• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Plaidoyer pour l’Elevage biologique ?

Plaidoyer pour l’Elevage biologique ?

Depuis quelques années on entend parler de l’agriculture biologique et de ses dérivés sans trop se soucier de ce que ce terme sous-tend.

Globalement tout un chacun à appris que " l’élevage biologique est une méthode de production " qui cherche à se rapprocher au maximum des conditions naturelles de vie des animaux garantissant ainsi des produits exempt de pollution chimique...

En fait si on parle beaucoup de bio on ignore ou on oublie que la production bio repose sur des méthodes très strictes et réglementées avec des objectifs précis.

C’est ce que nous allons aborder au cours des lignes qui suivent.

Un peu d’histoire

L’agriculture et l’élevage biologique est née en Europe au début du siècle dernier sous l’influence de divers courants philosophiques et agronomiques qui avaient pour but de :

  • permettre aux sols de conserver leur fertilité naturelle
  • privilégier l’autonomie des exploitations agricoles
  • établir des relations directes avec les consommateurs
  • fournir des produits de qualité
  • respecter l’environnement

L’agriculture et l’élevage biologique s’est développée en France à partir des années cinquante sous l’impulsion de producteurs qui se sont organisés afin de promouvoir un mode alternatif de production agricole qui repose sur des principes éthiques : écologiques, sociaux et économiques.

Les objectifs purement écologique

En tout premier lieu l’agriculture et l’élevage biologique s’attache à respecter les écosystèmes naturels

La recherche d’un développement économique cohérent

Mais la limitation des produits chimiques de synthèse s’accompagne d’un besoin de main d’œuvre supplémentaire pour réaliser un équilibre économique satisfaisant des exploitations. Les éleveurs de la filière biologique cherchent à entretenir un lien privilégié avec les consommateurs et la pratique de la vente directe permet aux deux extrémités de la filière agroalimentaire de se rencontrer et échanger sur les liens qui les unissent. Adaptée à tous les formes de paysages naturels, l’élevage biologique peut aussi prendre place dans des espaces ruraux devenus insuffisamment productifs pour l’élevage conventionnel ; De ce fait, l’élevage biologique contribue à une occupation plus cohérente des espaces ruraux et au soutient d’une activité économique dans les campagnes. La filière biologique est en fait l’un des rares secteurs agroalimentaires connaissant une véritable phase de développement remarquable, considérée par les experts comme durable dans le temps.

Une réglementation exigeante

Mais n’est pas éleveur bio qui veut. En effet les règles qui encadrent les producteurs biologiques sont consignées dans des cahiers des charges établis par les professionnels et homologués par l’État français ou par l’Union Européenne. Un contrôle du respect de ces règles est effectué par des organismes certificateurs indépendants qui contrôlent chaque unité de production et de transformation de produits biologiques. Ce contrôle, payé par l’opérateur, est effectué au minimum une fois par an et autant que nécessaire en rapport avec la complexité du processus de fabrication, tant pour la production que pour la transformation ; il aboutit à la certification des produits. Il est donc pour le consommateur la garantie que les produits qu’il achète auront été élaborés en respectant des cahiers des charges rigoureux.

Textes en vigueur

  • le règlement CEE 2092/91, comportant des règles européennes pour les productions végétales et animales biologiques.
  • le cahier des charges français complémentaire (CC REPAB F) aux règles européennes pour les productions animales.
  • Ces textes sont complétés et explicités en France par des guides de lectures officiels

Le logo AB

Les produits issus de l’élevage biologique sont composés de plus de 95% d’ingrédients biologiques. Le logo AB, propriété de l’État, est facultatif. Son apposition sur le produit permet au consommateur d’identifier immédiatement et sans aucune ambiguïté les productions biologiques, garantissant ainsi le strict respect des cahiers des charges.

