« Ne nous fâchons pas » : les armes de Kadhafi
Si des civils, ne mouraient pas autant en masse, en Libye, la situation du colonel Kadhafi pourrait ressembler à celle décrite par Lautner dans son film "Ne nous fâchons pas", où on voyait notamment un colonel fou, au bord de son palais, saluer le départ de son escadron motocyliste, ses mercenaires, tous vêtus de l'uniforme de teen-agers anglais, prêts à aller jouer les kamikazes en ville. Comme le dictateur de pacotille de Lautner, Kadhafi s'est moqué de tout le monde, et tout le monde a suivi ses fantasmes de pouvoir parce qu'il avait de l'argent, beaucoup d'argent (en liquide, notamment !). Et un stock d'uranium enrichi, élaboré lors d'un programme nucléaire avorté, dont on ne sait pas vraiment ce qu'il est advenu, à part qu'il a échappé aux convoitises d'un dénommé... Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, on apprend que Kadhafi est allé encore plus loin dans l'abjection, en bombardant ses propres concitoyens avec des armes dont on a interdit l'usage voici plusieurs années. Et dont la provenance est... espagnole. Décidément, tout le monde est venu manger dans l'auge libyenne.
De l'argent, Kadhafi en a, en effet : il s'est approprié à lui seul la majeure partie des ventes de pétrole, ne laissant que des bribes à son peuple. On en a eu une petite idée au début même du conflit, quand il a essayé de retirer d'une banque anglaise une somme astronomique, et a tenté de la ramener en Libye à bord d'un container maritime. Imaginez la somme que peut représenter un tel container, et vous aurez une petite idée de la fortune colossale accumulée par ce dictateur, dont une petite partie à servi à construire ces bunkers de paranoïaque, déjà décrits ici. On pense que dans le cargo intercepté le 4 mars dernier par les britanniques, il y en avait pour 100 millions de livres sterling (117 millions euros), "en espèces". Rappelons qu'avec cette somme, justement, Kadhafi avait fait retaper 12 de ses Mirages F-1 par les français... (et s'en "manger" 8 personnellement en rétrocomission !) Le navire incriminé s'appelait le Sloman Provider, faisait 7630 tonnes, naviguait sous pavillon des Barbades, et avait tout du cargo ordinaire de type "sec" (dry cargo). Il avait été pris en poursuite par le HMC Vigilant pour être forcé à accoster au dock d'Harwich.
Les billets du container (des dinars) sortaient tout juste d'une imprimerie "située au Nord-Est de l'Angleterre". Ils étaient facile à reconnaître : dessus, il y avait l'effigie du dictateur... selon les renseignements anglais, ce sont 1,5 milliard de dollars en dinars libyens qui avaient été imprimés en Angleterre.
Entre 10 et 20% de la monnaie mondiale est en effet traitée par des firmes privées, rappelait à l'occasion le magazine Slate. Citant à l'occasion également les grands bénéficiaires de l'impression des billets de la dictature : l'anglais De La Rue, d'où sortaient les billets de Kadhafi (l'imprimerie fait aussi dans les passeports !), la Canadian Banknote Company, Giesecke & Devrient en Allemagne, et Crane, en Suède et au Massachusetts.
Kadhafi avait besoin de liquide, tout simplement pour payer ses mercenaires, appointés 18 000 livres au contrat (25 000 euros), indiquait également la presse britannique. Le 27 février précédent, le fils aîné de Kadhafi, Saïf Al-Islam, déclarait à qui voulait l'entendre que "son pays n'avait pas d'argent à l'étranger"... et que sa "famille était modeste". La visite des villas bétonnées du dictateur allaient infirmer cette assertion à peine un mois après. Le 25 février, deux jours avant la déclaration du fils, Barrack Obama décidait de geler 30 milliards d'avoir Libyens aux USA... Wikileaks avait auparavant évoqué la somme de 32 milliards de dollars, dont 300 millions investis chez Lehman Brothers, depuis en faillite. Kadhafi, lui aussi a perdu de l'argent, la rançon pour lui d'avoir investi dans un système capitaliste qu'il dénigrait tant voici quelques années... La Suisse avait fait de même déjà le 24 février, pour trois ans. Au Canada, c'est moins problématique, Kadhafi ayant carrément racheté pour 320 millions de dollars en 2009, Verenex Energy, la firme canadienne de forage... installée depuis en Libye dans le bassin de Ghadames.
