Plaidoyer pour l’Elevage biologique ?
Depuis quelques années on entend parler de l’agriculture biologique et de ses dérivés sans trop se soucier de ce que ce terme sous-tend.
Globalement tout un chacun à appris que " l’élevage biologique est une méthode de production " qui cherche à se rapprocher au maximum des conditions naturelles de vie des animaux garantissant ainsi des produits exempt de pollution chimique...
En fait si on parle beaucoup de bio on ignore ou on oublie que la production bio repose sur des méthodes très strictes et réglementées avec des objectifs précis.
C’est ce que nous allons aborder au cours des lignes qui suivent.
Un peu d’histoire
L’agriculture et l’élevage biologique est née en Europe au début du siècle dernier sous l’influence de divers courants philosophiques et agronomiques qui avaient pour but de :
- permettre aux sols de conserver leur fertilité naturelle
- privilégier l’autonomie des exploitations agricoles
- établir des relations directes avec les consommateurs
- fournir des produits de qualité
- respecter l’environnement
L’agriculture et l’élevage biologique s’est développée en France à partir des années cinquante sous l’impulsion de producteurs qui se sont organisés afin de promouvoir un mode alternatif de production agricole qui repose sur des principes éthiques : écologiques, sociaux et économiques.
Les objectifs purement écologique
En tout premier lieu l’agriculture et l’élevage biologique s’attache à respecter les écosystèmes naturels
La recherche d’un développement économique cohérent
Mais la limitation des produits chimiques de synthèse s’accompagne d’un besoin de main d’œuvre supplémentaire pour réaliser un équilibre économique satisfaisant des exploitations. Les éleveurs de la filière biologique cherchent à entretenir un lien privilégié avec les consommateurs et la pratique de la vente directe permet aux deux extrémités de la filière agroalimentaire de se rencontrer et échanger sur les liens qui les unissent. Adaptée à tous les formes de paysages naturels, l’élevage biologique peut aussi prendre place dans des espaces ruraux devenus insuffisamment productifs pour l’élevage conventionnel ; De ce fait, l’élevage biologique contribue à une occupation plus cohérente des espaces ruraux et au soutient d’une activité économique dans les campagnes. La filière biologique est en fait l’un des rares secteurs agroalimentaires connaissant une véritable phase de développement remarquable, considérée par les experts comme durable dans le temps.
Une réglementation exigeante
Mais n’est pas éleveur bio qui veut. En effet les règles qui encadrent les producteurs biologiques sont consignées dans des cahiers des charges établis par les professionnels et homologués par l’État français ou par l’Union Européenne. Un contrôle du respect de ces règles est effectué par des organismes certificateurs indépendants qui contrôlent chaque unité de production et de transformation de produits biologiques. Ce contrôle, payé par l’opérateur, est effectué au minimum une fois par an et autant que nécessaire en rapport avec la complexité du processus de fabrication, tant pour la production que pour la transformation ; il aboutit à la certification des produits. Il est donc pour le consommateur la garantie que les produits qu’il achète auront été élaborés en respectant des cahiers des charges rigoureux.
Textes en vigueur
- le règlement CEE 2092/91, comportant des règles européennes pour les productions végétales et animales biologiques.
- le cahier des charges français complémentaire (CC REPAB F) aux règles européennes pour les productions animales.
- Ces textes sont complétés et explicités en France par des guides de lectures officiels
Le logo AB
Les produits issus de l’élevage biologique sont composés de plus de 95% d’ingrédients biologiques. Le logo AB, propriété de l’État, est facultatif. Son apposition sur le produit permet au consommateur d’identifier immédiatement et sans aucune ambiguïté les productions biologiques, garantissant ainsi le strict respect des cahiers des charges.
