Polanski : Le facteur sonne toujours deux fois !
Sans aucun doute que Polanski fait parler de lui d’une autre façon qu’il l’aurait souhaité... Il a réussi, dans le timing des faits à créer quelque chose d’inédit. Une sorte de chambre d’écho autour du mot « J’accuse », l’entourant maintenant de toute part. La lettre de Valentine Monnier a recouvert l’affiche du film, le jour de sa sortie . https://bit.ly/2Q4ws66 « Sans J'accuse, je serais restée dans mon silence, comme je le fais depuis quarante-quatre ans », affirme t’elle.
Il y a quelques mois, cette photographe, ancienne actrice, découvre dans la presse que Roman Polanski prépare un film sur l'affaire Dreyfus, l'histoire d'un officier français condamné à tort en 1894, sur fond d'antisémitisme, pour avoir livré des documents secrets à l'Allemagne. Par le retournement du verbe, sa décision ressemble à une de ces séquences cent fois jouées, où l’on voit un témoin tout à coup s’emparer de l’arme d’un criminel, et la braquer sur lui. Une illustration de ce que les Grecs anciens appelaient « le Kairos » ; la simultanéité du temps idéal et de l’action, un point de basculement décisif . https://bit.ly/2qKQR5u (article RTL)
.Cette fois personne n’a pu dire « Coupez ! »
Les échotiers et les copains ont commenté, chacun à leur façon. L’éternelle ritournelle de la prescription de faits, d’ailleurs juridiquement non prouvés. Reste que la liste des plaignantes s’allongeant, la présomption d’une accumulation de mensonges devient une probabilité non viable. Les choses étant ce qu’elles sont, après la déprogrammation de « C à vous », enregistré sur la 5 avec Louis Garrel, la défection de Jean Dujardin sur le plateau de TF1, pour promotionner le film, parler de malaise est un euphémisme.
Cela évoque « Le monde du silence » du commandant Cousteau. Ou encore : « Le facteur sonne toujours deux fois ! » un chef d’œuvre qui donna lieu au remake de Bob Rafelson, en 81, après la version magnifique du grand Visconti, en 1946. Belle histoire, courte, brûlante, faite de haine et de passion, avant que le hasard ne rattrape les protagonistes du crime. Il semble bien que l’homme reste toujours le même, d’une époque à l’autre. Il croit maîtrisé la mise en scène de sa vie, avant que la roue du destin ne la perturbe, et que le facteur sonne de nouveau à sa porte.
On craint les dégâts collatéraux, les conséquences sur la sortie du film, et sur le monde du cinéma en terme d’image. Tous ces petits calculs d’épicier matois. Une culture très hexagonale, faite de petits arrangements entre amis, camoufle les scandales sous les tapis rouges, et feint l’indifférence, ou minore l’événement. Certains parleraient d’omerta. Pendant longtemps, c’est tout juste si ces agissements, plus acceptés ici qu’aux USA, n’étaient pas vus comme une qualité propre à notre culture, une sorte de « French touch » dont on pourrait se vanter. Le Français ne serait pas prude, bégueule comme les américains, mais libéré, nature.... DSK aurait-il eu les ennuis qu’il rencontra aux states s’il était resté en France ?
Polanski, un cas qui embarrasse le cinéma français (TV5 lmonde) : https://bit.ly/2NDu0lh
Actuellement, les faits de harcèlement au cinéma se télescopent. La profession dans l’ensemble s’est murée dans un silence prudent, mis à part cette jeune actrice Adèle Haenel, apportant son soutien. La neutralité n’est-elle pas une forme de complicité ? Adèle a révélé son histoire de harcèlement, alors qu’elle était mineure, il n’y a pas huit jours, tétanisant le Landerneau médiatique.. Un barrage est-il rompu ? On dirait que c’est la tournée du facteur, vendant ses calendriers. On comprend ceux qui n’ouvrent plus, ou qui ne veulent rien dire. Emmanuelle Seigner, l’épouse de Polanski, qui joue dans le film, s’est ainsi « décommandée » de l’émission « Boomerang » où elle était invitée.
Boomerang….Un mot signifiant lui aussi. Étrange pertinence des mots ! Le projet du film ne date pas d’hier, était mûrement réfléchi. Outre l’intérêt de cette histoire qui partagea la France en deux clans sous la troisième république, Roman Polanski. Via le dossier de presse du film, déclare que l'histoire du capitaine Dreyfus fait écho à sa propre histoire.
"Je peux voir la même détermination à nier les faits et me condamner pour des choses que je n'ai pas faites. La plupart des gens qui me harcèlent ne me connaissent pas et ne savent rien sur l'affaire."
Est-ce cette interview accordée en Aout dernier à Pascal Bruckner qui a poussé Valentine Monnier à hurler son indignation ?....Roman Polinski serait-il stigmatisé depuis des lustres ? Des multiples plaintes à son égard, une seule a été jugée, et Polanski a été reconnu coupable, par la justice américaine, avant de fuir à l’étranger. ..(pour tout comprendre de l'affaire Polanski : https://bit.ly/2NJcXyc )
Face à l’accusation de Valentine Monnier, Polanski prépare, a-t-il dit, sa réplique, tout en « clamant son innocence », selon la formule consacrée. Entre manipulation et enchantement, le cinéma est bien ce septième art qui engloberait tous les autres, en leur piquant leurs ficelles, les mixant entre elles. La danse, le théâtre, la poésie, la musique tirent leur canevas autour du désir, de l’épouvante, de la névrose et de l’extase. Une science d’hypnotiseur, qui joue de sa camera sur les foules, et les acteurs, comme avec un pendule.
Au centre, le maître de ballet, qu’on appelle le metteur en scène. Les histoires les plus folles circulent parfois sur eux. Il semble que leur pouvoir, comme celui qu’on donne aux hommes politiques, leur monte parfois à la tête. Dans le monde du cinéma, ce n’est pas toujours le lion de la MGM, qui rugit le plus fort.
On sait depuis longtemps qu’il est plus facile de faire condamner un manant qu’un seigneur. Ce qui amène forcément silence et résignation, à moins d’être suicidaire, ou très en colère. Pour ne pas avoir observé ces préceptes, un dénommé Damien, fut condamné à écartèlement, après avoir subi le supplice de la roue. C’était en 1757 à Paris. Ce jour là le roi Louis quinze au soir de cette épouvantable journée en prit nouvelle. https://bit.ly/33DqGMN
C’est pour défendre l’honneur de sa petite fille, victime du roi pédophile, que Damien blessa légèrement celui ci d’un coup de canif. Les rumeurs des exactions de Louis 15, et celles de l’hôpital de Paris servant alors de plaque tournante aux prédateurs de la haute société, n’appartiennent pas aux grands faits d’armes des familles à blason, et ne furent jamais évidemment jugés, et très peu commentés par les historiens. Surtout pas parmi les contemporains de cette affaire. Qui aurait été assez fou à part Damien, pour oser s’opposer à l’ordre déviant des choses.
La justice a fait tout de même des progrès notables depuis l’affaire Damien, et la parole de Valentine Monnier, parce qu’elle est crédible, et appuyée par des témoignages indirects, aura au moins rencontré compréhension, sympathie et soutien. Elle n’en attendait pas plus. Aurait-elle voulu pousser au pénal, les faits sont prescrits, en raison de leur ancienneté.
C'est une question morale et autant juridique, aussi ancienne que le droit lui-même. Mais jamais la prescription n'aura autant fait débat qu'actuellement. Elle éclate dans un contexte particulier, où les femmes s’affirment, s’organisent, parviennent à rompre le sentiment d’opprobre et la peur de la relégation qui gouvernaient jusqu’alors ces problèmes de viols. Ce silence venant de la victime, et qui fait la force des prédateurs. Il agissent en fonction d’un climat sociétal plus ou moins liberticide, suggérant quand, où, et avec qui, ils peuvent s’affranchir des conventions morales.
Combien de bonnes et de petites servantes, envoyées de la province vers Paris, durent ravaler leur honte, et subirent opprobre, après avoir été mise en cloque dans une famille bourgeoise. Un usage de la femme en forme d’esclave sexuelle, qui fut presque banal tout au long du dix neuvième siècle, et sans doute bien plus tard.
Le monde du cinéma qui se la joue moderne, est plus en phase avec le monde d’hier, en raison des liens de dépendance avec le monde de l’argent fou ! C’est lui, avec son corollaire, l’esprit de domination, qui fait et défait les carrières de ceux qui ne respectent pas des règles de soumission, tétanisant les nouveaux venus, subissant le même traumatisme que les appelés du régiment, qu’on appelait « les bleus ».. Car le « tu te couches ! » n’est pas employé qu’au figuré. Un monde semblant évoluer de de façon de plus en plus incestueuse, au service de familles et consort. Depuis l’affaire Wenstein, les langues se sont débridées. Même sans avoir été l’ingénu type, on reste ahuri devant tant de cynisme et de vice. Les clichés les plus putrides sur le cinéma sont dépassés. D’un seul coup on comprend mieux pourquoi ce monde, et ses réalisations, sont tant coupés de la réalité des gens ordinaires, dans leur représentation. Ils ne les voient pas, sont victimes du complexe Marie Antoinette. .
Cela explique pourquoi tant de films historiques, et la difficulté d’aborder le fait social, comme un pays étranger dont on ne connaît pas les usages. Ils préfèrent les vaudevilles ou les marivaudages réchauffés. L’histoire de France est un vrai panier à crabes qui ne pincent plus personne, mais dans lequel ils sont à l’aise. On s’inspire d’un vieux roman de la cour, d’un vieux scandale sous la troisième république. Pourquoi s’emmerder avec le social ? Bien peu ont le courage de déranger, de dénoncer la puissance d’argent dont ils dépendent, de présenter des utopies pour le futur.
Sans doute que les comédiens ne veulent pas mettre de gilets jaunes. De vrais sacs à ploucs ! Ils préfèrent les uniformes chamarrés. Des brandebourgs, des rouflaquettes, des épées qu’on brise, des décolletés somptueux dans lesquels on plonge. Notre cinéma national est plein de costumiers, de perruquiers et de professeurs de danse, comme à l’époque du roi soleil.
Trop peu de cinéma détonnant, engagé, offrant autre chose que les éternels acteurs formatés, passant leur carrière de notable du ciné, en partant des rôles voués à l’adolescence jusqu’à ceux du grand âge. Quelle idée doivent avoir les étrangers de notre pays, à voir rien que des bourgeois, égrainant leur spleen, entre l’appartement de Paris, et leur villa Normande ou du Lubéron, à des années lumière de nos préoccupations ?
« J’accuse ! »...Disait aussi la nouvelle vague, avec Godart, Truffaut, Rohmer, Resnais, Malle, Varda, Demy et quelques autres, pour ouvrir une fenêtre sur la rue, et la société de l’époque, en plein bouleversement. On en revient à « L’affaire », comme on disait à l’époque de Dreyfus, prudemment, en regardant avec qui on allait en causer. Ce film qui traite de l’injustice, de l’engagement, et du courage, a tout sûrement pour faire mouche, et assurer un bon succès d’estime, et surtout commercial.
S’en compter qu’on fait œuvre d’éducation. Et de bons sentiments, en dénonçant l’antisémitisme. Mais on n’est jamais maître du destin. Sans doute que Polanski aurait dû se méfier davantage du passé, du retour de manivelle. En bon professionnel qu’il est. C’est sans doute cette trop grande assurance qui l’a trompé.
« J’accuse !... » Vous pensez... Ce titre a vraiment été une erreur de casting. Il a réveillé le passé, Peut-être bien Zola dans sa tombe. Sans compter toutes ces filles que certains voient comme autant d’hystériques. Elles sont en nombre, crient beaucoup, auraient pu faire de la figuration dans « la nuit des morts vivants », ou même « le bal des vampires », un film où Polanski a lui-même joué….. Elles s’accrochent à vos basques, ne vous lâchent plus, veulent vous emporter dans leur tombe. De saintes furies ! Celles du mouvement metoo, par exemple. Ou les femen… Étonnant que Polanski n’ait pas eu une fiche de travail, un pense-bête sur toutes ces histoires passées.
On ne peut se garder de tout. Personne n’est parfait. L’envie d’arriver, l’esprit tendu vers un but, est un puissant anesthésiant du réel. C’est une bombe à retardement. le timing idéal propice au scandale. Presque du Hitchcock, dans la convergence des sens, des non dits, et des coïncidences ! Un grand pervers paraît-il lui aussi. Du moins dans ses rapports avec ses actrices, sur le plateau. La liste est longue des metteurs en scène psychopathiques et autoritaires, faisant danser leurs acteurs comme un corps de ballet soumis. Certains les appellent des Pygmalion ! D’autres de façon bien plus cru !
« Le crime était presque parfait ! » C’est le nom d’un des films de Hitch. Il a beaucoup traité l’histoire du psychopathe qui joue avec la police, avec les règles. De savants montages, et des cadrages admirables... D’où vient la genèse de l’art ? Mais aussi du crime ? De la névrose ? Du passage à l’acte compulsif ? Ce moment où le créateur sort de la fiction et du jeu... Peut-on considérer qu’un artiste à moins de chance de devenir un déviant et un criminel que d’autres qui ne disposent pas d’un canal, pour esthétiser leurs angoisses et leurs désirs ? La création change-t-elle la pulsion de mort en énergie vitale ?... Reste que le metteur en scène ne ressemble en rien à un artiste solitaire, travaillant sur sa toile, mais se tient au centre de la toile d’araignée, et ressemble parfois au docteur Mabuse.
Hitchcock a longuement discuté de ses films, du processus de création avec Truffaut, dans ces carnets d’entretien qui deviendront avec raison célèbres, et tant appréciés des cinéphiles.... Qu’est-ce qui prit au père de Hitch, le jour où il expédia le brave Alfred au commissariat, à l’âge de quatre ou cinq ans, avec mission de remettre une lettre à la sommité du lieu ? Avait-il trop bu ?.. Alfred jura toute sa vie qu’il ne se souvenait plus ce qui avait pu provoquer une punition pareille. Le gamin remet donc la missive au commissaire, qui la lit et l’enferme illico dans une cellule pendant dix minutes en expliquant que « c’est ce qu’on fait aux petits garçons méchants ».
En racontant cette histoire à Truffaut, il ajouta : « On demande à tous les petits garçons ce qu’ils veulent devenir quand ils seront grands. Il faut porter à mon crédit que je n’ai jamais répondu policeman ». En tout cas il livre ici une clé freudienne à sa terreur des flics, et de l’erreur judiciaire. Le thème de l’homme tranquille, victime de la roue aveugle du destin, et de méprises incroyables, constante chez lui, présente dès ses premiers films, tels « les 39 marches - 1935 » « Jeune et innocent - 1937 » et « la cinquième colonne - 1942 » mais on pense surtout à « la mort aux trousses », film plus connu.
Les thèmes de Polanski sont d’un autre ordre. Une sombre fatalité est présente dans la plupart de ces films. Un cinema fait de lumières et d’ombre, où la quête du bonheur est fragile. La monstruosité peut être celle du destin, et frapper les héros au hasard des circonstances. Le paranormal flirte avec le pathologique et la maladie mentale. On en vient à cette possession, qui n’est que le fruit d’un mental défaillant, mais parfois d’un conditionnement, ou d’un esprit malin.
Il faut dire que la jeunesse de Roman fut un roman. Souvent d’épouvante. Avec tout de même des éclaircies. Entre ses années passées en Pologne dans le ghetto de Cracovie, la mort de sa mère en déportation, le petit juif pauvre, livré à lui-même, a dû développer des qualités exceptionnelles de résilience, pour arriver à s’en sortir, et parvenir au sommet de son art. https://bit.ly/2CMXqXP (Polanski : Sa vie est un roman)
S’il y a une polémique sur l’homme, tout le monde s’accorde à reconnaître en lui un grand cinéaste, et de grandes capacités à rebondir. Même sur une plaque de béton, pourrait-on dire. A la vue de ce qu’il a vécu, il ne serait pas étonnant qu’il traîne des félures, et qu’une part d’ombre surgisse parfois en lui, comme les héros de ses films. On ne parvient pas toujours à changer la boue en or, même si on a tourné « Oliver Twist » en rappel de vaccin contre la rage et la misère.
L’histoire que se joue actuellement autour cette affaire est bien signée Polanski. Plus vrai que celui de l'affiche ! Ce « J’accuse » au gros budget. Dans le déroulement du scandale, la dynamique particulière, les faits hallucinants, l’irruption du monstrueux dans un cadre tranquille, on retrouve la patte de l’auteur qui a sorti « Ghost writer », ce film étrange sur la création, le dédoublement, la menace diffuse. Comment l'ombre de tout ce qui est arrivé à Roman depuis l'horreur nazie ne peut-elle pas peser sur les films de Polanski ?
Prenez « TESS ». Un film admirable. D’après un roman de Thomas Hardy. Comme pour son dernier film, c’était un tournage qu’il tenait à réaliser. En hommage à Sharon Tate, sa jeune femme, qui avait été éblouie par le roman. Elle lui avait recommandé, avant de se faire assassiner par Charles Manson, en 69, dans leur villa de Los Angeles. https://bit.ly/353djWv
L’écho de « Rosemary’ s baby », ce chef d’œuvre glaçant de la manipulation et de l’épouvante me revient aussi en mémoire. Le lieu clos de la chambre, permettant tous les sacrifices, et les exactions. Tess, raconte l’histoire d’une jeune fille pauvre, dans la campagne anglaise au dix neuvième siècle. Engagée comme « dame de compagnie », elle va être victime du fils de famille, un opportuniste. C’est le cœur de l’histoire. Un huis clos glaçant où cette « oie blanche » inexpérimentée, candide, se retrouve déshonorée, enceinte, et toute à sa honte, va, à partir de ce traumatisme, s’enfoncer de plus en plus dans la déchéance, la punition, armant la violence contre elle même, finalement. …
Tess, (sublimée par Natassja Kinski, qui jouera certainement là le rôle de sa vie), s’affranchira finalement du passé, en tuant son prédateur, dans un moment de colère froide. Fuyant la police, elle va se lancer sur le tard dans une quête du bonheur, et des occasions passées. Quelques jours crépusculaires, et si beaux, dans des bras aimés, avant que la parenthèse ne se referme. Qu’importe. Tess est une femme libre, qui s’est battue pour s’affranchir des conventions et du refoulement. J’ai pensé à elle en écoutant ses soeurs, refusant d’être des actrices soumise au maître, qui leur avait imposé le silence. Tess est d’une grande modernité. N'est-ce pas elle qui demande maintenant des comptes ?
J’ai été étonné de voir que Costa-Gravas soutenait lui aussi Polanski. "Ca fait 40 ans... Le pardon est nécessaire dans la société », a observé récemment le réalisateur, président de la Cinémathèque française. Costa-Gravas a tout de même réalisé nombre de films dérangeant, liés à la mémoire. L’un deux m’a particulièrement marqué. « Music box »
L’histoire met en prise une jeune avocate américaine, avec le passé de son père, ce « héros », qui s’avérera finalement avoir été un monstre nazi... Music box est un chef d’œuvre, fait d’élégance et de non dits. Il faudra que la jeune femme visionne des photos d’époque, pour admettre enfin ce qu’elle savait déjà. Là aussi, en lisant les propos de Costa-Gravas, il m’a semblé entendre la musique du film se mettre en branle, et que les ballerines en porcelaine se mettaient à danser.
Qui peut juger ? Et qui peut pardonner, hormis les victimes elles mêmes ?
L’image de Tess m’est revenue. Et puis celle aussi de Polanski, enfant, misérable, à la croisée des chemins, hésitant entre deux routes à suivre, au sortir du ghetto, dans la campagne Polonaise hivernale. Je les ai superposées aux propos résilients de Valentine Monnier. Mais je ne savais plus de quelle bouche ils sortaient, tant ils étaient universels.
"J'ai tenu tant d'années, usé de différents exutoires pour résister, pris de nombreuses voies détournées pour le dire autrement, avant de comprendre, dans le pas de femmes exemplaire, que le chemin de la vérité était le droit chemin' !"
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