tous tentant de jouer de mauvais tours aux autres.
Avec au bout, Mohamed Atta, membre de la cellule de Hambourg comme l'était Naamen Meziche, qui recrutait dans la mosquée Al-Quds, un endroit avait été fermé fort tardivement par les autorités allemandes en 2010, pour les propos extrémistes tenus par ses dirigeants. "C’est là qu’il a fait la connaissance de Mohamed Al Fizazi, prédicateur marocain extrémiste dont il a épousé la fille en mai 2001. Al-Fizazi sera condamné à trente ans de prison après les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, qui firent 45 morts et dont les auteurs auraient fait partie de ses émules". Un Naamen Meziche annoncé comme mort en avril 2010... et ressorti vivant fort récemment par les pakistanais eux-mêmes, qui ont annoncé l'avoir arrêté, après l'épisode Ben Laden (sans nous le montrer pour autant, si bien que l'on reste sceptique sur cette annonce). Le communiqué de l'arrestation de Meziche du 20 juin dernier étant lui sans ambiguité :
"Naamen Meziche, Français d'origine algérienne né à Paris en 1970, a été interpellé fin mai dans la région de Quetta (sud-ouest) alors qu'il se rendait dans les zones tribales du nord-ouest, principal repaire d'Al-Qaïda dans la région, selon un expert occidental du dossier. "C'est un jihadiste connu pour ses liens confirmés avec Al-Qaïda et présent sur la zone Pakistan-Afghanistan-Iran depuis plusieurs années", a-t-il ajouté. Naamen Meziche a été arrêté à la suite de renseignements donnés en détention par Younis al-Mauritani, un haut responsable d'Al-Qaïda dont il était le lieutenant, ont précisé des responsables pakistanais. Al-Mauritani, qui avait été arrêté dans la même région en septembre dernier, avait selon l'armée pakistanaise été chargé par Oussama ben Laden de mener des attentats en Australie, en Europe et aux Etats-Unis. Des sources concordantes décrivent de plus Meziche comme un cadre, ou au minimum un habitué, de la cellule de Hambourg (nord de l'Allemagne), un groupe d'islamistes radicaux dont étaient issus plusieurs des pirates de l'air qui ont perpétré les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis." L'intriguant Meziche devrait-on dire plutôt : il avait été pourtant arrêté plusieurs fois par la police allemande, sans jamais avoir été inculpé ou maintenu en détention. En somme il possédait le profil du parfait... indic de la police allemande. Encore un ! Merah n'était donc pas un prototype !
Car le juge Trevidic, qui a très bonne mémoire, aura vite fait de reliers ses différentes enquêtes entre elles : son collègue Coirre et lui-même, entre 2007 et 2008, avaient fait coffrer déjà toute une équipe de prétendants au jihad dont l’albigeois Thomas Barnouin, 28 ans et le toulousain Sabri Essid, 24 ans ; (tout juste revenus de Syrie, endroit qu'avait visité Abdelkader Merah, le frère de l'assassin de Toulouse, qui passera en 2007 au travers des mailles du filet de la police). Essid, devenu entre temps le beau-frère de Mohamed Mehra, la mère de ce dernier s'étant remarié avec le père de l'autre. Un groupe, qui plusieurs années après semble avoir encore exercé une influence sur de jeunes esprits, comme celui de ce jeune homme de Montpellier, dont la mère affolée était venue le 22 avril dernier au commissariat annoncer ce que son fils préparait : "la veille, sa mère s'était présentée au commissariat local en indiquant qu'elle venait de découvrir dans les affaires de son fils une somme de 1 500 euros, selon cette source. Interrogé par sa mère, l'homme, qui vit chez cette dernière depuis son divorce, lui a dit qu'il devait partir dimanche pour Jakarta (Indonésie) afin de suivre un entraînement avec les "frères", selon la source judiciaire. Du matériel informatique a par ailleurs été saisi. Sa famille connaît la famille Merah, car elle habitait Toulouse avant de déménager dans la région de Montpellier". Difficile de ne pas relier tous les événements : le groupe belge et celui de Hambourg avaient comme point de chute aussi l'Indonésie, relais obligatoire de la galaxie Al-Qaida, comme le procès récent de son dirigant Umar Patek, vient de nous le rappeler ! L'individu en question n'ayant aucun lien avec Forza Alizza, réseau si prisé pourtant par Claude Guéant (pour détourner les regards du "vrai réseau", sans aucun doute) décidément restés les clowns de service dans l'histoire ! Or en prison, rappelons-le à ceux qui l'auraient oublié, Messid avait reçu la visite, justement de... Mohamed Merah ! Un Messid arrêté arrêté en même temps que le prédicateur-imam d'origine syrienne du village d'Artigat en Ariège. Venu de Syrie, la plaque tournante de l'entrée des jihadistes au proche-orient. L' imam ariégeois, Olivier Corel, celui qui, rappelons-le aussi, a marié (briévement) Mohamed Merah avant d'établir son acte de divorce-express !
