« On va les écrabouiller » : Macron et Philippe font le point à l’Elysée sur la stratégie du confinement
Que se passe-t-il donc dans le secret de l'Elysée, par ces temps de crise du coronavirus ? En exclusivité pour les lecteurs d'AgoraVox, nous avons tenté de reconstituer les confidences et cogitations d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe, dans ce dialogue (quasiment imaginaire) à la manière du Canard enchaîné. Amusez-vous bien, et surtout rassurez-vous : toute ressemblance avec les projets réels du gouvernement serait purement fortuite... ou presque.
Elysée, vendredi 27 mars 2020, 11h14.
Philippe : Bonjour, Président.
Macron (guilleret) : Bonjour, Edouard. Le vitiligo te va à ravir ! Quoi de neuf ce matin ?
Philippe : Rien de très nouveau, ô Jupiter ! Les médias poursuivent la propagande. Aucune tête ne dépasse.
Macron : Très bien. Et l'opposition ?
Philippe : Toujours tétanisée.
Macron : Parfait. (il semble réfléchir un instant, puis reprend) Le Pen s'est cru maligne en réclamant le confinement avant tout le monde ! Elle pensait faire coup double : se mettre en vedette tout en prenant l'avantage sur moi. Elle croyait que je ne pourrais pas le faire. Pourtant je l'ai fait. Elle a demandé son renforcement. Alors je l'ai fait aussi. (il sourit) Avec ses gros sabots, Bécassine a fait mon jeu et m'a facilité la tâche : ses ouailles ont été neutralisées et même ralliées à mon opération. J'ai pu pousser le bouchon de plus en plus loin, sans aucune résistance. Maintenant, il ne lui reste plus qu'à vociférer contre l'effondrement de l'Etat, quand l'Etat démontre jour après jour sa toute-puissance...
Philippe : Telle est prise qui croyait prendre !
Macron : Et du côté des intellectuels ?
Philippe : Pareil. Presque tous en PLS.
Macron : Presque ?
Philippe : Onfray continue de s'agiter...
Macron : Onfray conteste le confinement ?
Philippe : Non, quand même pas ! Au contraire, il a violemment dénoncé les récalcitrants des banlieues. ll les a accusé de mettre en danger le reste du pays en ne le respectant pas (1).
Macron : Très bien, c'est le principal.
Philippe : Même topo pour les syndicats. Ils protestent contre les ordonnances, mais ça s'arrête là. Pas une critique contre le confinement. Mieux, ils en redemandent eux aussi (2).
Macron : Ils sont dans leur rôle, c'est ce qu'il faut.
Philippe : Oui.
Macron (prenant un air inspiré) : Le confinement muselle et ruine le pays. Il rend possibles nos tours de vis et permet, en même temps, de les justifier. Le confinement, c'est la clef de tout. Grâce à lui, nous pouvons enfin mettre à exécution tous nos projets. Plus de Parlement, plus d'opposition, plus d'opinion publique, plus de Gilets Jaunes pour nous mettre des bâtons dans les roues. Tant que personne ne conteste le confinement, on avance. En marche !
Philippe : Tu es un génie.
Macron : Je sais. Et du côté du virus ?
Philippe : Comme prévu, les chiffres de l'épidémie continuent de grimper en flèche. A priori, on a encore devant nous une belle marge de progression. Comme pour toute bonne grippe (3). Ça n'empêche pas Le Monde d'en faire sa Une tous les jours sur un ton d'apocalypse.
Macron : Parfait.
Philippe : Oui, tout roule.
Macron : Au fait, le taux de létalité du "corona" à 0,1% continue d'être caché ?
Philippe : Totalement. Quelques histrions prêchent dans le désert sur Internet ou s'excitent sur les réseaux sociaux. Mais personne ne les écoute. Rien ne filtre, ni dans la presse, ni dans aucun média.
Macron : Pourtant Raoult et Caumes l'ont dit publiquement (4).
Philippe : L'omerta fonctionne quand même.
Macron : Vraiment ?
Philippe : Comme je te le dis. Le rouleau compresseur de la propagande est là pour ça. Tous les jours, dans le sillage du Monde, les télés, les radios, les journaux alimentent la psychose en comptabilisant les morts. Du matin au soir. Ils font très bien le taf. Les cas avec complications, les agonies sont décrites avec tous les détails cliniques, pour frapper l'imagination. A l'occasion, quelques victimes jeunes, bien que rarissimes, sont mises en avant.
Macron (triomphant) : Et puis à la fin, c'est comme à la fête foraine : à tous les coups l'on gagne ! Soit l'épidémie de Covid-19 est meurtrière, et on dira que c'est la preuve que le confinement s'imposait. Soit l'épidémie tue moins qu'une grippe classique, et on dira que le confinement a porté ses fruits et sauvé des dizaines, des centaines de milliers de vies...
Philippe : Imparable !
Macron : Et les Français dans tout ça ? Ils en sont où ?
Philippe : Toujours aucune réaction.
Macron : Même après dix jours de libertés publiques suspendues et de paralysie de l'activité économique qui torpille le pays ?
Philippe : Oui.
Macron : Même après les 25 ordonnances qui démolissent le code du travail ? (5)
Philippe : Oui. C'est entré comme dans du beurre.
Macron : Bon, puisqu'ils sont stupides à ce point-là, on va pouvoir encore charger la mule. Je te le promets : on va les écrabouiller. (Ils éclatent de rire)
(1) Voir ici
(2) Voir par exemple ici ou ici
(3) En 2017, la grippe a fait 15 000 morts en France. Elle tue en moyenne 10 000 personnes chaque année. Voir ici.
(4) Le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris, pouvait ainsi déclarer : "Le taux de létalité [du Covid-19] a tendance à baisser depuis le début de l'épidémie. Il a d'abord été estimé à 15%, puis à 2%, puis à 1%. Dans les études, actuellement, on dit 0,5 à 1%. Mais le problème c'est qu'on ne connaît pas le dénominateur, et plus notre connaissance progresse sur le nombre de patients infectés (...), plus on se rend compte qu'il y a énormément de gens qui sont infectés avec peu de symptômes voire pas de symptôme du tout. Et donc on estime que le taux de létalité est probablement moindre que celui qu'on a calculé jusqu'à maintenant. Et je pense qu'il va terminer autour de 0,1%, (...) donc on va se retrouver avec un taux de létalité globalement proche de celui de la grippe. (...) Le virus lui-même (...) n'est pas la peste du Moyen-Âge, clairement. [C'est un] virus émergent, pas très grave." Voir ici la vidéo.
Le Pr Didier Raoult, directeur de l'IHU Méditerranée Infection, ne dit pas autre chose : "(...) Bien sûr, les maladies infectieuses sont des maladies d'écosystème, mais on ne trouve pas [avec le Covid-19] une catastrophe qui justifie des mesures dignes d'une catastrophe atomique. Par ailleurs, si on regarde ce qu'est la mortalité de cette maladie, c'est assez difficile à évaluer, mais il y a, au moins, un endroit dans lequel c'est facile d'évaluer une part de la transmission, et la part de la mortalité. C'est cette grande folie qu'ont fait les Japonais en coinçant tout le monde sur un bateau de croisière, avec des gens dont la moyenne d'âge était extrêmement élevée, commme les croisiéristes en général. Il y avait à peu près 3000 personnes [sur le bateau]. Là-dessus, il y en a 700 qui sont tombées malades et 7 qui sont mortes. Dans la population la plus à risque, la mortalité est de 1% ! Donc il faut arrêter de raconter des choses qui terrifient les gens. Bien entendu, si vous ne testez que les gens en réanimation (...) vous aurez une vision de la gravité de la maladie qui n'aura rien à voir avec la gravité de la maladie, [car] la gravité de la maladie des gens qui sont en réanimation généralement est très grave. (...) Moi je ne vois pas de signaux de mortalité qui soient spécifiquement redoutables [par rapport à une grippe classique] (...)" Voir ici la vidéo
(5) Aperçu des ordonnances de Macron annoncées le 25 mars 2020.
Nouveau rythme hebdomadaire : 48 heures au lieu de 35 heures.
Dans les "secteurs stratégiques", possibilité de monter à 60 heures de travail hebdomadaire (soit 12 heures par jour).
Les heures supplémentaires sont majorées de 25% à partir de la 36ème heure.
Le patron pourra demander aux employés de :
- Travailler le dimanche.
- Travailler sept jours sur sept.
- Réduire le temps de repos.
Le patron pourra :
- Imposer les dates de vacances.
- Refuser un congé.
- Annuler les vacances un jour avant (contre un délai de quatre semaines jusqu'à présent).
Dans les secteurs dits "stratégiques" (transports, logistique, agroalimentaire, agriculture, énergie, télécommunications, etc.), le repos minimum entre deux journées de travail pourra être ramené de 11 à 9 heures.
Ces dispositions s'appliquent (au minimum) jusqu'au 31 décembre 2020.
Objectif officiel, selon Edouard Philippe : "Poursuivre le travail et endiguer les licenciements massifs et les faillites qui ruineraient des milliers d'entreprises et des millions de Français".
Sous prétexte de "crise" (fabriquée de toutes pièces par Macron et son absurde confinement général), toutes ces dispositions ont été prises sans aucune consultation ni du Parlement ni de quelque instance que ce soit.
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