Premier bilan : Védrine, la mobilisation a payé
En affirmant massivement ici et là le refus de voir Védrine arriver au Quai, il semble bien que nous avons été entendus et surtout compris en ceci : nous n’avons pas à supporter l’idée que le totalitarisme islamiste serait un produit occidental d’origine américano-sioniste comme le pensent Védrine et la majeure partie de la classe politico-médiatique française.
Mais ce n’est pas tout : il est clair qu’en matière d’identité nationale, de protection sociale, d’éducation, d’environnement, beaucoup de choses doivent être également sinon combattues du moins rectifiées. Ainsi, s’agissant tout d’abord du dernier point, s’il s’agit, comme le souligne Allègre, de combattre la pollution, dont les pesticides, la prolifération des déchets, la raréfaction de l’eau, l’aridification et la désertification, ce combat est aussi le nôtre.
Mais s’il s’agit, sur la base d’informations fragiles sinon réductrices en matière de climat, en particulier concernant le CO2, d’inventer des taxes qui n’auront comme seul effet que de ralentir un peu plus la croissance et en plus de créer des répliques chinoises et indiennes en matière de hausse des tarifs douaniers, il est clair que nous ne pouvons supporter cette dérive autoritaire et gauchisante.
Qu’il faille faire un effort considérable en matière de création de logements adaptés au solaire, en matière d’hybridation des moteurs, de recyclage divers, de soutien au génie génétique (qui précisément évite les pesticides et donc la pollution des nappes phréatiques) et aux recherches de troisième et quatrième génération en matière nucléaire, soit ; qu’il s’agisse également de viser plutôt le qualitatif donc le développement harmonieux (au lieu de durable qui semble plutôt conservateur) que la seule croissance quantitative, c’est ce que j’appelle précisément la condition néomoderne ; mais de là à engager ne serait-ce que le petit doigt dans le délire millénariste illuministe de l’antidéveloppement et de la dé-croissance, il y a là un pas qu’il ne faudra pas franchir parce qu’il sera combattu.
Concernant le troisième point, l’éducation, (qu’il serait préférable de nommer l’enseignement, parce que l’éducation doit rester de la responsabilité des familles) il est clair, et je l’ai répété à plusieurs reprises, qu’on ne doit pas être opposer l’enseignement amenant à l’emploi et celui chargé d’apprendre à penser et surtout à se méfier des idéologies qui tentent d’apparaître comme étant la réalité même. On ne doit pas opposer un cours de grec ancien et un cours d’économie financière. Aussi, l’autonomie de l’enseignement signifie la possibilité donnée aux établissements d’être réellement libres de leur pédagogie, mais aussi de leur recrutement, et de leurs sources de financement ; à charge, pour le pouvoir public, de vérifier, a posteriori, si l’égalité en droit a bel et bien été respectée, à savoir l’idée que tout participant à l’enseignement doit être accompagné vers l’option de son choix, voire aidé sous forme de prêts et bourses si ses ressources s’avèrent insuffisantes, et ce via un système général de solidarité nationale, financé, aussi, par des défiscalisations et des mutualisations : ainsi, le versement de 10% de son imposition à ce fonds peut être déductible des impôts à hauteur de 12% par exemple...
Ceci nous amène directement au second point, celui de la protection sociale : il nous faut penser celle-ci à la façon de l’assurance qui prévient simultanément contre le vol, l’incendie, le dégât des eaux et l’accident automobile sans parler de celui aux personnes. En clair, il faut envisager la protection en matière de santé d’emploi et de retraites de la même façon, quitte à ce que néanmoins la charge confiée à l’assurance soit également pensée à la façon d’un capital placé.
Ce qui implique concrètement ceci : ce que l’on appelle les charges sociales doivent être conçues comme un capital que l’on peut placer et rémunérer et non pas comme un retrait, même si celui-ci est retourné favorablement lorsque l’on tombe malade, que l’on est sans emploi ou à la retraite. Mais on voit bien que ce système dit de répartition et qui plus est monopolistique s’essouffle dans tous les domaines tout en grevant les finances publiques et la croissance dans son ensemble.
Dans ces conditions, et au-delà d’un débat idéologique irréaliste, il faut aller dans le sens d’un panachage, c’est-à-dire d’une "assurantialisation" de la protection sociale (ce qui implique la fin du monopole de la sécurité sociale) et d’une mutualisation de ses coûts lourds comme les maladies graves et la solidarité nationale s’étendant de la naissance à la mort.
Cette façon de penser nous amène au premier point, celui de l’identité nationale, que Nicolas Sarkozy a fortement souligné lors de la commémoration présentée à la mémoire de ces jeunes fusillés du bois de Boulogne. L’identité nationale, qui se veut à la fois permanente et renouvelée, (ou le jeu du même et de l’autre, ou l’intégration de la différence au sein même de l’identité comme le rappelait Hegel), implique à la fois des principes intangibles ou valeurs transcendantales inamovibles et réelles c’est-à-dire nécessaires, et à la fois des pratiques qui les concrétisent de manière à ce qu’elles soient vérifiées et ainsi ne restent pas des mots creux. Ces mots qui permettent, certes à la République d’envoyer ses enfants à la mort, celle du champ de bataille issu parfois de ses erreurs tragiques aussi, sauf que ces mots, qui font pleurer à la lecture de la lettre de Guy Môquet, créent aussi, lorsqu’ils restent lettres mortes, ce décalage et donc ce scepticisme teinté de cynisme indiquant que la République sait phraser, mais ne sait plus déchaîner l’enthousiasme ; parce qu’elle a trop joué avec les mots et pas assez prouvé dans les choses ce que cela veut réellement dire. Voilà qui n’est plus possible. Du moins si l’on prétend, réellement, incarner une rupture avec une génération qui n’a pas su, suffisamment, retenir les leçons de ce passé récent qui a vu la France fléchir en 1940 et aujourd’hui commencer à décliner.
Et retenir les leçons du passé, signifie, semble-t-il, ne pas oublier que des jeunes gens sont morts d’abord pour la France et non pour défendre aussi les intérêts d’une nation étrangère. Très concrètement, cela veut dire que s’il faut saluer la mémoire du jeune Guy Môquet, il ne faut pas non plus oublier tous ceux qui n’étaient pas communistes, c’est-à-dire qui n’avaient pas aussi, sinon principalement, en tête la défense de Moscou, mais uniquement celle de la France.
Ainsi, s’il s’agit de rappeler la douloureuse expérience subie à l’encontre de l’hydre nazie, et d’indiquer que des Français de toutes obédiences étaient parties prenantes dans la Résistance, il ne faut pas oublier les crimes commis au nom d’une idéologie liberticide, l’idéologie léniniste, crimes qui ont été soutenus, défendus, cachés, en France, et sont encore aujourd’hui niés ou réduits à la dimension tyrannique du stalinisme.
Il serait dans ce cas judicieux que des cérémonies soient également organisées pour commémorer les victimes de ce totalitarisme léniniste, car même si officiellement l’Etat français n’a pas avalisé celui-ci, il a permis que certains de ses représentants aient des responsabilités politiques alors que cette idéologie reste toujours souillée de sang répandu au nom du peuple.
Par ailleurs, il serait également convenable que tous ceux qui ont combattu pour la France, comme les harkis et les anciens d’Indochine, soient reconnus en tant que tels, au-delà de savoir si leur combat était critiquable, puisqu’il s’agit d’admettre qu’une France, républicaine, et porteuse de valeurs universelles, ne peut avoir commis des crimes contre l’humanité, même si elle a pu fauter (comme au Rwanda) ou réprimer trop durement ceux qui voulaient seulement l’équité entre tous (comme en Algérie) avant d’être manipulés par les idéologies antirépublicaines fascistoïdes et national-islamistes.
La réelle réconciliation des Français avec eux-mêmes et leur Histoire signifie la possibilité de remettre tout à plat, tout, qu’il s’agisse d’évènements historiques qui palpitent encore comme autant de blessures larvées, qu’il s’agisse de structures, institutionnelles et sociétales, économiques et politiques, à rénover en profondeur si l’on veut, réellement, que la prospérité et la solidarité soient les deux "mamelles de la France". Voilà la tâche. Pour un président de tous les Français.
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