Mon souhait pour... 2012

Si pour les plus politologues d’entre vous, 2012 est bien sûr l’année de la prochaine élection présidentielle, elle est aussi une année qui commence à être évoquée régulièrement pour un tout autre sujet.

En effet, le 21 décembre 2012 correspondant à la fin d’un cycle important du calendrier maya, il en résulte tout un tas de croyances : débarquement des extraterrestres, fin de l’humanité, inversion du pôle magnétique terrestre, début d’une nouvelle ère spirituelle... Force est de croire que le dernier épisode de la série X-Files, sans en être la source unique, a fortement accéléré la propagation de l’utilisation de cette date dans la multitude d’hypothèses qui circulent sur Internet (à vos moteurs de recherche).

Cependant, quiconque commence à s’intéresser à l’année 2012 dans ce contexte, se fait prendre au jeu et commence à la voir partout :

• Dans la première bande-annonce de Je suis une légende, le montage laisse croire que le virus qui va éradiquer la majeure partie de l’humanité apparaît dans 5 ans alors que dans le film on constate que c’est l’action qui se déroule en 2012, le virus étant apparu en 2009. Il y a donc eu volonté des scénaristes de jouer le jeu 2012, année de fin du monde.
• Le jeune Népalais de 16 ans, Bahadur Bomjan, plus connu sous le nom du « Petit Bouddha », s’est exilé dans la forêt début 2006, lassé des adorations et de la surmédiatisation autour de sa méditation. Il a fait savoir qu’il reviendra porter son message dans 6 ans. Dans ce cas, très éloigné de notre monde occidental et d’Internet, on ne peut pas dire que la coïncidence ait été choisie par les auteurs.
• Pour dernier exemple, l’auteur du Livre de vie de l’agneau, Emmanuel, qui dit être l’image de Jésus et être né (aux écritures) à l’âge de 43 ans, sera dans sa 33^e année (depuis sa deuxième naissance) le 21 décembre 2012. Si cette dernière allusion peut paraître farfelue, notamment par le contexte sectaire qui plane autour de ce livre, elle est aussi la plus troublante car 2012 n’est évoquée ni dans le livre, ni sur le site Internet, alors que généralement tout le monde récupère cette date pour son intérêt... y compris moi-même.

Je vois déjà certains d’entre vous dire que tout cela n’est pas très sérieux et que l’on peut faire dire tout ce que l’on veut aux chiffres et aux dates. Oui mais voilà, le but de mon article n’est pas de dénigrer les différentes croyances qui utilisent cette date, mais plutôt d’évoquer la cause principale de ces croyances : le rejet de notre monde actuel.

Quoi ? Mais comment peut-on rejeter notre monde actuel, me direz-vous, avec tous les progrès techniques, qui permettent de soulager physiquement notre existence moderne, et tous les progrès médicaux, qui nous permettent de vivre plus longtemps. Effectivement, malgré tous ses progrès depuis 500 ans, la science n’a pas réussi à nous expliquer le sens de notre vie. Si elle a réussi à sortir nombre d’entre nous de l’obscurantisme de la religion, elle nous laisse seuls à nos réflexions, et comme désormais nous avons plus de temps disponible pour la réflexion que les précédentes générations, nous nous posons de plus en plus de questions existentielles auxquelles il nous est difficile de trouver des réponses.

Désormais, avec le développement de la télévision depuis quelques décennies et d’Internet depuis plus de dix ans, nous sommes gavés d’informations provenant de tout le globe. Nous sommes informés en temps réel sur toutes les guerres, toutes les catastrophes, toutes les famines, les coups d’Etat ou autres manifestations hostiles. Sur le plan national, on nous informe sur de nombreux accidents, crimes, viols et enlèvements. Le peu d’informations positives qui nous parvient ne permet pas de contrebalancer l’ensemble des informations négatives.

Ainsi les plus philosophes se demandent si tout cela a bien un sens, si la vie est hasard ou prédestination, pourquoi des événements arrivent à certains et pas à d’autres. D’autres, plus terre à terre, ne se reconnaissent pas dans la société qu’ils observent, ils souhaiteraient pouvoir changer les choses, mais ils voient tellement de choses à changer et ils se sentent si seuls et si insignifiants, qu’ils préfèrent espérer en un événement qui sera si bouleversant que l’humanité devra changer, en espérant que ce soit en mieux.

