Pourquoi priver les jeunes citoyens de leur droit de servir leur pays ?
Pourquoi faire chaque année de quelque 250 000 jeunes citoyens, déjà ignorés par la société en raison des erreurs commises par les générations qui les ont précédés, des « marginalisés de la nation », alors qu’un « service national » obligatoire permettrait de faire l’économie d’une instruction civique bâclée au sein de l’éducation nationale ?
Le système de défense français ayant été décrit comme global, il faudrait trouver les moyens d’intégrer dans chacun des domaines de cette défense globale, les jeunes citoyens français, devenus majeurs à 18 ans.
Or, on a pris l’initiative malheureuse de supprimer le service national qui faisait partie des traditions de ce pays depuis la bataille de Valmy. Mais qui s’en souvient ? Une telle décision risque de vouer la France à devenir un pays anonyme composé de communautés disparates de moeurs, de pensées, de religions ou de mystiques sans racines... Si ce service n’avait pas été aboli, on compterait aujourd’hui 2 500 000 jeunes capables de jouer leur rôle de citoyens.
Croit-on vraiment que l’éducation nationale, une fois réformée, serait capable de remplacer « ce creuset de la nation », alors que certains professeurs qui l’animent persistent à rechigner à être des éducateurs civiques et font appel à des services de sécurité pour maintenir l’ordre dans certains de leurs établissements, voués à l’anarchie faute d’avoir pu imposer à leurs élèves une discipline indispensable ?
Il serait grand temps de rétablir, à ce niveau, au nom de l’égalité républicaine, un contact, un dialogue entre tous les jeunes gens et le reste de la citoyenneté. « Mais comment ? » demande-t-on avec inquiétude
Ne faudrait-il pas créer dans ce cas - et les structures existent déjà - un "corps de formation d’instruction civique et de formation technique ", dans le cadre duquel les Français de 18 ans effectueraient , en un an, deux stages au sein d’un "service civique obligatoire" , "alimenté" chaque semestre par des demi-contingents de jeunes français de 18 ans. À l’époque du « service national obligatoire », une classe d’âge annuelle était de l’ordre de 250 à 260 000 jeunes hommes.
Un ancien ministre de l’économie et et des finances, M. Dominique Strauss-Kahn, vient d’exprimer la même idée dans trois propositions qu’il a faites le 6 novembre 2005, dans le but d’assainir la situation actuelle.
Selon un rapport que j’ai soumis en avril 1996 à un institut spécialisé, retransmis récemment au ministre de la défense, tous les membres de la classe d’âge, sans exception, i.e. y compris les fils de notables, seraient soumis à cette formation, dont le but serait de mettre "tout le monde dans le même moule de la République".
Au cours d’un premier semestre, les appelés recevraient une instruction civique leur enseignant ce que représente leur pays, à l’intérieur et à l’extérieur. Qu’est son système démocratique ? Le rôle qu’y jouent les citoyens ? Qu’est-ce qu’un électeur républicain ? Ses droits, ses devoirs ? Autrement dit, toutes notions dont généralement, une majorité de jeunes gens n’a jamais entendu parler. Parallèlement, en six mois, il s’agirait également de les initier aux principaux métiers de leur choix, exercés dans les différents services d’une armée ; de la sorte, ce début de formation donné par des instructeurs des armées pourra leur être utile dans la recherche d’un "job" à la fin de leurs stages.
À l’issue de cette première phase d’un semestre, les jeunes « stagiaires » seraient affectés en fonction de leurs capacités, aux autres grands domaines de la défense du territoire et aux différentes formes de coopération en France et dans le monde.
La première période de stage permettrait de choisir dans leurs rangs les meilleurs éléments, afin de susciter en eux des « vocations », ce qui rendrait plus facile le recrutement annuel de 35 000 hommes destinés au renouvellement des effectifs des armées (air-terre-mer) professionnelles..
Les autres seraient affectés en fonction des évaluations faites à leur sujet à :
- la Gendarmerie nationale - Ils fourniraient des auxiliaires - pour la sécurité intérieure
- à la direction de la santé militaire
- aux Eaux et Forêts - Il y a 13 110 000 hectares de forêts en France. La partie la plus fragile se trouve dans la zone méditerranéenne et dans les Landes, soit 6 250 000 hectares d’une part et 935.000 hectares de l’autre. 53.643 feux s’y sont produits de 1973 à 1990. Et 45 000 hectares ont brûlé en 2003 .
- aux opérations humanitaires. Quelques milliers de jeunes stagiaires pourraient être affectés à de telles opérations en Europe ou en Afrique
- au ministère des Affaires étrangères
- aux unités de défense civile qui ont un urgent besoin d’être renforcées quand se produisent des catastrophes naturelles
- au ministère de l’Éducation nationale, comme éventuels moniteurs
- au ministère de la Santé publique (Assistance Publique)
Les
officiers et sous-officiers "dégagés" lors de la professionnalisation
des armées devraient pouvoir être utilisés dans ce programme, ainsi que
les cadres réservistes qui pourraient utilement être convoqués et
affectés dans les unités civiques d’instruction, où ils se
relaieraient ainsi à longueur d’année. Un pont serait ainsi établi, et
peut-être même une tradition - entre la génération des vingt ans et les
suivantes. La durée de disponibilité des cadres de réserve serait
déterminée en fonction des besoins permanents de la nation pour son
"corps d’instruction civique."
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON