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Accueil du site > Tribune Libre > Père Noël, sauve les grands enfants de l’Université Toulouse Mirail (...)

Père Noël, sauve les grands enfants de l’Université Toulouse Mirail !

Une lettre ouverte résumant les événements à l’Université Toulouse Mirail depuis son blocage. Le point de vue est celui d’un partisan à la réouverture de cette fac, qu’il demande en cadeau au Père Noël.

Cher Papa Noël,


A mon âge, je ne sais pas s’il est de bon ton de t’écrire, mais là situation est telle que je ne sais plus trop bien à quoi ou qui m’accrocher.

Voilà. Comme plus d’une vingtaine de milliers de personnes en 2008 (certaines venant d’autres département, région, ou pays), je me suis au mois d’octobre acquitté des frais d’inscription de l’Université Toulouse II - Le Mirail (UTM) pour obtenir la qualité d’étudiant et pouvoir y poursuivre une formation que j’ai choisie parmi le large panel d’enseignements proposés, en espérant qu’elle constitue un bagage solide pour la voie professionnelle à laquelle j’aspire.

Début novembre, j’avais trouvé mes marques et ça faisait à peu près 1 mois que je suivais normalement mes cours dans les différentes salles ou amphis, cours qui parfois été interrompus quelques minutes par des élèves qui venaient nous sensibiliser à la loi LRU/Pecresse, votée pendant les dernières vacances d’été, et qui selon eux allait dans un futur proche pénaliser à la fois l’université, son personnels et ses étudiants. Ils nous invitaient alors à nous renseigner et à débattre dans leur Assemblées générales (AG) organisées régulièrement au sein même de la fac. Ces jeunes, qu’ils soient politisés ou non, développaient leur idées avec certes un peu de prosélytisme, mais il n’y avait rien de bien méchant puisque cela se passait dans le respect de tous, chacun étant libre de les soutenir ou non.

Seulement, Père Noël, j’ai appris par la suite que ces mêmes gens avait prévu, pour le 6 novembre, un piqué de "grève" accompagné d’un blocage des salles de cours et amphithéâtres du Mirail. Je trouvais ça un peu gros (en dépit du fait que ça n’aurait pas été la première fois dans l’histoire de l’UTM) mais je fus bien obligé de constater, ce mardi-là, qu’il n’était guère possible de pénétrer la fac au-delà du portail et des quelques bâtiment de l’entrée (l’Arche et la Bibliothèque universitaire) : les différents accès avait été barricadés par un amoncellement de chaises et tables de cours, que les bloqueurs avaient entassés en masse en y prenant le moins de soin possible, le tout renforcé par des chaînes et plus généralement tout ce qui a pu leur tomber sous la main.

Comme la majorité des étudiants de l’Université, je ne m’étais pas prononcé en faveur d’une telle action, celle-ci m’était imposée par un "Comité de lutte" qui s’autoproclamait seule mouvance représentative des étudiants, et avec laquelle on ne pouvait dialoguer que dans les sacro-saintes AG. Après tout, pourquoi pas ? Mais en fait, Père Noël, en écrivant le mot "dialogue", j’étais dans l’erreur. Car pour y avoir assisté, il devenait rapidement évident que la moindre pensée divergente n’était pas admise : le dissident, s’il avait le malheur de tenter d’exprimer son opinion, se faisait automatiquement rabattre le clappet à coup de huées par l’enceinte qui se devait d’être intégralement dévouée aux dogmes d’une poignée qui avait décidé pour tout le monde qu’il fallait faire la révolution.

Non, Père Noël, ça paraît incroyable, mais entre pseudo-discussions inutiles et interminables à souhait pour casser toute envie de contestation sur les points essentiels, couplées à une multitudes de votes à main levée aussi longs qu’impossibles à comptabiliser, ce grossier simulacre de démocratie, au sein d’une assemblée fortement limitée en nombre par rapport à l’ensemble des intéressés, n’empêchaient pas les meneurs de décréter que tout le Mirail était en lutte !