Des retours que j'avais ainsi décrits : "En 2007 en prime, c'était déjà une répétition, car"ce n'est pas la première fois que de jeunes extrémistes se revendiquant d'Al Qaïda font parler d'eux à Toulouse" écrivait alors la Dépêche. "Preuve de l'enracinement d'un phénomène inquiétant dans les cités, comme du travail de fond de la mouvance salafiste. Fin 2006, en Syrie, non loin de la frontière avec l'Irak, deux jeunes hommes sont arrêtés. L'un est un Albigeois de 28 ans, Thomas Barnouin, l'autre un Toulousain de 22 ans, Sabri Essid. « Des frappés qui étaient prêts à se faire sauter en Irak », lâche alors une source proche de l'enquête. Expulsés en France, les deux jeunes sont cueillis à Roissy par la police qui les attend." Des jeunes, en 2006, provenant des mêmes quartiers : "Issus des quartiers de la Reynerie, de Papus, des Izards, Stéphane Lelièvre, Imad Djebali, Mohamed Megherbi et Sabri Essid, ainsi que l'Albigeois Thomas Barnouin, partageaient leur vie entre petits boulots et prières à la mosquée. Ils s'étaient mis en tête de résister aux Américains présents en Irak". Regroupés par ce que la Dépêche résume ainsi sans hésiter : "c'était le bureau de recrutement pour le djihad islamique". Le salafisme toulousain, c'est donc comme le cassoulet du même coin ; aujourd'hui, c'est la version réchaufée qui est celle la plus prisée. Dès 2007, on savait tout de la filière, comme quoi les "entraînements" armés n'avaient pas lieu au Pakistan mais... en Egypte : 'La filière toulousaine, elle, fonctionnait depuis plusieurs mois, et aurait recruté une dizaine d'apprentis djihadistes, dont certains auraient rallié la Syrie en bus. « Il y avait une première phase d'endoctrinement, explique un enquêteur. Puis, les jeunes étaient envoyés en Égypte, pour des séjours de plus en plus longs. » Une phase de préparation, plus dure, était ensuite organisée : stages sportifs, conditionnement à base de vidéos de combats de djihad. Les candidats djihadistes devaient compléter leur « formation » en Égypte, dans une école du Caire, avant d'atteindre l'Irak, via la Syrie.'
L'homme qui dirigerait de chez lui le site internet recruteur varois était donc tunisien. Comme l'est d'origine aussi Moez Garsallaoui. Or un autre tunisien encore était réapparu récemment sur la scène (et comme je ne crois pas aux coïncidences, c'est pour ça que je vous en parle) : il s'appelle Tarek Maâroufi, celui-là, c'est un islamiste radical qui est rentré en Tunisie le samedi 24 mars 2012, soit deux jours après la conclusion que l'on sait de l'affaire Merah. Il sortait alors de dix années de prison en Belgique dans le pour terrorisme (avec deux condamnations cumulées), gracié lors de l’amnistie générale du 14 janvier 2012. Maâroufi ; qui lui aussi n'est pas rien comme jihadiste : il avait été "arrêté mardi 18 décembre 2001 à Bruxelles et (était) soupçonné d’être l’un des responsables européens du réseau terroriste Al-Qaïda et d’être impliqué dans l’assassinat, le 9 septembre 2001, du commandant Massoud (chef de l’Alliance du Nord, assassiné à Khuaja Bahaodine, dans son fief de Panshir, en Afghanistan), 2 jours avant les attentats du 11 septembre". Lui aussi faisant partie donc de la même cellule belge, elle aussi liée à Malika-el Aroud l'incontournable épouse de Dahmane Abd el-Sattar, l'un des deux assassins de Massoud. Une El-Aroud montrée partout dans la presse sous un niqab.... de manière assez surprenante, la presse ne prêtant pas trop attention à son apparence physique, la confondant souvent avec une autre, comme j'avais pu le relever ici-même : "il faudra qu'on m'explique un jour pourquoi il est impossible de dénicher une photo montrant le regard de Malika el Aroud alors qu'elle ne porte plus son niqab. Craindrait-on de découvrir que ce ne soient pas les mêmes que ceux abondamment photographiés quand elle le portait ? Ne l'aurait-on pas trop souvent confondue avec Filiz Gelowicz ??? Sur beaucoup de clichés, son apparence corporelle ne correspond pas... pourquoi donc figurait-elle sur le premier reportage sur la "Traque de Ben Laden" d'une grande chaîne américaine ?" Filiz Gelowicz étant elle aussi une incitatrice au recrutement de jihadistes, semble-t-il plus "photogénique" que sa collègue belge (ici en haut de chapitre c'est elle qui est en photo et non El-Aroud)... Montrée ainsi à la presse... et se présentant comme cela dans un prétoire... De la prêtresse allemande au niqab surnommée "fisebilillah" qui officiait sur son propre site recruteur, voilà ce que j'en avais dit ici : "tout, à l'intérieur du site, sentait la manipulation de jeunes esprits "fisebilillah" étant aussi manipulatrice que Malika-el-Aroud, alias "Oum Obeyda" en forum. Elle y écrivait par exemple, en dessous d'une vidéo atroce qu'elle mettait à disposition "dépêchez-vous de télécharger l’égorgement du Coréen" . Exactement le genre de vidéos que Mohamed Merah avait un jour tenté de forcer à regarder un plus jeune que lui. A propos d'Aroud, j'avais écrit que "c’est bien tout un système qui la protège et dont elle bénéficie !".
