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Peut-on vivre l’amour à deux si on ne sait pas le vivre dans la solitude ?

- Avant de répondre, vous êtes invité à problématiser la question, c'est-à-dire la reformuler de manière différente, pour en comprendre le sens profond et apporter une réponse des plus précises. Par exemple on pourrait reformuler la question de la manière suivante : « La solitude nous empêche t elle de vivre l’amour ? » ou bien : « L’amour se vit-il forcément à deux ? » ou encore : « Peut on vivre dans la solitude si on ne sait pas vivre l’amour ? ».

- La réponse à ces questions vous donneront une vue plus approfondie de la question initiale, à vous de trouver les questions que vous inspire ce sujet et d’y répondre avant de répondre au sujet principal. Pour Jacqueline Kelen « Beaucoup s’imaginent que l’amour va mettre fin à leur solitude alors que c’est la solitude qui permet l’éclosion de l’amour. » Pour d’autres, l’amour se vit à deux, dans le partage et l’échange avec autrui, et pas autrement. Mais dans ces cas là, qu’échange-ton avec autrui exactement ? Des sentiments ? Comment, alors, fait-on pour échanger des sentiments ? N’y a t il qu’avec autrui que l’on puisse échanger de l’amour et le vivre ?

- A vous de trouver VOTRE manière de reformuler la question selon ce qu’elle vous inspire. Vous pouvez également faire appel à des références pour appuyer votre point de vue. Alors pour vous, Pensez vous que l’on puisse vivre l’amour à deux si on ne sait pas le vivre dans la solitude ?

# « Peut on » : Est il possible de… ? Avons-nous le pouvoir de… ?

# « vivre l'amour » : la question qu’on pourrait se poser c’est : « Qu’est ce que vivre l’amour ? ». vivre l’amour c’est partager des sentiments avec autrui ? C’est être dans un état de bien être sans aucune raison ? Qu’est ce que cela signifie pour vous ?

# « solitude » : État d'une personne qui est seule.

Alors pour vous il y a une différence entre l’amour passionnel et l’âme sœur si je vous ai bien compris ? Je ne vois pas très bien le rapport dans la comparaison. Généralement quand on parle d’amour passionnel, [ou d’amour tout court]on parle de sentiments, et quand on parle d’âme sœur on parle d’une autre personne, ou bien d’une âme complémentaire à la notre non ? J’ai donc du mal à comprendre la comparaison ici. Si vous pouviez préciser.
Ensuite, en quoi l’amour passionnel est il tyrannique ? Et d’ailleurs, j’aimerai bien savoir où Platon a dit ça, parce que je n’ai pas le souvenir qu’il ait dit une telle chose, à moins que vous ayez lu quelque chose que je n’ai pas lu. Dans ce cas des précisions seraient les bienvenues.

# Alors, d’accord pour dire avec vous que la passion signifie « souffrance » étymologiquement, mais souffrance signifie « supporter ». Donc, le mot souffrance n’a pas tout à fait le même sens que celui qu’on emploi généralement aujourd’hui, c'est-à-dire quelque chose qui fait mal. Par exemple, on pouvait dire avant : « Encore combien de temps vais-je devoir te souffrir » (dans le sens de supporter.)

# Personnellement je parlerais de l’Eros (l’amour passion) comme d’un amour au stade enfantin. Celui qui aime passionnément, aime comme un enfant. C'est-à-dire de façon très égoïste. Il veut tout pour lui, il veut posséder, il est jaloux : « c’est à moi dit l’enfant (en parlant de ses jouets). » L’enfant à toujours besoin d’attention, si maman s’éloigne trop loin, trop longtemps, il se met à pleurer, faire des crises, des caprices, il tape des pieds. Et en ce sens il peut devenir tyrannique comme vous le dites plus
haut…
# Mais il ne l’est pas nécessairement, l’amour au stade enfant est une invitation à grandir, et non rester un enfant éternel. Une grande part de souffrance dans l’amour passion vient du fait qu’on veuille absolument rester à un amour « des premiers jours » comme on aime dire. Or, l’amour est quelque chose qui évolue me semble-t-il. Et ce n’est pas parce qu’il évolue qu’il devient moins intense. Dans la vie, comme en amour il faut « grandir », prendre son indépendance, arrêter de se faire changer les couches par maman ou papa et devenir adulte. Car un bébé de 20/ 25 ans, voire, 30/40, c’est lourd. Une grande part de la souffrance en amour invite à devenir responsable, de murir et de devenir autonome. Aristote, lui nous parle de l’amour Philia (amitié au sens large en grec). Aristote nous parle d’un amour qui se veut un peu plus « mûr », qui se vit plus dans la réciprocité que dans le : « toute l’attention sur moi ». Aristote nous parle d’un amour-amitié, égalitaire, dans le partage, ou ça respire, où « bébé » est devenu un peu plus grand et ne tape plus des crises sans cesse au moindre manque d’attention, où il y a de la place, non seulement pour Eros, (la passion amoureuse) mais aussi pour Philia (l’amour amitié), un amour qui se vit un peu plus dans l’instant présent basé sur le respect mutuel, tourner vers l’avenir et non basé sur des souvenirs antérieurs d’un amour idéalisé, de la princesse ou du Prince charmant, qu’on voudrait posséder à tout prix. Il s’agit alors de se prendre en charge, et non plus d’être une charge.
Il ne s’agit donc pas de choisir entre les deux sortes d’amour, mais de les combiner.

# En bref, Aristote ne nous parle plus d’un amour entre Père-fille, Maman-Garçon, mais d’un amour entre deux adultes responsables, équilibrés et autonomes. Une troisième facette de l’amour est Agapé (l’amour selon Jésus, ou Simone weil) l’Agapè est le don de soi, c’est l’amour gratuit qui ne demande rien en retour. En réalité ces trois facettes de l’amour ne font qu’un. Tous nous aimons tantôt de manière possessive et jalouse, tantôt de manière amicale, tantôt de manière totale. Mais, noyer dans notre cerveau qui veut tout contrôler, on a tendance à mettre ces différents aspects de l’amour dans des cases, dans des catégories. On se réserve d’aimer d’une certaine manière nos amis, d’une autre manière nos parents, et d’une autre encore les inconnus, etc. On a un amour spécifique pour chaque situation.

# A mon sens, l’amour n’a rien à voir avec les autres, c’est une question de soi avec soi. Trouver l’amour, n’est pas trouver une autre personne ni même aimer une autre personne, mais trouver en soi, la source inépuisable qui nous permettra de diffuser l’amour autour de nous sans modération, non pas pour se faire aimer, mais parce que c’est notre nature. Exactement comme le fait une fleur qui diffuse son parfum, elle ne le fait pas pour se faire aimer, ou dans une intention quelconque, mais tout simplement parce que si elle ne le fait pas, elle meure, elle se fane. Son parfum se diffuse naturellement et la respire qui veut. Il en est de même pour l’amour, il me semble que c’est trouver en soi « ce parfum » qui est le noyau de notre être, et le diffuser à profusion tout simplement en étant soi même, tout simplement parce que si on ne le fait pas on se dessèche comme une fleur. Alors, l’amour est nécessairement une question de solitude, qui part de soi vers les autres, comme le soleil qui diffuse de sa lumière sans se préoccuper qui elle éclaire. L’amour est un cadeau et jamais un dû. La source inépuisable de l’amour est en nous, pas dans un autre. On peut chercher toute notre vie une autre source que nous même de l’amour, et toute notre vie on la passera à chercher sans jamais la trouver, car on ne la cherche pas au bon endroit. Car il n’y a pas d’autres endroits qu’en soi-même que l’amour se trouve. Le soleil est dans notre cœur. D’ailleurs certaines expressions nous le rappellent : « fais briller l’étoile qui est en toi. » ou bien « la force est en toi » ou encore « connais-toi, toi-même. » il s’agit alors de sortir des projections et de faire une introspection.

# La solitude n’est donc pas une option en amour, car il s’agit de ne plus s’aimer a travers les autres, mais à travers ses propres yeux d’abord. Et pour cela, l’autonomie/ la solitude devient indispensable. A un autre moment vous parlez de dépendance dans votre texte. Mais la dépendance ne fait-elle pas partie de la vie ? << l’amour passionnel est adictif, entraine une dépendance, et comme la dépendance va à l’encontre même du principe de liberté >> Toute liberté n’est possible qu’à partir du moment ou je fais partie d’un cadre. Sans cadre, il n’y a pas de liberté, car la liberté va de paire avec le droit, et le droit avec les devoirs. La liberté sans dépendance, personnellement je ne connais pas. Ensuite vous parlez de l’amour fusion. Ce qui me semble contradictoire avec tout votre discours qui à l’air de prôner l’indépendance. Une relation fusionnelle n’est-elle pas une relation de dépendance ? A moins que par fusionnel vous entendiez autre chose ? Mais ce qui est fusionné, est par définition dépendant l’un de l’autre, non ? Vous avez pour finir, une vision assez platonique de l’amour (à la façon de Platon), intellectuel, mais comme le dirait Pascal, l’amour n’a-t-il pas ses raisons que la raison ne connait point ?
Que faites-vous du coté émotionnel dans tout ça ? L’amour n’est il pas quelque chose d’émotionnel en premier lieu ?

Bien à vous,
La Statue


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5 réactions à cet article    


  • Xtf17 xtf17 17 septembre 2011 09:48

    Je vous renvoie à l’excellente dissertation sur le sujet : Les formes de relation par Serge Carfantan, docteur agrégé de philisophie, professeur à l’université de Bayonne et au lycée Victor Duruy à Mont de Marsan.
    De nombreux autres thèmes y sont abordés comme la liberté, le travail, les passions, les religions, la culture, les sciences, la psychologie, la volonté, la raison, la mort, le temps, la société, l’illusion, le bonheur...


    • Loatse Loatse 17 septembre 2011 12:24

      Bonjour la statue

      je vais faire simple... si vous n’y voyez pas d’inconvénient..

