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Accueil du site > Tribune Libre > Outreau : où veut en venir la commission d’enquête parlementaire (...)

Outreau : où veut en venir la commission d’enquête parlementaire ?

On parle beaucoup de réformer la Justice après l’affaire d’Outreau, mais peut-on aboutir à une réelle évolution positive sans aborder globalement les problèmes de société que cette affaire soulève ? Car dans les dérives de la Justice de la dernière décennie, l’accroissement des inégalités sociales n’est pas pour rien. On évoque la présomption d’innocence à propos de ce prétendu « Outreau politique » que serait, pour certains, l’affaire Clearstream. Mais c’est, en l’espèce, la présomption d’innocence des puissants et des décideurs. Pareil, lorsqu’on parle d’Outreau pour s’opposer à la directive européenne sur le blanchiment d’argent. Quelle sera, sur ces questions, l’attitude des parlementaires ? Le problème, avec les quelques éléments qui commencent à poindre à l’horizon sur ce que pourront être éventuellement les propositions de la commission d’enquête sur Outreau, c’est qu’on ne voit pas très bien en quoi elles aideraient le « petit » justiciable, qui a été la véritable victime des dysfonctionnements récents.

Le député Philippe Houillon, rapporteur de la commission parlementaire sur l’affaire d’Outreau, déclare dans 20 minutes du 24 mai que « la détention provisoire va devenir exceptionnelle ». Pour lui, « l’affaire d’Outreau, c’est d’abord celle d’une détention provisoire excessive et employée, comme dans beaucoup d’autres cas, de manière quasi systématique là où ce n’était pas forcément indispensable... ». On peut se poser une ou deux questions à propos de ce genre d’annonces et d’affirmations.

Je ne savais pas que la détention provisoire n’était pas, n’avait pas été toujours, une mesure exceptionnelle. Une simple recherche sur la Toile permet de constater qu’il en est ainsi dans le droit français comme dans le droit européen et, en théorie, dans la plupart des pays de la planète. Sous sa forme actuelle, l’article 144 du Code de procédure pénale prescrit que la détention provisoire ne peut être ordonnée ou prolongée que si elle constitue l’unique moyen : « 1º de conserver les preuves ou les indices matériels ou d’empêcher soit une pression sur les témoins ou les victimes et leur famille, soit une concertation frauduleuse entre personnes mises en examen et complices  2º de protéger la personne mise en examen, de garantir son maintien à la disposition de la Justice, de mettre fin à l’infraction ou de prévenir son renouvellement 3º de mettre fin à un trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public provoqué par la gravité de l’infraction, les circonstances de sa commission ou l’importance du préjudice qu’elle a causé. ». Ce sont des situations clairement exceptionnelles.

Ce principe du caractère exceptionnel de la détention provisoire avait d’ailleurs été unanimement rappelé et réaffirmé lors des débats parlementaires de 1999-2000 qui ont abouti à l’institution du juge des libertés et de la détention (JLD), dont on envisage à présent la suppression. On dirait donc qu’on tourne en rond. Le véritable problème semble être que, quelles que soient les mesures prises, la détention provisoire frappe sans raison valable des innocents qui, en tout cas au départ, ne disposent pas de moyens suffisamment conséquents pour se défendre. Une question qu’à ce jour ne semble pas avoir approfondie la commission d’enquête sur Outreau.

Les justiciables longtemps incarcérés à tort dans l’affaire d’Outreau se sont précisément vu appliquer ledit article 144 qui définit les situations « exceptionnelles ». Ce n’est donc pas la déclaration de principe de M. Houillon qui préservera les innocents de ce genre de dangers. Et pourquoi le JLD n’a-t-il pas rempli son rôle ? Peut-être, tout simplement, à cause de ses liens corporatifs avec les autres magistrats impliqués dans la procédure, et parce que les inégalités sociales ne cessent de se creuser dans le pays. Dans ce cas, le simple remplacement du JLD ou du juge d’instruction par une instance collégiale risque de ne pas permettre d’avancer vraiment. Tout le monde a pu constater, lors des auditions sur Outreau, le nombre très important de magistrats impliqués à des titres divers dans l’instruction et dans l’examen de cette affaire.

