Ô mon Dieu, le climat se dérègle ! Mais non, c’est homme qui est déréglé !

La vie est terrible, Dieu a créé un enfer pour l’homme. Jugez-en par vous-mêmes. Eh oui, la pluie, ça mouille, le vent, ça secoue, le froid, ça pique, la canicule, ça donne des sueurs, la grêle, ça cogne, la mer, ça tape. Putain de climat ! Et en plus, ce climat se dérègle. Oui, ce sont les scientifiques qui le disent et ça doit être vrai. Un climat déréglé. Ce qui voudrait dire qu’auparavant, le climat était réglé. Est-ce exact ? Faudrait demander aux anciens, à ceux qui ont connu le début du siècle précédent. Bon, en 1905, Paris était inondé, mais c’était avant la guerre. Le climat devait quand même être réglé. Comme du reste en 1985. J’ai pourtant connu cet hiver plus que rigoureux. Moins quinze et le canal du midi à Toulouse complètement gelé, au point qu’on aurait pu y faire passer un véhicule lourd alors que l’automne suivant s’est déroulé en été indien, pas une goutte de pluie avant début novembre et des températures à aller se faire bronzer tous les jours sur les berges de la Garonne. Etrange ! Mais allez savoir, le climat s’était peut-être déjà déréglé. Je remonte un peu plus loin, en 1976, lorsque « Raymond la science et la rigueur » était à Matignon et que la grande sécheresse avait secoué notre beau pays de verts et prospères pâturages. Quoi, le climat était déjà déréglé, et on nous a tout caché, et les climatologues n’ont rien dit ! On nous aurait menti ! Quoique, à bien y réfléchir, le climat devait être un petit peu déréglé. Puis il est devenu un peu plus déréglé et en 2010, alors là, c’est complètement déréglé. Les Eskimos ne reconnaissent plus leurs neiges d’antan et chez nous, les inondations à répétitions se produisent, alors que des tempêtes s’abattent sur nos côtes, abattant au passage nos pins centenaires. Mais si ma mémoire est bonne, il y avait déjà des tempêtes. C’était je crois à l’automne 1983, je me souviens, les Bretons avaient dégusté, mais pas autant qu’en 1999. Oui, c’est ça, le climat était un petit peu déréglé et il est devenu bien déréglé. Les Etats-Unis ont connu le méchant ouragan Katrina. On s’en souvient un peu car ce fut le prétexte pour critiquer l’impopulaire Georges Bush qui aurait dû mieux gérer la situation. Mais bon, là-bas, au pays qui croit en Dieu, les Américains doivent se dire que s’ils ont subi ces coups climatiques, c’est parce qu’ils n’ont pas voulu signer le protocole de Kyoto. Quoique, ce n’est pas sûr. Les fondamentalistes sont plutôt climato sceptiques et voient d’un mauvais œil les interventions de l’Etat fédéral, mais est-ce une question de climat ? Il se dit que les fondamentalistes n’aiment pas en fait l’Etat fédéral parce qu’il leur pique leur fric qu’ils gagnent péniblement. Le climat, c’est une goutte d’eau qui les fait déborder. N’écoutons pas les intégristes et faisons confiances aux vrais savants. Le climat se dérègle.
Mais au fait, c’est quoi un climat qui ne serait pas déréglé ? Ce serait un climat réglé. Connaît-on une époque où le climat fut réglé, à la manière d »une serre climatisée ? Etrange, ces dérives sémantiques. On parle de climatisation pour désigner l’action humaine visant à maîtriser la température dans un lieu qui toujours, est fermé. Mais le propre d’un tel endroit, c’est de ne pas subir le climat. Et donc, le seul lieu climatisé au sens de subir un climat, c’est la planète terre. Peu à peu, cette obsession de vouloir tout maîtriser s’est déplacée depuis le domaine domestique vers celui de la nature. Nos chers scientifiques imaginent « climatiser » la planète. Les dirigeants veulent s’engager à limiter à deux degrés le réchauffement climatique. En croyant qu’on peut avoir les moyens pour le faire. Les mots traduisent bien l’esprit du monde. Voiture climatisée. Tout doit être climatisé. Etrange délire que celui du 21ème siècle crépusculaire. L’homme à l’image des névrosés décrits par Desproges et qui rêvent de construire des serres planétaires en Espagne alors que les psychotiques croient qu’ils peuvent les habiter.
