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Politiques d’austérité ? Un immense succès

Certains esprits chagrins, des jaloux, des aigris, ratés de tous poils vont parcourant les ondes des deux médias qui les reçoivent par pitié pour nous seriner que les politiques d’austérité menées aujourd’hui en Europe sont un échec cinglant.

Chiffres en mains, ces rabats joie tentent de nous prouver en postillonnant que l’application des mesures prises par la Troïka, le FMI et la Banque Mondiale ont fait exploser le chômage, augmenter la dette et répandu la pauvreté…

N’en déplaise à ces pisse-froids, l’austérité est une réussite phénoménale.

Aujourd’hui, en France, on entend partout la même rengaine. Du comptoir en zinc de « chez Dédé » aux routes du tour de France en passant par les « open space » des entreprises encore en vie, partout résonne la même complainte : « On est gouverné par des cons ! »

Or, s’il y a bien quelque chose que l’on peut attendre de nos fières écoles et universités, c’est qu’elles ne forment pas des imbéciles. La pire faute que l’on puisse commettre serait de sous estimer l’agilité intellectuelle de nos élites politiques. Entrer à l’ENA n’est pas à la portée du premier mongolien venu…

Ceux qui nous gouvernent, donc, ne sont pas idiots, loin de là.

 

Mais alors, me direz vous, s’ils ne sont pas idiots c’est qu’ils sont aveugles ! Perdus dans leur petit milieu fait de connivences entre politique et affairisme, alternant les déjeuners sous les ors de la République et dîners mondains dans les hôtels particuliers du 7ème arrondissement, ils sont coupés des réalités sociales, inconscients de ce que vivent les peuples au quotidien !

Deuxième erreur. Ce serait oublier que ces gens là disposent de services d’études performants qui sondent, creusent, analysent en temps réel toutes les données du corps social. Ne nous y trompons pas : ils savent et ils comprennent.

 

Il en résulte que le constat est clair. Les politiques d’austérité sont initiées, élargies, approfondies en toute connaissance de cause.

C’est à ce moment là que l’œil du gros Robert rougi par l’absorption d’une quinzaine de pastis se voile d’incompréhension.

C’est qu’il est conditionné, le gros Robert, et qu’en plus il est gentil. Il croit, comme la plupart des gens, comme le serinent nos excellents commentateurs et experts multicartes, que nos gouvernants ont été élus pour défendre l’intérêt des peuples qui les ont élus.

Troisième balourdise, et sans doute la plus grave.

 

Si nous regardons, sans même entrer dans des détails techniques, ce qui s’est passé en Europe ces dernières années, nous y trouverons un faisceau d’indices propre à nous éclairer :

Un référendum a été rejeté par une forte majorité des français. Il a été adopté par voie parlementaire grâce à une union des partis politiques de droite et de « gauche ».

La crise financière a été le prétexte d’une destruction totale d’un pays entier : la Grèce.

D’autres pays suivent le même chemin : l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France…

Des gouvernements élus ont été destitués par la volonté de la Communauté Européenne et remplacés par des fantoches aux ordres : Grèce, Italie.

L’alternance voulue par les français en 2012 n’a débouché que sur la poursuite voire l’aggravation des mêmes politiques.

La chute de la Grèce, son déclassement rapide sous l’effet des mesures d’austérité de pays développé en pays émergent, loin de se ralentir s’accélère encore. Ce qui n’empêche pas la troïka de conditionner ses aides à d’autres coupes encore plus drastiques dans les dépenses de l’Etat.

 

Les 500 plus grosses fortunes françaises ont vu leur patrimoine enfler de 25% cette année.

Il y a tellement d’argent en circulation dans le monde que les prêts à certains Etats sont devenus négatifs. C’est à dire que l’emprunteur gagne de l’argent tant les capitaux circulants sont démesurés et ne savent plus où s’investir.

En France, le nombre de millionnaire a encore augmenté.

 

Tout cela fait sens et devrait convaincre même les plus naïfs que le but ultime de ces politiques n’est absolument pas le bien commun.

 

Nicolas Sarkozy donne des conférences payées 100 000 euros pour Goldman Sachs.

DSK est entré au conseil de surveillance d’une banque russe.

José Maria Aznar est administrateur de l’empire Murdoch et conseiller de Centaurus Capital (fonds de placement) entre autres…

Gerhard Schroder travaille pour Gasprom.

John Major est président Europe du groupe Carlyle.

Tony Blair est conseiller de JP Morgan et de Zurich Financial.

 

Notre élite n’est ni stupide, ni aveugle. Elle n’est simplement que le faux nez que les grandes fortunes mondiales utilisent pour mener leur guerre de classe. Une guerre qu’elles ont gagnée.

C’est cela le véritable but des politiques d’austérité. Presser le citron jusqu’à l’assécher, détourner en direction de la pompe à Phynance toutes les sources de richesses, enrichir encore ceux dont les fortunes échappent à toute rationalité, à tout sens.

Leur finalité est d’établir le pouvoir de la classe possédante mondiale et de pérenniser sa domination. C’est à une véritable Restauration à laquelle nous assistons…

 

La démocratie représentative, si peu démocratique qu’elle soit, a été supprimée.

La solidarité, l’idée de peuple et de nation, la « décence commune », tous les réseaux d’entraide ont été taillés en pièces et ne subsistent plus qu’à l’état de charpies.

Le salariat généralisé, précarisé, conditionnel, a réduit les humains à l’état de zombis au sens strict du mot.

La planète dévastée menace de détruire l’espèce humaine en la privant de ses moyens de subsistance.

 

Pourtant la guerre n’est pas finie et nous pouvons cesser de la perdre. D’immenses forces peuvent se lever et renverser la donne…

 

La première des choses à faire est d’éteindre nos téléviseurs et de cesser de participer à leurs élections visant à remplacer « bonnet blanc » par « blanc bonnet ».

Ensuite nous devons nous occuper du monde tel qu’il est en abandonnant nos œillères, car nous sommes tellement formatés par leur idéologie que nous ne voyons plus ce qui se passe autour de nous.

 

L’exemple de « Pole emploi » est frappant en ce sens.

Imaginez un endroit où se rassemblent toutes les compétences, où viennent se mêler l’expérience des anciens à la fougue de la jeunesse, où tous les corps de métiers sont représentés…

Cet endroit devrait être le lieu où bouillonnent les idées, où foisonnent les projets, où se groupent et s’assemblent les nouvelles entreprises en prise avec la réalité et les besoins locaux !

Eh bien non ! Pôle emploi n’est que le sanctuaire du désespoir !

Faut-il que nous soyons aveugle, dévots malgré nous du système qui nous accable pour ne pas prendre conscience de la formidable chance que représente la rencontre avec ceux qui partagent nos difficultés, ceux qui peuvent nous apporter les compétences qui nous manquent, ceux qui nous enrichiraient de leur énergie !

Nous allons au « Pôle emploi » comme les esclaves de la Rome antique allaient sur le marché : en espérant qu’un bon maître fasse notre acquisition !

 

A ceux qui sont encore debouts, aux autres qui se sont usé les genoux et qui veulent se relever, aux derniers qui rêvent encore d’un monde meilleur pour leurs enfants.

Levez vous, prenez de nouveau la Bastille !

La prison symbolique de la révolution n’est plus dans Paris, elle est dans nos têtes. Nous ne sommes vaincus que parce que nous le croyons…


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13 réactions à cet article    


  • subliminette subliminette 15 juillet 2013 11:55

    Bonne analyse que je partage.

    Juste une question : que gagnent les hommes politiques à suivre les directives de leurs maîmaîtres ? Un appui pour une éventuelle réélection ?

    Mais il me semble qu’un politique qui chercherait à faire vraiment le bonheur de son peuple n’aurait aucun souci de ce coté-là

    Ou alors seraient-ils victimes d’un chantage ? d’une corruption ?


    • abelard 15 juillet 2013 12:03

      Ils n’ont même pas besoin d’être corrompus, ils sont soigneusement sélectionnés pour défendre les « bons intérêts »...
      Exactement comme les journalistes. Un livre édifiant sur la question : « La fabrique du consentement » de Noam Chomsky.

      Quant à savoir ce qu’ils y gagnent, j’ai listé de façon non exhaustive leurs activités après avoir quitté le pouvoir. Les bons maitres savent les récompenser d’avoir bien travaillé pour eux...


    • Ronny Ronny 15 juillet 2013 15:42

      Globalement d« ’accord avec votre analyse, la Grèce étant le laboratoire permettant de savoir jusqu’où aller trop loin.

      La question des motivations qui conduisent à appliquer une politique néfaste reste posée. Pour moi, je vois trois explications :
      - effectivement, nombre de hauts politiques font partie du système cumulant rétribution, jetons de présence divers, etc. Je ne veux pas faire d’antiparlementarisme, mais il me semble que notre représentation nous coute fort cher en »indemnité« et en retraite... je mets de côté les élus locaux (des petites communes) dont je suis, dont l’activité ressort plus du bénévolat que d’autre chose !
      - pour certains, surtout à droite, une certaine haine du petit peuple, probablement lié à une crainte du même petit peuple, tout ,juste bon à travailler contre une rétribution du travail jugée comme toujours trop excessive. Pour eux, le déficit de la France est du à la fainéantise des Français, des fonctionnaires, etc. jamais aux dirigeants, hauts cadres, dont ils font partie. Dans ces conditions, il est »normal« que le dit petit peuple se sert la ceinture !
      - un moule unique pour la plupart de nos élites. Formés à l’ENA, par des économistes bon teint, peu ont entendu les discours de personnes comme F. Lordon ou des économistes atterrés. La politique d’austérite actuelle n’est que le résultats de la toute puissance de l’école de Chicago, c’est le contre coup du libéralisme effréné qui clamait haut et fort que »le marché s’autorégule« ,que »l’Etat est le problème« , Etat qu’on est allé cherché vite fait pour sauver les banques sans contre partie, sauvetage que nosu payons au prix fort aujourd’hui... 
      - une rhétorique bien huilée. Effectivement, une pensée unique (un »consentement" selon Chomsky) s’établit, via des médias sous contrôle pour la plupart. L’austérite actuelle n’est que la copie intellectuelle du TINA (there is no alternative) de M. Thatcher, alors que S. George disait TATA (there are thousands of alternatives). Pour y arriver, le tout en premier lieu, est de le vouloir

