Nucléaire : que va devenir l’EPR ?
Parfois jugé trop cher et donc peu compétitif à l'export, le réacteur pressurisé européen, EPR (European Pressurized Reactor) d'Areva va subir un lifting. Hervé Machenaud, directeur exécutif d’EDF en charge de la production et de l’ingénierie, a en effet déclaré lors d’une audition devant la Commission parlementaire, jeudi 27 février, qu’ « EDF et Areva travaillent à l’optimisation de l’EPR ». Que va devenir ce fleuron de l'industrie française ?
Vers une baisse de son prix
D'après Hervé Machenaud, une équipe de plusieurs dizaines d'ingénieurs d'EDF et d'Areva travaille à « l'optimisation de l'EPR » sur la base des retours d'expérience des chantiers français, finlandais et chinois. L'idée est de produire un réacteur « à la fois plus sûr, plus efficace et plus économique ».
Plus économique, car le prix actuel de l'EPR le rend difficilement exportable. Il faut rappeler que le coût des EPR de Flamanville (Manche) et d'Olkiluoto, en Finlande, dépasse les 8 milliards d'euros, notamment en raison d'une dérive du calendrier de quatre à cinq ans. C'est principalement à cause de cela que l'objectif fixé par Luc Oursel en 2011 - 10 EPR vendus à l'international d'ici 2016 - ne sont pour l'instant pas atteints : seuls 2 d'entre eux sont actuellement en construction en Grande-Bretagne par EDF Energy. Les ingénieurs d'EDF et d'Areva travailleraient donc sur une réduction du coût du réacteur de 3e génération à 6 milliards d’euros environ.
Dans un marché très concurrentiel et même si l'EPR est connu pour être le réacteur le plus sûr, une construction aussi longue et coûteuse semble assez rédhibitoire pour les pays émergents.
Priorité au marché saoudien
C'est dans cette optique que l'on peut voir la volonté d'EDF de reprendre la main à travers le lifting opéré sur l'EPR. Dans la ligne de mire du groupe d'Henri Proglio : l'Arabie Saoudite. Riyad envisage la construction d'un parc pouvant aller jusqu'à 16 réacteurs pour un budget pharaonique de 70 milliards d'euros. Les industriels espèrent une décision politique avant la fin 2014, ouvrant la voie à un premier appel d'offres.
Les PDG d'EDF et d'Areva étaient d'ailleurs aux côtés de François Hollande lors de sa visite en Arabie Saoudite. Ce contrat potentiel est d'une importance primordiale pour la France.
Les industriels de l'Hexagone espèrent éviter la mésaventure survenue aux Emirats Arabes Unis en 2009. La France avait perdu un marché de 30 milliards d’euros au profit du réacteur coréen développé par le partenariat entre Kepco et Hyundaï, notamment à cause du coût élevé de l'EPR, comparé à celui des coréens.
C'est donc cet EPR nouvelle génération qui devrait devenir le fleuron de l'industrie nucléaire et son principal atout à l'export. Moins cher, plus compétitif, davantage adapté aux besoins des pays émergents, ce nouveau réacteur va-t-il permettre au commerce extérieur français de retrouver des couleurs ?
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