Pandémigate H1N1 : la Russie pourrait se retirer de l’OMS
Un député russe en colère
L’annonce doit être prise avec sérieux, mais aussi une très grande prudence, tant le sujet est sensible, alors que les retombées possibles pourraient s’avérer sismiques si les faits que l’on soupçonne sont avérés. L’épicentre médiatique se situe en Russie. Igor Barinov, député à la Douma et de surcroît, membre de la commission enquêtant sur les corruptions, a demandé qu’une investigation fasse la lumière sur les liens financiers entre les experts de l’OMS en charge de la pandémie grippale et les firmes pharmaceutiques. Barinov souligne à cet effet que depuis 40 ans, c’est la première fois que l’OMS déclare l’état de pandémie, alors que cette grippe s’avère pour l’instant aussi ordinaire qu’une grippe saisonnière et même moins mortelle. Dans le cas d’une corruption établie, Barinov envisage que la Russie se retire de l’OMS. Autant dire que le feu couve. Certes, on prendra avec prudence cette annonce, relayée du reste par nombre de « sites conspirationnistes ». De plus, la Russie enquêtant sur une corruption, cela prête à sourire. Et si la Russie est connue avec le géant Gazprom, elle n’émarge pas dans les nations abritant les grands groupes pharmaceutiques, ce qui... Néanmoins, ces petits détails ne doivent pas nous écarter de la vérité. Barinov n’a rien contre l’OMS et souligne même son action efficace par le passé, notamment son combat contre la malaria et la propagation du Sida.
Ce qui suscite la colère de Barinov, c’est le sentiment d’avoir été roulé par les experts épidémiologistes. Tout en déplorant que l’Etat russe ait dépensé 4 milliards de roubles inutilement pour faire face à ce virus bénin. Bien évidemment, les parlementaires français devraient eux aussi s’intéresser à cette affaire, au vu du déroulement de la campagne de vaccination, avec son coût et le désordre qu’elle occasionne dans le pays.
Un expert qui n’est pas au-dessus de tout soupçon
L’avenir dira si l’enquête se poursuit. Pour l’instant, il faut rester prudent et ne pas sacrifier à l’esprit de lynchage et de ressentiment animant quelques communautés partisanes voulant la peau des labos. Le personnage central impliqué dans cette affaire est le Dr. Albert Osterhaus, surnommé Dr. Flu pour sa promotion de la vaccination anti-grippale et l’usage des antiviraux. Le gouvernement néerlandais se prépare à mener une investigation sur ces allégations de corruption possible, émanant d’enquêteurs danois, lesquels ont établi que Osterhaus aurait reçu d’importants financements provenant des grands groupes pharmaceutiques. On sait de plus que cet éminent virologue a monté une entreprise de conseils et d’expertises dans le domaine des virus. Mais comme le souligne ce site dévolu aux médecines naturelles, il n’y a pas de mal à entreprendre une activité commerciale du moment qu’on peut se prévaloir d’une excellence dans son domaine. Ce qui est le cas du Dr. Osterhaus, auteur de quelques centaines de publications dans sa spécialité et reconnu internationalement pour les découvertes qu’il a effectuées, notamment dans l’identification du virus impliqué dans le SRAS. Et donc, il ne s’agit pas de savoir si Osterhaus et ses confrères reçoivent de l’argent des labos mais d’établir s’il y a un lien entre ces financements et une supposée exagération de la pandémie grippale concrétisée par une déclaration intempestive de la part des autorités de l’OMS.
Une enquête qui s’annonce difficile
L’enquête risque d’être délicate. Autant il est relativement aisé d’enquêter sur les comptes bancaires et les liens entre experts et labos, autant la mise à jour d’une déclaration illégitime de pandémie est délicate et sans doute, susceptible de conduire à un non-lieu judiciaire, pour autant qu’il y ait une mise en examen ou une commission d’enquête diligentée par des autorités gouvernementales compétentes en la matière. L’enquête est même impossible car il faut savoir ce qui s’est passé dans la tête des experts et dieu sait si les voies du psychisme sont impénétrables. Tout ce qu’il est possible de faire, c’est de remonter aux événements, aux données et de tracer un portrait systémique et philosophique du contexte où effectivement, comme j’ai tenté de le montrer dans H1N1 La pandémie de la peur (éditions Xenia, 11/09), la déclaration de pandémie ne pouvait être justifiée. La menace a été surévaluée. Le contexte était prêt pour que l’OMS déclenche le feu de la vaccination dès lors qu’un signe se présentait. On sait que les médias sont à l’affût pour relayer, même à leur corps défendant et à l’insu de leur plein gré informant, les affolements, notamment lorsque les communiqués sont frappés du sceau de l’expertise scientifique. La question à laquelle il faut répondre est simple dans sa formulation. Y a-t-il eu une alerte pandémique déclenchée sans que le risque sanitaire le justifie et si oui, pour quelles raisons ? La réponse ne sera pas facile à établir et pourtant, elle s’est dessinée dès le début de ce scénario pandémique. Voici ce que j’en pense
Ma propre conclusion sur cette affaire
Un entretien* avec le Dr. Osterhaus permet de saisir les ressorts de cette affaire (qui sont en fait ceux que j’ai identifiés dans mon étude documentée). Les propos de cet éminent virologue datent de février 2006. On comprend que le corps scientifique est très inquiet par de possibles pandémies à venir, même s’il n’y a pas de certitudes. C’est même l’inverse. Pourtant, Osterhaus est persuadé qu’il faut agir, regrettant que les laboratoires ne soient pas « armés » pour produire un vaccin plus rapidement que les sept mois habituels que durent la procédure de mise sur le marché du vaccin saisonnier. Or, en 2009, ce délai a été réduit à quatre mois. Tout s’est passé comme si l’OMS avait voulu faire une expérience sur la capacité de riposte face à un virus qui, pour qu’il se prête à l’expérience, doit avoir deux caractéristiques. Il doit être suffisamment nouveau et donner quelques signes d’une propagation rapide. C’était le cas du H1N1pdm. L’alerte de niveau 6 a donc été lancée pour déclencher la production des vaccins, sans tenir compte des éléments lacunaires disponibles le 6 juin, ni des premiers constats sur la faible mortalité du virus. C’est sans doute le principal ressort de cette décision. Ensuite, qu’il y ait des collusions entre laboratoire et experts, cela est évident et du reste, n’a rien de choquant si ces personnes avaient agi pour nous protéger d’une menace réelle. Or, ce n’est pas le cas. Il paraît clair que les décisions ont été prises par les experts, puis relayées par les gouvernants, avec des réticences comme en Pologne ou un zèle particulier, comme en France.
Dans mon étude, j’ai évoqué l’idée d’une commission d’enquête sur cette pandémie au détour des pages. La réaction du député russe ne surprend guère. Il fallait s’y attendre. Hélas, il y a peu d’espoir de voir nos parlementaires français enquêter. Car les conclusions seraient telles qu’une ministre pourrait sauter. Ou du moins, quelques fonctionnaires, fusibles disponibles dans les alcôves des cabinets ministériels. C’est même la révocation de Margaret Chan que les commissions parlementaires des Etats pourraient exiger (et que je demande en tant que citoyen du monde) mais cela n’aura pas lieu. Dommage car il y va de la démocratie et de l’acharnement sanitaire mené dans diverses pathologies où il est établi que les laboratoires payent des experts pour façonner de nouveaux maux susceptibles de déclencher des achats de soins. Avec la bienveillance des Etats. Hypertrophie de la technique et d’une science déviée et virant à l’irrationnel. Nous sommes bien dans un âge crépusculaire !
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* Albert Osterhaus, entretien avec Olivier Postel-Vinay. Que faire devant la menace de pandémie ? « Intensifier l’effort de recherche, car il nous reste beaucoup à faire », répond A Osterhaus. Et de citer parmi les actions envisagées, l’amélioration des méthodes de fabrication du vaccin et des antiviraux. Il faut apprendre à les produire plus vite, et en plus grande quantité. « La fabrication du vaccin actuel se planifiant sur sept mois, on peut douter, en l’état actuel des méthodes de fabrication, que l’on puisse faire plus vite en cas de nouveau virus », a précisé A Osterhaus. De plus, les industriels doivent développer des méthodes alternatives de culture du virus – actuellement sur œuf embryonné – sur cellules vero, par exemple. De fait, les poules ne peuvent accélérer leur ponte à des fins de production, et quoique les élevages au service de la production du vaccin soient sécurisés, il ne faut pas mettre… tous ses œufs dans le même panier. Concernant les capacités de production des antiviraux, les moyens sont également trop limités, regrette A Osterhaus : nous ne pouvons couvrir que 2 % de la population mondiale, a-t-il indiqué. Et, last but not least, il nous reste beaucoup à apprendre sur les mécanismes de résistances aux antiviraux. Aucun pays au monde n’est actuellement prêt, a conclu l’orateur au terme d’un exposé dont la tonalité s’accordait bien avec son cadre de Hot Topic.
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