Police – Justice : et l’Etat de Droit ?

En effet, l’exécutif en France passe désormais son temps à re-re-juger les verdicts de la justice (à commencer par son président) qui trouve les sentences « trop clémentes », « disproportionnées », « incompréhensibles », « inadaptées », etc., etc… Comme si, ce dit exécutif n’était pas le garant de la Justice mais son commentateur attitré.
Dès lors, que certains policiers aient des attitude déviantes par rapport au droit et à l’Etat de Droit, quoi de plus naturel.
La justice, dit-on, est aveugle : c’est à dire qu’elle juge un fait, et ne regarde qu’à postériori l’identité sociale du prévenu. Et quand elle le fait ce n’est pas pour « justifier » mais pour « comprendre », donner un sens à ces verdicts.
Cependant, cette justice qui se devrait sereine est victime d’une multiple agression ; au lieu d’être pérenne, elle est frivole : dans aucun autre pays européen il n’existe une telle multitude de lois, une telle logorrhée de textes, un tel dédale d’interprétations et de dispositions contradictoires. Par ailleurs, elle est non seulement contestée par les citoyens (ce qui est une attitude compréhensible) mais aussi par ses propres protecteurs, et même parfois par son ministre de tutelle. Enfin, elle est aussi victime d’un manque de moyens évident, ce qui l’amène à bâcler ses propres dossiers et donc à offrir elle-même des bâtons pour se faire battre.
La France est de tradition de droit romain. L’intime conviction du juge est sacro-sainte. Celui-ci n’est pas un arbitre départageant avocats, procureurs et parties civiles. C’est un acteur direct et décisif. En ce sens, respecter sa fonction est le fondement même, la clé de voûte de notre système judiciaire. Vous enlevez le respect à sa fonction et vous prenez des libertés circonstancielles concernant ses décisions et tout le système s’écroule.
La police, ou plus généralement les services d’ordre de la République, connaissent les mêmes problèmes. Manque de moyens, manque de priorités, supplice des danaïdes, qui doit quotidiennement tout recommencer, faute justement de moyens et d’objectifs, disparités géographiques, manque de formation, et surtout disposition des effectifs par rapport aux dernières nées des lubies de… l’exécutif qui, lui même, subit et manipule en même temps l’opinion dite publique, à sa guise.
Au delà de la solidarité, tout à fait compréhensible, des policiers envers leurs collègues, ces derniers devraient comprendre et intérioriser le piège qui est en train de se refermer autour d’eux. D’autres exemples, bien plus criards, en d’autres temps en France et en d’autres lieux encore aujourd’hui, sont disponibles pour anticiper le fait qu’il arrive toujours un temps où ils sont laissés en pâture, dès lors que le pouvoir (tout pouvoir) considère qu’ils ne font plus son affaire. Il arrive toujours un temps où, à force de confondre solidarité du groupe et sacerdoce républicain on est fortement sanctionnés.
Les caresses du pouvoir - incapable de répondre aux besoins et aux priorités d’ordre public et prisonnier de ses propres intérêts -, ne vivent qu’un instant. « Les copains d’abord » étant un sport pratiqué impunément chez les gens du pouvoir. Mais pas forcément chez les fonctionnaires de la République.
A l’époque de Périclès, à Athènes, la police était composée de métèques, c’est à dire d’individus venus d’ailleurs, sans attaches avec les patriciens des grandes familles. Ne connaissant personne, ils agissaient en conséquence, ne faisant plaisir à personne. Un autre petit détail, qui a son importance, sur l’attitude démocratique de la Cité. On en est loin…
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