      Reformulons la question donc :

      « Peut on aimer l’autre si l’on apprend pas à s’aimer soi-même ? »

      La vie pour moi ne se résume pas aux relations que l’on peut entretenir avec les autres qu’elles soient amicales, amoureuses, conjugales etc... même si celles ci ont leur importance,

      Tout attachement étant de par nature voué à l’éphèmère...Nous serons pour la plupart d’entre nous confrontés à ce que l’on nomme solitude (que ce mot est laid), c’est à dire à vivre en notre seule compagnie...

      Serons nous un bon compagnon pour nous même ? un être complet ou bien nous considérons nous comme incomplet sans la présence d’autrui ???

      Faut il attendre de l’autre qu’il prenne soin de nous ou bien pouvons nous prendre soin de nous tous seuls ?

      Pouvons nous vivre, avoir des projets, les réaliser lorsqu’on est seuls ???

      le fait de réduire l’autre à un objet de satisfaction de nos attentes est ce de l’amour ???

      La solitude , me semble un passage nécessaire dans nos vies pour apprendre l’autonomie, à se connaitre et à s’aimer en vivant pleinement (ce qui implique également de se choyer) et non pas vivre à moitié dans l’attente du jour ou....

       Quand l’autre n’est plus un besoin, quand il n’est plus d’attentes que le partage d’une vie bien pleine et non pas d’un vide affectif et parfois intellectuel..alors je pense qu’ à ce moment là on peut parler d’amour..






      • TyRex TyRex 17 septembre 2011 13:54

        « Peut-on vivre l’amour à deux si on ne sait pas le vivre dans la solitude ? »

        Votre question est trop vague... prenons la dernière partie de votre question :
        « Si on ne sait pas le vivre dans la solitude »
        Si indique une condition sine qua non, c’est à dire que le paramètre « on ne sait pas vivre l’amour dans la solitude » (si toutefois « le » renvoie bien à « amour » comme le laisse penser votre première partie) est la base de la réponse.

        L’amour  désigne un sentiment d’affection et d’attachement envers un être ou une chose, autrement dit, ce lien est toujours dirigé vers l’extérieur de soi.

        La solitude recouvre différents degrés : de celle du célibataire endurci qui vit seul mais est très entouré à celle de la personne vivant en ascète, loin de toute population et de tout engagement matériel.

        La vrai problématique, et je crois que c’est là que réside le paradoxe, il est impossible de passer une vie sans avoir connu ce sentiment qu’on appelle Amour. Si une personne ne possède plus aucun lien affectif positif avec l’extérieur, cela conduit au suicide... avoir un sens à sa vie c’est reconnaitre avoir un lien affectif avec l’extérieur et pour ce lien, nous repoussons toutes les limites physiques et spirituels de nous-même.
        Les pires criminels comme Hitler, Staline, Cortès, Attila, etc.. etc, « aimaient » certaines choses comme par exemple exterminer en série, le pouvoir, l’or ..
        De même, les ascètes tibétains, ces êtres vivants en isolement total et dans des conditions des plus difficiles vous avoueront qu’ils aiment cette vie et chaque chose de l’univers auquel ils sont connectés... leurs solitudes amplifient leur foi et par juxtaposition leur amour en réalité.

        L’important est de savoir identifier ces liens et de comprendre les mécanismes de ces sentiments pour mieux apprendre qui nous sommes, et ainsi, mieux les maitriser.
          


        • antoine antoine 17 septembre 2011 20:57

          Tout a fait d’accord avec la reformulation de la question par Loatse.
          Je suis moins optimiste sur la conclusion car il me semble que la relation a l’autre et singulierement dans les rapports de couple est nevrotique du moins dans les rapports sociaux.
          Ce qui signifie que deux personnes auto-suffisantes et psychologiquement aguerries ne se trouveront pas car elles ne seront pas dans le devenir mais dans l’etre et donc ne se rechercheront pas,
          S’il est envisage une relation desequilibree ou l’un est en demande et pas l’autre c’est voue a l’echec tout simplement.
          En resume on ne peut pas aimer les autres si l’on ne s’aime pas soi meme et si l’on se trouve satisfait dans la solitude comme la logique du cheminement le veut alors on ne fait pas la demarche vers l’autre et on se tourne vers d’autres notions comme l’amour inconditionnel etc qui appartiennent plus au domaine spirituel qu’a nos amours contingentes.


          • herope herope 23 septembre 2011 00:31

            Tout d’abord peut-on déterminer la solitude, c’est une notion d’abstraction intérieure personnelle provoquée par de multiples vecteurs qui peuvent être contradictoires : la foule, ou l’unicité.... Vouloir la relier à l’amour qui peut être l’addition de deux vides émotionnels démontre que chaque individu véhicule sa propre recherche de son moi.
            Max Stirner dans son ouvrage « L’Unicité de l’être humain » paru au 19eme siècle ! démontre le caractère unique de chaque personne.

            www.fa-heropelyon.fr.gd

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