Une alimentation plus saine et équilibrée

En s’imposant de limiter au maximum la présence de résidus chimiques de synthèse dans les plantes ainsi que les additifs divers ajoutés aux produits lors de leur transformation, les opérateurs de la filière agrobiologique et les éleveurs en particulier entendent proposer au consommateur des aliments sains et équilibrés. Les animaux élevés selon le mode de production biologique sont nourris à plus de 90% avec des aliments biologiques. Mais qui plus est ils doivent avoir accès à des parcours en plein air et disposer d’un confort satisfaisant. La prévention est de règle et les animaux sont soignés en priorité à l’aide de thérapeutiques douces.

Aucun risque de pollution génétique

Afin de s’affranchir de tout risque de pollution génétique ou de déséquilibre causé par la présence d’OGM, l’élevage biologique a inscrit dans ses cahiers de charges l’interdiction absolue d’utiliser les Organismes Génétiquement Modifiés. Appliquant jusqu’au bout le principe de précaution, l’élevage biologique s’interdit l’utilisation de produits conventionnels (dans les 10% autorisés pour l’alimentation animale ou les produits préparés) quand ils présentent un risque. C’est pourquoi seul l’élevage biologique peut offrir au consommateur une « sécurité génétique » maximale pour les produits qui en sont issus. Par ailleurs, elle permet aux producteurs de s’affranchir des intérêts commerciaux ayant pour but l’appropriation du vivant. L’élevage biologique impose une obligation stricte de moyens. Elle est sous-tendue par une volonté de gestion stricte des animaux. Elle est donc par nature une garantie de qualité.

Des pratiques d’élevage toujours plus innovantes

Contrairement à ce qu’en disent certains détracteurs l’élevage biologique est loin d’être un retour au passé. A contrario l’élevage biologique se situe bel et bien au cœur de la modernité agronomique actuelle. Les recherches se poursuivent afin de définir les espèces (animales et végétales ) les mieux adaptées aux modes de production biologique, d’améliorer les cycles de rotation, de maîtriser le désherbage ou de trouver les alternatives aux produits de lutte antiparasitaire. De même, l’amélioration de la connaissance des sols, de leur fertilité et plus généralement du cycle du vivant font partie des recherches en élevage biologique. Par ailleurs, les agrobiologistes développent des pratiques innovantes en matière de fertilisation (engrais verts, cultures dérobées, compost), de désherbage (faux semis), d’association de cultures et de rotation. La lutte contre les parasites est confiée à des prédateurs ou à des plantes. Ces pratiques sont pour les producteurs, en permanence à la recherche d’un mieux, l’occasion de revaloriser leur métier et de se réapproprier des savoir-faire, de donner un sens à leur métier. Enfin, elle permet de préserver l’autonomie des producteurs par rapport aux grandes firmes agroalimentaires.

Conclusion

En faisant le choix de l’élevage bio, les producteurs vont plus loin que le simple souci de rentabilité commerciale de leur exploitation. En fait c’est d’abord un état d’esprit , un mode de vie, un véritable engagement qui se traduit dans les faits au jour le jour. Respecter la nature tout en ayant le souci de la qualité de leurs produits induit également le respect des consommateurs.

Démarche que l’on ne peut que saluer.

 Pour en savoir plus :

www.luciendoussinet.com

C’est la toute première règle de l’agriculture et de l’élevage biologique, et elle conduit au refus du recours aux produits phytosanitaires et vise à :

  • préserver les équilibres naturels du sol et des plantes,
  • favoriser le recyclage,
  • rechercher l’équilibre en matières organiques,
  • choisir les espèces animales et végétales adaptées aux conditions naturelles,
  • respecter au mieux les paysages ainsi que les zones sauvages,
  • préserver la biodiversité.

Objectifs sociaux

  • La recherche de nouveaux équilibres
  • Respecter la santé humaine et animale
  • Privilégier les rapports de coopération plutôt que de compétition
  • Respecter l’équité entre les différents acteurs des filières
  • Permettre aux producteurs de vivre de leur travail et de leurs terres
  • Proposer des aliments sains et équilibrés
  • Établir des liens directs avec les consommateurs
  • Favoriser l’emploi dans le secteur agricole
  • Objectifs économiques

Moyenne des avis sur cet article :  4.14/5   (14 votes)




Réagissez à l'article

12 réactions à cet article    


  • Shaytan666 Shaytan666 26 avril 2010 11:37

    Bon ! je ne suis pas un spécialiste loin de là mais d’après mon neveu qui est vétérinaire, il a exercé dans le Cantal et il est maintenant dans le Sud-Ouest, l’élevage biologique est un leurrre, pour employer un mot cher à un de nos rédacteurs  smiley . La viande issue de cet élevage deviendra un vrais produit de luxe pratiquement impayable pour la plupart des gens.