L'intriguant de l'histoire étant aussi que le 30 mai 2011, un jeune jihadiste toulonnais, de retour du Pakistan s'était déjà fait arrêter, interrogé... et avait été relâché, par la CDRI. Il serait étonnant que celui qui vient d'être arrêté hier n'ait pas été au courant de son séjour, et inversement que la DCRI n'ait pas songé à perquisitionner chez lui... à moins de le "surveiller" à distance via des logiciels adéquats, ou de surveiller ne serait-ce que la provenance de ses contats IPs. "Mais quand un jihadiste rentre en France, il est surveillé de près. Et même écroué. C’est ce qui est arrivé à deux jeunes cette semaine ; l’un a été interpellé à Toulon, l’autre dans le Pas-de-Calais. Les enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur les ont entendus. Aucun projet concret d’attentat n’a été mis au jour" avait noté la presse. Merah était rentré de son dernier séjour à la mi-octobre 2011, alors que l'ISI l'avait désigné comme jihadiste potentiel aux autorités françases et qu'il avait utilisé un ordinateur à Miransha, dans le Waziristan, fief militiaire des talibans : il sera interrogé par la CDRI sans que sa déposition comme quoi il était allé y faire "du tourisme" soit mis en cause. Parmi les retours du jihad, la DCRI a visiblement appliqué deux poids et deux mesures, au temps où Bernard Squarcini la dirigeait.
L'autre élément étant la découverte manifeste d'un logiciel de cryptage pour communiquer chez notre webmaster varois. Or les attendus du procès d'Hicheur avaient révélé (à la page 6 du jugement) une autre surprise de taille : "Phenix Shadow" (l'alias de l'isamiste Debchi) et "ABDJ" (Adlène Hicheur) les deux internautes en communication, avaient appris à discuter via un logiciel aimablement prêté par... Hamadi Aziri, celui qui s'en était le mieux sorti, pourtant, du procès d'Hicheur, un logiciel pour crypter leurs échanges appelé "Asrar Al Mujahidin" selon le compte-rendu du jugement : est-ce le même qui était utlisé, au quel cas les juges auraient perdu beaucoup de temps à décrypter à nouveau ce qui avait déjà été découvert ? Ou notre nouveau webmaster, plus doué en a-t-il créé un autre, plus performant ? Au quel cas sa dangerosité aurait été plus frappante encore ? La question demeure posée, à ce jour...
