Où est passée l’année zéro ?
Que faisiez-vous le soir du 31 décembre 1 av J-C à minuit ?
Nous recherchons toute personne susceptible de donner des indices sur la disparition de l’an 0.
365 jours, ça disparait pas comme ça, sans laisser de traces !
Les astronomes utilisent une année zéro pour nommer l'année qui précède l'an 1 car, pour retrouver les années bissextiles, il faut appliquer la règle de divisibilité par quatre. Sans année "0", l'année -1 (non divisible par quatre) est bissextile car elle se trouve 4 ans avant l’année +4. D’autre part, le passage de l’an -1 à l’an +1, sans année 0 entre les deux, ferait qu’un enfant né en l’an -3 aurait atteint l'âge de 6 ans en l'an +4 et non en l'an +3.
D’ailleurs, l’organisation internationale de normalisation utilise, elle aussi, une année zéro sous la notation [0000] ( norme ISO 8601:2004).
Les géologues et paléontologues qui ne sont pas à une année près font partir leurs comptes à rebours du présent : « il y a 200 000 ans, Néanderthal peuplait l’Europe ».
Pour les historiens, par contre, il n'y a pas d'année zéro. L'année qui précède l'an 1 est notée 1 av. J.-C. (l'an 1 avant Jésus Christ) ou simplement -1, et ils passent de l'an -1 à l'an +1.
Quelle est l’origine de ce hiatus ?
A l’époque où nos historiens situent l’an 1, les calendriers en cours sur la planète étaient nombreux. L'usage romain situait le démarrage des calculs à la fondation de Rome (en -753, avant, c’était la jungle !) D’autres cultures ont utilisé des calendriers qui n’étaient pas forcément solaires et situaient souvent l’origine à la fondation de la dynastie en cours dans le pays.
C'est Denys le Petit, un moine des Balkans mort à Rome en 540, qui a proposé de rattacher le calendrier à la vie du Christ et calculé la date présumée de sa naissance. Malgré des contestations sur la fiabilité des calculs, sa proposition a été adoptée par l'Église en 532, puis s’est généralisée au point que, à partir de l'an 1000, seul ce calendrier figure sur les actes officiels dans le monde chrétien.
Mais, pourquoi Denys, qui n’était la moitié d’un imbécile n’a-t-il pas pensé aux tracas qu’il allait imposer aux astronomes en squeezant l’année zéro ?
Tout simplement parce que le zéro n’existait pas dans les références de Denys. Son introduction en Occident est consécutive à la traduction de mathématiques arabes, notamment les travaux d’al-Khwārizmī, vers le 8e siècle. En 976, Muhammad Ibn Ahmad, dans ses « Clés des Sciences » suggère -si aucun nombre n'apparait à la place des dizaines - d'employer un petit cercle pour « garder le rang ».
D’ailleurs, l’étymologie du mot lui-même indique bien son origine : le mot arabe qui désigne ce chiffre est « sifr » (qui signifie vide) et s’est transformé en « zéfiro » en Italien avant de devenir zéro en Français.
Mais le zéro n’est pas seulement un chiffre, c’est aussi un nombre. Dans son ouvrage « Zéro, la biographie d'une idée dangereuse », Charles Seif explique en quoi le zéro a permis la compréhension de nombreux concepts dans plusieurs domaines en plus des mathématiques, notamment la thermodynamique et la mécanique quantique. Les travaux de Newton ou Leibniz n’auraient pas existé sans le zéro et l'infini.
Comment ce calendrier non scientifique a-t-il pu s’imposer à l’ensemble des organisations internationales actuelles ? C’est une autre histoire.
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