Et ainsi les jours puis les semaines passèrent, sans grand changement : le blocage était reconduit d’AG en AG, qui le justifiaient de plus en plus difficilement. Mais au fond ça n’était pas grave, car les grands manitous de l’idéologie révolutionnaire toulousaine avaient bien compris qu’il n’y a pas besoin de l’assentiment général du peuple pour diriger, il suffit de prendre tout le monde en otage... Ô Père Noël, qu’allions-nous faire pour rétablir la situation pacifiquement, sans devoir attendre Dieu sait combien de temps que la poignée de jeunes tyrans en manque de consistance existentielle s’autolisent à la vue de leur inévitable échec ? Etait-ce vraiment peine perdu pour les partiels de notre premier semestre ?

Un sentiment de découragement avait envahi notre majorité silencieuse, jusqu’à ce que, providentiellement, la plus constructive et démocratique des mesures soit annoncée : une consultation à bulletin secret du maximum d’étudiants du Mirail sur leur opinion vis-à-vis du blocage ("Etes-vous pour la fin du blocage  ?"), organisée par la direction de l’université pour le lundi 26 novembre. Les bloqueurs allaient publiquement être désavoués, enfin !

Lundi 26 donc, le vote a débuté à partir de 10 heures, avec un important flot de participants, alignés derrière des barrières. Tout se déroulait dans de bonnes conditions. Mais les étudiants grévistes ont voté dans une AG se déroulant en même temps (et qu’il considéraient comme largement plus légitime) le boycott du référendum sur le blocage. Mais ne maîtrisant pas exactement le sens du mot "boycott" qui les aurait simplement exclus de la consultation, ils ont plutôt entrepris une vaste opération de sabotage. Sans même attendre la fin de l’AG, une première vague de bloqueurs viennent créer un conflit dans la zone de vote, mais malgré leur tentative, n’étant pas assez nombreux, ils sont repoussés. Mais ces bêtes-là sont coriaces : à la fin de l’AG, peu avant midi, la quasi-intégralité des participants se dirige vers le vote. S’ensuit une action confuse où une masse de gens pousse pour passer voler les urnes. Ils retirent les barrières, l’agitation grandit et une bagarre se profile, avec insultes et menaces diverses de la part des manifestants. Naturellement déboussolé, le président de l’Univerisité s’est vu contraint de monter sur une chaise et de prononcer l’annulation du vote afin de calmer les fous furieux venus s’en prendre directement à ceux qui allaient se prononcer pour leur chute.

Plus tard dans l’après-midi, on apprend par un communiqué de la fac que celle-ci serait fermée administrativement pour plusieurs jours. Théoriquement, cela aurait dû signifier l’évacuation de toute les salles. Or, en l’absence de réelle contrainte physique, il n’en a rien été, et il n’en est toujours rien. Aujourd’hui, ceux que l’on peut désormais considérer comme la gangrène du fascisme de notre Université continuent à jouir des pleins pouvoirs acquis et maintenus par la comédie (AG) et la violence, et retirent sans vergogne à plus de 20 000 étudiants les droits fondamentaux qui consistent à pouvoir se déplacer librement ainsi qu’à s’instruire.

Père Noël, comme beaucoup, alors qu’approche les vacances et les partiels de janvier (s’il en est encore question), je suis au bout du rouleau ! Je ne veux pas céder au radicalisme et à la violence qui sont les armes de mes adversaires, pourtant j’aimerais tellement que les choses évoluent, et si possible dans le bon sens. Je ne veux pas de jouet, je n’ai plus l’âge. Non, Père Noël, mon souhait aujourd’hui rejoint celui de tant d’autres : je veux une fac libre, pas une fac occupée ! Je veux une fac qui appartient à ses étudiants, à ses professeurs et à son personnel, pas une fac à la merci d’une bande de fauteurs de troubles ! Je veux une fac qui m’enseigne la tolérance, le respect et la démocratie, pas une fac où règne la loi du plus fort et le totalitarisme ! Je veux une fac qui me donne l’opportunité de m’épanouir et de réussir, ce qu’au fond je souhaite depuis toujours, Père Noël.

