Poutou et Arthaud ont le droit de s’exprimer dans les médias !
Lors d'une élection dite démocratique, tout le monde doit pouvoir développer ses opinions et les mettre à la portée des citoyens. Le débat est obligatoire, les accrochages verbaux nécessaires, les propositions doivent mobiliser nos jeunes premiers concernés par les politiques à venir.
Les cinq cents parrainages sont déjà discutables, mais que dire des pratiques commerciales et de la censure des grands médias, qui refusent les candidats qualifiés de "petits" dans les sondages au motif qu'ils ne mobilisent pas l'audience. Car il y a les prétendants qui permettent de vendre de la publicité, et ceux qui font chuter les ventes : c'est ce qu'il faut conclure au refus d'inviter Nathalie Arthaud (lutte ouvrière) et Philippe Poutou (NPA) sur les plateaux TV.
Un président sortant qui refuse le débat, des "stars" (Zemmour, Mélenchon...) omniprésentes pour s'invectiver sans faire de propositions sérieuses pour changer la société, mais qui font grimper l'audience. Un débat confisqué par la guerre en Ukraine, dont les causes ne sont jamais creusées afin d'émouvoir les téléspectateurs plutôt que de les rendre intelligents, une logique continue de la part des médias qui considèrent le peuple comme un troupeau de moutons consommateur de pubs, et non comme une communauté de citoyens libres et égaux.
Mes propos vont surprendre les anciens d'Agoravox qui me connaisse depuis quelques années. Mais franchement, je trouve Poutou, Arthaud et même Fabien Roussel très sympas. Naïfs, idéalistes comme je l'étais à vingt ans, mais francs et directs. J'ai croisé Alain Krivine lors d'un meeting à la mutualité au début des années 90 : un type sincère mais à côté de la plaque sur la sécurité et l'immigration, origines bourgeoises obligent. A l'extrême-gauche, il n'y avait que des gosses des beaux quartiers en rupture avec leur milieu social, pas de prolos, pas de véritables projet de société non plus. J'ai connu des fêtes de l'huma sympas à l'ambiance galette-saucisse, au temps où les militants PCF vendaient la vignette à 10 francs pour les jeunes, où le capitalisme était décortiqué et rejeté.
C'était avant que l'ultra-gauche ne se convertisse à l'immigrationisme, au mondialisme, au rejet du patriotisme populaire.
Cependant, par les temps qui courent un Poutou nous propose un bol d'oxygène de lucidité. Oui, l'économie est au service de la communauté et non de quelques rentiers. Oui, nous avons tout pour être heureux mais quelques-uns monopolisent les richesses. Oui, d'autres politiques sont possibles même si l'utopie et la crédulité sur la nature humaine demeurent présents à l'ultra-gauche.
Donnons la parole au grand périodique humaniste et démocrate L'usine nouvelle, qui vous explique pourquoi Poutou est dangereux :
"Le programme de Philippe Poutou se base sur la « socialisation », c’est-à-dire « la réquisition, sans indemnité ni rachat, de secteurs clés de l’économie sous le contrôle des travailleurs et de la population », explique le site du NPA. Dans les secteurs de l’énergie, la pharmaceutique, le transport, la communication et certains pans de l’industrie, les entreprises seront réquisitionnées car « vitales pour la population et l’environnement », en particulier pour mettre en œuvre la transition écologique par la planification. Les banques seront fusionnées en un « monopole public du crédit », pour stopper la spéculation et orienter les investissements « vers les projets socialement utiles » en priorité."
Voilà qui, effectivement, cadre mal avec le discours que veut faire passer les médias sur le moins d'état, la retraite à 65 ans, la fin des 35h pour les fainéants que nous sommes, la nécessité de plus de privatisations... Le tout galvanisé par des sondages orientés pour influencer le petit peuple à défaut de le faire réfléchir. Des instituts de sondage privés, libéraux, qui n'ont rien de philanthropiques.
On ne veut pas donner la patrole à Poutou car il remet en cause les dogmes libéraux, et il ne doit pas être confrontés à nos princes. Certes, il n'est pas bien subversif puisqu'il va dans le sens des ultra-libéraux pour l'abolition des frontières, des règles de circulation, de la nationalité, de l'identité, de tout ce qui donne une conscience collective et culturelle à l'individu : on comprend pourquoi il y a autant d'ancien gauchistes parmi les capitaines d'industrie.
Cependant, sa critique du libéralisme est bienvenue. Un ouvrier et une prof de collège (Arthaud) ont des opinions qui valent autant que celles d'un journaliste vedette (Zemmour), un rentier libéral-socialiste (Mélenchon), un banquier d'affaires (Macron), une dame-patronnesse (Pécresse) : c'est cela la démocratie républicaine, en théorie, les opinions des uns valent celles des autres et ce ne sont pas les recettes publicitaires qui doivent dicter les temps de passage.
Heureusement, le web est là, de Twitter à Youtube (en passant par Agoravox). Nous sommes encore (relativement) libres de commenter et de mettre en valeur des opinions, de débattre, de nous disputer, c'estcela débattre.
Je vous l'avoue, je m'amuse plus le dimanche-matin à plaisanter avec les militants du NPA, de LO et du PCF sur les marchés qu'avec les vieux bourgeois et les encravatés qui tractent pour Pécresse, Hidalgo ou Macron. Des idéalistes humanistes d'un côté (dans l'utopie certes), des rentiers et des agents immobiliers de l'autre. Le rêve contre le fric.
A une époque où des journalistes nous montrent, le sourire au lèvres, la guerre en Ukraine entrecoupée d'interminables pages de publicités pour des bagnoles et des marques de lessive, un Poutou permet de remettre les pendules du débat démocratique à l'heure du soucis des autres et de la collectivité. Aux électeurs de faire un pied de nez aux sondages et aux chaines TV lors du scrutin, en favorisant ces "petits candidats" du bas ou du plafond qui dérangent autant nos princes !
Extrait de la page Twitter de Philippe Poutou (on ne trouve pas l'équivalent chez Zemmour/Macron/Le Pen/Hidalgo...) :
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