Pauvreté, pyramide sociale et démographie
Bien des commentaires relatifs à des articles déjà publiés sur Agoravox (et ailleurs) donnant à penser que le nombre de ces articles peut d'autant plus en faire perdre de vue l'objet qu'ils sont complémentaires, ce qui suit voudrait y pallier. Leur lecture partielle peut en effet conduire à l'incompréhension de certains propos, en dépit de la présence de schémas, pourtant insérés en partant du principe que mieux vaut un petit dessin qu'un long discours, c'est donc à la redondance près que sont proposées ci-après quelques précisions quant au rapport existant, selon l'auteur, entre démographie et condition sociale.

Mais d'abord, pourquoi la pyramide ?
Bien d'autres phénomènes peuvent être schématisés par la pyramide sans que cela entraîne les réactions que suscite son application à la répartition des hommes selon leur position sociale. Il suffit d'en citer quelques exemples : la pyramide des âges (qui n'a d'ailleurs rien d'une pyramide et tout du rhomboïde), celle(s) du (ou des) savoir(s), celles des compétences, celles des performances, ... – pour s'en rendre compte et ne pas s'arrêter aux considérations d'ordre idéologique qui font contester, ou pour le moins dévier de sa signification, l'instrument modestement graphique et analytique qu'est la pyramide sociale.
Il est fait ici référence à ce volume en raison du fait que, comparativement à ce qu'il en est pour d'autres, comme la sphère, le cube, le rhomboïde, etc. et a fortiori de figures en deux dimensions et autres courbes et graphiques d'usage courant, la pyramide apparaît à l'auteur comme spécialement représentative de toute structure fondée sur des différences graduées sujettes à segmentation, comme celle distinguant l'exception, qui occupe son sommet, de ses autres habitants devenant de plus en plus nombreux en se rapprochant de sa base. Des similitudes existent par ailleurs entre les dimensions et proportions de la pyramide et celles d'une population ainsi structurée, la rendant propre à illustrer les mouvements de cette dernière. Ainsi :
- À volume (ou population totale dans la pyramide sociale) constant, lorsque la base de la pyramide (siège de la pauvreté dans la pyramide sociale) varie en importance, sa hauteur (écart entre pauvreté et richesse dans la pyramide sociale) varie d'autant, et réciproquement. De même, à critères de segmentation constants, les populations observées (pauvres, classes moyennes et riches par exemple) conservent grosso modo leurs proportions, quel que soit son volume (population totale).
- Le sort assignant à chacun d’entre nous, par sa naissance, une position au sein de la pyramide sociale, cette figure permet d'illustrer ce positionnement dans sa relativité et ses proportions
- La pyramide illustre de manière saisissante le rapport existant entre condition sociale et démographie, le segment dévolu à chaque catégorie sociale étant d'autant plus peuplé qu'il est plus proche de sa base. Une telle observation mène d'ailleurs à s'attarder au nombre de pauvres, et de là aux inégalités qui les désignent comme tels ou inversement.
Dénuées de caractère scientifique, de telles considérations, n'en mènent pas moins à estimer que :
- La démographie ne peut se réduire à l'un des innombrables problèmes auxquels l'humanité est confrontée dans la poursuite de son idéal de justice et de paix, mais qu'elle est la question centrale dont découlent toutes les autres.
- La croissance démographie est la principale cause des déséquilibres de la société, qui ne pourront que s'aggraver tant que l'état de surpopulation auquel nous sommes si stupidement parvenus en deux siècles et qui s'amplifie chaque jour, ne sera pas corrigé.
- La démographie pouvant être l'instrument des pouvoirs, notamment religieux, politiques et économiques, elle détermine la condition humaine en ce sens que, comme déjà évoqué, quel que soit le niveau du progrès et les intérêts des uns et des autres, le hasard assigne à chacun, à sa naissance, sa place dans la société avant que celle-ci ne détermine, pour l'essentiel, les conditions d'existence – donc d'éventuel déclassement, tant vers le haut que vers le bas, de tout individu.
- Aucun des pouvoirs s'exerçant sur la société n'est en mesure de changer sa structure pyramidale ni d'en éradiquer davantage la base que le sommet. Tout au plus peuvent-ils en moduler l'importance en fonction de leurs objectifs, notamment par des incitations à procréer ayant pour premier effet d'augmenter le nombre de pauvres.
- L'influence des classes les plus riches de la société ne peut aller au-delà d'une modification de la base de la pyramide sociale : soit par réduction de leurs propres ambitions, soit au contraire en devenant toujours plus riches (avec répercussion sur le niveau de richesse globale de la société).
- La richesse n'a pas d'autres limites que l'ambition des hommes et les ressources de la planète, alors que la pauvreté, peuplant la base de la pyramide sociale, repose sur un socle constitué de tout ce qui lui est socialement inférieur – y compris les robots dont l'avènement est en cours – sous réserve du niveau d'intelligence auquel ils parviendront
- Penser démographie conduit quiconque ne se limite pas à ses aspects statistiques, à considérer les taux de natalité observables aux divers niveaux de la pyramide sociale, dans leurs différences. Il en découle que l'alignement de ces taux sur ceux des catégories sociales les plus favorisées, fait de la dénatalité le moyen le plus raisonnable et le plus efficace de combattre la pauvreté.
- Une réduction significative de la population la plus pauvre déterminant, en raison de sa forte proportion, une pyramide sociale globalement moins peuplée, entraînant une récession (activité et consommation moindres), sa segmentation demeure incontournablement la même.
- Concernant le partage, il apparaît comme un système de redistribution contraint (solidarité fiscalisée), spontanée (caritative) ou les deux (action humanitaire) qui, s'il peut changer momentanément le sort des individus est sans effets sur la structure de la société ni sur sa richesse globale. Tout au plus peut-il en résulter un tassement de la pyramide sociale, du fait d'un déplacement de richesses vers sa base (ruissellement et infiltration). Mais la nature humaine et la prolifération des plus défavorisés, ont tôt fait de faire s'élever à nouveau la pyramide, donc de recréer de l'inégalité.
Rappel de quelques données d'ordre général, indépendantes du concept de pyramide sociale
- Richesse et pauvreté (en tout) existant l’une par l’autre, il est aussi vain que stupide de prétendre éradiquer l’une comme l’autre, l'action civilisatrice de la société ayant néanmoins pour but premier de combattre cet état de fait en vue d'en réduire les effets.
- La condition sociale de chacun est avant tout héréditaire – les pauvres enfantent des pauvres comme les riches enfantent des riches –, et en dépit de déclassements vers la richesse ou vers la pauvreté au cours de leur existence, les êtres humains meurent, dans leur immense majorité, dans la condition où ils sont nés.
- Les conditions d'existence de la plupart des hommes s'améliorant incessamment avec le progrès, il n'en demeure pas moins que les différences sociales perdurent et augmentent du fait de l'enrichissement général de la société conjugué avec l'augmentation constante de la population (toujours plus de moyens humains de produire et de consommateurs).
- L'augmentation du nombre de pauvres, plus forte, du fait de leur proportion, que celles des autres catégories sociales, est encore amplifiée par leurs taux de natalité, atteignant 3 à 4 fois ceux observés chez les riches.
- La population du globe est passée de 250 millions d’habitants à 1 milliards en 1 800 ans. Elle est sur le point d'atteindre 10 milliards depuis, soit en seulement 3 siècles.
- En vingt siècles, l'humanité a généré 1,5 milliard de pauvres profonds, soit 6 fois ce qu'était la population terrestre au début de son entreprise civilisatrice, toutes conditions sociales confondues.
- Chaque jour la population mondiale augmente de 250 000 individus, dont la grande majorité va, selon le mécanisme évoqué ci-dessus, s’ajouter aux plus pauvres.
- Toute croissance – en particulier économique – est vaine, quand le nombre de ceux auxquels elle est censée bénéficier augmente plus vite qu’elle.
- L'humanité vit dans un monde limité, sauf hypothétique conquête de l'espace sidéral, dont le profit serait au demeurant probablement réservé à une infime minorité.
- La part de toute richesse revenant à chacun est d’autant plus réduite que ceux qui y prétendent sont nombreux.
- L’harmonie et la paix ont davantage de chances et de possibilités de régner entre 2 ou 3 milliards d’êtres humains qu’entre 7 milliards et a fortiori davantage.
- La dénatalité peut être un moyen, parfaitement respectueux de la dignité humaine, de limiter la population et de restaurer les conditions d'un meilleure équilibre social.
En conclusion, en dépit d’innombrables révolutions et du progrès matériel dont il est l'auteur, l’Homme est de moins en moins satisfait de son sort, à en juger par la contestation, l’agitation et les violences allant se multipliant dans le monde ; peut-être serait-il temps d’essayer autre chose ?
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