Je pense avoir été bien plus sage que certains de nos geôliers à qui tu ferais mieux d’offrir un livre sur les bonnes manières. Tu conviendras comme moi que la fin ne justifie pas les moyens, et que le blocage de toute fac n’est en aucun cas une forme d’opposition constructive face la loi Pecresse (opposition qui n’est pas remise en cause, si tant est qu’elle n’amène pas à des situations aussi contestables). Alors s’il te plaît, je t’en conjure, offre pour Noël (et même avant !) le plus beau des cadeaux aux grands enfants du Mirail : réouvre notre Université, et toute les autres, pour le bien de tous.

En te remerciant d’avance, mon bon Père Noël.

Choplair, pro-débloqueur pacifique de l’UTM, le 28/11/2007.


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12 réactions à cet article    


  • Aero 29 novembre 2007 13:24

    Cher Choplair, Je ne suis pas le Père Noël mais pour l’avoir rencontré je sais que c’est un homme sage et attentif. Pour ma part, je suis toujours étonnée qu’une petite poignée d’individus puisse bloquer quelques 20 000 personnes. Ne croyez vous pas que tous réunis vous pourriez sans violence arriver à débloquer votre université. Le renoncement laisse place à l’anarchie, à la dictature de quelques uns. Le Père Noël vous aidera peut être mais je crois qu’il faut d’abord vous aider vous même. Unissez vous et cette poignée d’individus reculera car en général ils ne sont pas téméraires même s’ils sont dangereux.

    Aero.


    • Christophe Christophe 29 novembre 2007 14:29

      @Aero,

      Merci de ce commentaire.

      En effet, même ma fille, étudiante au Mirail tient les propos de notre auteur. Pourtant, comme vous le dites, et c’est tout autant le discours que je lui tiens, il reste surprenant qu’une large majorité ne sache pas s’entendre pour faire plier cette minorité.

      Loin de moi l’idée de soutenir les bloqueurs ; leurs actions sont bien trop anti-démocratiques. Mais la démocratie n’est pas un héritage immuable, et il faut savoir se battre pour obliger le respect de ses règles.

      Il est certain qu’à part faire étalage de son désaccord individuel, sans s’organiser collectivement pour faire plier les bloqueurs, les choses ne changeront pas ; sauf à croire ... au Père Noël. smiley


    • Choplair Choplair 29 novembre 2007 20:53

      Je suis Choplair, l’auteur de cette lettre. Eh bien en fait sachez qu’en fait le Père Noël n’est qu’un recours parmi d’autres, plus réalisable.

      Sachez que justement aujourd’hui même nous avons entamé, une partie des étudiants exaspérés (non nous n’étions pas les 20 000 étudiants du Mirail sinon s’eut été encore plus simple) que nous sommes a entreprit le déblocage de la fac. Et se fut un succés ! Nous avons libérer tous les portails des diverses chaines et amas de tables / chaises les bloquant.

      Seulement voilà, nous avons réalisé cette action pendant que les bloqueurs été partis manisfester au Captitole, nous n’étions pas assez nombreux pour pouvoir maintenir le rapport de force une fois qu’ils reviendraient. On est donc parti en sachant que le lendemain ça serait rebloqué.

      Mais au moins ça prouve qu’on existe, et qu’on commence (car j’espère bien que ça va continuer) à se mobiliser. Espérons que cette reconquète symbolique reveillera les autres étudiants qui veulent travailler, et qu’ils se joignent à nous, pour définitivement faire tomber la dictature qui règne actuellement sur notre établissement.


    • Fuchinran Fuchinran 29 novembre 2007 15:38

      « Ne croyez vous pas que tous réunis vous pourriez sans violence arriver à débloquer votre université. »

      Bon courage...