Une petite leçon de thermosémantique et de thermodynamique devrait servir à convaincre que le climat planétaire dépend de la physique statistique et que donc, il est soumis à la dure loi de l’entropie, au désordre, au dérèglement. Vouloir faire de la terre une serre, tiens donc, au passage, l’effet de serre, encore une confusion sémantique et scientifique car le modèle de la serre bâtie par l’homme est complètement inopérant pour décrire la terre ; je poursuis, faire de la terre une serre climatisée et contrôler la température, c’est comme si on voulait attraper la Lune avec un élastique pour produire de l’énergie mécanique convertible en électricité. Un climat déréglé ne peut pas exister parce qu’un climat réglé n’existe pas ! C’est la loi naturelle. Elle ne peut être transgressée. On peut utiliser la nature mais on ne peut pas lutter contre ses lois. L’activité humaine n’a pas autant d’incidence que les scientifiques ne le croient. Il suffit de relativiser et comparer les énergies qui irriguent la planète depuis l’astre solaire et celle que l’homme utilise. Faites le calcul, vous aurez des surprises. Le ratio, c’est un millième, voire un dix millième et peut-être moins et après ça, on veut faire croire que l’activité humaine modifie le climat. Autant imaginer porter une marmite à ébullition en se servant de l’énergie dégagée par un cierge. Mais bon, en admettant que l’activité humaine puisse influencer le climat, cela ne fera jamais qu’un climat, aussi déréglé que par le passé. Il y a d’autres priorités.
Le climat réglé. Voilà qui aurait amusé Aristote, lui qui avait bien distingué le monde supralunaire parfaitement réglé et le monde sublunaire soumis à l’imperfection, aux caprices, à la corruption. La physique moderne n’a fait que confirmer cette séparation. D’un côté la cosmologie si bien réglée que les corrections relativistes permettent de se localiser à l’aide d’un GPS. De l’autre, la physique statistique, avec le désordre comme essence et l’ordre qui en de rares circonstances, émerge, grâce à la patte subtile du laborantin qui mélange des réactifs chimiques pour une série d’oscillations ou qui chauffe un récipient d’eau avec soin pour observer quelques colonnes hexagonale (de Bénard) Mais le climat déréglé, ça nous fera bien marrer pendant des décennies, parce que ça n’existe pas vu qu’il n’y a pas de climat réglé, à part dans une béhème ou une pijot climatisée (thermo-régulée)
Le climat est par essence déréglé sinon, ce ne serait pas le climat. Pour voir le climat changer, il suffit de prêter attention au ciel, aux nuages, au ressenti. Tenez, quelques années avant le décès de mon père, à Nice, c’était en été, un fond de l’air humide, une brise légère, rafraîchissante, agréable, rien de la lourdeur de cet air caniculaire propre à la situation de Nice, micro climat dû aux montagnes environnantes. Le temps en Aquitaine a aussi changé ces dernières années. Je me souviens il y a dix ans ou plus de ces journées marquées par une pluie incessante, cela pouvait durer des jours. Or, le dernier automne, en plus d’avoir été clément, a offert un ciel tout en alternance, avec des ondées, et le soleil. Puis, le climat nous a servi un vrai hiver, avec des températures froides, des gelées nécessitant de couvrir les géraniums, et maintenant, en avril, les giboulées de mars sont au rendez-vous. Et le vent souffle plus qu’à l’habitude en ce printemps débutant ; ce qui n’est pas forcément désagréable pour le cycliste urbain dont l’air respiré est brassé avec force et donc, partiellement dépollué. Etrange et génial que ce climat qui change. Par contre, ce qui me semble déréglé, c’est cet affolement climatique, ce désir artificiel des hommes dont le souhait serait de vivre dans une serre climatisées. Grippe, finance, climat, l’homme est vraiment déréglé et je me méfie des gens. Un jour, ils seraient prêts à accepter un gouvernement tyrannique au nom du contrôle climatique. Et à lyncher ceux que les médiacrates ont désigné comme climato-sceptiques dès la moindre tempête, comme s’ils étaient responsables et comptables de la puissance des vents
De ce dérèglement de l’esprit humain, qui faut-il convoquer pour comprendre les tenants et aboutissants de l’anxiété climatique, Platon et son ontologie de l’âme, ou Hermann Broch et ses gloses sur le crépuscule de la Modernité ? C’est certain, il y a matière à penser, mais aussi, peut-on penser que l’homme, à l’échelle de puissance qui est atteinte, peut transformer le crépuscule en holocauste, à moins que l’aurore ne pointe.
21 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON