Onfray, Joffrin, Attali, Finkielkraut... ou le chaos de la vie intellectuelle française
La France, Israël, la Russie, la Turquie ou les Etats-Unis, sont des nations interconnectées par des flux historiques, passionnels, émotionnels et dont les traits se dessinent également dans le champ intellectuel ayant valeur de thermomètre des tendances politiques et culturelles. Il y a eu le 7 janvier 2015 français et maintenant le 10 octobre turque avec quelque cent morts qui sont les mêmes que Charlie, car ces gens ont été tués à Ankara pour avoir commis un fait, celui de manifester publiquement son opinion. La Turquie s’enfonce dans la crise par la faute d’un pouvoir centré sur l’autocrate et autoritaire Erdogan. Mais la France est elle aussi gouvernée par un pouvoir socialiste qui tend à devenir autoritaire, pour preuve la récente décision sur la LGV du sud-ouest contre l’avis de la Cour des comptes et des conclusions de l’enquête d’utilité publique. Et ces gens du socialisme fustigeant le FN en appelant au front républicain alors qu’ils sont les fossoyeurs de la république. La France est en état de chaos politique et aussi intellectuel.
Juste quelques notes, rapides, car il ne faut pas abuser du temps de cerveau attentif du lecteur. Les gens ne prennent plus le temps de lire. C’est aussi l’un des facteurs causant le chaos. L’expression devient twittérisée. La France de race blanche, c’est un tweet de Nadine Morano lancé chez le pas très « Net » Ruquier. Internet s’amalgame avec les médias de masse. Les phrases ne plaisent pas aux intellectuels de gauche, alors on lance un anathème contre le brave peuple dont les esprits seraient lepénisés. Maintenant, c’est au tour de Michel Onfray de se voir accusé de ménardisation dans Libération.
La vie intellectuelle devient une sorte de bataille d’insultes, de formules taillées pour l’instant, de tweets qui mutent chaque année tels les virus de la grippe car au bout du compte, le physio-pathologique règne dans les consciences et il faut accuser le camp adverse de traits intellectuels fonctionnant tels des antigènes permettant de prendre en grippe celui qui ne pense pas dans la conformité d’une bien pensance se façonnant au gré des saisons et des modes à l’image d’un costume taillé par Lagerfeld. La vie intellectuelle se résume à tailler un costard à son adversaire.
Ces phénomènes de surface trahissent un fond chaotique dans la pensée politique. Les intellectuels n’ont plus de vision. Et l’incohérence règne, ce qui est le signe d’une société en plein désarroi intellectuel. Les gardiens de la pensée traditionnelle se taisent, parfois par lâcheté bien que les médias soient aussi responsables en orchestrant le chaos et le ring pour ameuter les spectateurs. Un combat de catch entre Zemmour et un intello de gauche est bien plus sexy qu’un exposé sérieux d’un Fumaroli ou un Debray. Ne soyons pas injustes. La télé propose quelques tranches de sérieux, sur Arte et la chaîne parlementaire. Mais le français moyen préfère commenter les frasques des Onfray et autres BHL ou Attali. C’est un peu comme dans une cour d’école. Les gamins parlent des marques de smartphone, des paires de Nike, des blousons de bad boys, des choses qui font mode, font « temps » et permettent de s’insérer et s’inscrire dans l’instant. Il faut d’adapter. C’est la marque du darwinisme culturel. L’alliance de l’animal humain et de la culture. Bref, l’avènement de la bêtise au sens de Pic de la Mirandole.
Preuve du chaos que cet appel de Onfray à unir les souverainistes, seules personnalités habilités à lutter contre le méchant ultralibéralisme. Le philosophe le plus connu des français pris dans une spirale politique complètement stérile alors qu’il pointe les problèmes contemporains et la détresse des déshérités de la France d’en bas. D’aucuns en ont fait un sous marin du FN mais c’est inexact. On retrouve la même alliance qu’en 2005. Au soir du référendum, les gauchistes et les frontistes faisaient la fête mais dans des lieux séparés. La situation actuelle n’est que la continuation d’un chaos politique ayant germé depuis l’an 2000. Mais on n’élève pas l’homme du peuple en lui montrant l’ennemi, euro ou Europe ou libéralisme, contre lequel il faut aboyer. Onfray et Le Pen ne s’adressent pas à des citoyens mais à des chiens. Quant à Hollande, il soigne les veaux à coup de mesures écolos, de sécuritaire et de mutuelles.
Finkielkraut n’a rien à proposer pour l’avenir mais il pointe les maux contemporains avec une certaine justesse, dans la tradition des Alain, Valéry ou Péguy. En face, le gauchisme bobo n’a rien à proposer non plus, excepté la conservation d’un ordre bourgeois qui se travesti sous le progressisme d’un réformisme qui détruit peu à peu le tissu social. Essayez de lire attentivement les propos d’Attali, vous pourrez y voir les traces d’une forme de nihilisme chaotique caractéristique de notre époque et si vous êtes perspicace, vous verrez que ce nihilisme transparaît dans un livre écrit il y a quarante ans par ce même Attali. Joffrin se fait aussi le porte parole des bobos de l’Obs qui se préoccupent de trouver les meilleures tables pour déjeuner tout en lançant de bonnes paroles pour accueillir les migrants, ou plutôt, pour refiler les migrants aux collectivités locales et aux associations.
Rien ne sort de ce chaos intellectuel. Les adversaires se neutralisent à coup d’invectives. La ligne du futur n’est pas encore présente pour rencontrer les consciences. L’avenir est inscrit dans une théologie du Temps, une téléologie transcendantale. Si ce mot vous dérange, eh bien aboyez, si cela vous fait du bien. L’aboiement est un besoin aussi naturel que pisser !
35 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON