Pénurie d’institutrices, un sujet tabou ?
C'est la question que doivent se poser beaucoup de parents vues les difficultés de recrutement dans le corps des professeurs des écoles, reconnues par l'éducation nationale elle-même. Le principal syndicat d'enseignants du primaire annonce 850 postes non pourvus au concours du printemps dernier. Dans un pays qui compte des millions de chômeurs, cherchez l'erreur ! Et ce fameux statut de "fonctionnaire" censé faire rêver les diplômés ?
Il convient d'être lucide. Quand un jeune diplômé à bac+5, niveau requis pour passer les concours, cherche un emploi durable, il aura à tendance à prendre le train (ou l'avion) et à chercher sous d'autres cieux des salaires et des conditions de travail plus attrayants que ce qu'on lui propose dans l'hexagone. Un salaire médiocre dans un pays où le logement est devenu coûteux, des classes dissipées au public hétérogène avec en prime des parents immatures et assistés, cela ne permet pas d'attirer les vocations. Le meurtre de l'institutrice d'Albi fut la partie visible d'un iceberg qui dérange nos consciences...
Récemment un vieux monsieur me relatait la mésaventure de sa fille qui fut prof d'école en banlieue parisienne. Les comportements de ses élèves de CM1 relevant de la psychiatrie lourde, elle décida de démissionner, ce qui était son droit après tout. "On" fit parait-il pression sur elle, avec chantage à l'interdiction d'exercer dans un emploi public en France si elle partait sans autorisation de l'académie (!)... réalité ou intox, toujours est-il qu'elle est passée outre afin de préserver sa santé mentale. Et elle a bien fait, car elle a trouvé par la suite un contrat en Suisse allemande (à Zurich) de prof de français (avec le permis de séjour...). Son père m'expliquait qu'elle gagnait le double de ce qu'elle touchait en France, avec un public d'êtres humains civilisés en prime. Le logement n'étant pas plus cher qu'à Paris, elle vivait correctement.
Chacun d'entre vous pourrait relater un fait similaire, un témoignage d'un proche ou d'un ami sur le sujet. Or il semble qu'une chappe de plomb se soit abattue sur le sujet dans les grands médias. Ah oui, il faut bloquer le salaire des fonctionnaires, repousser l'âge de départ à la retraite etc. la révalorisation du difficile métier d'enseignant n'est pas à l'ordre du jour. Nicolas Hollande, Manuel Sarkozy et François Valls ont d'autres chats à fouetter comme on dit.
Il est vrai que les princes qui nous encadrent n'ont pas de soucis en matière de scolarisation de leur progéniture. Ils paient souvent des précepteurs à domicile, comme les aristocrates sous l'ancien régime, ou envoient leurs gosses dans des écoles privées "select", bien équipées, aux enseignants recrutés sur profil et sans "problèmes de violence"... ces gens se fichent du peuple, ils ne font que vivre sur son dos.
Vous me rétorquerez que nous sommes en crise, qu'il y a un déficit etc. Mais tout est question de choix. Nous sommes en période d'élections sénatoriales qui ont vu quelques centaines de rentiers, élus par on ne sait trop quels notables, investir une assemblée bis qui coûte des millions d'euros aux français... Quand fera-t-on tomber cette inutile Bastille qu'est le sénat afin de récupérer l'argent qui serait utile pour l'éducation de nos enfants ? Les écoles des milieux populaires et leurs institutrices ne sont-elles pas plus utiles à la société qu'un hospice de luxe pour vieillards encravatés ?
ci-joint un lien vers un sîte professionnel qui énonce des statistiques :
http://08.snuipp.fr/IMG/pdf/postes_perdus_concours_2014_exceptionnel.pdf
25 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON