Pour la stratégie Chevènement !
En juin dernier, mis en minorité dans le parti qu'il a lui même fondé en recueillant seulement 16% des voix autour de sa motion, Jean Pierre Chevenement démissionne de son poste de président d'honneur du MRC. Ce petit parti, coincé dans une logique d'alliance avec le PS, ne pouvait accepter la ligne pour le moins original de l'ex ministre "Je lui ai proposé d’être le fer de lance d’une alternative républicaine dans une démarche de rassemblement sans sectarisme. Mais c’est un petit parti prisonnier de sa logique. C’est pourquoi le débat y a été étouffé"
Cette proposition d'alliance allant "de Mélenchon à Dupont-Aignan" parait pourtant séduisante ; c'est qu'on entrevoit déja la puissance électoral que pourrait avoir un tel rassemblement d'idées.
Les français peuvent aujourd'hui constater l'échec de la construction d'une Europe "social" et "protectrice des peuples" tel qu'on leur a vendu durant tant d'années. C'est prendre peu de risque que de dire que cette Europe ne verra pas le jour, du moins à court et moyen terme, et l'affaire Syriza de ces derniers mois l'a démontré de manière flagrante. Il apparait de plus en plus que l'UE n'est plus qu'une machine à proposé une politique quasi-perpétuel d'austérité au service d'un ordre monétaire inique. Nombreux sont ceux sur qui le discours-sermon médiatique pro-europpéen et néo-libéral ne fonctionne plus ou n'a même jamais fonctionné. Il y a la des foules d'esprits en friche, demandeuses au fond d'une alternative politique crédible. Un rassemblement ayant pour base la défense de la souveraineté national, transcendant le clivage gauche/droite pourrait être de nature à convaincre ces personnes. Certes, Chevenement n'est pas De Gaulle et Dupont-Aignan n'est pas Jean Moulin mais une telle alliance ferait également appelle au derner mythe national actif dans l'inconscient collectif français : la Résistance et le CNR.
Le bon sens populaire, qui subit ces dernières années des attaques massives portés par les médias, est toujours debout. Les français sont méfiants, ils savent que la sortie de crise ne se fera pas d'un coup de baguette magique, ils ne croient pas ceux qui leur promette autre chose que du sang et des larmes et c'est précisemment là dessus que proposer une sortie de l'euro accompagné d'une dévaluation - néfaste dans un premiers temps avec l'augmentation du coût des produits importés mais bénéfique par la suite grâce à la réindustrialisation que cela permet - peut faire mouche et rassembler de larges catégories de la population. Nous souffrirons certes, mais il y aura une direction, un cap et les sacrifices ne se feront pas en vain (comme cela est le cas actuellement avec l'austérité).
Une alliance sur quelle base ?
Il parait évident qu'une alliance de ce genre ne pourrait être que ponctuelle et déstinée à rebattre les cartes du jeu politique. En clair, il s'agirait de substituer la fausse opposition gauche/droite actuelle par une gauche et une droite toutes les deux garantes de la souveraineté national, ainsi que de re-marginaliser le Front National.
Un programme commun, pour être viable, devrait s'articuler au minimum autour de la sortie de l'euro - comme monnaie unique - et de l'OTAN. Par la suite, à comparer les programmes du Front de Gauche et de Debout la France, les deux points extrême de ce qui serait une large alliance républicaine, on peut y constater de nombreux points de ralliement, et pas des moindres : protectionnisme, retour de la planification à la française, programme fiscal progressiste, mise au pas de la finance et des banques, défense des services publics, nationalisation d'EDF-GDF.. En réalité, bien que ces courants ne soient pas issus de la même philosophie politique, le seul point ou l'on peut déceler une différence profonde de point de vue concerne la question de l'immigration, question qui parait secondaire au regard des enjeux actuelles en France et en Europe.
Il convient de préciser que l'auteur de ce texte a une sensibilité de gauche tout en étant un ennemi déclaré du sectarisme qui s'y rattache. A regarder le programme de Debout la France il n'y a franchement pas de quoi cracher dans la soupe lorsque l'on se dit de gauche... aussi une alliance républicaine avec une telle droite semble logique et toute naturelle.
Est-ce faisable ?
Pour l'instant, si l'idée plait au président de Debout la République Nicolas Dupont-Aignan, qui s'est montré ouvert et a salué l'initiative de Chevènement, l'idée a mal été accueilli au front de gauche « Il n'en est pas question » selon Jean Luc Mélenchon « M. Chevènement aurait sa place au Front de gauche, pas M. Dupont-Aignan, et le dire, c'est nullement être sectaire. C'est juste partir des faits. Donc, je ne suis pas d'accord pour ces sortes de mélanges qui rendent la situation plus confuse au moment où elle a besoin d'être clarifiée ». Mélenchon a tort. C'est la position du front de gauche sur la question de l'euro qui rend la situation confuse. La dureté de la position allemande autour des principes ordo-libéraux ("il faut rembourser ses dettes") lors des récents évenement en Grèce fourni bien une preuve que l'euro n'est pas réformable, si hier le gouvernenement allemand n'a pas accepté la moindre inflexion sur la politique d'austérité malgré toutes les tentatives du gouvernement Tsipras ce n'est pas demain qu'il acceptera une union de transfert budgétaire entre Etats ou qu'il acceptera d'autres statuts de la BCE que celui de combattre uniquement l'inflation au détriment du chômage..
On se doit de saluer le travail de ces intellectuels de gauche de notre époque qui, quitte à passer pour des obstinés, essaient de rappeler celle-ci à la raison en lui expliquant que toute politique progressiste est imposible dans le cadre de la zone euro. Soyons clair, laissez la primauté de la critique de la monnaie unique au seul Front National est un désastre. Pourquoi cette attachement du front de gauche a ce qui n'est qu'une monnaie ? Pourquoi lié le sentiment europpéen à des billets de banque et à un symbole figurant au bout d'un montant ? Il convient de faire de la question de l'euro une question d'ordre technique et ne plus la rattacher à des intentions supposés pro ou anti europpéennes. En clair, si nous souhaitons un retour aux monnaies nationales ce n'est pas parce que nous sommes hostiles à toute idée de construction europpéenne mais parce que pour des raisons d'ordre démographiques, économiques et politiques l'euro nuit au plein développement des différents pays d'Europe.
Peut être que le front de gauche a peur d'être taxé de "rouge-brun" ou de reprendre une idée actuellement accaparée par le Front National, mais le parti censé representé les interêts des plus faibles se doit de prendre ses responsabilités. Il peut proposer une alternative en défendant par exemple l'idée d'une monnaie commune, dans laquelle l'euro servirait aux grands échanges internationaux et où chaque pays reviendrait en interne à une monnaie propre, fluctuante et renégociée chaque année au niveau européen, mais il ne peut plus rester sur sa ligne actuelle.
Un antidote contre le Front National
La puissance de l'extrême droite dont les deux dernier scores électoraux ont tourné autour de 25% des voix est préoccupante et anormale. Le plus préoccupant étant que le programme économique porté par ce parti apparait comme étant le plus réaliste et "de gauche" parmi ceux en position d'accéder au pouvoir. Le Front National vantant hier les bienfaits du libéralisme le plus absolu incarné par Reagan et aujourd'hui reprenant à son compte le travail d'intellectuel et de mouvement de gauche - allant jusqu'a soutenir Syriza – à toujours garder le même noyau dur : un racisme latent, une volonté d'exclusion d'une partie de la population, le programme économique ne variant qu'au gré de l'opportunité du moment. Cette situation, en plus d'heurter l'entendement, crée un grand désabus et une profonde confusion dans la population. Pour qui devrait voter un musulman jugeant que la France doit sortir de la monnaie unique ? Est t-on un partisan du choc des civilisations lorsque l'on souhaite que la démocratie ne soit plus baffoué par les institutions europpéennes ?
Il y a un grand vide dans l'offre politique actuelle, un gouffre qui ne se remplit que par l'abstention et le désintéressement de la chose politique, ésperons qu'en ce domaine la aussi la nature ait horreur du vide ! Les scores élevés du Front National nous montrent que ce parti récupère de nombreux votes de personnes nullement réactionnaires mais simplement désespéré par la médiocrité de la classe politique au pouvoir. Ces personnes se détourneraient de l'extrême droite, si on leur donnait le choix. Le Front National qui parait tant effrayant n'est qu'un château de carte qui s'effrondera au prochain souffle républicain, et d'ailleurs tout ce qui prospère sur le vide est condamné à s'éffondrer. Ne nous laissons pas allez à la résignation et renvoyons ce parti à son cercle d'incurables racistes qu'ils n'auraient jamais dû cessé d'être !
Au travail !
Jaurès et De Gaulle sont deux hommes célebré respectivement par le Parti Socialiste et par les Républicains (UMP). Pourtant, les deux sont trahis. Jaurès au pouvoir aujourd'hui aurait-il eu pour seul idée de proposé un pacte de compétitivité inepte et régressif ? Se serait-il contenté de vagues discours dirigés contre la finance internationale ? De Gaulle aurait-il consulté la chancellerie allemande avant d'adopté un point de vue sur la situation europpéenne ? Se serait t-il systématiquement rangé du côté du grand frère américain, fermant les yeux sur ses agissements et reprenant à son compte les arguments de temps de propagande ? Ces deux la auraient été attérés par la vacuité et l'impuissance de nos dirigeants ; ils auraient agi contre.
Comme beaucoup de nos jours, l'auteur de ces lignes est un oeil qui guette tout frissonnement dans la société succeptible de pouvoir ébranler le mur des dogmes qui pèsent au dessus de nous tous.
Syriza a échoué ? Passons. Et tirons-en les conséquences. Il semble de plus en plus évident que la réponse à la crise actuelle ne peut consister qu'en un rassemblement transcendant le clivage gauche-droite articulé autour d'un programme de rupture fort. C'est le sens du projet ambitieux proposé par Jean-Pierre Chevènement, homme à la parole juste à qui les évenements ont toujours donné raison mais qui, il faut le dire, n'a jamais su rassembler les français autour de sa ligne politique. Par manque de moyens ou de charisme certainement, ainsi que par une attitude trop diplomatique et pas assez "rentre-dedans" contre le Parti Socialiste et sa dérive néo-libéral. Toutefois, il reste certainement l'homme politique le plus intelligent de la gauche, ésperons que son idée de rassemblement républicain se révelera au bout du compte être sa plus grande idée.
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