Le 24 mai dans l’après-midi, Le Monde a fait état d’une ébauche de propositions de la commission d’enquête sur l’affaire d’Outreau.  20 minutes  du 25 mai (avec AFP) lui consacré également un article. Il faudra attendre la version définitive du rapport. Mais il est à craindre que, dans la réalité, les problèmes ne s’avèrent beaucoup plus profonds que ce que laisserait entendre l’énoncé des quelques réformes envisagées, d’après ces informations.

Par exemple, qui sera en mesure de profiter d’un délai de trois mois pour examiner l’affaire au fond, en cas de placement en détention provisoire ? Les personnalités riches et influentes soupçonnées de délits financiers ou assimilés trouveront sans doute aisément les moyens de bien organiser leur défense. Il en sera de même d’un certain nombre de délinquants devenus riches. Mais qu’adviendra-t-il des « petits » justiciables, alors qu’il est de plus en plus largement reconnu que la grande majorité des Français n’ont pas vraiment accès à des moyens financiers leur permettant de se défendre en Justice de manière conséquente ?

Quels seraient les bénéficiaires réels d’une éventuelle mesure dont le contenu serait d’ «  interdire la publication des noms des personnes mises en examen  » ? Sans doute, le monde politique, les décideurs de toutes sortes, les puissants... et tous ceux dont, par leur place dans la société, on serait fondé à exiger la plus grande transparence. Rappelons qu’il fut un temps où l’on considérait qu’un homme politique mis en examen ne devait pas exercer la fonction de ministre. En revanche, le « petit »justiciable aurait vraisemblablement beaucoup à gagner à pouvoir accéder aux médias pour se défendre contre un traitement judiciaire qu’il estime arbitraire. L’abbé Wiel avait même bénéficié d’un comité de soutien devenu "Comité de soutien aux six d’Outreau", voir : http://catholique-arras.cef.fr/infos/wiel.htm . Lors des audiences de première instance sur l’affaire d’Outreau en 2004, les journalistes se sont déjà montrés très critiques envers le déroulement de la procédure et le rôle des "experts". Une voie pour promouvoir la transparence pourrait être notamment d’encourager des associations qui s’assignent pour tâche de veiller au respect des droits des justiciables au cours des procédures, de garantir l’accès effectif de ces associations aux médias.

De même, quel avocat sera prêt, dans l’actuelle situation sociale, à engager une démarche « forte » sollicitant des sanctions contre un juge ou la condamnation de l’Etat pour défendre son client ? Il est à craindre que, dans la pratique, la motivation des avocats dans ce type d’actions « à risque » ne dépende largement du chéquier du justiciable. Une question que la commission d’enquête sur Outreau ne semble pas aborder, pas plus que celle de l’accès réel des « petits » citoyens aux moyens de se défendre en Justice. Ne conviendrait-il pas d’ailleurs de réexaminer la notion même de ministère d’avocat, le fonctionnement des ordres des avocats... comme on commence à le faire pour le Conseil supérieur de la magistrature ? Pareil pour la contre-expertise : qu’elle devienne de droit, ce serait bien, mais il reste à garantir que tout le monde pourra en profiter de la même façon. Et pourquoi ne nous parle-t-on pas davantage de la récusation, de la suspicion légitime... ?

