Pas de contentement sans consentement

Nul ne doit chercher son contentement sexuel sans s'être assuré de l'existence du consentement de son partenaire. L'acte sexuel est une interaction qui implique deux personnes humaines. A partir de ce constat, la règle est toute simple : il faut le consentement des deux partenaires avant de consommer l'acte.
La règle est simple mais pas si aisée à mettre en œuvre. Faut-il recourir à la forme de consentement exclusivement explicite, voire écrit ? Les Etats-Unis ont mis en place un éventail d'outils juridiques en préalable aux relations sexuelles entre personnes adultes. Faut-il suivre cette voie ? Mais, ce n'est pas la question qui sera débattue ici. Je veux attirer l'attention sur la différence de culture entre la France et les Etats-Unis à travers l'exemple des réseaux sociaux. Je veux aussi exposer la différence que je vois entre deux façons de concevoir la politique en France : la stratégie du déclenchement et la stratégie de l'enclenchement.
"MeToo" aux Etats-Unis et "Balance ton porc" en France
"MeToo"
C'est une invitation à l'exercice libre de la responsabilité de l'individu. "Me", c'est moi. C'est moi qui décide d'une part si je veux que l'on me considère comme une victime et d'autre part c'est aussi moi qui décide librement et sans pression si je vais témoigner. Je suis invité à témoigner sur mon vécu et pas à dénoncer une personne, du moins pas à titre principal.
"Balance ton porc"
Ici, le message de s'adresse plus à la liberté responsable de l'autre. C'est l'autre qui me commande ! Il veut me contraindre à parler. En outre, il s'agit principalement de dénoncer. Ceci est révélateur du Français qui veut toujours imposer ses vues aux autres. C'est un état d'esprit qui n'a rien du comportement libéral, lequel invite chaque individu à faire comme il l'entend, librement et sans exercer de pression. La dénonciation un peu forcée est moins efficace que l'appel au sens de la liberté de l'individu. Le terme de "porc" stigmatisant pour l'ensemble de la population masculine n'est pas de nature à rendre les hommes disponibles et compréhensifs. Là encore, au lieu de faire le choix de l'efficacité en créant un mouvement de solidarité de toute la société (à savoir les femmes et les hommes), on accentue un clivage entre les sexes.
Sur ces réseaux sociaux, les victimes sont supposées se comporter en adultes. Twitter n'est pas un gendarme. Chacun doit donc faire bien attention à ce qu'il dit et à la façon dont il l'exprime pour éviter des réactions critiques voire très hostiles. Mais les Français sont un peu infantilisés et perdent parfois de vue cette réalité. Ils entrent alors dans le registre de la plainte permanente.
Voilà pour la différence qui me semble exister entre l'esprit français et l'esprit libéral américain. Cela dit, la libération de la parole des femmes est aujourd'hui un mouvement mondial et c'est une excellente chose, une sorte de "printemps arabe" appliqué à la cause féminine ?
Une culture de la citoyenneté
Le plan gouvernemental devrait permettre d'aider à restaurer dans sa citoyenneté pleine et entière la femme victime, mais aussi l'homme au comportement "déviant". En effet, comme l'a dit Macron dans son discours du 26 novembre, "c'est leur part d'humanité qu'ils décident de réduire. C'est à leur citoyenneté qu'ils renoncent." Rectifier le comportement des hommes qui se laissent trop aller et ne respectent pas les femmes, c'est les replacer dans leur citoyenneté et leur humanité.
Et le président d'en appeler à mener ensemble (hommes et femmes) une "bataille culturelle" pour diffuser partout plus de "civilité. Oui, partout, parce que "il n'y a aucun relativisme culturel qui justifie" ces actes.
Le combat est juste. Il faut un "ressaisissement" a-t-il dit, déclarant emprunter ce mot à Baudelaire.
Macron enclenche, ses opposants déclenchent
Il y a une différence, selon moi, entre déclenchement et enclenchement des choses.
Le déclenchement est le lancement d'une polémique, d'une petite guerre, d'une rumeur ou toute autre forme d'évènement qui a pour but de provoquer des remous avec l'idée que cela profitera à celui ou à celle qui en est l'initiateur (trice).
L'enclenchement est tout autre. Ce ne sont pas les évènements qui le commandent. Il va à son propre tempo. Il s'agit d'enclencher les uns après les autres les éléments d'une patiente construction - programmée. Les événements qui surgissent ne bousculent pas le plan : ils y sont intégrés !
Dans l'enclenchement, il n'y a pas seulement anticipation ("gouverner, c'est prévoir"), il y a un souci de proximité avec la réalité et le souci de l'efficacité. Le souci de réussir l'emporte sur l'impulsion et l'épanchement des passions. La Droite se divise ainsi selon ce concept dual : les Républicains qui suivent Wauquiez préfèrent déclencher alors que les autres préfèrent enclencher, qui est synonyme de construire : ce sont les Constructifs.
L'enclenchement, c'est coller au réel. Le réel initie les choses. Avec le déclenchement, ce sont les passions (peur, colère...) qui donnent l'impulsion et qui commandent tout. L'idéologie teinte fortement la seconde démarche, le pragmatisme et l'esprit de justesse qualifient la première.
L'enclenchement parce qu'il vise l'utilité et l'efficacité est source de confiance. Alors que le tempérament prompt au déclenchement n'a plus la cote en ce moment. C'est ainsi que Mélenchon est en chute libre dans les sondages d'opinion et qu'il essaiera peut-être de s'assagir.
Le déclenchement n'est pas toujours mauvais. C'est ainsi que le lancement des hashtag sur Twitter a permis de faire beaucoup de bruit autour de la nécessité urgente de défendre la cause des femmes victimes de harcèlement ou de sexisme. Si l'impact est si fort dans les médias, c'est parce que le mal imprime toujours plus vite et plus fort les esprits que le bien. Or, les médias doivent leur fortune surtout à ce qui va mal... Le déclenchement s'est avéré efficace avec la libération de la parole des femmes sur les réseaux sociaux.
Mais l'enclenchement des choses, anticipé par le candidat Macron et poursuivi par son plan ambitieux prévu sur le moyen terme, est tout aussi utile. Seule la méthode de l'enclenchement permettra cependant de porter sur la durée un tel projet. Un président populiste ou démagogue aurait sorti un milliard d'euros. Mais on sait très bien qu'il n'aurait pas été consommé dans l'année et que les crédits en trop auraient été redirigés ou supprimés en fin d'année budgétaire. On se souvient du budget largement surévalué lors de la montée en puissance du RSA. La surestimation des crédits entraîne des coûts...D'autres auraient annoncé à grand bruit un recrutement rapide de personnels administratifs. Mais là aussi, l'expérience nous montre les dangers de ces promesses : les recrutements à la hâte se font au détriment de la qualité et de la formation. Voyez l'exemple funeste des centres de dé-radicalisation : tant d'argent jeté à la fenêtre et sans résultats !
Qui va lento va sano. Tant que l'essentiel n'est jamais perdu de vue et qu'il sera largement enseigné et diffusé partout :
"Pas de contentement sans consentement !"
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