      J’ai été dix ans étudiante au Mirail, jusqu’à l’achèvement de ma thèse. J’ai évité les grandes grèves qui ont ponctionné plus de 3 mois de cours sur une année qui n’en compte en réalité que 6 (hors vacances) car j’étais en prépa au lycée Fermat et que dans ces lieux là, il n’y avait aucune contestation et il était hors de question pour les étudiants pas plus que pour les profs de se joindre aux manifestations de 95, 97.

      Ensuite, j’ai surtout eu la chance que mon année de licence ne voie pas de mouvements sociaux. Cela s’est produit en maîtrise, mais les professeurs assuraient malgré tout les cours des maîtrises et des capétiens, malgré un arrêt pendant quelques jours... Et ensuite, les cours des 3ème cycles n’étaient pas atteints, car ils étaient aussi réalisés avec des fonds divers et qu’on ne pouvait pas se permettre de les supprimer au risque de voir disparaître (au moins dans des matières comme la mienne l’anthropologie) le domaine intellectuel au complet !

      Franchement, je n’ai pas « souffert » d’être au Mirail même quand nous étudions dans des algecos pendant plus d’un an et demi avec le froid et le manque de lumière à cause de l’explosion d’AZF. L’important était d’avancer !

      Mais j’entends souvent répéter que cette université est juste un repère d’« extrême-gauchistes branleurs », ce qui m’exaspère car une minorité gâche l’image de milliers d’étudiants. Même si les employeurs feignent de ne pas voir, on se rend bien compte de ce que leur inspire des études au Mirail, non pas parce que l’université n’aurait pas les moyens, mais parce qu’elle a une étiquette dans la région et que je crains qu’elle ne disparaisse pas de si tôt sous prétexte que des « révolutionnaires » veuillent défendre les intérêts de l’Université.


      • snoopy86 29 novembre 2007 20:51

        @ l’auteur

        Avec les cons qui bloquent, pas de dialogue possible ; défendez votre droit à étudier :

        Soit vous êtes UN étudiant ; regroupez vous avec vos amis, prenez battes de base-ball ou manches de pioche et rentrez leur dans le lard.

        Soit vous êtes une étudiante ; alors dîtes à vos copains que ce sont des tapettes s’ils ne font pas ce que je viens de vous suggérer.

        Il faut savoir se battre pour ses droits. En plus çà défoule et çà entretient la forme.

        Les bobo-zozo du site vont me moinsser mais ils savent pour avoir été d’un côté ou de l’autre que c’est la seule solution.


        • Yannick Harrel Yannick Harrel 30 novembre 2007 03:11

          Bonjour,

          Les administrations de plusieurs universités ont pris les devants pour obtenir le déblocage de nombreuses facultés, au début par l’emploi de CRS puis par l’organisation de sessions de vote à bulletins secrets.

          Las, malgré des votes en faveur du déblocage des établissements, il a fallu recourir à nouveau aux forces de l’ordre du fait de l’action agressive et jusqu’au boutiste de certains activistes (dont on peut légitimement se demander s’ils disposent d’une carte d’étudiant en bonne et due forme).

          Je vous recommande cet article du Nouvel Observateur et lisez attentivement la fin. J’ai trouvé ça consternant...

          Que les étudiants soient inquiets pour leur avenir c’est une réalité malheureuse car l’université va mal et ce n’est un secret pour personne. Mais contester tout en bloc l’ensemble des réformes proposées par pur dogmatisme me parait aller à l’encontre d’une recherche réelle de solutions. Par exemple, en s’interrogeant sur la réelle opportunité de disposer de Grandes Ecoles de pouvoir alors que l’université de par sa richesse humaine peut très bien irriguer l’administrations des têtes pensantes nécessaires. Ou encore, et surtout, en étudiant et argumentant chaque point de la loi 2007-1199.