Quant au rôle, à la qualification, aux missions, à la désignation... des experts, il faudra voir de près ce qu’en dira le rapport de la Commission. Depuis quelque temps, on n’évoque plus guère la faillite générale des « experts » d’Outreau, leur responsabilité. Il semblerait, en revanche, qu’il soit question de revoir la rémunération des experts... Mais est-ce le vrai problème ? L’expert qui s’était plaint d’être payé « au tarif d’une femme de ménage » n’est pas un smicard mais un professeur des Universités, directeur de laboratoire, qui joue un rôle important dans son domaine académique. Il apparaît notamment en tant que responsable pédagogique d’un diplôme universitaire très coté, organisé par son université, l’Ecole nationale de la magistrature et un laboratoire mixte du CNRS et du ministère de la Justice, diplôme censé former entre autres des magistrats et des officiers de police judiciaire (voir http://www.cesdip.org/article.php3?id_article=77 et liens analogues).

Attendons le rapport officiel prévu pour le mois de juin. Toutefois, disons clairement que s’attaquer à des problèmes de fond aussi épineux que ceux soulevés par l’affaire d’Outreau, tout en restant dans un domaine restreint du fonctionnement institutionnel et sans mettre en cause le contexte global, risque de relever de la quadrature du cercle. A moins que les véritables objectifs ne se situent ailleurs. N’oublions pas que les réflexes d’autodéfense du monde politique face aux « affaires » n’ont pas été étrangers à l’intérêt qu’il porte depuis une décennie à des questions telles que la présomption d’innocence, le droit de la défense, etc., et que, parmi les parlementaires et les dirigeants politiques, les avocats d’affaires et assimilés ne manquent pas.

Faute d’aborder dans la clarté et en profondeur les causes sociales des problèmes judiciaires, ne risque-t-on pas de tomber dans la logique faussement libérale d’après laquelle « les droits sont pour ceux qui travaillent » et « si on est riche et influent, c’est qu’on travaille plus que les autres » ?


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19 réactions à cet article    


  • Luc Masson Luc Masson 26 mai 2006 13:41

    Cher citoyen (s) rédacteur (s)

    Je ne sais pas si le rédacteur de l’article ci-dessus est boulonnais mais son pseudo veut dire « qu’est-ce qu’il dit » dans le patois local. Pour en revenir au sujet de l’article, je pense et j’ai même l’intime conviction, que nos juges devraient avoir une période de formation terrain beaucoup plus importante. Il serait judicieux qu’en fonction des voeux formulés à l’ENM, les magistrats du siège et du parquet passent par toutes les structures concernées de près ou de loin par la justice. Milieu carcéral, structure sociale de quartier, associations d’insertion, enquêteurs sociaux, etc... Tout cela pour que nos juges soient plus en phase avec la réalité des villes, des villages, des banlieux, des quartiers chics etc.... Mais peut on être au champ et à la ville quand la France manque cruellement de magistrats, encore un problème de moyens, ce qui explique peut-être pourquoi la France a réintroduit la justice de paix et de proximité. Pour abonder dans ton sens, je pense que les français ont une très mauvaise opinion de la justice, peut-être parce que personne n’a un jour défini ce qui est juste en ce bas monde.............. Luc


    • MD (---.---.18.28) 28 mai 2006 00:56

      La France manque de magistrats, mais regorge de chômeurs et de RMIstes. C’est un contresens !

      Mieux vaudrait que les gens fassent de longues études, de celles qui « ne servent à rien », histoire d’apprendre à penser et de savoir acquérir des connaissances dans tous les domaines, au lieu de les pousser vers l’apprentissage avec une culture « minimale » et utilitaire au sens le plus étroit.

      Si tout le monde avait le niveau d’une licence, il serait beaucoup plus facile de trouver des juges. On pourrait même réformer le Conseil d’Etat et la justice administrative, comme le propose un article récent : http://www.cmaq.net/fr/node/24327 .


    • Rocla (---.---.124.249) 29 mai 2006 19:10

      Pour MD

      Il vaudrait mieux que les gens fassent de longues études etc au lieu de les pousser vers l’ apprentissage,avec une culture minimale et utilitaire au sens le plus étroit.

      Pensez-vous réellement qu’il faille avoir fait de longues études pour comprendre l’ âme humaine ?

      Détecter la culpabilité d’ un handicapé physique qui est dans l’ incapacité materielle de commettre le crime dont on l’ accuse,découle -t-elle d’ une suite d’ années sur les bancs d’ universités ,l’ envoyer en taule sans autre preuve qu’ une intime conviction,voulez faire croire qu’ il est besoin d’ avoir fait de longues études pour en arriver là ? Jamais,au cours de ma vie,je n’ ai eu l’ impression,tout en ayant cotoyé toutes sortes de gens,que c’ est un niveau d’ étude qui donne une capacité de comprendre les choses qui nous entourent. Pousser des gens qui n ont pas envie de faire des études,et penser avoir raison dans cette affirmation,démontre clairement que n’ y connaissez rien du tout dans le fonctionnement du cerveau humain. Plein de gens ayant un grand bagage,echouent lamentablement dans beaucoup d’ aspects de leurs vies. Par exemple,savoir faire des calculs super compliqués,ne fait forcement pas un père sachant montrer de la disponibilité a ses enfants, etc....

      De plus ,quelqun d’ interressé peut apprendre plein de choses dans les bouquins.

      J’ai le certificat d’ études primaires,eT m’ en porte très bien.

      Rocla


    • CP (---.---.224.52) 30 mai 2006 21:00

      A Rocla : un juge n’est pas un juré. Il a des responsabilités et des tâches beaucoup plus vastes. D’ailleurs, même (ou surtout !) la tâche d’un juré n’est pas aussi simple si on veut éviter l’erreur judiciaire.

      Si on veut que tous les citoyens puissent participer à la gestion de la société, il faut qu’ils puissent étudier les sciences, les techniques, les lois...

      On ne parviendra jamais à permettre à tous les citoyens de s’instruire sans mettre en place des enseignements avec cette mission.


    • Rocla (---.---.55.253) 31 mai 2006 12:55

      Il a étudié les sciences,les lois,la psychologie,les techniques ? le juge qui a mis en zonzon des innocents ? Il sait le droit,on a du lui bourrer le crâne avec des kilomètres de pages noircies à l’ encre, alors qu’ avec du bon sens,du pragmatisme,du pif,oui j’ écris du pif,ça,ça n’ existe pas à l’ école,aussi du talent,on ne l’ obtient pas non plus en classe,de la clairvoyance,du tact,(il en a manqué beaucoup) de l’ intégrité, oter de son cerveau les idées préconçues, peut-être sortir d’ un milieu favorisé n’ est pas le plus adéquat pour juger des gens dont on ne connaît la condition ?cela aurait pu suffire à ne pas envoyer des gens en taule,il ne faut pas bac +15 pour comprendre cela,non ?

      Que connaissent de la vie ordinaire ? les gens gens qui n’y ont jamais été confrontés ?


    • Mizo (---.---.71.46) 31 mai 2006 14:56

      A Rocla :

      Je ne crois pas que ce soit une simple question de pif. Avec le pif on fait beaucoup d’erreurs. Il faut s’instruire, apprendre tout ce qu’on doit connaître (un juge peut-il méconnaître les lois, les règles de procédure... ou être techniquement incapable de se faire son idée sur un rapport d’expert ?).

      L’éducation et l’instruction des citoyens sont des atouts essentiels pour une réelle démocratie. C’est pourquoi, de plus en plus, on nous les refuse.


    • (---.---.55.253) 31 mai 2006 16:57

      OK,il en faut de l’ instruction,ok il faut de la science,mais si tous les instruits avaient un peu de bon sens,cela irait peut-être mieux dans ce pays.

      On a surement jamais eu un niveau d’ instruction aussi élévé en France,alors pourquoi cette affaire d’ Outreau a-t- elle eu lieu ?

