Paradoxon Magnus, tempus fugit et Deus ex machina (*)
Réflexions naïves sur le Néant ou circonvolutions matérialistes aux alentours de Rien.
Voici les prémices d'une expérience que j'ai commencé il y a une petite dizaine d'année, que j'ai dû interrompre faute de temps et que j'aurais pu sous-titrer aussi « Carnet de voyage d'un fou ».
Peut-on s'emparer des grandes questions si l'on n'est pas un savant diplômé ?
J'ai voulu avoir une réflexion personnelle sur quelques grandes questions dont le Néant. Pour cela je me suis volontairement (et momentanément) soustrait de la démarche habituelle de lecture et d'étude de travaux faisant autorité en la matière. C'est plus cette démarche qui m'intéressait quand j'ai commencé cet exercice que le résultat de celui-ci.
Le risque est de rester coincé dans des impasses déjà localisées, de se perdre dans de mauvaises directions probablement déjà explorées, de passer à côté d'itinéraires depuis longtemps balisés. C'est aussi l'intérêt. J'ai choisi de me passer du « guide du routard » de la pensée et découvrir le paysage avec le moins de bagage possible, même s'il est difficile d'échapper à la culture que l'on traîne en bagage si mince soit-il. Et, si des chemins sont sans intérêt ou mauvais pour certains, ils peuvent fasciner d'autres.
Réflexions naïves, mais qui m'ont fait aboutir à une solution intéressante. Je n'ai ni la prétention ni la candeur de penser que c'est LA solution. En revanche cette solution m'est un précieux garde-fou contre la « nature » troublante du Néant, un moyen de dompter cette bête existentielle.
Le résultat pourrait peut-être intéresser certain(e)s, et ne peut prendre tout son sens que s'il est soumis à la critique.
Toute ressemblance avec des faits n'ayant jamais existé ne serait probablement fortuite.
Ce texte est composé de 2 parties :
Partie I : Texte brut avec quelques coupes, quelques ajouts et un très bref résumé à la fin pour les plus pressés.
Partie II : une « synthèse » logique.
Les deux parties pouvant être lues indépendamment mais la deuxième étant un condensé de la première contient donc des redites.
PARTIE I : Réflexions naïves sur le Néant
« Qu'est-ce que le Néant ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
Se posant la question « pourquoi y a-t-il quelque chose ? », on exprime la gêne occasionnée à notre intuition (pour simplifier j'utiliserai parfois indifféremment, peut-être abusivement, intuition et imagination) par la non connaissance d'une causalité. Nous aurions tendance à trouver logique qu'il y ait « Rien » s'il n'y a aucune raison à ce qu'il y ait « quelque chose ».
Mais qu'est « Rien » ?
Laissons parler quelqu'un qui comme moi n'a pas d'habilitation officielle particulière à s'emparer de ces interrogations philosophiques ou métaphysiques. Il s'agit d'Ève Angeli (chanteuse) que je ne connais qu'au travers de l'entrevue qui suit :
lien vidéo
[Retranscription :
Intervieweur : - « De quoi le Néant se compose-t-il ?
Eve Angeli :- Alors ça c'est marrant c'te question, « de quoi le Néant se compose-t-il ? », parce que depuis que j'suis gamine, je me suis toujours demandée « à quoi ressemble le Néant ? ». J'ai essayé de me représenter, et ça m'faisait super peur parce que j'me disais : « Tu n'peux pas te représenter le Néant » parce que par définition le Néant c'est rien ! Le Néant c'est rien. Et quand tu te dis ça, tu t'dis « Rien » c'est quoi ? Rien c'est quelque chose quand même puisque c'est « Rien » !
Et donc t'essayes de visualiser le « Rien », donc le Néant et ça fait peur parce que tu y arrives pas.
Rire ; non ça c'est catastrophique... Mais si à la rigueur, j'essayais de me le représenter, j'dirais qu'ça peut s'approcher d'un espace vide … à la rigueur ; donc on pourrait dire que l'espace … c'est le Néant ! Mais une fois de plus euh … ça s'approche du Néant l'espace mais ce n'est pas le Néant puisque le Néant c'est le Néant tu vois. Alors c'est très très dur euh… Essayez de visualiser chez vous le Néant, vous allez voir si c'est simple hein !]
Cette réflexion relatée d'une façon ingénue et qui me fit sourire, a suscité nombre railleries. Moqueries faciles qui dans une certaine mesure m'ont un peu agacé, car d'une part je ne me sentais pas plus malin ni plus avancé qu'elle, et d'autre part, si le registre est éminemment tout autre, sur le fond elle ne fait qu'exprimer la même préoccupation existentielle décrite par Platon :
« (...) le non-être absolu ou par néant, contraire absolu de l'être qu'on ne peut pas même concevoir » « (...) au point que la pensée ne peut supporter qu'avec peine ce climat d'inanité radicale où ses points d'appui ordinaires lui font défaut (...) ».
C'est un sujet qui semble absurde ou vain voire gênant.
Le Néant fait partie des grandes angoisses existentielles primales. Comme la mort qui en est, d'un certain point de vue, son pendant ou comme celle qu'éprouve l'enfant qui se demande d'où il vient. Toutes sortes de réponses lui sont apportées, on l'envoi dans les choux ou sur les roses, on lui fait un cours d'ensemencement agricole ou apicole, quand on ne l'envoie pas promener dans le baluchon d'une cigogne. Il ne se souvient pas de la petite graine qu'il était, encore moins de ce qu'il aurait pu être ou pas avant, à partir de quand a-t-il commencé a exister, à avoir une conscience ? Comment lui expliquer ce qui reste un mystère pour les adultes ?
On élude et éluder n'est point élucider.
Éludées : c'est l'impression qu'il me reste des rares discussions que j'ai pu aborder sur le thème car au mieux les débats étaient rapidement clos par des répliques finales sentencieuses et sans appel telles que :
« Le Néant est un non-concept ». (ou « n'est que pur concept »)
Je suis d'accord que ce qui n' « est » ne saurait être décrit. Certes, mais n'y-a-t-il vraiment rien à en dire ? Son évocation ne peut-elle engendrer des questions attenantes ou périphériques intéressantes ?
Comme beaucoup les théories sur l'origine de l'Univers et ses probables configurations sont des sujets qui me passionnent. Or malgré les grandes compétences de leurs savants auteurs et la reconnaissance qu'ils peuvent avoir de leurs pairs, aucune de ces théories ne fait l'absolue unanimité. Toutes ont leur intérêt et leur cohérence mais divisent la communauté des scientifiques. Selon les théories l'Univers a des configurations différentes : infini, fini mais non borné, chiffonné, gémellaire, fractal, holographique, …(**)
Pour son origine, la (théorie) plus connue est le Big Bang. C'est en cogitant sur ce phénoménal événement que je me suis plus particulièrement intéressé à la question du Néant, via « pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ? »
C'est fabuleusement abasourdissant d'imaginer que subitement, à partir de rien et de nulle part une telle profusion d'énergie qui va prendre la forme et les dimensions d'un univers surgisse. Pourquoi, comment ?
Un proverbe africain dit « Si tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens. »
L'Univers d'où vient-il ? Qu'y avait-il avant ?
Pour ne pas faire un exposé trop laborieux de mes errements je vais prendre quelques raccourcis (« (…) » ) et ne rendre compte que des principales « hypothèses » sur lesquelles je me suis échoué.
Qu'y avait-il avant ? : « Rien ».
Antériorité. Origines diverses.
Il n'est pas question ici de nier l'existence d'un possible être créateur, mais cette hypothèse ne fait que décaler le problème : Dieu a créé le monde (disons l'Univers), mais lui d'où et comment émane-t-il ? L'intervention divine ne résout pas le problème d'Antériorité. Non plus que d'autres théories, comme la possibilité qu'il y ait d'autres univers parallèles ou prédécesseurs.
Pour simplifier, l'émergence de l'Existence (l'Univers) ex nihilo sous la forme du Big Bang il y a presque 14 milliards d'années servira de base à la réflexion, qui pourrait être transposée en choisissant un autre postulat de départ.
Donc avant l'Origine de notre Univers (le Big Bang) il n'y avait rien : le Néant.
N.B. Je ne sais réellement que penser de cette théorie mais elle peut servir de base à la réflexion pas plus pas moins qu'une autre, disons que l'on peut supposer que « tous les chemins peuvent mener à « Rien » ».
Comment ? Causalité.
Là, les neurones des savants risquent de bouillonner longtemps avant de trouver, si toute fois c'est possible. Pourtant l'esprit humain a une grande capacité d'abstraction et capable de beaucoup d'imagination.
Le fait que les divers théories citées plus haut coexistent, en dehors de celui qu'elles aient probablement chacune une part de vérité, peut laisser penser que, plus que son exactitude, c'est la cohérence d'une théorie qui permet de susciter a priori l'adhésion de l'intuition.
Vertiges de l'infini.
L'imagination peut nous faire voyager très loin, aussi loin que l'on veut.
L'intuition est d'ailleurs fortement sollicitée pour se rendre compte des dimensions cosmiques, qu'elles soient spatiales (lien) ou temporelles.
Pourtant aussi lointaines que soient les observations que nous ayons pu faire, celles-ci sont malgré tout très restreintes en comparaison de l'infini. Il est possible de projeter encore plus loin notre imagination, aussi loin que l'Univers observable ne nous paraîtrait alors qu'un vacillant et lointain point lumineux. (...) Et on peut répéter cette dynamique autant que l'on veut. C'est vertigineux, ça peut être perturbant pour l'esprit de ne jamais atteindre de bord, mais c'est la définition de l'infiniment grand, et notre intuition peut se laisser prendre au jeu. L'infini spatial est comme un horizon que l'on n'atteint jamais et qui ne mène vers nul rivage.
On peut faire la même abstraction avec l'infiniment petit.(...)
Ces exercices ne permettent pas de rendre compte de l'infini, mais proposent un algorithme qui montre que l'intuition peut s'accommoder du (se familiariser avec le) concept, qu'il décrive fidèlement ou non la réalité.
Un autre infini est celui du temps qui s'écoule. Pour le futur on peut s'imaginer les secondes qui s'écouleront sans fin les unes après les autres encore et encore. Qu'il n'y ait pas de fin ne trouble pas significativement l'intuition.
Prenons maintenant le temps à rebours. Mentalement nous pouvons décider de nous projeter des quelques milliards d'années qui nous séparent de la naissance de l'Univers. Ça représente une très longue durée, on peut douter que l'on ne puisse pleinement se rendre compte de ce que ça représente, mais il est intuitivement plausible de s'en faire une idée. Il paraît qu'au delà (avant le big bang), la notion de temps qui passe n'a plus de sens. Cependant rien ne nous empêche d'imaginer que le temps s'écoule comme nous « percevons » qu'il s'écoule ordinairement avant l'Origine. Continuons le rebours. Rien n'interdit dès lors de remonter le temps autant que l'on veut, il ne se passera rien, et ça risque d'être ennuyeux. Même si l'on remonte le temps toujours plus vite jusqu'à ce que les quelques milliards d'années paraissent dérisoires, et continuer encore et encore et toujours plus vite, nous ne terminerons jamais le voyage. C'est le propre de l'infini me rétorquerait-on. Certes mais le fait qu'il n'y ait pas de début n'est-il pas plus vertigineux encore que pas de fin ? Cela voudrait dire qu'avant la naissance de l'Univers, il n'y avait rien et ce depuis toujours, depuis un temps si long, si lointain que l'âge de notre vénérable Univers serait ridiculement dérisoire et insignifiant,durée négligeable, anecdotique. Même si chaque seconde qui passe est une borne éphémère et évanescente d'un temps qui s'écoulera à l'infini, le temps qui s'est déjà écoulé est désormais et depuis toujours infini. C'est un peu perturbant mais notre intuition peut faire cette abstraction.
Pour paraphraser Woody Allen : « L'éternité c'est long dès le début »
Si j'insiste encore sur la capacité d'abstraction de l'esprit humain, c'est que j'émets ici l'hypothèse que :
l'imagination n'a a priori pas de limites, et que tout ce à quoi l'on a pas encore pensé reste potentiellement à inventer.
Et (...) Quelque soit la théorie, si elle a une cohérence, l'intuition peut y adhérer pour peu que l'on n'y soit pas d'emblée obtusément réfractaire.
Mais le Néant qu'en est-il ?
« … souviens-toi d'où tu viens. »
Petite ballade en direction de l'Origine.
Sollicitons donc notre imagination pour poursuivre l'investigation. Nous sommes capables par la pensée, tel un film qui défile en marche arrière rapide de nous imaginer l'Univers rapetissant jusqu'à atteindre la taille d'un point aussi petit que l'on veut (à ne pas confondre avec « le vacillant et lointain point lumineux » évoqué plus haut, quoiqu'un parallèle ou une corrélation seraient potentiellement intéressants). Les galaxies se rapprochent, s' « agglomèrent » jusqu'à ne faire plus qu'une masse qui diminue encore et encore. Rembobinons le film jusqu'à ce que l'Univers ne soit plus que le point fictif d'où il va émerger.
L'Existence ayant surgit du Néant, de « Rien », il faut dès lors se poser la question : qu'est « Rien », comment se le « figurer » ? Comment en rendre compte ?
Étonnamment, « Rien » pose plus de problèmes à l'esprit que les gigantismes cosmologiques que nous avons évoqué.
Tout d'abord il faut bien faire la distinction entre « Rien » et le vide qui sont deux notions différentes. En effet, nous avons visionné le film de l'histoire de l'Univers jusqu'à arriver au point fictif d'où celui-ci allait surgir. L'Univers est réduit à un point imaginaire. Que reste-t-il alors ? Notre imagination ne suggère-t-elle pas un immense espace infini et vide ? Ce qui n'est pas « Rien », car cet espace peut potentiellement contenir. Or si l'on s'en tient à la rigueur, le néant ne saurait être un contenant. Le Néant, c'est par définition l’inexistence absolue. Comment faire disparaître cet infini espace vide ?
Si nous sommes parvenus mentalement à faire disparaître l'aspect matériel de l'Univers, il reste un espace vide, infiniment vaste, qui n'est pas rien. (…) Comment faire disparaître cette espace vide de notre imagination ? Cet espace sans fin, sans frontières est déjà déstabilisant pour notre logique qui a besoin de repères. Mais on peut plus ou moins en faire l'abstraction, même si l'éternelle fuite de l'horizon va à l'encontre de notre besoin de limites rationnelles, bornes qui cependant n'ont logiquement pas lieu d'être. On a peine à s'imaginer que ce soit possible et en même temps, en quoi consisteraient de tels bords qui de plus impliqueraient un au-delà tout aussi impalpable. L'intuition peut trouver des parades, pour s'adapter comme par exemple faire intervenir d'autres dimensions (cas notamment de la configuration fini mais non bornée de l'Univers), faire des contorsions pour s'en faire une idée satisfaisante.
Mais comment faire disparaître cet espace dont on se demande pourtant comment il est possible ?(cf. Nous aurions tendance à trouver logique qu'il y ait « Rien » s'il n'y a aucune raison à ce qu'il y ait « quelque chose ».)
Comment se visualiser son évanouissement sans que de nouveau il ne reste un espace vide, pour que le Néant prenne toute sa signification ? De nouveau la tentation d'évoquer le « non-concept » (ou pur concept) devient alors très forte et stricto sensu justifiée : dans l'absolu ce qui n'est ne saurait être décrit.
Ceci apporte un élément contradictoire à l'hypothèse proposée plus haut sur la non limite de l'imagination de l'esprit humain. Au lieu d'abandonner l'hypothèse modifions la en supposant que :
la seule limite à l'imagination est le Néant.
Le Néant c'est « Rien » avec rien autour c'est-à-dire lui-même.
Ceci relève l'absurde (lien) et dénote le caractère indécidable du Néant.
Existe t-il d'autres concepts qui échappent autant à notre capacité d'abstraction ? Serait-il audacieux d'émettre l'hypothèse que le Néant est simplement impossible, que « Rien » ne se peut ? Et ce serait pour cela que l'esprit humain serait en échec sur le sujet. Et inversement, poussons l'audace à l'acmé : le fait que le Néant mette tant l'esprit humain ou tout autre (soyons fous, délurons) en déroute ne pourrait-il pas être un indice qui permettrait de penser qu'il est impossible ? Ce serait le paradoxe ultime : (la sublimation du trivial)
Le Grand Paradoxe : Il y a quelque chose puisque « Rien » ne se peut.
Autrement dit l'Existence (la Mère Anomalie) « est » car il ne saurait absolument en être autrement. Elle est un compromis illusoire et oscillant entre deux impossibles : le Néant et Quelque Chose.
Corollaires stochastiques, implications aléatoires et autres allégations tergiversatoires. Amusements psychoboles (***).
Le temps une illusion ?
L'aspect inexorable de l'Existence étant absolu, la perception de la dimension temporelle ne peut plus être linéaire. La période précédent l'Origine ne peut plus être perçue de la même façon. En effet l'Origine n'a dès lors plus de sens car si le Néant est impossible, il l'est de tout temps et en conséquence, le temps qui s'écoule n'a plus de sens au delà de l'Origine puisqu'elle n'a elle-même pas de sens, pas de fondement. Autrement dit :
Si le Néant est absolument impossible, il l'est de tous temps, donc l'Existence est de tous temps.
Si l'Existence est de tous temps, l'Origine n'a pas de sens, et effectivement le temps qui s'écoule avant non plus. Ce fait corrobore avec l'absence d'origine (début) du temps proposé plus haut mais contredit le fait qu'il débute avec l'Origine de l'Existence. Ainsi le temps et l'Existence n'ont pas d'origines congruentes, ils n'en ont pas du tout, ni l'un ni l'autre.
Le temps est donc soit un concept très artificiel, une dimension subjective, soit s'écoule très différemment de ce que nous percevons, soit il obéit à des règles différentes lorsqu'on s'approche de ce que nous envisageons comme l' « Origine », le Big Bang qui serait un horizon que nous n'appréhendons pas correctement. Le temps pourrait aussi avoir un aspect fini mais non borné ou gémellaire ou fractal …
Envolée lyrique.
Une indécidabilité si puissante, si prégnante et si inexorable qu'elle envahirait le Néant d'une folie incoercible, incontinente génératrice, inéluctable manifestation, s'il avait conscience de lui-même (ou lui conférerait irrémédiablement et immédiatement une (prise de) conscience fulgurante).
L’Existence serait ainsi un compromis schizophrène entre rien et autre chose. Un perpétuel va et vient entre la proximité de « Rien » et « autre chose ». Une manifestation du mal(non-)être du Néant, la manifestation matérielle de son insoutenable doute(non-)existentiel, le résultat de la perturbation provoquée par son indécision métaphysique oscillante et permanente.
(...)
Les dimensions spatio-temporelles, la matière, ne sont plus que des réminiscences illusoires des agitations fiévreuses, des soubresauts oscillatoires spasmodiques, des cauchemars existentiels du Néant dont nos consciences captent les signaux et en renvoient des échos.
Ces frémissements transcendants se cristallisent en des lois immuables, des constantes, exemple :
Dichotomie du Néant - Le nombre d'or ou comment « Rien » garde ses distances avec « Tout » - Allégorie d'Adam et Ève.
Si la frontière entre le néant et le tout (c'est-à-dire lui même car équivalent (...)) était au milieu des deux, autrement dit, si le Néant pour ne plus être moins que seul (le Néant n'est même pas seul, car seul c'est l'unité donc bien plus que rien), pour ne plus être lui-même ou plutôt cesser de n'être plus, décidait de se scinder en deux (c'est une image), le pire choix ne serait-il pas le milieu, la symétrie parfaite ? Les trois quarts, i.e. la moitié plus la moitié de la moitié, guère mieux,(...) en fait aucun nombre avec un nombre fini de chiffre après la virgule. Le néant doit vraiment se perdre pour ne plus « non- être », ne plus savoir où il a tranché pour ne plus se retrouver. Ni trop au milieu, ni trop éloigné et de façon la plus irrationnelle possible, une dissymétrie équilibrée mais fugitive, fuyante, fugace, quoi de mieux alors qu'un nombre tel que phi, le nombre d'or ? D'autres nombres pourraient faire l'affaire. Néanmoins, si selon certains, on attribue au nombre d'or une dimension exagérément mystique, ce nombre a cependant des propriétés intéressantes et une occurrence véritable dans la nature. Comment l'intuition peut appréhender des nombres tel que phi, pi ou d'autres constantes ou encore des lois universelles et la « fatalité » de leur existence ? Dans la même lignée, le cercle est une figure à la fois finie (visuellement) et infinie (aucun et tous les points du cercle ne peuvent être considérés comme les premiers ou les derniers, ni se distingue des autres) et sa circonférence est définie par pi, un nombre transcendant.
Deus ex machina
(...)Toutes ces considérations n'interdisent pas quelque existence divine, et autorisent toutes les configurations évoquées et d'autres encore. Lorsqu'on tient compte des « infinis » temporels en regard de la très jeune « apparition » de l'Univers et a fortiori de l'espèce humaine il est très légitime et raisonnable de considérer la possibilité de l'existence de formes d'intelligences transcendantes, ainsi que l'existence d'univers plus anciens ou distincts.
(...)
La Nature n'a pas horreur du vide, elle en est presque exclusivement composée, en revanche elle est en perpétuelle fuite du Néant.
(…)
Résumé.
En utilisant quelques exemples sur la capacité d'abstraction de l'esprit humain et estimant que l'intuition a plus besoin de cohérence que de véracité pour ne point se déliter, je me risque à une première hypothèse : « l'imagination n'a a priori pas de limites, et tout ce à quoi l'on a pas encore pensé reste potentiellement à inventer ».
Puis poursuivant plus loin la réflexion je suis contraint de modifier cette hypothèse : « la seule limite à l'imagination humaine est le Néant ».
N'en restant pas là, et après avoir proposé une hypothèse plus audacieuse encore : « Le fait que l'esprit humain ne puisse appréhender le Néant n'est-il pas un indice qui permettrait de penser qu'il (le Néant) est tout simplement impossible ? ».
Je vais même jusqu'à proposer la « théorie » :
« Le Grand Paradoxe : « Rien » ne se peut. »
Autrement dit, que l'Existence est inexorable. Théorie qui a l'avantage d'être invérifiable et surtout de n'en contredire aucune autre.
Arrivé à ce point plus rien n'arrête mon délire, allant même jusqu'à proposer des corollaires à cette « théorie » qu'il conviendrait d'ailleurs mieux d'appeler une hasardeuse assertion.
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(*) Le (pseudo-)latin ça fait pompeux mais que c'est beau.
(**) Infini mais non borné, chiffonné : cf Jean-Pierre Luminet ;
Gémellaire : cf Jean-Pierre Petit et Andrei Sakharov
Fractal : cf Nassim Haramein
Pour ne citer que ces références.
(***) cf (*), les néologismes avec des racines pseudo-grec aussi.
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PARTIE II : Condensé ou ossature logique
Par définition le Néant est la négation absolue de l'Existence.
Il faut se poser la question qu'est l'Existence ?
Pour cadrer ou simplifier la réflexion posons :
zéro – éviter l'écueil sémantique : la négation de la négation pour l'Existence,
un - que l'Existence c'est l'Univers et tout ce qu'il comporte (et éventuellement un espace vide et englobant au delà),
deux - que l'Univers est unique et sans prédécesseur,
trois - qu'il est issu du Big Bang donc possède une Origine : le Big Bang,
quatre – qu'avant lui, il n'y avait rien donc connaît une Antériorité : le Néant,
cinq – la réflexion sera matérialiste et linéaire dans un premier temps.
Trame de la réflexion : paradoxes inhérents au concept du Néant. (ou non-concept ou pur concept)
Par définition :
« Ce qui n' « est » ne saurait être décrit »
Postulats :
- Causalité : Nous aurions tendance à trouver logique qu'il y ait « Rien » s'il n'y a aucune raison à ce qu'il y ait « quelque chose ».
- l'imagination n'a a priori pas de limite : tout ce que l'on a pas imaginé reste potentiellement à inventer.
Questionnements induits et concepts attenants :
Antériorité : de combien de temps le Néant a-t-il précédé l'Existence ?
Concepts : infinis spatio-temporels, dimensions subsidiaires et vacuité.
Échec de l'Esprit à se représenter le Néant.
Puisque le Néant « est » la Non-Existence absolue, pour s'en faire une idée il faudrait mentalement faire disparaître l'Univers. Par exemple en « rembobinant » en marche accélérée le « film » de l'histoire de l'Univers.
Si toute la matière disparaît (en un point supposé d'où se déclenche le Big Bang) il reste un espace infini et vide.
Or le Vide n'est pas le Néant. Un espace infini et vide est potentiellement un contenant ce qui n'est pas « Rien ».
Est-il possible de faire disparaître cet espace infini et vide de son imagination ?
Supposant que non, la seule limite à l'imagination devient alors le Néant.
Paradoxe de causalité : il n'y a pas de raison que cet espace vide existe et pourtant nous n'arrivons pas à le faire disparaître sans qu'il soit remplacé à nouveau par un autre espace vide.
Assertion : le fait que le Néant soit le seul concept qui mette l'imagination en déroute comme indice qu'il est tout simplement impossible.
L’Existence n'a pas de raison d'être mais le Néant est impossible.