Que pouvait-il donc faire avec ces montagnes de billets ? Acheter des armes modernes, par exemple. A différents pays d'Europe, à commencer par la Belgique... qui a autorisé la vente d'armes via sa partie walonne et son leader Rudy Demotte, en 2009. Herstal avait ainsi vendu 367 fusils d'assaut F2000, de dernière génération, idéale en combat de rue, 367 "submachines" P90, un engin ultramoderne également, 367 pistolets modèles 57 (proposé à l'achat aux civils depuis 2004 !), 20 mitrailleuses (redoutables) Minimi, 22 000 grenades à fusil et 1,134 million de balles pour un total de 6,9 million d'euros. Un lot supplémentaire comprenait 2 000 FN 303, des engins anti-émeutes vendus 5,3 million d'euros. Selon le ministre belge, ce contrat devait être destiné à la seule 32 eme compagnie Libyenne pour, je cite, "assurer la protection des convois humanitaires au Darfour".... !!! Sil 'aviation de Kadhafi était archaïque, ses troupes au sol commençaient à recevoir des armes sophistiquées. Enfin, ses régiments les plus fidèles.
La Belgique, comme fournisseur, ou l'Espagne, comme vient de le découvrir Human Watchs, en ramassant les vestiges d'un tir des troupes fidèles au dictateur (ses mercenaires, en grande partie). L'Espagne, qui elle aussi est venue au bassinet pour proposer à Kadhafi l'une des pires armes existantes. Des engins à sous-munitions, pourtant interdites de vente depuis 2007 par 46 pays, et même par 128 en 2008 ! Par un traité qui prévoyait de ne " jamais, en aucune circonstance, employer d’armes à sous-munitions, mettre au point, produire, acquérir de quelque manière, stocker, conserver ou transférer à quiconque, directement ou indirectement, des armes à sous-munitions ; assister, encourager ou inciter quiconque à s’engager dans toute activité interdite à un État partie en vertu de la présente convention"... les sous-munitions, le fléau des récents conflits, comme lors de l'invasion du Liban où Israël en avait disséminé partout. Un vrai cauchemar de démineur.
Parmi les pays n'ayant pas signé le traité, la Libye, certes, mais aussi les USA et Israël, rappelons-le. L'Espagne, elle, avait certes signé le traité, mais la firme espagnole Instalaza, productrice des engins de mort découverts en Libye, jouant elle sur les mots, et annonçant sur son site que celles en circulation n'ont pas été livrées "après le traité" où étant "tellement de bonne qualité qu'elles n'éclatent pas après", si elles ne l'ont pas fait à l'impact : c'est un cynisme fort déplacé. Le porte-parole libyen, Mussa Ibrahim avait immédiatement nié (ici dans cette vidéo), malgré les faits accablants découverts à Misrata.
Les troupes de Kadhafi les envoyant avec de simples mortiers, les sous-munitions découvertes étant des MAT-120 sorties d'un obus de 120mm espagnol, fabriqué en 2007 par Instalaza, une arme qui contient 21 mini-bombes de 275 grammes (faisant 37mm de calibre), dont on a retrouvé également certains empennages. Ce genre de munition est censé s'autodétruire 35 secondes après l'impact, si le cluster n'a pas explosé par contact. L'Espagne est censé avoir détruit tous ces stocks, mais Instalaza s'obstine toujours à montrer son obus-cluster dans son catalogue !
Le 28 mars 2011, près d'Ajdabiya, c'étaient enfin des mines qui avait été découvertes."Les mines ont été trouvées à quelques mètres de la route principale entre Ajdabiya et Benghazi, une voie à forte circulation dans une zone également fréquentée par de nombreux passants, constituant donc une menace directe à la population civile. Compte tenu de la forte circulation dans cette zone, les mines ont de toute évidence été posées alors que les forces gouvernementales se trouvaient à Ajdabiya" concluait Human Watch, rappelant que "la Libye est l'un des 37 pays n'ayant pas encore signé le Traité d'interdiction des mines de 1997", dont font partie 156 pays... Human Watch ne spécifiait hélas pas d'où venaient les mines. La Libye en avait importé des tonnes de Russie, des modèles POMZ-2 and POMZ-2M à fragmentation (c'est plutôt une grenade montée sur un bout de bois , le déclenchement se faisant par fil !). Le pays avait été truffé de mines lors de la seconde guerre, déjà, et on estimait que 11 845 cas d'explosions avaient été recensés entre 1940 et 1995, tuant 6 749 et en blessant 5 096. Ce genre de mine russe truffe encore tout l'Afghanistan.