      Pouvez-vous me dire comment cela se fait,alors qu’ il y a tant d’ Enarques au gouvernement,pourquoi il se brûle autant de voitures dans les banlieues ?

      Vous aurez sans doute une réponse circonstanciée à cette question,Monsieur Mizo,mais ce qui serait vraiment intelligent,ce serait qu’ elles ne soient plus allumées,ces automobiles.

      Savez-vous ce que j’ en pense de ce problème,avec mon niveau de certificat d’ études,c’ est que si ces enfants là,qui brûlent des voitures,recevaient une parcelle d’ éducation de leurs parrents,dans leur très jeune âge beaucoup de disponibilité de leurs ainés,si leur entourage leur apprenait le respect des uns envers les autres,un sanction immédiate lorsqu’ils font des erreurs,bref un vrai accompagnement au départ de leur vie,avec apprentissage de la politesse et de la courtoisie,moins de couples séparés,souvent de pauvres mères se débattant avec des problèmes insurmontables,ou sont passés les pères,parler ensemble tout le temps,c’ est pas une maitrise de je sais quoi qu’ il faut ,c’ est donner du temps,de la disponibilité à ses enfants.

      Pour en revenir à Outreau,l’ embastillé qui a inventé ce gros mensonge faisant croire à des énormes ramifications en Belgique,ce ne sont sans doute pas ses cultivés avocats qui lui ont mis cette puce à l’ oreille,ce jeune n’ a pas non plus fait d’ études,mais a montré beaucoup de ressources.Son scenario,il a pas du le lire dans des bouquins. Avouez que c’ est bizarre de s’ accuser de crimes pour prouver son innocence,non ?

      Et vous,vous soutenez ce système ,si celui qui met les gens en taule,du moment qu’ il est instruit,a de la science,de la technique, juste parce qu’il a fait des études,c’ est son droit de priver de liberté des mecs qui passaient par là.

      Je suis entrain de me demander pourquoi je ne suis pas derrière les barreaux.


    • 3333 (---.---.86.176) 26 mai 2006 22:06

      Si j’ai bien compris, « De ço qui calt ? » (qui s’en soucie ? , comme l’auteur le traduit à juste titre) est une phrase recurrente de la Chanson de Roland (en langue d’Oïl, ancien français, de la fin du XI siècle). On pourrait aussi traduire par : a quoi bon ? Un lien :

      http://www.fh-augsburg.de/ harsch/gallica/Chronologie/11siecle/Roland/rol_ch03.html

      Quant à l’article, il me semble qu’il pose un certain nombre de bonnes questions, en particulier : les parlementaires ne sont-ils pas confrontés, tout compte fait, à un système qu’ils ont eux-mêmes créé et encouragé ? Evidemment, ce n’est pas ce que dira le rapport de la commission d’enquête.


      • Mizo (---.---.179.27) 26 mai 2006 23:36

        Il suffit de regarder les lois et décrets de la dernière décennie pour comprendre très vite que, si la justice est devenue de plus en plus expéditive à l’égard des citoyens, c’est parce que les parlementaires et les gouvernements l’ont voulu et ordonné.


      • Alfred (---.---.19.22) 27 mai 2006 09:48

        A Mizo :

        Pas seulement dans la Justice. Tous les pouvoirs se sont raidis, de même que les procédures de prise de décisions, d’exécution de ces dernières...


      • nogob (---.---.153.30) 27 mai 2006 08:59

        « liens corporatifs » ah bon ?? ne serait-ce pas plutôt corporatistes ? pour le reste rien de neuf sous le soleil, toujours les mêmes analyses me semble-t’il, mais bon j’attends tout de même votre réaction sur l’amnistie de Guy Drut, de nature à désespérer beaucoup plus les « petits justiciables ».


        • Alfred (---.---.19.22) 27 mai 2006 09:45

          Heureusement qu’on arrive à trouver quelqu’un qui ne varie pas dans ses analyses ! Ce n’est pas l’habitude en ce moment, surtout chez les politiques. Mais l’affaire de Guy Drut, qui en effet est vraiment sacandaleuse, est beucoup moins importante que l’enfouissement de l’affaire d’Outreau que nous prépare la commission parlementaire.

          C’est vrai d’ailleurs que certains milieux professionnels sont intouchables. L’auteur a raison de rappeler que :

          « L’expert [d’Outreau] qui s’était plaint d’être payé « au tarif d’une femme de ménage » n’est pas un smicard mais un professeur des Universités, directeur de laboratoire, qui joue un rôle important dans son domaine académique. Il apparaît notamment en tant que responsable pédagogique d’un diplôme universitaire très coté, organisé par son université, l’Ecole nationale de la magistrature et un laboratoire mixte du CNRS et du ministère de la Justice, diplôme censé former entre autres des magistrats et des officiers de police judiciaire... »


        • Niveleur (---.---.49.3) 27 mai 2006 13:21

          « Toujours les mêmes analyses »... je ne sais pas, mais ce sont des analyses qui dérangent. Il paraît assez évident que la Commission d’enquête sur Outreau n’a rien de bien utile à dire aux justiciables.

          A propos des institutions scientifiques, c’est certain qu’elles bénéficient d’incroyables protections : des membres de la hautre magistrature sont en même temps des professeurs associés des Universités ; elles travaillent avec le secteur militaire, le renseignement, la « haute fonction publique », les multinationales... Les gouvernements et les parlementaires le savent très bien, mais ils encouragent des osmoses au lieu d’établir des incompatibilités.

          Pareil pour les filières professionnelles des juges administratifs. La Commission d’Outreau parle de séparer les carrières au sein de la magistrature de l’ordre judiciaire, mais elle n’a aucune envie d’évoquer les osmoses entre la filière des juges administratifs et celle des responsables des administrations.

          Au Conseil d’Etat, on peut être tantôt à la Section du Contentieux, tantôt dans un cabinet de ministre ou à la tête d’une administration. Quant aux juges des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel, rien ne s’oppose à ce qu’ils travaillent tantôt dans ces tribunaux, tantôt au sein des administrations (directions, inspections, services juridiques, etc...). Il n’existe donc aucune séparation nette entre les carrières de ceux qui dirigent les administrations ou élaborent leurs décisions et celles des magistrats qui devront juger ces administrations et décisions.

          Personne ne dit rien, parce que ça sert les intérêts des politiques qui se trouvent à la tête des administrations.


        • Jalapa (---.---.105.130) 28 mai 2006 05:39

          Peut-être que de toute façon on ne pouvait pas faire mieux, vu la composition du Parlement et ses liens avec les différents milieux professionnels.

          Mais le citoyen naïf peut être choqué de lire, ensemble, les signatures de « Viaux Jean-Luc, professeur de psychologie clinique, Université de Rouen » (l’expert d’Outreau qui avait fait parler de lui parce qu’il s’était plaint des « tarifs de femme de ménage ») et de « Vallini André, député de l’Isère, président du Conseil général, secrétaire national du Parti Socialiste aux institutions, à la justice, à la sécurité et à la réforme de l’Etat » (le président de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur l’affaire d’Outreau). Avec d’ailleurs une importante brochette de personnalités scientifiques, politiques, judiciaires...

          Il s’agit de la pétition :

          « POUR UN SOUTIEN À LA CRÉATION D’UN OBSERVATOIRE DE LA RÉCIDIVE DES INFRACTIONS PÉNALES », accessible à l’adresse :

          http://www.prison.eu.org/article.php3?id_article=6996

          Ce n’est d’ailleurs pas de l’histoire ancienne, car elle est datée de septembre 2005.


          • Jalapa (---.---.18.95) 28 mai 2006 06:10

            On dirait qu’à la fin les experts, dont le rôle a été déterminant dans les dysfonctionnements graves de l’affaire d’Outreau, vont s’en tirer sans trop d’égratignures.

            Alors que des mesures répressives fort inquiétantes sont envisagées contre les journalistes.

            Non seulement c’est très dangereux, mais force est de constater que, précisément, ce sont les journalistes qui ont dénoncé les « prestations » des experts lors du procès de première instance en 2004.

            C’est très intéressant de se rafraîchir la mémoire avec les archives de presse.

            NE VISERAIT-ON PAS QUELQUE CHOSE D’AUTRE QUE L’EXAMEN DESDYSFONCTIONNEMENTS D’OUTREAU ?


            • CP (---.---.224.52) 30 mai 2006 21:02

              « NE VISERAIT-ON PAS QUELQUE CHOSE D’AUTRE QUE L’EXAMEN DES DYSFONCTIONNEMENTS D’OUTREAU ? »

              PEUT-ETRE, EN EFFET, BAILLONNER LA PRESSE POUR D’AUTRES RAISONS...


            • CP (---.---.224.52) 30 mai 2006 21:55

              Je suis d’accord. Philippe Bilger parle du corporatisme des juges, mais n’y en aurait-il pas chez les avocats ?

              Précisément, dans un monde où l’argent joue un rôle de plus en plus important, n’existe-t-il pas des intérêts corporatifs qui rapprochent la communauté des avocats (ou en tout cas une large partie) du patronat, des multinationales, de la finance, des administrations... ?

              Que des justiciables se plaignent de leurs avocats, c’est une réalité. Alors, pourquoi ne pas aborder la question de la même façon qu’avec les magistrats, voire de manière encore plus conséquente, vu que le métier d’avocat est privé ?

              Est-ce innoncent si, depuis quelques années et déjà sous Jospin, on a fait et on fait tout pour nous imposer une présence croissante des avocats dans nos actions en justice ?

              D’ailleurs, Pascal Clément, Nicolas Sarkozy, Philippe Houillon, Ségolène Royal... sont des avocats.


              • jeantho (---.---.54.3) 10 juin 2006 13:00

                CLEMENT, DEMISSION !

                Déjà, lors de son discours à la dernière Convention de l’UMP sur la Justice, Pascal Clément avait mis l’accent sur une prétendue nécessité de « tourner la page » d’Outreau et ajouté pour la forme : « en améliorant encore notre procédure pénale » :

                http://www.u-m-p.org/site/GrandDiscoursAffiche.php?IdGrandDiscours=194

                A présent, on voit les inspections de la justice soutenir les magistrats impliqués dans cette affaire. Est-ce vraiment étonnant ?

                Les justiciables ont besoin d’UNE AUTRE POLITIQUE au Ministère de la Justice.

                D’ailleurs, Pascal Clément provient lui-même de la filière des avocats des sociétés, dont les soucis actuels sont effectivement très éloignés de ceux des « justiciables lambda » dont parle l’article d’Isabelle Debergue :

                http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=10278

                Pascal Clément est de surcroît le conjoint d’une magistrate. Lire aussi :

                http://www.cmaq.net/fr/archive/2006/05/08

                http://fr.wikipedia.org/wiki/Pascal_Clément

                Il me semble que, dans ces conditions, Pascal Clément devrait laisser la place à un autre Garde des Sceaux.

                CLEMENT, DEMISSION !


                • CP (---.---.226.157) 10 juin 2006 21:21

                  Il existe à mon sens une autre raison pour que Pascal Clément ne soit pas Garde des Sceaux : il est le président du Conseil général de la Loire en Rhône-Alpes, voir par exemple :

                  http://www.loire.fr/display.jsp?id=c_5661

                  et, à ce titre, justiciable institutionnel de la juridiction administrative.

                  Pascal Clément est également, d’après la même source et depuis 1994, président de la communauté de communes de Balbigny.

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