Ni Putes Ni Soumises porte plainte contre le NPA
De la libération sexuelle au totalitarisme de dames patronnesses.
Le féminisme a bien changé depuis les combats pour la pilule et l’avortement. Il est devenu un mouvement sectaire, puritain, auquel la parité donne une importance politique disproportionnée à son poids réel dans la population. Après avoir analysé la diatribe contre la candidate voilée llham Moussaïd, du NPA, nous ferons une brève histoire de cette dérive vers un totalitarisme de dames patronnesses.
« Si je suis élue, je siègerai voilée »
Ni Putes Ni Soumises dénonce les paroles du nouveau cheval de Troie de Besancenot.
Non content de bafouer les principes fondateurs de notre République, le NPA cherche à retrouver une nouvelle virginité en portant le voile.
A l’heure où les filles et les garçons des quartiers luttent contre l’obscurantisme rampant et défendent l’égalité et la mixité, le NPA fait du voile, symbole de l’oppression des femmes, l’étendard de son projet de société :”On peut être féministe, laïque et voilé”.
Le NPA en choisissant le camp de la laïcité « ouverte », pervertit les valeurs de la République et en propose une nouvelle lecture, conforme aux visions rétrogrades de la femme.
Parce qu’il est inconcevable d’arborer une tenue qui affiche la ségrégation des sexes,
Parce que la soumission de la femme est interdite par la République,
Parce que les candidat-es amené-es à être élu-es de la République sont tenu-es à une obligation de neutralité et de réserve,
Ni Putes Ni Soumises s’insurge et ne peut qu’agir.
Sihem HABCHI, présidente, annonce : « Notre Mouvement portera plainte auprès de la juridiction compétente contre cette liste anti-laïque, anti-féministe et anti-républicaine ! »
Nous ne transigerons avec aucun parti politique dès lors qu’il tentera de vendre notre République ! Il en va de notre droit à l’émancipation à toutes !
Commençons par commenter ce texte génialement féministe.
La seule bonne trouvaille est la virginité du NPA voilé.
La présence de Ni Putes Ni Soumises parmi « les filles et les garçons des quartiers » me paraît hautement conjecturale. En précisant que ce sont ceux « qui défendent l’égalité et la mixité », entendons sur les positions de NPNS, ils se réduisent à l’ensemble vide. J’imagine mal les militantes de NPNS dans la cité des 4000, à la Courneuve, que j’ai visitée à mes risques et périls, en témoignant de politesse et de respect pour les musulmans. Ce groupuscule n’a aucun ancrage populaire, et surtout pas dans les banlieues.
Le NPA fait du voile l’étendard de son projet de société, c’est plutôt curieux, puisqu’elles veulent déchirer cet étendard. Maladresse de style comique.
Le NPA n’a rien choisi. Besancenot a été pris par surprise et se garde de faire de cette conjoncture inattendue un point de doctrine.
L’inconcevable du port de voile témoigne du manque flagrant d’imagination.
La République n’interdit pas à une femme d’obéir à son mari. Elle ne se mêle pas des relations établies à l’intérieur d’un couple, si elles sont consentantes et sans violence.
L’obligation de neutralité et de réserve s’impose aux fonctionnaires, non aux élus, encore moins aux candidats à une élection. Certains s’affichent d’ailleurs ostensiblement catholiques.
NPNS s’insurge : c’est son droit.
Et voyons son action :
Porter plainte auprés de la juridiction compétente contre une liste anti-laïque, anti-féministe, et anti-républicaine.
J’attends avec amusement la découverte de la juridiction compétente et de l’article de loi invoqué par l’avocat.
Cela est un effet d’annonce. Il s’agit de faire parler de soi et la plainte virtuelle est un bon moyen.
Mais cette déclamation assez stupéfiante est l’occasion appropriée de faire le point sur le féminisme de Ni Putes Ni Soumises.
La première victoire féministe fut le droit de vote des femmes. Mais elle est due à de Gaulle, les suffragettes n’y sont pour rien.
Les grands combats du féminisme commencèrent avec le droit à la pilule et à l’avortement. Mais faut-il parler de féminisme ? Ce fut la victoire des amoureux. Je fus de ces combats et suis pourtant un homme. C’était un combat contre la répression sexuelle et il concernait les hommes comme les femmes.
L’obtention de la parité fut, elle, une victoire purement féministe. Je n’en étais pas partisan, car contraire au libre choix de l’électeur. On aurait pu l’imposer pour une période limitée de 10 ou même 20 ans, mais de là à en faire un principe ! Je ne suis pas contre établir une inégalité pour corriger une inégalité, à condition que ce soit une mesure temporaire, un coup de pouce, contraire en fait au principe d’égalité devant la loi, mais tenant compte d’une réalité inégalitaire. Une amie engagée en politique partageait mon opinion, elle voulait réussir par elle-même, sans être la petite amie d’un homme influent qui choisit sa "féministe". (Elle a échoué).
Avec le principe de parité, le ver était dans le fruit. Les femmes se voyaient automatiquement attribuer la moitié des postes politiques. Or le féminisme se transformant en parti politique, cela signifiait qu’un parti politique était automatiquement représenté pour la moitié des sièges. Sans tenir compte le moins du monde de l’opinion du peuple. Et comme la parité n’est pas temporaire, il est impossible de revenir en arrière. Ce n’est pas un système de parti unique, mais presque : les féministes ont la moitié du gâteau, pour toujours.
Or les féministes ont bien changé, depuis la lointaine époque où elles luttaient pour la libération sexuelle. Elles sont devenues puritaines.
Il n’est que de voir leur attitude à l’égard de la prostitution, qui ne diffère pas de celle d’une ligue de vertu du XIXème siècle. Elles ne s’occupent nullement de l’opinion de leurs sœurs qui ont choisi d’être travailleuses du sexe, et qui réclament le droit au respect, à la sécurité, et d’être traitées, ce qui est le cas en Allemagne, en Hollande, comme des citoyennes à part entière. D’ailleurs, l’intitulé vulgaire de Ni Putes Ni Soumises en témoigne éloquemment.
Les féministes sont devenues un groupuscule sectaire qui porte une haine profonde à toutes les femmes qui ne pensent pas comme elles.
Le regard qu’elles jettent sur la musulmane, voilée ou non d’ailleurs, parce que celle-ci a des valeurs opposées, comme la virginité au mariage, n’est pas fondamentalement différent de celui jeté sur la prostituée. L’argumentation est d’ailleurs la même : derrière la prostituée, il y a un souteneur ; derrière la voilée, il y a un barbu. Impossible par hypothèse, par définition, par principe, qu’une voilée le soit par libre choix, ou qu’une prostituée le soit par libre choix.
Ce qui est comique est évidemment qu’il n’y a pas plus contraire à une femme voilée soumise qu’une travailleuse du sexe pute, alors qu’elles sont toutes les deux mises dans le même sac de la femme à libérer de la tyrannie mâle.
Ni Putes Ni Soumises s’établit donc en une sorte d’orthodoxie de dames patronnesses petites bourgeoises à accent révolutionnaire, et non en un mouvement féministe accueillant toutes les femmes pour défendre leur liberté d’être ce qu’elles sont ou ce qu’elles veulent être : putes ou soumises, ou ni l’une ni l’autre. C’est à Ni Putes Ni Soumises de décider ce qu’elles doivent être.
En voyant une vidéo opposant une dame voilée à une féministe, je vis ce qu’il faut bien qualifier de haine dans les yeux de la féministe. La voilée est une social-traître.
Et au lieu de se réjouir tout simplement qu’une femme figure comme candidate sur une liste politique, ces féministes ne voient qu’une chose : horreur, sa coiffure. Elle n’est pas fringuée comme il faut pour une dame patronnesse du mouvement féministe. Intentons un procès.
Et maintenant qu’elles ont la parité, qu’elles sont gouvernementales, il faudra supporter cela ad vitam aeternam.
C’est pourquoi je souhaite qu’il y ait beaucoup de Llham Moussaïd en politique, un souffle de fraîcheur et de liberté.
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