Les projets d'attentats en France auraient dû interpeller la DCRI depuis longtemps. En mars 2004, par exemple, lors du procès de David Courtailler et d'Ahmed Laidouni, deux jihadistes français recrutés par Jamal Zougam, le principal suspect des attentats de Madrid, des tentatives d'attentats avaient été évoquées, notamment celles de militaires français en partance pour l'Afghanistan ! Exactement ce qu'avait fait Merah (qui ne savait pas si les militaires auxquels il se prenait avaient ou non participé au conflit). Son co-accusé du moment, Mohamed Baadache, alias « Abou Qassim », membre du GIA, avait été fort peu loquace, et pourtant : "sa stratégie de défense consiste à reconnaître l'accueil de volontaires mais de nier tout lien « avec le terrorisme en France ». Pourtant, les instructions menées en France démontrent que la plupart des projets d'attentats ont été préparés par des « vétérans » d'Afghanistan". Baadache avait pourtant bien servi de guide sur place : "Il y avait des volontaires qui venaient de France. Ils nous appelaient de l'aéroport (Peshawar). (ce que je faisais) c'est rendre un service, c'est le guide", a déclaré Baadache qui est soupçonné d'avoir joué un rôle de premier ordre entre 1993 et 1996 dans l'organisation des stages de volontaires dans les camps de ben Laden". Des stages de guerre, et non de tourisme contrairement à ce qu'il clamera à son procès : "Mohamed Baadache fut entre 1993 et 1995, l'un des pivots de l'accueil des volontaires dans le zone pakistano afghane, il devint à Peshawar, l'un des responsables de la maison d 'accueil des algériens points de départs vers les camps d'entrainements au djihad. Lui parle d'avoir été "un simple guide, comme cela existe dans le tourisme", qui va chercher les volontaires à l'aéroport et facilite leur démarches administratives".Un hôte accueillant, mais qui faisait peu de cas de la chair à canon qu'il recrutait : "Pour le président du tribunal, la logique de ces entraînements "veut qu'on rentabilise l'investissement en rentrant en France. "Je ne suis pas responsable de ce qu'il va faire en France (...) J'attends rien de lui. Il refait sa vie", lui a répondu Baadache à propos de ces volontaires." Baadache était un vétéran de la guerre anti-soviétique, et avait déjà auparevant été condamné à cinq ans de prison... en Belgique, d'où il avait été extradé pour son procès en 2004 en France ! A son procès, huit ans avant ce que fera Merah, Baadache avait lance, bravache, à l'encontre du juge Bruguière : "si votre lutte contre le terrorisme est à l’image de cette instruction, je prédis au terrorisme un avenir plein de réussite"... Baadache savait bien ce qui l'avait fait chuter, et tentait alors de dissuader les futurs juges de trop allez fouiner dans ces filières jihadistes dangereuses passant par le Pakistan. Mieux encore, toujours lors de ce procès, il avait clairement laissé entendre que Ben Laden n'avait rien à voir dans l'affaire : « Pour vous, tous les camps d'entraînements, c'est ben Laden », ironise-t-il à l'adresse du tribunal. « Vous êtes loin de la réalité ». Mohamed Baadache avait écopé au final de 10 ans d'emprisonnement, assortis d'une interdiction à titre définitif du territoire français. Ce qui fait qu'à ce jour, logiquement, notre homme est... libre, logiquement.
La DCRI a donc largement failli, dans l'affaire Merah, malgré les lourds avertissements apparus huit années auparavant lors de procès de terroristes recrutés de la même façon que lui. Son dirigeant de l'époque, Bernard Squarcini (ici en photo à Toulouse, discutant avec le responsable du Raid, Amaury de Hautecloque, évoquant sans doute la statégie médiatique pour sortir du problème Merah), avant d'être limogé, avait bien tenté bien de prendre les devants en accordant une interview au Monde dans lequeil il fera de Mohamed Merah le "loup solitaire" qu'il n'a donc pas été : "Mohamed Merah, l'auteur des meurtres de Montauban et Toulouse, n'appartenait à aucun réseau et son passage à l'acte "relève davantage d'un problème médical et de fanatisme que d'un simple parcours djihadiste", estime le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dans une interview publiée vendredi dans LeMonde". "C'est quelque chose d'atypique, d'irrationnel et de violent. Mohamed Merah, c'est quelqu'un qui a un comportement violent dès sa petite enfance, qu'on ne peut rattacher à aucune typologie", poursuit Bernard Squarcini, qui estime "qu'il peut y avoir d'autres solitaires comme lui". La thèse du loup solitaire à moitié fou présentant l'immense avantage d'être imprévisible, dégageant Bernard Squarcini de tout soupçon d'incompétence ou de connivence : l'arrestation ce jour d'un maillon important du réseau de fournisseurs de jeunes décervelés lui inflige un nouveau camouflet.
La découverte varoise d'hier est d'importance, en effet, car elle relie au noyau central du terrorisme en Europe, pilotée par de sites qui se cooptent : quand l'un tombe, un autre prend le relais. Tous étant étroitement surveillés par les services secrets dès le début de leur existence. Visiblement, Nabil Amdouni avait repris le flambeau de Minbar SOS, le site défunt de Malika-el-Aroud ; et tentait encore de recruter des candidats au jihad, plus de trois mois après l'affaire Merah. La nébuleuse de la veuve noire étend toujours sa toile, hélas.
Mes articles ici sur Agoravox sur l'affaire Merah et sur les réseaux islamistes :
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/affaire-merah-on-a-menti-sur-les-119231
Sur Malika el Aroud
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cherchez-la-femme-48670
51 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON