Plus ça change, plus c’est la même chose
Français, encore un effort pour devenir républicains
Plus ça change, plus c'est la même chose
Ca y est, la France a élu pour cinq ans son nouveau roi. Notre monarchie constitutionnelle (idée chère à certains révolutionnaires de '89) va continuer dans le droit fil de la cinquième République. Notons quand même que changer de roi tous les cinq ans, ça fait très moderne ; ne sommes-nous pas au XXIème siècle ?
Beaucoup de choses ne changeront pas malgré les déclarations, ou en dépit de ce qui est dit et surtout grâce au silence entretenu sur certains sujets.
Au hasard : 1. Le pouvoir d'achat, emplâtre sur une jambe de bois, qui verra augmenter le salaire minimum ou les allocations diverses versées par l'Etat, et donc le contribuable. Cette augmentation aura un effet dans l'immédiat tant que les prix à la consommation et les loyers n'augmenteront pas trop. Effet lent qui pourra durer sans doute cinq ans. Après ? On verra, c'est pas moi, c'est les autres. Par contre agir sur les coûts fixes des ménages (loyers, assurances, et le panier bien connu de l'INSEE) c'est plus compliqué, plus diffus, et ça risque d'aliéner les notables qui en vivent.
2. Pour les 700.000 ménages souvent modestes qui se chauffent au propane surtout en zone rurale, il n'est pas question d'inscrire cette énergie auprès de la Commission de Régulation de l'Energie (CRE). Cela froisserait les quatre au cinq propaniers qui facturent le propane 30 à 40% plus cher qu'en Allemagne ou au Bénelux.
3. La Fédération Française du bâtiment et la CAPEB (organe des artisans, 200.000 adhérents), soit deux millions de personnes, se portent bien. Les prix pratiqués sont tout sauf transparents si on en juge par les 3 ou 4 millions de devis écrits chaque année pour la maintenance ou la transformation des bâtiments d'habitation. Aucun n'est conforme à la loi, c'est-à-dire au Code de la Consommation qui prévoit entre autres l'affichage dans les devis du coût de la main-d'oeuvre séparé des matériels. Le forfait, nécessairement opaque et très juteux est la règle. Les clients paient, c'est normal, c'est le commerce et ça dure depuis 6.000 ans. Et personne ne dit rien. Il ne faut pas froisser les notables ! Beaucoup de commerces sont obligés d'afficher les prix de leurs prestations , coiffeurs, boulangers, bouchers, etc. , et même certaines professions libérales. Mais pas dans le bâtiment, pensez-donc à ces électeurs-là, ils risqueraient de voir leurs prébendes se tarir et de bouder l'urne !
4. Les assurances multirisques habitation, obligatoires pour les locataires et fortement recommandées pour les autres. J'ai écrit un papier sur ce site. Il est vrai que cela ne représente que 33 millions de contrats avec une encaisse annuelle de 9 milliards d'Euros. Bagatelle, n'y touchons pas !
5. L'urbanisme en zone rurale, le pactole pour les propriétaires de terrains constructibles. J'ai vu un terrain d'une superficie d'un hectare qui venait d'être classé constructible. Son prix comme terrain agricole était de 5.000 €. Il a été divisé en 5 parcelles de 2.000 m² à 40.000€ la pièce. Passer de 5.000 € à 200.000€, c'est pas mal, et ça fait des électeurs en plus. C'est monnaie courante.
6. Au cours d'une interview (ou entretien si vous voulez) au sujet des élections entre un journaliste à la radio et le maire d'une "petite" commune de 14 habitants, tout le monde rigolait. Mais, ça nous fait oublier qu'il y a 35.000 communes dont 21.000 de moins de 1.000 habitants. Chut ! Ca fait des électeurs, vous n'allez quand-même pas changer ça ! Il est vrai qu'on est un peu en retard, l'Allemagne et la Grande-Bretagne avaient résolu le problème dans les années '60.
7. La consommation, mon dada. La garantie sur les produits du commerce est passée, si je ne me trompe, de 2 à 3 ans. Que se produit-t-il si le marchand ne répond pas ? Rien. Vous pouvez aller au tribunal, prendre un avocat, débourser au moins 3.000€, attendre 3 ans pour un résultat incertain. Autour de 1.00€ de garantie, le vendeur est gagnant. Mais, chut, il ne faut pas déranger les notables !
8. Il va y avoir les élections législatives : vous allez voir ce que vous allez voir ! L'électeur délègue sa volonté à un représentant qui lui est lié par un contrat moral, car il s'engage à faire ce pour quoi il a été élu. Eh bien, c'est le seul contrat à ma conaissance dans lequel une des parties (l'élu) ne doit rien à l'autre. On le voit tous les jours. Changer ça ? Vous n'y pensez pas !
Comment ça, vous n'avez pas voté ? Vous êtes donc responsable de ce qui se passe. --- Ah, mais non, j'ai voté. Eh bien vous voyez le résultat, vous n'avez pas choisi le candidat ad hoc, vous êtes encore responsable. Bonnet blanc, etc... Ah, cette propension qu'ont les personnages politiques à passer la patate chaude... Car pour ces gens, la responsabilité est toujours insaisissable.
J'invite les lecteurs qui auraient d'autres exemples à les mettre sur un forum à créer.
Rassurez-vous, on est en République, vous savez, celle des notables qu'il faut surtout ménager, car ils forment la colonne vertébrale de notre société, économiquement et politiquement. Plus ça change, plus c'est la même chose.
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