Théorie : Le Grand Paradoxe : « « Rien » ne se peut ». « L'Existence est inexorable »
Le Néant est la négation absolue de l'Existence.
Or l'Existence sans cause n'a pas lieu d'être donc a priori impossible.
Mais soit nous sommes la preuve qu'il y a quelque chose plutôt que rien, soit l'Existence est l'illusion de Quelque Chose que nous percevons et dont nous faisons partie.
Déduction empirique :
L’Existence est un compromis illusoire (en oscillation permanente ?) entre un impossible (Le Néant) et un indéfini (Quelque Chose) ou entre deux impossibles : le Néant (impossible conceptuel absolu) et le Tout (impossible matériel car serait la coexistence simultanée de tous les possibles, le Néant compris) ou entre le Néant et lui-même.
Infini spatial et dimensions subsidiaires.
Nous avons une estimation des dimensions de l'Univers (matériel). On suppose qu'il n'est pas infini, car ça supposerait qu'il y ait une infinité d'étoiles et impliquerait que nous ne pourrions avoir de nuit à cause de la lumière générée par celles-ci. Donc l'Univers matériel est a priori fini, même s'il est en expansion. Ce qui n'exclut pas qu'il y ait un espace vide est infini au delà des étoiles périphériques au sein duquel notre Univers serait insignifiant. Cet infini spatial est comme un horizon fuyant qui ne mène vers nul rivage. C'est assez perturbant qu'il n'y ait pas de bords, mais ils n'ont pas lieu d'être et en quoi consisteraient-ils ? De surcroît l'au-delà de ces frontières serait tout aussi impalpable et poserait le même problème. C'est une des raisons pour lesquelles l'existence d'autres dimensions spatiales que les trois que nous percevons est une probabilité envisageable intéressante pour pallier à cette « anomalie ».
Infinis temporels.
Futur : on a pas de peine à s'imaginer le futur temporel comme infini, le temps s'écoule seconde après seconde et pour toujours. Indépendamment du sort de l'Univers.
Passé : on a une estimation de l'âge de l'Univers, quelques 14 milliards d'années environ. À notre échelle c'est faramineux.
Il paraît qu'avant l'Origine (de l'Existence), i.e le Big Bang, l'écoulement du temps n'a pas de sens.
Rien n'empêche cependant de supposer qu'il s'écoule au-delà comme nous le « percevons » ordinairement.
Nous pouvons alors remonter le temps au delà du Big Bang. Mais de combien de temps ? Comme pour l'infini spatial, il n'y a pas de raison qu'il y ait de limite. Donc pas d'origine pour le temps. C'est proprement vertigineux. L'âge de notre vénérable Univers est alors comparativement dérisoire, comme le sont ses dimensions par rapport à l'infini spatial.
Pour paraphraser Woody Alen : « L'éternité c'est long dès le début »
Le Néant aurait précédé l'Existence depuis l'horizon des temps.
Peut-on dès lors envisager une fuite du temps telle qu'il aurait à l'instar des dimensions spatiales une ou des composante(s) extra-dimensionnelle(s) pour expliquer cette intangibilité.
Paradoxe consécutif :
Si le Néant est absolument impossible, il l'est de tous temps, donc l'Existence est de tous temps.
Si le Néant est absolument impossible l'Origine n'a pas de sens, et effectivement le temps qui s'écoule avant non plus. Ce fait corrobore avec l'absence d'origine du temps proposé plus haut mais contredit le fait qu'il débute avec l'Origine de l'Existence. Ainsi le temps et l'Existence n'ont pas d'origines congruentes, ils n'en ont pas du tout.
Implications probables :
Le temps est donc soit un concept très artificiel, une dimension subjective, soit s'écoule très différemment de ce que nous percevons, soit il obéit à des règles différentes lorsqu'on s'approche de ce que nous envisageons comme l' « Origine », le Big Bang qui serait un horizon que nous n'appréhendons pas correctement. Le temps pourrait aussi avoir un aspect fini mais non borné ou gémellaire ou fractal … Peut-il y avoir plusieurs dimensions temporelles comme il y a plusieurs dimensions d'espace.
Distinction subjective et artificielle des dimensions spatio-temporelles.
Caractère illusoire de la matière.
Existence de formes d'intelligences transcendantes ou « créatrices ».
Non unicité et non préséance de l'Univers.
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L'illustration intitulée « scary loops » provient d'un site de fonds d'écrans gratuits (www.yah.in)
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