    • sagesse 26 avril 2010 11:53

      Shaytan, je mange de la viande bio achetée directement à la ferme qui se situe à 12 km de chez moi, et je peux t’assurer que le prix est abordable ! Pourquoi nous vendre de la viande pas chère et de mauvaise qualité et ensuite nous faire croire qu’il faut en manger tous les jours ????? c’est un désastre pour notre santé... sans parler de l’environnement....

      Je suis contente de faire vivre un marché local, de participer au maintien des paysans dans nos campagnes : je préfère mettre un peu plus d’argent dans ce que j’achète que de le donner dans le puit sans fond des subventions agricoles : c’est un choix !

      J’ai le plus grand respect pour les agriculteurs, encore plus lorsqu’ils se lancent dans la bio qui n’est pas chose aisée dans notre pays.




    • Gemini Gemini 26 avril 2010 14:17

      Je serais curieux de connaître les raisons de telles affirmations. Comme l’autre commentaire ayant répondu, je me fourni également uniquement en viande issue d’élevages biologiques, achetées sur le marché à des producteurs locaux, et les prix sont plus ou moins équivalents à ceux pratiqués en boucherie.


    • sobriquet 26 avril 2010 14:59

      Pour savoir pourquoi le bio est si cher, jetez un coup d’oeil sur les marges que les distributeurs se font dessus.

      Voir par exemple : http://www.france-info.com/economie-consommation-2010-01-26-les-produits-bio-toujours-beaucoup-plus-chers-que-les-autres-397033-22-25.html#ancreduplayer


    • foufouille foufouille 26 avril 2010 15:32

      @ sagesse
      et combien le prix abordable ?


    • Ronuick 27 avril 2010 10:19

      Perso, je limite ma consommation de viande mais lorsque j’en achète, je fais attention à sa provenance et j’essaie de favoriser l’élevage bio (quand on trouve de la viande bio !). Ainsi je me dis que je soutiens d’autres filières de production, sans me ruiner et en veillant à ma santé. C’est un autre choix de vie : j’ai abandonné les raviolis fourrés à la viande qui sort d’on ne sait où, le jambon bas de gamme...


    • Crevette Crevette 26 avril 2010 21:11

      Précision :

      Les produits chimiques de synthèse nécessitants beaucoup d’énergie pour être produits et dégradés
      sont totalement interdits (pesticides et engrais minéraux).

      Seuls les produits et amendements organiques sont autorisés (compost, fumiers dont la provenance et la composition sont sévèrement règlementée), mais pas n’importe lesquels. Pas de sous produits de l’élevage industriel tel que le lisier.

      Il se trouve que le rendement de la bio est en train de rattraper celui du conventionnel, grâce à l’expérience et la recherche. Il faut dire que le savoir de nos anciens a été en partie oublié.

      Shaytan666, en vente directe, la bidoche est sensiblement au même prix qu’à l’hyper, merci Foufouille. Pareil pour les légumes.

      Un des objectifs de la bio, c’est le social. En bio, les paysans aiment bien causer et rencontrer leur
      clientèle, ils assument leur rôle social. La plupart refusent de dépendre du circuit agroalimentaire industriel.
      (cf crise du lait)

      Ils cultivent local et vendent local.

      C’est bien plus humain et intéressant.
      C’est l’avenir, point et non un « retour en arrière » (pour employer un pléonasme absurde que je déteste) parce qu’ une grande partie de l’agriculture conventionnelle détruit les sols à tel point que
      plus grand chose ne pousse correctement sans engrais et produits en « cide » et que malgré/à cause de cela, les rendements en conventionnel ont commencé à baisser faute de vie dans le sol.