          Au fait, le texte en question pour que vous puissiez vous faire votre propre idée : ICI

          Cordialement


          • Choplair Choplair 30 novembre 2007 04:05

            Malheureux, pas de lien vers le texte de loi ! Imaginez qu’un bloqueur tombe dessus, ça risquerait de l’instruire !


          • Icks PEY Icks PEY 30 novembre 2007 09:53

            Faudra m’expliquer l’intérêt d’adopter comme avatar la photo d’un doigt d’honneur.

            « Yoh, zyva, le vieux, t’aimes pas le s’cond degré ? »

            Ben, dans ce cas précis, non.

            « Yoh, zyva, le vieux, t’es tombé dans l’panneau d’la provoc ! »

            Je me demande dans quelle mesure on appelle « provoc » une certaine forme d’incapacité à la relation humaine.

            Icks PEY


            • snoopy86 30 novembre 2007 12:16

              @ Ickx Pey

              Surtout quand à l’évidence, ce doigt on ne le montre aux bloqueurs que de trés trés loin...


            • gaamin 30 novembre 2007 13:43

              Un beau ramassis de faussetés Un piquet de grève n’a pas à empêcher la circulation des autres. Faire la grève, rien ne l’interdit. Empêcher d’autres de travailler, c’est illégal. Le fonctionnement démocratique de notre Etat passe normalement par l’élection de représentants à l’Assemblée Nationale, dont le gouvernement est une émanation. Ce gouvernement met donc en oeuvre une politique pour lequel la majorité relative de la population lui a accordé un mandat. L’anti-démocratie, c’est empêcher ce fonctionnement, notamment par « l’épreuve de force » en empêchant de travailler ceux qui le veulent, c’est aussi par exemple empêcher la tenue d’un vote à bulletin secret, c’est encore refuser le résultat si un tel vote se tient, et continuer le blocage illégal. Depuis quand la démocratie est la dictature d’une minorité par la force ?

              Enfin, sur le fond, un tel mouvement de blocage pour une réforme aussi ouverte ne peut que participer à l’immobilisme du système universitaire de notre pays, au profit des grandes écoles en France, et d’universités de meilleure qualité à l’Etranger, coûteuses et opérant une sélection par l’argent.


            • gaamin 30 novembre 2007 13:30

              Un peu à la manière de certains grévistes qui font chier le monde, les bloqueurs d’université ont l’avantage du nombre, alors qu’ils ne sont pas majoritaire. Mais là où les travailleurs, justement, travaillent et ont donc autre chose à faire que de contrer les grévistes, les étudiants empêchés sont infoutus de s’organiser pour contrer les bloqueurs. Malheureusement, une bonne partie des geignards, sans prendre fait et cause pour les bloqueurs, se satisfont de cet état de fait, comptant sur une hypothétique indulgence lors des examens, et utilisent ce temps de blocage pour s’amuser. Une autre partie bosse dans son coin en se disant qu’ainsi il sera plus aisé de se distinguer de ceux qui ont bloqué et de ceux qui ont flemmardé. Trop rares sont ceux qui auraient les c..... de s’organiser et s’en prendre frontalement aux bloqueurs, avec une violence identique et des voies aussi antidémocratiques que ceux-ci.


              • butch 30 novembre 2007 15:20

                Salut,

                Pour l’auteur : je rejoins plutôt les commentaires qui poussent à te fédérer avec un maximum de gens pour engendrer une contre-réaction contre ce mouvement minoritaire de contestataires. Il faut monter au créneau comme eux le font. Même si cela peut te sembler un non sens, opposé aux forces qui te gouvernent (le calme, le raisonnement, etc.), tu as en face de toi un groupe de personnes qui, convaincus par leurs idées, sont également poussés intérieurement par, soit une volonté de défendre ces idées, soit une envie de sport, d’action, de tag, de castagne, de prétention, ou alors de la curiosité, de l’ennui, ... un amour pour 1789, la cool attitude de Besancenot, le bobo, la vie étudiante anarchiste..etc.. etc. ; autant de moteurs sentimentaux propres à chacun qui les poussent à agir, chacun de ces sentiments exprimés à un degré varié, autant de combinaisons propres et uniques. Comme toi, avec tes idées, ton éducation, ton passé. Aujourd’hui, tu es dans une sphère apparemment majoritaire, celle qui a choisi de s’exprimer pour aller voter, vouloir raisonner la situation et trouver des consensus démocratiques, bref, la vie en communauté régulée par la communauté, pas par un ensemble imposé. Mais si tu as bien étudié le problème, à savoir : si tu t’es bien documenté sur cette loi, en croisant les sources ; si tu t’ai posé objectivement la question de savoir si oui ou non tu voulais cette loi, en construisant une réflexion alimentée par un maximum d’éléments factuels, déformés avec le moins de prisme sentimental possible ; alors monte à ton tour au créneau en rassemblant des amis qui en rassembleront d’autres ; propage un contre mouvement pacifiste mais ferme, donc nécessairement massif ; car effectivement, il est vrai qu’un groupe de 1000 personnes (chiffre totalement illusoire car j’en ai aucune idée, mais il s’agit de raisonner ici uniquement en proportions) ne peut pas raisonnablement en bloquer 6 ou 7000 (mettons que c’est ce que le mouvement contre révolutionnaire peut ramener - à voir en fonction de la taille de ton université ; si effectivement c’était la pagaille, que le directeur de l’université a dû en catastrophe annuler le vote, que les CRS interviennent, etc... il doit y avoir une bonne quantité de personnes à réunir). Pourquoi ne pas envisager d’aller voir ton directeur, discuter avec lui d’une campagne massive d’information pour une marche organisée sur l’université pour enlever les barricades en une seule fois ? Tous ensemble, dans un rapport de 1 pour 6, vous y arriverez. Et ensuite, ou plutôt dans le même temps : le directeur met en place une commission composée de professeurs, de personnel administratif, financier, d’entretien, d’étudiants.... de représentants de tous les acteurs de l’université. Cette commission se charge d’étudier la question de cette loi, de définir ses conséquences pour l’université de la manière la plus objective possible et de les publier dans un document sur le net, affiché à l’université, publié dans le journal : sortez des chiffres, des prévisions budgétaires dans tous les corps de métiers de l’université, mais ne vous positionnez pas ; pas de prosélytisme ; il s’agit uniquement ici de donner à la population les outils pour construire sa réflexion, mais il ne faut surtout pas l’infléchir. Incluez dans cette commission des membres l’opposition forcenée ; écoutez leurs paroles, discutez, intégrez les aux mieux, en vous laissant un peu de temps pour le faire si la contestation est toujours aussi rigide et fermé. Faut tenter de faire fondre la glace, pour les aider à mieux vous parler et intégrer leurs besoins. Une fois ce texte largement diffusé, vous prévoyez un nouveau référendum (en espérant ne pas à avoir à demander une aide aux CRS... c’est fou ça quand même...). C’est à mon avis une manière très efficace d’assurer que la décision prise sera celle de