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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi voyageons-nous ? 12 livres pour comprendre

Pourquoi voyageons-nous ? 12 livres pour comprendre

Aller ailleurs, oui. Mais pourquoi ? S’oublier ? Se retrouver ? Se découvrir ? Se réinventer ? Et en quoi est-il important que le corps s’évade en même temps que l’esprit ? Douze livres dépassent le débat entre tourisme et voyage pour tenter de comprendre cette quête d’ailleurs dans toute sa complexité et son ambiguïté.

L’art du voyage de Alain de Botton – Prix Veillon 2003

Résumé  : « La poésie surgit partout où on ne l’attend pas, dans les gares, les aéroports, les stations-service ou les plus tristes chambres d’hôtel. Baudelaire, Van Gogh et Flaubert sont nos compagnons de route, aux ordres de Botton l’enchanteur. »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Réponse d’Alain de Botton : pour regarder le monde, y compris celui qui nous est familier, d’un oeil nouveau. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’essor du voyage s’accompagne au XIXe siècle d’un intérêt inédit pour les cultures exotiques mais aussi d’une curiosité nouvelle pour la nature – la montagne et la mer, notamment – et les cultures européennes. Dans cet ouvrage récompensé par le prix Veillon en 2003, l’auteur évoque cet éveil de l’homme au monde en mêlant réflexion théorique et souvenirs personnels, textes et images d’artistes.

A lire  : La critique de Critiqueslibres.com et une interview de l’auteur

Lieu commun de Bruce Begout – Un extrait

Résumé : « Lieu Commun constitue le deuxième volet d’une trilogie entamée avec Zéropolis, vaste entreprise d’archéologie des significations du monde quotidien et urbain. L’essai de Bruce Bégout parvient à restituer la poésie de cet élément essentiel de l’imaginaire contemporain qu’est le motel »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Réponse de l’auteur : pour trouver un « espace idéal de déconnexion où les interférences extérieures comme les relations humaines sont réduites à zéro ». « Nul restaurant où il faudra se montrer, nul employé auquel il faudra parler : le repos absolu dans le repli sur soi et dans l’indifférence au monde. » Et si c’était d’abord cela se mettre en « vacance » ?

A lire : L’intégralité du texte sur internet

L’impossible voyage de Marc Augé – Extraits choisis Ici

Résumé  : « De Disneyland au Mont-Saint-Michel, de Center Parcs aux châteaux de Bavière, de Paris à New York, la ronde du tourisme n’en finit pas de tourner. L’œil rivé sur la caméra, les touristes transforment en images un monde lui-même envahi par les images. »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Selon Marc Augé, pour rêver debout. Même si son essai n’évite pas les jugements de valeur et les clichés qu’il prétend dénoncer (le voyage n’existe plus, le monde devient de plus en plus uniforme, les plages lointaines se montrent rarement à la hauteur de nos espérances…), Marc Augé parle d’un monde où la réalité se lit de plus en plus à travers le filtre de la fiction et du rêve, où les villes italiennes auront toujours quelque chose de stendhalien et les villes américaines un petit air de Gotham city.

A voir  : Présentation du livre par Olivier Barrot dans le cadre de l’émission « Un livre, un jour »

Petite philosophie du voyage de Thierry Tahon

Résumé : « Il y a dans le prestige incontestable du voyage un élément irrationnel qui parle à notre imaginaire, nous vantant les mérites ou les Chimères d’un lointain où la vie serait meilleure. Le philosophe se doit de douter des promesses de cet ailleurs exotique et chercher toujours plus loin les véritables raisons qui nous font partir là-bas. »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Réponse de Thierry Tahon : pour nous sortir d’une routine anesthésiante et confronter le fantasme à la réalité. En voyageant, chacun aspire à se retrouver ou à se fuir, non seulement en rompant avec le quotidien (ce qui est le propre de toutes les vacances) mais aussi en devenant momentanément un étranger. Au risque, bien sûr, de la désillusion…

A lire : Entretien avec Pierre Tahon

Les mots pour le voyage de Valérie Dupuy – Préface de Thierry Tahon

Table des matières  : Invitation au voyage – Bienfaits du voyage – Partir, revenir – Sortilèges de l’Ailleurs – Vanité du voyage

Alors pourquoi voyageons-nous ? Chacun trouvera sa réponse dans cette petite compilation… « Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas », « Notre nature est dans le mouvement ; le repos entier est la mort », « On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées », « On peut voyager non pour se fuir, chose impossible, mais pour se trouver »… 80 citations, pensées, maximes de philosophes, poètes, romanciers. Une bonne idée de cadeau pas cher.

A lire : Les plus célèbres citations sur le thème du voyage recensées par le site evene.fr

Les vacances de Jean-Didier Urbain

Table des matières abrégée : Les vacances – Le tourisme – Séjours et villégiatures

Alors pourquoi voyageons-nous ? Pour fuir la ville. Ainsi que le rappelle l’auteur, « la ville produit du vacancier partant. Et plus elle est grosse, plus elle en produit ». Mais partir pour où et surtout pour faire quoi ? Pour trouver ce que l’on a tant de mal à trouver le reste du temps : la nature, la famille et les amis, le calme, la tranquilité et la détente. Ce qu’Edgar Morin résume d’une phrase pleine d’esprit : « la valeur des grandes vacances c’est la vacance des grandes valeurs ». Une lecture que l’on pourra compléter par celle du livre Richard Vainopoulos et Sandrine Mercier intitulé sobrement « Le tourisme ».

A voir  : une analyse des comportements des vacanciers sur la plage par J.D. Urbain

Tous touristes de Marin de Viry

Résumé : « Si le monde est un vaste dance floor sans frontières, le mot « tourisme » a-t-il encore un sens ? Constatant la dénonciation contemporaine du tourisme de masse et le dénigrement du touriste qui n’est ni esthète, ni aventurier ou philanthrope, l’auteur s’interroge sur ce qu’est le touriste moyen et partage son expérience du tourisme. »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Réponse de l’auteur : Pour revenir. « Le dicton dit qu’en partant, on meurt un peu. Il devrait préciser qu’en revenant, on revit. Le destin du voyage est casanier, parce qu’au bout, il y a la maison du père. Une maison à la fois familière, et bouleversée par un regard qui s’est édifié. »

A voir : la critique de surlering.com et celle de lewesternculturel

 

Voyageurs de Marie Simon

Résumé  : « Destiné aux âmes aventurières et vagabondes, à tous ceux qui veulent aller au-delà des chemins tracés, ceux qui rêvent de découvertes, qui veulent marquer de leur empreinte des îles au trésor, qui désirent triompher de l’inconnu, ce livre évoque les grands mythes du voyage, les figures emblématiques – explorateur, reporter, dandy, écrivain, nomade…, – et l’art de voyager, de l’invention du tourisme au voyage immobile. »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Pour éprouver du plaisir et des sensations esthétiques. Au XIXe siècle, une passagère britannique s’émerveille ainsi de pouvoir voler dans les airs quand une Française se félicite du rail qui supprime « les postillons ivres, les chevaux attelés avec des cordes, les embarras, les ennuis » tandis qu’un peintre raconte : « dans le cadre de la fenêtre du wagon, j’ai vu passer à la vitesse d’un éclair plus de mille tableaux successifs »…

A lire : Résumé et critique du routard.com

Les lieux du voyage, Sous la direction de Rémy Knafou

Résumé : « Le voyage constitue l’une des modalités inventées par les hommes pour passer d’un registre à un autre, du rêve à la réalité, du quotidien au hors-quotidien (…) Confronter le lieu d’aujourd’hui à ce qu’il était cinquante ans plus tôt, à d’autres lieux comparables à l’autre bout du Monde, relier ce lieu aux pratiques qui s’y développent, etc. C’est à cet exercice que se livre Rémy Knafou et son équipe de chercheurs… »

Alors pourquoi voyageons-nous ? L’art et la littérature puis le cinéma développent et alimentent l’aura de certains lieux. Le voyage est alors un manière de concrétiser un rêve en confrontant l’image à sa réalité. Le voyageur ne veut plus se contenter de rêver en regardant l’image : il veut entrer dans l’image, passer d’un monde à l’autre, se libérer des pesanteurs du quotidien mais aussi envisager la possibilité d’une autre vie, pourquoi pas sur le lieu de ses vacances. Un rêve qui n’a rien d’une utopie. Les résidents de Benidorm, station géante de la costa blanca, sont désormais majoritairement étrangers. De même qu’aujourd’hui bon nombre de chambres d’hôtes dans les régions françaises sont tenues par des Parisiens, voire par des Anglais ou des Allemands amoureux de la culture française. 

La Planète disneylandisée. Chronique d’un tour du monde de Sylvie Brunel – Extraits Ici

Résumé  : « Nous sommes tous des touristes, un jour ou l’autre, même si nous nous en défendons. Et parce que nous sommes 800 millions, nous façonnons les paysages et redessinons le monde. »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Le touriste cherche de l’exotisme, une denrée de plus en plus rare à mesure que le monde se globalise et s’uniformise. Le tourisme n’a donc d’autre solution de créer ou préserver des lieux « dépaysants » en maintenant artificiellement des traditions locales. Que le touriste ne soit pas dupe de cette disneylandisation n’a pas grande importance car, en vacances, l’envie de croire est finalement plus forte que tout.

A lire : La critique de paperblog.fr

 

Sacrées vacances. Une obsession française de Ted Stanger

Table des matières (extraits) : Au pays des hyper-vacances – Ensemble, c’est tout – « A Caen, les vacances ? » – « Je hais les voyages et les explorateurs » – Le cauchemar du calendrier scolaire – Nos amis des Dom-Tom – Le mois d’août à Paris – Kant au camping…

Alors pourquoi sommes-nous champions des vacances ? Ted Stanger propose des clés : le stress au travail, le taux d’imposition qui favoriserait plus le temps libre que le travail, les vacances comme critère de standing dans un pays qui se défie des réussites financières, « l’enfer » du calendrier scolaire, la soif de découverte des Français… Au passage, le journaliste américain égratigne quelques idées reçues telles que « la France pays le plus productif du monde » et s’attaque au mythe de « Paris la plus belle ville du monde » ou encore à celui de « la France d’outre-mer ». A lire même si on n’est pas d’accord. Surtout si on n’est pas d’accord.

A lire : La critique de Challenges

Triste tropique de Claude Lévi-Strauss

Résumé : » Destinée à un large public, cette étude ethnographique raconte les voyages de Lévi-Strauss à l’intérieur du Brésil, ses rencontres avec des tribus indiennes de l’Amazonie. L’objectif de l’auteur est d’étudier ces organisations « primitives » pour les comparer à nos sociétés occidentales et établir des lois universelles. »

Alors pourquoi voyageons-nous ? Réponse du grand ethnologue : parce que nous sommes des bofs ! Evidemment, l’idée n’est pas formulée de façon aussi abrupte mais la première phrase du livre ne laisse aucun doute sur les sentiments que nourrit Claude Lévi-Strauss vis-à-vis de ce que nous appelons communément les touristes et le tourisme.


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4 réactions à cet article    


  • L'enfoiré L’enfoiré 30 mai 2017 14:31

    Une question que je me suis déjà posée avec le titre « Pourquoi partons-nous en voyage », il y a 7 ans.
    Je répondais dans le chapeau de l’article :
    " A question idiote, réponse idiote... Pour passer des vacances, pardi. Pour se ressourcer, pour oublier la vie de travail... Mais est-ce le voyage qui apportera cette parenthèse ? Nous avons les avions pour aller de plus en plus loin et en peu de temps.« 

    Ce qui a changé depuis, c’est le nombre de jours entre deux voyages et le nombre de jours sur place.
    Le moyen de transport a aussi évolué vers du plus rapide.
    Le nombre de vols en avions augmente et le nombre de avions en »low-cost" s’accroit. 


    • L'enfoiré L’enfoiré 30 mai 2017 14:38

      Une réponse personnelle : « le virus du voyage qui est attrapé très jeune ».
       smiley


    • ZenZoe ZenZoe 31 mai 2017 10:49

      Super l’article, on sort un peu des sentiers battus quotidiens (politique notamment) et on s’évaaaade, justement !
      D’ailleurs, à ce propos, comment définir un « voyage » ? Faut-il obligatoirement prendre un avion et changer de paramètres géographiques ? Ou peut-on voyager autrement (musique, danse, art, télé, substances illicites...) ?

      Tiens au fait, ça me fait penser, j’en rajoute un de bouquin dans votre liste : Voyage au bout de la nuit, LE voyage complet, intérieur, extérieur, l’expérience de vie spatio-temporelle ultime.

      Merci pour la liste en tout cas. Utile pour lire dans le train ou l’avion smiley


      • velosolex velosolex 4 juin 2017 23:07

        Bon article, sympa, qui fait fatalement demander de même pourquoi nous écrivons. L’écriture doit être un voyage, à moins que le voyage ne soit une forme d’écriture. J’entend par là qu’il nous soumet à un récit, celui des gares perdues, des regards entrevues, des rencontres furtives. 

        Hier j’ai fait un très beau voyage. Nous sommes partis pour fuir la soirée des voisins. Des gens qui ont toujours eu envie de proclamer qu’ils font la fête, pour montrer qu’ils vivent. Une sorte d’hystérie alcoolique sur fond de névrose. Mais bientôt nous déménageons, Une nouvelle aventure un nouveau voyage là aussi. 
        Donc nous sommes partis. Camping sauvage à 20 kilomètres de chez nous, en bordure du blavet, la rivière locale, qui prend parfois dans ses méandres, quand la mer s’en mèle, des allures de Mississipi. Le Blavet n’est pas connu des voyageurs, seulement de quelques poètes, relâchant les poissons comme des alexandrins remontant les fleuves impassibles.
        Il n’y avait sur cette prairie peuplée d’arbres un vieux pêcheur, revenu de tout, sauf du silence, qui a pactisé avec nous après avoir tente de nous faire fuir : « Les grenouilles n’arrêtent pas de gueuler toute la nuit, et puis la chouette, et pour finir les sangliers »..
        .Il y avait aussi une roulotte, deux chevaux postiers bretons un chat fou et un lévrier, qui appartenaient à cette jeune femme, si belles et rayonnante, voyageant seule depuis des mois, qui tenait son bébé de cinq mois dans les bras et avec qui nous avons parlé, en plus du pécheur, alors que la lune se couvrait.
         Ce n’était pas facile pour elle tous les jours. Peu de ressources, et l’incertitude des chemins, des lieux d’accueil. Le chien et le chat jouaient ensemble, le bébé prenait le sein.
         La sérénité tout à coup nous ai tombé alors que les nappes de brumes de la nuit et de la rivière devenue fleuve nous faisaient frisonner.
         Il y avait quelque chose de biblique et de sacré dans cette rencontre improbable, presque cinématographique. C’est tout frais, cela date d’hier au soir. Merci à eux d’eux, le vieux pécheur, la jeune femme, et ces animaux qui nous ont fait rencontré les héros du sud, la chanson de Nino, un beau soir de Mai, près de Quistinic, en Morbihan, le bout du monde assurément. So long, Suzanne, by the river.....

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