      Sans subventions, l’agriculture conventionnelle serait en faillite. Il suffit de voir les manifs des gros conventionnel lorsque le prix du pétrole augmente, suivi par celui des carburants et intrants.

      Tout le monde sait maintenant le pétrole va être de plus en plus cher...



      • foufouille foufouille 27 avril 2010 09:58

        desole crevette, j’ai pas vu le meme prix, sauf pour le haut de gamme


      • logo22 26 avril 2010 21:52

        Sans nier l’intérêt évident de la production Bio, vous faites un amalgamme inacceptable entre les termes Biologique et Qualité.
        Précision : la production biologique suppose une obligation de moyen(s).
        la production de qualité IMPOSE une obligation de Résultat (type Label rouge et encore plus Fermier Label Rouge).
        Il est d’ailleurs tout à fait regrettable que les autorités européennes cométentes n’aient pas su s’inspirer des spécificités françaises pour rendre compatibles ces modes de production, assurant ainsi aux producteurs une convergence de moyens, d’objectifs et de communication (quid du non-OGM ?) vers le consommateur.
        Il est également inadmissible qu’aujourd’hui la plupart des filières bio soient en cours de récupération par la grande distribution qui est en train de court-circuiter un mode de consommation (donc des marges potentielles) qui risquait de lui échaper.


        • inès 26 avril 2010 22:28

          François 48

          La Dordogne qui est le 1er département pour l’agro-tourisme va se lancer cette année à fond dans le développement de l’agriculture biologique via le Conseil Général.
          Ce plan de reconversion a commencé il y a 12 ans qui demande une transition des terres et des pratiques pour évoluer vers l’écologie ou le raisonné.
          Sur la Dordogne, la production bio commence à s’étoffer maintenant pour qu’elle devienne une véritable filière capable d’assurer des approvisionnements réguliers.
          Il va se créé des plateformes d’approvisionnement local pour approvisionner des boutiques ou des détaillants locaux qui dégagera des marges plus importantes pour les producteurs et qui limitera les distances parcourues par les produits.


          • brieli67 27 avril 2010 11:38

            L’EU permet, tolère l’utilisation de 7 produits de synthèse dans la production de viandes : pas de contrôle biologique des services véto de l’Etat.

            Il va s’en dire que ces produits sont employés en AB, sinon l’levage serait à pertes .. et fracas.

            Pourquoi les oeufs des oies et des canes ne sont pas proposées et leur vente interdite ? Dés le germe de l’oeuf, la filière des palmipèdes est infectée par un type de bactéries, les rickettsies. Impossibles à éradiquer, donc mise sous antibiotiques obligatoire pour avoir du foie gras, des magrets, des « demoiselles » sur l’étal.

            un peu de technique alimentaire chez la vache  :
            on relève bizarrement de l’urée
            des ensilages de l’enrubané« 
            sur ce site institut élevage
            vous trouverez » paille traitée à l’ammoniac anhydre
            Ces ensilages et ces grandes balles rondes mises en sac noir sont complétés de sels, d’urée, de mélasse et on insufflez de l’azote liquide.

            De plus en plus votre steack c’est pas du pré mais du vent !
            Avec des producteurs plus « laborantins » plus au courant de la physiologie et des pathologies, la « dose » urée, sulfure, amnoniac anhydre peut être triplée.

            Pour La Blonde d’Aquitaine.... adressez_vous à qui de droit : la propagandiste bio qui n’a que le mot terroir à la bouche.


            • logo22 27 avril 2010 18:58

              comment peut on emettre des inepties pareilles !
              vous ne croyez pas vous même à ce que vous ecrivez !
               que des expérimentations plus ou moins judicieuses (et justifiables) soient menées, c’est possible, et peut être condamnable, mais que ceci soit pratiqué à grande échelle, il faut que vous ayez une bien faible connaissance (ou plutot une grande méconnaissance) de la zootechnie et plus encore de l’économie agricole.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Francis48


Voir ses articles







Palmarès