« Pourquoi je vais voter pour Marine Le Pen en 2012 »

Comme beaucoup de mes voisins de la cité du Mirail à Toulouse, les élections de 1974 ont été un véritable traumatisme. Nous étions tellement convaincus que la gauche allait gagner. Nous étions repartis pour 7 ans de droite droitière.

En 1976, j'étais un jeune gardien de prison plutôt mal à l'aise dans son uniforme. Je faisais un métier qui ne me plaisait pas. Sans diplômes mais riche de mauvaises fréquentations, je n'avais pas eu beaucoup d'autres choix. C'était la prison ou la prison...

C'est à partir de cette année la, que j'ai commencé à m’intéresser à la politique. Ayant été nommé secrétaire médical à L’hôpital des prisons de Fresnes, j'avais le poste idéal pour observer en vase clos une représentation de notre bonne société Française. Car à l'image du Bifudis, à l'intérieur c'est comme à l'extérieur ; les riches restent riches, les pauvres restent pauvres, les méchants sont méchants, les salauds sont des salopards et les gentils sont gentils.

C'est l'épisode des prisonniers politiques Corses, grévistes de la faim, qui a été le déclencheur de ma prise de conscience politique. C'est grâce à eux que j'ai découvert que l'on se foutait de notre gueule et que nous étions complètement manipulés. C'est aussi à ce moment là que j'ai vu comment un gouvernement pouvait être à genoux devant ces quelques gamins, chevelus et barbus, qui refusaient de s'alimenter tout en acceptant d'être soutenus par de puissantes boites de Rinutril aussi protéinées qu'un bifteck de cheval. Tous les soirs le journal du 20 heures les annonçait agonisants, à l'article de la mort, alors que moi je les quittais en aussi bonne forme que vous et moi.

L’apothéose, c'est quand le garde des sceaux de l'époque, Alain, téléphona à Solange, responsable du service de santé des prisons pour lui dire : « S'il arrive quoi que ce soit aux Corses vous êtes tous virés ! ». Il faisait allusion à elle, au médecin chef de l’hôpital, au chef du service gastro où je travaillais.

• A genoux vous dis-je !

Ensuite, les années 77,78,79,80, et leurs lots de scandales politiques, de magouilles en tous genres, de petits et grands arrangements entre initiés, de petits meurtres entre amis. Lecture assidue du Canard Enchainé, de l’Express, du Monde, quand j'avais le temps et pour faire bien comme les trois quarts des gens qui le lisent. Puis la télé, Georges et ses pitreries, Jacquot et Charles avec leur SAC à malice, Giscard et ses nombreuses facettes, le mur qui nous empêchait de voir dans quel bonheur nageaient ceux qui étaient de l'autre coté, les grands philosophes et les donneurs de leçons de tous bords et puis enfin 1981...L'heure de la revanche allait sonner.

Le 10 Mai 1981, j'avais 24 ans et bien entendu j'ai voté pour François. ( je ne savais que dans sa jeunesse, il était parti en cure à VICHY ) Ce type avait l'air tellement honnête et sincère... A ce moment là, j'étais un jeune homme rêveur, je pensais profondément que la gauche allait changer notre vie, que les richesses allaient être partagées, que la monarchie allait complètement et définitivement disparaître du paysage, que les curés et autres travestis en robes longues allaient s'enfermer dans leurs églises et nous foutre la paix avec leurs sermons etc. Bref, que le peuple Français allait enfin se libérer.

Comme bon nombre de crétins, ce soir là, j'ai klaxonné pendant des heures au volant de ma voiture dans le centre ville de Nantes. « On a gagné, on a gagné ! »

Oui, on avait gagné. Mais qu'avions nous au juste gagné ?

François s'est installé pour 14 ans à la place de l'accordéoniste et les magouilles ont repris, les petits arrangements entre initiés aussi, ainsi que les meurtres entre amis. Les manipulations, les désinformations, les mensonges ont continué de plus belle et notre quotidien est resté le même. Qu'espérions-nous exactement ? Je me le demande encore...

1995 et l’avènement du grand orthopédiste. Sitôt Édouard et ses porteurs de chaises, Nicolas et François le basque, entre autres, renvoyés dans leurs appartements, il était question qu'il s'occupe de réparer la fracture sociale, en vain...Inutile de préciser que tout ce qui est cité plus haut, a continué. Les hommes ont changé, mais pas les bonnes habitudes. Visiblement de ce coté là aussi il n'y avait pas grand chose à attendre non plus.

2002 et enfin l'heure de Lionel et de Jean Marie. Enfin presque, l'un a raté le train et l'autre ne semblait pas vraiment disposé à composter son billet. C'est dur à vivre un rêve qui se réalise...

On est reparti pour 5 ans avec Jacques, avec la bénédiction de 82% de la population. Cette fois là, même pas besoin de promettre quoi que ce soit, il s'agissait avant tout d'un acte républicain pour empêcher l'autre de faire un résultat. Une sorte de blanc-seing pour continuer les...

2007 et deux nouvelles grandes ambitions, Ségolène et Nicolas. Les deux veulent notre bonheur mais nous proposent des chemins différents pour l'atteindre. Nous choisirons le plus court...

La suite vous la connaissez, à peine élu, direction le café du commerce pour retrouver les siens, les amis, les initiés...

• Et mon bonheur ? Encore baisé !

2012 approche et une nouvelle venue vient de faire une entrée fracassante sur la scène politique : Marine. « C'est le diable ! » Entend-on nous ici où là. A droite comme à gauche on tire à boulets rouges sur la blonde héritière. Les griefs sont toujours les mêmes : Racisme, xénophobie, antisémitisme, préférence nationale, incompétente etc. On nous promet le 4eme Reich et la réouverture de la ligne Maginot.

Et bien moi, j'ai bien envie de prendre le risque, histoire de voir...Trente ans que je regarde nos politiques de droite et notre gauche caviar nous prendre pour des cons, nous manipuler.

Alors, quitte à se faire baiser une fois de plus, j'aime autant qu'elle soit blonde et qu'elle ait les yeux bleus !

Patrice DEUMIE