Nicolas Sarkozy peut-il envisager un second mandat ?
L’accession de M. Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République en mai 2007 ne doit rien au hasard. Elle est due à une suite d’événements qu’il sut utiliser à bon escient pour accéder à l’Elysée. Revenons aux origines de la Présidence Sarkozy.
Le premier événement ayant conduit M. Sarkozy au pouvoir est la dissolution de l’Assemblée Nationale par Jacques Chirac en 1997. Cette dissolution entraina la victoire de la Gauche Plurielle ainsi que le début de la troisième cohabitation de l’Histoire de la Ve République, avec le Gouvernement de M. Lionel Jospin, lequel se présentera à l’élection Présidentielle de 2002. Seulement, l’alternance politique n’a pas eu un effet positif sur l’électorat lors de cette élection et contre toute attente, le second tour voit s’affronter le Président sortant et le candidat d’extrême-droite Jean-Marie Le Pen, alors que les sondages annonçaient un duel Président contre Premier Ministre. Cette situation est due à l’abstention massive des jeunes et au vote favorable à J.-M. Le Pen d’un catégorie de Français à la limite entre la droite et l’extrême-droite. Finalement, après une importante mobilisation en faveur de Jacques Chirac, celui-ci est réélu Président de la République avec 82,21 % des suffrages. Mais lors de son second mandat, M. Chirac donnera l’image d’un Président effacé dans une période instable ("non" au référendum sur la Constitution Européenne émeutes des banlieues, mobilisation contre le CPE) alors que Nicolas Sarkozy monte en puissance et commence à avoir des ambitions Elyséennes alors que, par deux fois, l’hôtel Matignon lui échappe. Il fait de la rupture le mot-clé de son programme et n’hésitera pas à aller chercher l’électorat qui avait permis à Jean-Marie Le Pen d’accéder au second tour en 2002. Après quelques tergiversations, il finit par s’imposer comme le meneur de la droite à l’élection présidentielle.
C’est dans ce contexte que Nicolas Sarkozy sera élu Président de la République en 2007 sur un programme de "rupture". Cette rupture est celle avec la politique du passé, celle de la gauche comme celle de la droite. Nicolas Sarkozy, c’est la rupture !
La rupture entre à l’Elysée ; mais ce n’est pas forcément cette rupture que les Français attendaient, au regard de la courbe de popularité du Chef de l’Etat.
Le style présidentielle se veut très présent dans les médias, alors que ces deux prédécesseurs étaient plutôt discrets avec les médias. Les Français ignoraient tout de la vie privée de François Mitterrand, Sarkozy exhibe sa vie privée partout dans les journaux. Rupture.
Le Président est également très international. Ces meilleurs réussites se situent sur ce plan (Présidence de l’Union Européenne et guerre en Ossétie du Sud en 2008, G8, G20...). En avril 2009, la France réintègre le commandement intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord qu’elle avait quitté sous l’impulsion de Charles de Gaulle en 1966. Rupture.
En 2008, il fait réviser la Constitution, le nombre de mandats présidentiels sera limité à deux (comme aux Etats-Unis), le chef de l’Etat peut également désormais s’exprimer devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, ce qu’il fera le 22 juin 2009, devenant ainsi le premier Président à s’exprimer devant le Parlement depuis Louis-Napoléon Bonaparte. Rupture.
Il augmente son salaire, qui passe d’environ 7 000 € à près de 20 000 €. Rupture.
Il réforme, il coupe, il taille... aucun secteur ne lui échappe (médical, éducation, système social...). Il est, selon l’expression de M. Jean-Louis Borloo son Ministre d’Etat et de l’Ecologie, le "seul qui a été obligé de passer par l’Elysée pour devenir Premier ministre". Rupture.
Ce qui amène naturellement à se poser la question suivante : après être arrivé au pouvoir grâce à la rupture, après avoir exercé cette rupture, Nicolas Sarkozy trouvera-t-il un nouveau cap à sa politique, un nouveau projet pour un second mandat. Mieux, ce projet arrivera-t-il à le faire renouer avec l’électorat, à l’heure où la concurrence la plus menaçante n’est pas dans le camp adverse, mais bien dans son propre camp ?
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