      Il faut nous réveiller. Je suis simplement inquiet de voir combien peu de gens sont conscients des problèmes...


      • Richard Schneider Richard Schneider 15 juillet 2013 16:05

        @Ronny,

        D’accord avec votre excellent commentaire. 
        Nos « politiques » font partie du système. Et ceux qui le critiquent sont considérés soit comme des « hérétiques » (Lordon), soit comme des idéalistes (Kurgman). 
        Le « réveil » que vous souhaitez n’est pas pour demain.

      • abelard 15 juillet 2013 17:01

        ... Je ne parlais évidemment pas des élus locaux dans cet article...

        Je me demande si l’un des problèmes liés à la fréquentation de l’ENA, en dehors du formatage et des oeillères n’est pas un fantastique développement de l’arrogance.
        Les grecs auraient appelé ça l’hubrys, la démesure...
        A écouter des gens comme J. Attali on se demande s’il est bien conscient de ce qu’il dit...
        Nous devons fermer l’ENA de toute urgence.


      • abelard 15 juillet 2013 17:02

        Mince,

        Hybris, bien sûr...


      • PapaDop PapaDop 15 juillet 2013 18:32

        Bonsoir Tous ,

        Bon article ,éclairant pour certains ,piqure de rappel pour d’autres ,bref ,Les Problémes nous les connaissons mais Les ,La Solution(s) ou sont-elles ?

        Excusez mon rabat-joienisme mais les révolutions n’aboutissent pas toujours à ce que l’on désirait , par contre elles finissent toujours en bain de sang ...


        • PapaDop PapaDop 15 juillet 2013 18:38

          Peut-être le même système que maintenant avec la foi en sa profession et le désintéressement total ... Science fiction quoi smiley


        • abelard 15 juillet 2013 18:42

          Oui c’est certain,
          Mais il existe d’autres pistes.
          D’abord sortir de prison, la Bastille a prendre aujourd’hui est dans nos têtes, nous ne nous apercevons plus des immenses possibilités qu’offrent les rencontres.
          Un exemple, après celui de Pôle emploi :
          Je voyage beaucoup en ce moment et j’en ai eu marre de me faire épiler les coucougnettes par la SNCF qui a délaissé le service du public pour s’adonner aux joies de la rentabilité... J’ai eu recours au co-voiturage. Eh bien d’abord ça marche très bien mais de plus on fait des rencontres très intéressantes. Des projets se montent, des offres de services s’échangent, des envies de solidarité émergent...
          Il suffit juste de vouloir coopérer et de se faire confiance.
          Voila déjà un petit début de révolution...


        • PapaDop PapaDop 15 juillet 2013 19:14

          Testé et Approuvé ; Marseille Lyon en allez simple et charmante compagnie ; 20 Euros ,Du coup la Sncf n’a plus qu’a épiler ailleurs smiley


        • COLLIN 16 juillet 2013 09:36

          « les révolutions n’aboutissent pas toujours à ce que l’on désirait , par contre elles finissent toujours en bain de sang ... »

          Permettez moi cette précision : le bain de sang,c’est déjà maintenant,et la « révolution » n’y est pour rien...Irak,Syrie,etc...

          Pour vous paraphraser,« Excusez mon rabat-joienisme »


        • Peretz1 Peretz1 15 juillet 2013 20:55

          Moralité, il faut changer de système . C’est dans « En finir avec les crises et le chômage » en numérique ou sur papier pour l"Economie, et sur : www.citoyenreferent.fr , pour la politique. Il y a du grain à moudre.


          • alinea Alinea 15 juillet 2013 22:53

            Ce dont on peut être sûr, c’est que le pouvoir a une fin, quand ceux qui le détiennent vont trop loin ; nous y sommes ! j’espère bien voir ça. Le tout, c’est d’être prêt !
            Je ne suis pas sûre qu’il reste beaucoup de crédules ; sauf les classes moyennes supérieures ; c’est normal ! Mais je suis sûre que cela ne fait pas avancer le scmilblick pour autant : à voir ces déchirures ! maintenant il nous faut donner une cohérence au trop plein et ne pas laisser filer la haine...

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