L'Espagne, la Belgique, mais aussi l'Angleterre et un bon nombre de pays européens parmi ceux à l'attaquer aujourd'hui. "Un rapport sur le contrôle de l’armement réalisé par l’Union Européenne affirmait que ses états membres ont signé un accord en 2009 pour l’autorisation de la vente d’armes et de systèmes d’armement à la Libye pour une valeur de 333, 657 millions d’euros". En troisième position, l'Allemagne, réticente aujourd'hui à attaquer le dictateur avec 43,2 millions d'euros de vente d'armes en 2009. "La Grande-Bretagne a accordé des autorisations aux entreprises d’armement pour la vente d’armes à la Libye pour montant de 24 millions d’euros et le Colonel Kadhafi a aussi payé pour qu’on envoie les SAS pour entraîner en anglais sa 32e Brigade" peut-on lire ailleurs. Les anglais avaient surtout vendu du matériel de brouillage électronique. Le Portugal a engrangé 14,5 millions plus 4,6 millions pour des drones, qui peuvent servir à surveiller la populace. La Bulgarie fermant la marche avec 3,7 millions négociés en 2008.
Le "boum" des ventes de 2004 consécutif au renoncement de Kadhafi au terrorisme et au nucléaire a principalement bénéficié à la Russie et à l'Italie, note Space War. La Russie a signé pour 2 milliards de dollars d'armements. L'Italie, partenaire étroite de Kadhafi, qui a investi dans des entreprises d'armement du pays, et qui en 2009 a atteint un score des ventes de 205 millions d'euros, juste devant... la France avec 143 millions d'euros. Ce sont les terribles canons autoportés italiens, les obusiers automoteurs de 155 mm Palmaria, qui ont pilonné les insurgés à plusieurs reprises et fait d'énormes dégâts dans les villes. Et dans les ruines, on a aussi retrouvé des vestiges de missiles de type Kornet (voir photo ci-dessous), le fameux missile utilisé par le Hezbollah (et fournis par la Syrie) pour repousser les chars israéliens au Liban. L'engin est capable de percer le blindage des Merkava Mark III (l'attaque du 7 avril dernier d'un bus israélien par le Hamas aurait été faite par le même missile). Kadhafi s'est bien fourni partout, ou presque.
Fournir du matériel de guerre à Kadhafi, c'était pourtant prendre le risque de voir ce matériel redistribué ailleurs, comme cela a pu être le cas pour des armes fournies par les anglais : "un document confidentiel montre à titre d’exemple comment les Etats européens donnent l’impression de plier aux pressions des ONG mais finissent toujours par vendre de l’armement, par le biais d’intermédiaires, au régime du dictateur. Ce document indique comment une livraison de plus de 100 000 Kalachnikov AK47 a pu parvenir à ses des factions tchadiennes ou soudanaise malgré un semblant de blocus.
La société britannique York Guns devait livrer 130 000 kalachnikov, acquis auprès d’un obscur fournisseur ukrainien, au régime libyen. Sous la pression de certaines ONG le gouvernement britannique a fini par en interdire la livraison. Quelque mois plus tard une entreprise roumaine IFN livre, via un intermédiaire libyen, Mohammed el-Obeidi, un homme d’affaires proche de Kadhafi, 100 000 Kalachnikov AK47 à la Libye. Les Kalachnikov en question ont été par la suite livrées à des factions Tchadiennes ou Soudanaises. C’est dire que les européens entretiennent indirectement des foyers de tension par l’intermédiaire de Kadhafi." Encore une fois ; c'est grâce à Wikileaks qu'on avait pu le découvrir... et encore une fois que les livraisons avaient été effectuées par les avions de Viktor Bout !
L'histoire de York Guns avait démarré en fait...aux Etats-Unis, dans un de ces "shows" consacrés aux armements, le " SHOT Show" de Las Vegas, le 20 janvier 2011, où le directeur de York Guns, Gary Hyde s'était fait tout bonnement arrêté par le FBI pour avoir tenté de se faire envoyer aux Etats-Unis 5760 magasins circulaires pour AK47, sans avoir indiqué leur provenance chinoise. La firme de Hyde, et une seconde, Jago Ltd, avait déjà été surveillée en 2007 par le trésor anglais, sans succès semble-t-il. Bizarrement, la commande de York Guns ressemblait comme deux gouttes d'eau à celle que venait de retenter en août 2010 à Orlando (Floride) notre célèbre Efraïm Diveroli, condamné (enfin !) le 4 janvier 2011 à 4 ans de prison ferme pour avoir trompé le Pentagone (voir les multiples articles que j'ai pu lui consacrer ici-même). Malgré les charges qui pesaient contre lui, Diveroli avait en effet signé d'autres contrats avec le Pentagone, à charge de 10 millions de dollars cette fois avec son nouvel associé Dejan Djuric de Balkan Export LLC ! Le même Djuric visé dans l'explosion de Gerdec ! Même chez les juifs orthodoxes, dont est issu la famille de Diveroli (l'oncle Shmuley Boteach, un rabbin, n'avait pas apprécié), cela avait jasé...
