Premier crash-test dimanche soir pour le gouvernement de Mariano Rajoy avec les élections régionales en Andalousie
Ce dimanche 22 Mars auront lieu les élections régionales anticipées en Andalousie, et avant de vous faire part de quelques réflexions personnelles sur ce sujet, je vous livre d'abord une très bonne synthèse rédigée par Christian Galloy sur la situation actuelle :
http://www.latinreporters.com/espagnepol19032015kffr.html
MADRID, 19 mars 2015 Que Merkel, Juncker, Draghi et Lagarde bouclent leur ceinture de sécurité. Quatrième économie de la zone euro, l'Espagne, dont le PIB vaut six fois celui de la Grèce, entame ce 22 mars en Andalousie un marathon électoral à risque.
Quatre appels successifs aux urnes pourraient en effet conduire, fin 2015, à la chute de Mariano Rajoy, symbole ibérique de l'extrême droite économique dominante en Europe à la faveur de la crise.
Extrême droite économique, car fort soucieuse des cours de bourse, de la prime de risque et de l'étanchéité de ses réseaux de corruption, mais guère de la souffrance de populations transformées en cobayes d'une austérité ultralibérale.
Cette austérité, qui permet enfin au capital de balayer l'importun bien-être social jusqu'il y a peu fleuron du modèle européen, est-elle imposée plus par idéologie que par une volonté de résoudre une crise enrichissant nombre de ceux qui l'ont provoquée ?
C'est notamment à cette question implicite que vont répondre les électeurs en Espagne. Et, selon la majorité des sondages, le renouvellement ce dimanche du Parlement régional andalou, mais aussi les municipales et les régionales multiples du 24 mai, les élections catalanes du 27 septembre et les législatives de fin d'année contribueraient chacune à l'effondrement du Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy, chef du gouvernement depuis décembre 2011.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, social-démocrate) plongerait aussi au niveau national. Qu'il remporte comme prévu les élections en Andalousie, sa citadelle depuis la fin de la dictature franquiste, ne retarderait pas le crépuscule du bipartisme PP-PSOE, dominant en Espagne durant les quatre dernières décennies.
Ascension de Podemos
Tous les sondages pronostiquent l'ascension de la nouvelle gauche incarnée par le parti Podemos (Nous pouvons). Né voici à peine 14 mois dans la mouvance des indignés, allié de Syriza, la gauche gouvernementale grecque, et parfumé de chavisme caraïbe, mais sans velléité autoritaire, Podemos étrennait les urnes aux européennes de mai 2014, raflant d'emblée 7,97 % des suffrages espagnols et 5 eurodéputés.
Ce dimanche en Andalousie, région la plus peuplée d'Espagne avec 8,4 millions d'habitants, cette nouvelle gauche antiaustérité et anticorruption affronte pour la première fois un scrutin régional. Les sondages la créditent en moyenne de 15 % des voix et de 16 des 109 sièges à pourvoir. Un score suffisant pour étayer, le cas échéant, la majorité seulement relative qu'obtiendraient les socialistes conduits par Susana Díaz, la présidente andalouse.
Mais pour les législatives de fin 2015, Podemos caracole depuis octobre dernier en tête de quasi la moitié des sondages, avec un plafond atteignant jusqu'à présent 31,9 % des suffrages. Là encore, des alliances ou coalitions seraient nécessaires pour gouverner alors l'Espagne.
L'Andalousie servira de laboratoire pour défricher le sens et les conséquences de ces rapprochements qu'obligera la fin du bipartisme. La planche de salut de Mariano Rajoy serait une grande coalition PP-PSOE, équivalente à celle formée en Allemagne par son alliée idéologique Angela Merkel. Le grand patronat espagnol l'appuierait.
Comme Syriza en Grèce, Podemos souhaite « la restructuration de la dette ». Son secrétaire général, Pablo Iglesias, jeune professeur de sciences politiques de 36 ans devenu député européen, demande l'application d'un article oublié de la Constitution espagnole, l'article 128. Celui-ci proclame que « Toute la richesse du pays dans ses différentes formes et quel que soit celui à qui elle appartient est subordonnée à l'intérêt général ».
Si Podemos réduit l'audience des socialistes, associés aux aussi à l'austérité et à la corruption, le parti Ciudadanos (Citoyens), d'origine catalane mais antinationaliste, mord pour sa part sur l'électorat du PP de Mariano Rajoy en se présentant désormais dans l'ensemble de l'Espagne.
Ciudadanos personnifie une nouvelle droite, sans odeur de corruption ni de sacristie. Ce parti conduit par Albert Rivera, 35 ans, entrerait lui aussi dans les transactions parlementaires résultant de la fin du bipartisme.
J'aimerais revenir sur le contexte assez surréaliste de ces élections.En effet, après l'énorme scandale Barcenas mettant en évidence plus de 20 ans de malversations financières implicant les plus hauts représentants du Parti Populaire, on aurait pu penser que Mariano Rajoy aurait lui-même provoqué des élections anticipées afin de sauver son parti et de tenter une rénovation avec des personnalités non impliquées ( même s'il n'y en a pas beaucoup), mais au lieu de cela nous assistons depuis 2 ans à un numéro d'équilibriste de sa part : il a demandé pardon au peuple espagnol, pendant que celui-ci est témoin chaque jour des résultats dévastateurs auprès de l'opinion des enquêtes au sujet des trames de corruption dont notamment les trames GURTEL et l' opération PUNICA.
Arriver à se maintenir au pouvoir quand des dizaines de responsables vont devoir s' asseoir au cours des semaines et mois qui viennent sur le banc des accusés tient du miracle.
On peut penser que le peuple a été d'une extrême patience car il savait que durant cette année 2015, il y aurait jusque 5 élections ( régionales, municipales et nationales...).
Par ailleurs, il faut savoir que depuis l'accès de l'Espagne à la démocratie le Parti Populaire n' a jamais gagné des élections régionales en Andalousie.En plus de trente ans, ils n'ont jamais réussi à proposer un projet qui convainque les andalous, et ce, même dans les pires heures du Felipisme, ce qui constitue en soi un record du monde de l' inefficacité politique.
Personne ne doute donc que le PP ne gagnera pas ces élections, mais c'est l'ampleur de la défaite qui sera observée finement et qui permettra de nous dire si ces résultats ne sont qu'un prélude à un bouleversement de la vie politique ibérique.
Par ailleurs, le Parti socialiste aura sans doute du mal à gouverner seul, et ces élections annoncent probablement la fin du bipartidisme dans la péninsule.
Bien évidemment, et après la victoire de SYRIZA en Grèce,l a communauté européenne toute entière regardera avec attention la pénétration du phénomène PODEMOS au sein de ce fief socialiste ... à suivre avec attention donc...Dimanche 22 Mars : l'heure des comptes a sonné... tic-tac....tic-tac...
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