la majorité, et ça le sera d’autant plus que vous l’aurez effectué avec le moins de prosélytisme possible ; je pense que c’est envisageable dans le cadre d’une université, la masse concerné étant situé dans un espace géographique réduit - à l’échelle d’un pays il y aurait trop d’inertie dans ce processus ; et enfin, si vous mettez les médias locaux + affiches dans la rue + bouche à oreilles + internet (si tu rajoute les avions avec des bannières et des pubs sur TF1 c’est sûr, c’est bon, mais c’est pas possible je pense...), tu peux peut-être envisager de boucler le tout en 1 ou 2 semaines. Rêvons un peu : avec le gouvernement d’action qui nous gouverne, celui qui est prétendu de l’ouverture et de la surprise, le ministère de l’éducation acceptera peut-être un aménagement pour vos partiels (décalage dans le temps), ou je ne sais quoi... ça sera pour lui l’occasion de reconnaître son manque de compréhension de la réalité en ayant définit une loi qui engendre des CRS dans les universités, l’occasion de corriger le tir en écoutant la voix des personnes qu’il représente, son essence ; ce que je veux dire c’est que même si tes partiels approchent, si tu es dans une situation aussi critique que tu le dis, en une semaine ou deux tu peux peut-être boucler l’affaire et trouver une solution pour tes partiels. Tu auras alors était participant d’un mouvement qui t’aura grandi, car comme le dit une personne plus haut, la démocratie, faut savoir la défendre et la protéger. Soit dans la violence (ce que pensent à mon avis faire ces contestataires), soit dans le calme, mais la frontière n’est pas toujours nette : le calme doit parfois se transformer en une certaine violence, le monde n’est pas binaire et tu dois composer avec un ensemble de forces, même si toutes ne sont pas appréciables. Ton article est très intéressant, et les commentaires tout autant. Je trouve que tu nous montre là une forme de violence assez sournoise, celle de l’imposition du mutisme. C’est un procédé complètement fermé, stérile, qui s’impose comme seul moteur au mouvement lorsque ce dernier ne peut plus perdurer dans la sphère des idées. Fermé car il ne tolère aucune opposition, aucune nouvelle entrée qui pourrait risquer d’attenter à ces principes fondateurs. On pourrait me rétorquer ici que le mouvement démocratique est pareil : il s’oppose aux idées d’absence de liberté de la communauté, allant jusqu’à la guerre mondiale s’il le faut. Seulement le mouvement démocratique tentera toujours de dissoudre l’opposition dans le monde des idées avant de passer dans le plan de la réalité physique. Et ce faisant, dans le monde des idées, il peut être amené à évoluer, être modifié par le mouvement qui s’oppose à lui. C’est un processus dynamique, changeant. Le mouvement contestataire auquel tu fais face, lui, ne peut plus se développer dans le mondes idées, il est étouffé ; ce que tu dis en mentionnant le fait, au début de ton article, que plus le temps passait, plus les AG avaient du mal à justifier la poursuite du mouvement de grève ; ou encore le fait que ces révolutionnaires font des opérations coup de poing pour voler les urnes ; ce mouvement est mort, et ces contestataires sont un peu comme des personnes possédées par un pauvre fantôme qui erre dans les couloirs vides des idées.... brrr. N’aie pas peur de cette poignée de zombies !! Marche tel Gandhi et ses millions de bras aimables sur les britanniques armés jusqu’aux dents, qui n’en purent finalement plus devant cette masse de rationalisme ! La comparaison est osée si on la prend telle quelle, mais si on la contracte, si l’on réalise une « homothétie sociale », elle tient. Et ça veut donc dire que tu n’as pas à craindre pour ta vie :) Allez, aux armes citoyen ! Ou au sport ; comme tu veux, mais monte au créneau, ça aussi ça fait partie de la vie étudiante mon gars ! (il est vrai que j’ai facile à parler assis devant mon PC ; mais sincèrement, mon coeur est avec toi).