Et puis il reste encore un autre matériau. De l'uranium, enrichi, de quoi faire des bombes atomiques. Et là commence une autre histoire, où apparaît le bout du nez de Nicolas Sarkozy, au courant bien entendu de ce que possède Kadhafi, qui a été aidé par Khan (voir également les articles à son propos), le scientifique pakistanais et une étrange famille suisse qui s'est chargée de l''équiper sous la surveillance de la CIA.. "Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi était prêt en 2009 à abandonner sans protection de l'uranium hautement enrichi à la suite d'un différend avec les Nations unies, selon une note diplomatique américaine dévoilée par le site WikiLeaks et reprise vendredi par la presse" trouve-t-on tout à coup comme énième "révélation" sur les mœurs kadhafiennes. Certes pas une masse imposante, mais suffisante pourtant pour inquiéter : les centrifugeuses de Kadhafi ont donc fonctionné pendant plusieurs années pour aboutir à ce résultat au centre nucléaire de Tajoura.
Tajoura et sa centrale nucléaire de 10 MW., construite en 1983 par les... allemands de DVT, "Anwendung Deutscher Verfahrenstechnik".
"Quelque 5,2 kilos d'uranium hautement enrichi avaient été conditionnés dans sept conteneurs destinés au transport et non au stockage et abandonnés en novembre 2009 dans une installation nucléaire libyenne sous la protection d'un seul garde armé, selon le quotidien anglais le Guardian. Le New York Times, qui publie également les notes américaines, indique que l'ambassade des Etats-Unis à Tripoli avait alors averti : "si l'uranium enrichi n'est pas retiré des conteneurs dans un délai de trois mois, l'augmentation de la température pourrait fissurer les conteneurs et entraîner des fuites de matériaux nucléaires radioactifs" dans l'atmosphère". Etant donné le danger de se faire subtiliser le matériau, les deux superpuissances s'étaient entendu semble-t-il : "Diplomates américains et russes avaient alors pressé les responsables libyens d'autoriser un avion russe à venir récupérer les conteneurs".
Tout allait rentrer dans l'ordre. En 2004, le chimiste Abdulsalem Elwaer avait été interviewé par 60 minutes, expliquant que le programme nucléaire libyen avait été suspendu, la journaliste Vicki Mabrey visitant même le complexe arrêté de Tajoura pour le démontrer : c'est ainsi que Kadhafi allait redorer son blason aux yeux du monde.
L'enjeu nouveau de l'abandon du nucléaire pour les américains était le pétrole, avec un pacte anti-terroriste à la clé : "ouvrez les portes, les règles du jeu, et regardez ce qu'ils y ont à gagner. Si les sanctions américaines sont levées, les compagnies pétrolières américaines bénéficieront des Libyens d'autant de pétrole que Kadhafi pourra l'autoriser, mais pour ça il faut prendre du recul et laisser faire pendant que la nouvelle garde oriente la Libye dans une direction jusque-là impensable. "Nous pouvons être très utile pour les Américains. Et nous pouvons les aider, ils peuvent nous aider", affirme Seif Kadhafi. "Nous pouvons combattre ensemble le terrorisme. Nous pouvons apporter la prospérité et la paix en Afrique et au Moyen-Orient. Et nous pouvons faire la paix ensemble." Kadhafi s'était refait ainsi une virginité politique complète, alors qu'il continuait à truffer le pays de bunkers, achetait à tout va des armes anti-personnelles et continuait à réprimer toute velléité au sein du pays. Tous les vendeurs d'armes étaient venus le courtiser. Depuis qu'il parlait de paix, on pouvait lui vendre des engins de mort à la pelle, et sans avoir honte, visiblement ! Joli paradoxe !
A part que l'avion était reparti vide, apprendra-t-on après, ce que les américains tenteront de minimiser : "Nous demandons instamment de répondre 'sans commentaire à toute interrogation de la presse à ce sujet". C’est ainsi que s’achève la note rédigée le 25 novembre 2009 par l’ambassadeur américain à Tripoli, en Libye, Gene A. Cretz, à l’attention du département d’Etat. Un avion-cargo russe venu récupérer le dernier stock d’uranium hautement enrichi encore aux mains des Libyens est reparti à vide, faute d’autorisations, et la diplomatie américaine s’interroge sur les raisons de la volte-face libyenne". En fait Kadhafi s'était vu refuser une visite de Ground Zero aux USA lors de sa visite et avait choisi en représailles de ne pas livrer l'uranium... aux américains, donc. Se déclarant par la voix de son fils 'humilié". Et pour finalement accepter : "Après un premier refus de Mouammar Kadhafi, les conteneurs furent finalement évacués par un avion spécial russe du site nucléaire libyen de Tajoura le 21 décembre 2009." Ouf, on était rassuré...
Mais au milieu de cet imbroglio, un autre homme était apparu, ce que révèle une toute petite phrase perdue au milieu d'un ouvrage sur les voyages de Nicolas Sarkozy. C'est dans "Air Sarko", de Bruno Dive, au détour de la page 75, lors de la visite de Sarkhozy sous la tente de Kadhafi en juillet 2007, huit jours après la libération des infirmières bulgares : "Guide ! Lui lance-t-il. Je suis venu comme promis. Maintenant, il faut que tu m'achète mes Mirages ! Et moi, je t'achéterai ton stock d'uranium dont tu n'a pas besoin"... "Le voyage a été fatigant, répond un Kadhafi impassible. On verra ça plus tard. Tu ne veux pas te reposer ?".. Nicolas Sarkozy était au courant de ce stock que tous convoitaient, et ne savait pas en revanche que Kadhafi le laissait languir pour rien.
Il parlait alors de Mirage et de nom de Rafale, car effectivement le contrat d'alors était celui de la remise à niveau de 12 Mirage, avec versement à la clé de commissions qui feront ensuite l'objet d'une dispute. Ce sont deux d'entre eux qui se sont échappés à Malte, munis de leurs lance-roquette Thomson encore plein de missiles français...Malte, qui avait vendu en 2009 pour un montant de 79,7 millions d’euros d'armes à la Libye (ce seraient des pistolets Beretta italiens en fait ) ! Sarlkozy s'est fait griller par ceux qui ont offert davantage, à n'en point douter : on voit mal le dictateur manipulateur laisser partir ses précieux fûts sans contrepartie financière...
On a donc décidé d'attaquer un pays qui s'est doté ces dernières années d'armes destinées à renforcer sa piétaille, avec force achats d'armes destinées au combat de rue avec des avions absolument pas faits pour ce genre de combats. Il y a visiblement un défaut d'analyse militaire à la base de la décision. Si l'aviation de Kadhafi, on l'a vu, ne valait plus tripette, ses unités au sol venaient de recevoir des armes sophistiquées idéales pour le combat de rue. L'assymétrie que connaissent tous les dirigeants militaires, et surtout les américains, empêtrés dans le concept en deux endroits du monde, on semble s'être assis dessus, et mener une guerre de type napoléonienne. Les rebelles devaient c'est sûr être soutenus, mais il semble bien qu'aucune réflexion de fond n'a été prise avant de décider du mode de l'intervention, ingagnable par la seule voie des airs. Aujourd'hui, on s'interroge sur le bien fondé non pas de la décision, mais de l'option militaire choisie. Dans les Think Tanks, ça cogite sec à ce propos.
Sans oublier les retombées sociales, en France, du confit. Le plus bel exemple étant celui du paquebot lybien décidé en grande partie par la mégalomanie d'Hannibal Kadhafi, un paquebot en cours de construction en France par STX à St-Nazaire, et qui pourrait très bien se retrouver parmi les biens saisis du dictateur, en étant loin d'être achevé : avec comme conséquence inédite des ouvriers CGT n'appréciant pas trop le manque à construire induit par l'intervention sarkozienne, le même président étant venu quelques mois auparavant annoncer monts et merveilles et même faire passer le vent du Mistral, aujourd'hui lui aussi dans les choux... Le chantier naval prenant les devants en cherchant déjà un repreneur potentiel !
Au final, en tout cas, il peut bien jubiler, le givré du désert : tous sont venus manger dans sa main, pour aujourd'hui s'écharper sur le nom du pays où l'expédier (avec ses billets ?).
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