Parmi ces personnes, nombreux sont ceux qui se rappellent que pendant leur enfance, ils ne comprenaient pas pourquoi la société a besoin de la police ou des prisons, pourquoi certains pays se font la guerre, pourquoi nous jetons la nourriture alors que tant de personnes meurent de faim... Mais, éducation aidant, ils sont rentrés dans le moule de cette société, en oubliant leurs questions ou en s’obligeant à croire que comme ils ne peuvent rien y faire, ce sont des sujets à oublier. Certains pour soulager leur conscience font des dons aux œuvres de charité et autres associations caritatives, d’autres sont bénévoles... cela leur permet de faire le bien, et ils le font. Cependant si l’on regarde à l’échelle mondiale ou même à l’échelle d’une nation, les choses n’évoluent pas, il y a toujours des gens qui manquent de l’essentiel, même dans nos pays dits riches et civilisés.

Alors pourquoi notre société qui se dit civilisée, par rapport à de nombreux peuples qu’elle considère comme primitifs, qui vivent ou qui ont vécu sur la terre, n’est-elle pas capable de fournir à ses membres le nécessaire pour leur vie, à savoir : un logement, de la nourriture et des vêtements ?

Relisez attentivement ces trois derniers noms communs : logement, nourriture, vêtements.

Il n’y a rien de très évolué ou de très technique dans ces trois termes.

Et pourtant dans notre société moderne, de plus en plus de gens n’ont plus de logement et/ou ne peuvent plus se procurer suffisamment de nourriture et/ou de vêtements.

Certains, l’auront peut-être déjà ressenti, depuis quelques phrases j’évite volontairement un certain type de verbes. En effet, c’est plutôt : louer, payer ou acheter qu’il fallait utiliser dans les phrases précédentes, car dans nos sociétés plus rien ne se fait sans transactions d’argent.

L’argent est-il à la source de tous nos problèmes ? Je n’irai pas jusque-là, et pour être bref car le sujet est très vaste, je ferai juste remarquer que les deux principaux courants économiques que sont le communisme et le capitalisme ont échoué dans leur tentative de créer un monde meilleur. Mais, était-ce bien leur but ?

En brimant les initiatives personnelles, le communisme s’est enfermé dans une société sans innovation, ne pouvant rivaliser avec son adversaire le capitalisme. Cependant, l’inflation et la spéculation du capitalisme amènent notre société actuelle au bord du gouffre, avec des différences de plus en plus grandes entre les classes riches et les classes pauvres.

Alors si j’ai un souhait pour 2012, c’est que chacun d’entre vous réfléchisse à un modèle de société dans laquelle il aimerait vivre. Une société où chacun aurait un logement, de la nourriture et des vêtements, où chacun travaillerait pour son épanouissement personnel et non plus pour arriver à boucler ses fins de mois. Une société dans laquelle l’épanouissement de l’autre serait source d’épanouissement pour nous et non plus source de jalousie. Une société dans laquelle les peurs n’existeraient plus : plus de peur de perdre son travail, sa maison, son conjoint, plus de peur de l’autre car sans l’autre nous ne sommes rien... et surtout plus de peur de la mort car la mort serait partie intégrante de la vie.

Certes, nombre d’entre vous penseront que je suis utopiste et je le suis. Mais je sais aussi que nombre d’entre vous ont un souhait similaire au fond d’eux. Que malgré la vie correcte qu’ils mènent actuellement, ils ne sont pas complètement satisfaits car l’être humain qui est en eux souffre de la misère et de la confusion qui règnent dans le monde. A ceux-là, je veux leur dire qu’ils ne sont pas seuls mais isolés, que nous sommes nombreux à vouloir changer le monde dans ce sens mais que nous ne savons pas quoi faire.

Finalement pour en revenir à 2012, année de la prochaine présidentielle, certains pourront penser qu’il suffira de faire le bon choix. Mais avons-nous le choix ? D’un extrême à l’autre, en passant par le centre, aucun parti ne nous propose un projet clair et révolutionnaire pour notre futur. Chacun présente sa petite réforme à court terme pour séduire son électorat en espérant être élu ou avoir des sièges pour son parti. Comme cela fait des décennies que les politiciens procèdent à court terme, il ne faut pas s’étonner que notre société ne soit pas beaucoup plus évoluée qu’en 1968, année pendant laquelle des étudiants ont rêvé d’un monde meilleur, rêve rapidement brisé par une entente entre patrons et syndicats. Alors je souhaite, pour 2012, qu’un politicien ose sortir du lot et nous présente un véritable projet à long terme, avec toutes ses étapes, pour transformer notre société en véritable société évoluée, et surtout que nous soyons nombreux à soutenir une telle initiative.

Si la Révolution ne se fait pas dans nos mentalités, elle se fera dans la rue lorsque de nombreuses personnes issues des classes moyennes auront rejoint le rang des dépendants des classes pauvres.