                Quand à Parkway, le commentaire qui me précède : vous illustrez dans toute sa splendeur le mouvement contestataire décrit plus haut ! Premièrement, la violence : "cher pauvre étudiant malheureux, que les piquets (en français dans le texte) de grève, empêchent les étudiants d’entrer, c’est normal puisqu’ils sont faits pour ça."
                - vous auriez pu commencer par « gros con »... je pense que l’auteur n’est pas malheureux, qu’il exprime avec sympathie un ras-le-bol, et qu’il est capable de comprendre le principe du piquet (en français dans le texte ?). « et donc c’est très emmerdant, je le reconnais. »
                - Une bonne chose, de laisser tomber l’ironie. «  »la vraie résistance, c’est le refus« je ne sais plus où j’ai lu ça. »
                - Oui, d’accord ; mais là il s’agit d’un refus qui, n’ayant plus matière à se défendre par les mots et la réflexion, par l’intelligence seule, se voit obliger de voler les urnes ; que pensez-vous de la validité de ce refus ? vous ne trouvez pas qu’on voit clairement ici le problème ? que c’est là un acte extrémiste, exactement comme celui que vous décriez plus loin contre le gouvernement ? Alors là, vous pouvez me dire un truc du genre : « Oeil pour oeil, dent pour dent » ou « Si eux on le droit d’être fasciste, pourquoi moi je ne le pourrais pas » ou « Aux grands maux, les grands remèdes«  »faut savoir se faire violence« , »la fin justifie les moyens« ... à tout ça je te répondrais que non, la fin ne justifie pas tous les moyens, car sinon tous les moyens sont bons ; or à nouveau non, tous les moyens ne sont pas bons. (Petite incise : même si vous n’étiez pas acteur, vous cautionnez ici cette pratique ; je vais donc m’adressez à vous en vous considérant comme un de ces contestataires : c’est plus facile pour l’écriture, vous ne m’en voudrez pas). Vous vous opposez au gouvernement, dans une démocratie, alors vous devez avoir l’esprit démocratique ; réfléchissez un peu à ce que vous avez fait en volant ces urnes. Cet acte est un non-sens, car c’était là pour vous la seule solution pour que votre mouvement continue. C’est donc qu’il n’est pas accepté par la majorité. Vous aussi, réunissez-vous, étudiez le problème, et apprenez à composer avec les autres idées de manière objective ; car maintenant votre mouvement apparaît comme creux, une perte évidente d’essence, une coquille vide. Vous êtes allez à l’encontre de l’ouverture au dialogue demandée par la majorité, cautionnée par le directeur de l’université. C’est profondément stupide.  »Mais il faut bien voir que la première violence a été faite par le gouvernement puisque cette loi a été établie en catimini en plein mois d’août. et pourquoi en catimini ? le gvt savait très bien que cette loi occasionnerait des troubles dans les universités. Si vous avez des griefs, c’est au gouvernement qu’il faut vous en prendre..."
                - D’accord, vous avez peut-être raison, à nouveau je ne me suis pas penché sur la question et ne peux me prononcer ; mais là, c’est dans un premier temps à vous de débloquer la situation, et ensuite participer comme moteur à la discussion globale avec les membres de l’université sur le sujet. Si vous êtes convaincants, vous y arriverez, et vous renforcerez considérablement votre position car vous serez acceptés par la majorité. Principe de la démocratie. Mais pour cela, vous devez réfléchir objectivement à la situation, ne pas vous laisser enflammer par vos sentiments quand on s’oppose à vos idées. « Donc les grévistes et autres contestataires ont raison, a priori. »
                - Oui, mais la grève est un droit, pas un devoir. A nouveau : une grève qui s’impose par la force porte en elle une dimension cancéreuse, donc à éviter si le mouvement veut rester en vie. "Et si l’anti-démocratie du gouvernement fillon ne se traduisait que par ces mouvements là, on pourrait effectivement s’en laver les mains ! Malheureusement, cela fait partie d’un tout, prévu de longue date par l’UMP ET LE PS... Sûr qu’avec votre mentalité, vous n’avez rien d’un résistant. On fait ce qu’on peut, hein ? "
                - C’est faux, l’auteur semble au contraire avoir un très bon esprit car ouvert (il s’est rendu aux AG pour voir), il semble s’être renseigné sur la question, n’attaque pas ironiquement les personnes dont il parle (pas comme vous), et pour moi c’est là de bonnes qualités sur lesquelles peut compter un mouvement de résistance, pour autant que ce mouvement soit justifié par des explications rationnelles et convaincantes.

                Courage ! La vie étudiante est une des meilleures étapes de la vie qu’on peut passer ; il ne faut pas craindre l’avenir, il faut savoir exister dans le moment présent. Et si le moment présent semble être celui de la mobilisation, fonce ! Bon courage (et merci à ceux qui ont eu le courage de lire jusqu’au bout J ).

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Choplair

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