Une alimentation plus saine et équilibrée
En s’imposant de limiter au maximum la présence de résidus chimiques de synthèse dans les plantes ainsi que les additifs divers ajoutés aux produits lors de leur transformation, les opérateurs de la filière agrobiologique et les éleveurs en particulier entendent proposer au consommateur des aliments sains et équilibrés. Les animaux élevés selon le mode de production biologique sont nourris à plus de 90% avec des aliments biologiques. Mais qui plus est ils doivent avoir accès à des parcours en plein air et disposer d’un confort satisfaisant. La prévention est de règle et les animaux sont soignés en priorité à l’aide de thérapeutiques douces.
Aucun risque de pollution génétique
Afin de s’affranchir de tout risque de pollution génétique ou de déséquilibre causé par la présence d’OGM, l’élevage biologique a inscrit dans ses cahiers de charges l’interdiction absolue d’utiliser les Organismes Génétiquement Modifiés. Appliquant jusqu’au bout le principe de précaution, l’élevage biologique s’interdit l’utilisation de produits conventionnels (dans les 10% autorisés pour l’alimentation animale ou les produits préparés) quand ils présentent un risque. C’est pourquoi seul l’élevage biologique peut offrir au consommateur une « sécurité génétique » maximale pour les produits qui en sont issus. Par ailleurs, elle permet aux producteurs de s’affranchir des intérêts commerciaux ayant pour but l’appropriation du vivant. L’élevage biologique impose une obligation stricte de moyens. Elle est sous-tendue par une volonté de gestion stricte des animaux. Elle est donc par nature une garantie de qualité.
Des pratiques d’élevage toujours plus innovantes
Contrairement à ce qu’en disent certains détracteurs l’élevage biologique est loin d’être un retour au passé. A contrario l’élevage biologique se situe bel et bien au cœur de la modernité agronomique actuelle. Les recherches se poursuivent afin de définir les espèces (animales et végétales ) les mieux adaptées aux modes de production biologique, d’améliorer les cycles de rotation, de maîtriser le désherbage ou de trouver les alternatives aux produits de lutte antiparasitaire. De même, l’amélioration de la connaissance des sols, de leur fertilité et plus généralement du cycle du vivant font partie des recherches en élevage biologique. Par ailleurs, les agrobiologistes développent des pratiques innovantes en matière de fertilisation (engrais verts, cultures dérobées, compost), de désherbage (faux semis), d’association de cultures et de rotation. La lutte contre les parasites est confiée à des prédateurs ou à des plantes. Ces pratiques sont pour les producteurs, en permanence à la recherche d’un mieux, l’occasion de revaloriser leur métier et de se réapproprier des savoir-faire, de donner un sens à leur métier. Enfin, elle permet de préserver l’autonomie des producteurs par rapport aux grandes firmes agroalimentaires.
Conclusion
En faisant le choix de l’élevage bio, les producteurs vont plus loin que le simple souci de rentabilité commerciale de leur exploitation. En fait c’est d’abord un état d’esprit , un mode de vie, un véritable engagement qui se traduit dans les faits au jour le jour. Respecter la nature tout en ayant le souci de la qualité de leurs produits induit également le respect des consommateurs.
Démarche que l’on ne peut que saluer.
Pour en savoir plus :
C’est la toute première règle de l’agriculture et de l’élevage biologique, et elle conduit au refus du recours aux produits phytosanitaires et vise à :
- préserver les équilibres naturels du sol et des plantes,
- favoriser le recyclage,
- rechercher l’équilibre en matières organiques,
- choisir les espèces animales et végétales adaptées aux conditions naturelles,
- respecter au mieux les paysages ainsi que les zones sauvages,
- préserver la biodiversité.
Objectifs sociaux
- La recherche de nouveaux équilibres
- Respecter la santé humaine et animale
- Privilégier les rapports de coopération plutôt que de compétition
- Respecter l’équité entre les différents acteurs des filières
- Permettre aux producteurs de vivre de leur travail et de leurs terres
- Proposer des aliments sains et équilibrés
- Établir des liens directs avec les consommateurs
- Favoriser l’emploi dans le secteur agricole
- Objectifs économiques
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