Premier Ministre : valse des pressenti(e)s, mais toujours pas de fumée blanche ?
Depuis la démission de Gabriel Attal, plus de 50 jours sans nouveau premier ministre et gouvernement du pays. Emmanuel Macron est parvenu à rendre incompréhensible son processus de sélection, donc de nomination. Les noms valsent et les prétendu(e)s aspirants premier ministre défilent dans la cour de l’Elysée depuis le 23 août, Mais quand un nom apparaît, RN et NFP le menace de censure.
Le décompte doit-il commencer à partir de la présentation de la démission du premier ministre au Président de la république ou de celle de son acceptation par le président ?
Pour entamer le décompte, on le commence à partir du jour où le président de la République accepte la démission du chef du gouvernement. Or logiquement il conviendrait de le commencer dès le jour de la présentation de sa démission qui est souvent plus tôt. Par exemple sous la 5e république, le 5 octobre 1962, le gouvernement de Georges Pompidou est renversé par une motion de censure. Bien que la démission du Premier ministre ne soit acceptée par Charles de Gaulle que 54 jours plus tard, le gouvernement ne put qu'expédier les affaires courantes dès la présentation de sa démission.
Si désormais, par une situation inédite aujourd’hui dans la 5e république, sans nomination d’un nouveau premier ministre après la démission du gouvernement c’est un record inégalé depuis 1962, qui risque d’ailleurs d’être dépassé dans deux jours. Pour mémoire, sous la IVᵉ République. c'est le gouvernement de René Mayer qui détint le record de longévité entre sa démission et la nomination d’un nouveau chef de gouvernement. Entre l'acceptation le 21 mai 1953 de la démission du Président du Conseil, titre donné au chef de gouvernement avant la Vᵉ République, et la nomination d'un nouveau chef de l'exécutif par le président Vincent Auriol le 28 juin, 38 jours c’étaient écoulés.
Quel profil le président de la République recherche-t-il pour Matignon ? Un premier ministre de gauche ou de droite ? Politique ou technique ?
Invités par Emmanuel Macron à l’Elysée pour avis en leur qualité d’anciens présidents de la république Nicolas Sarkozy et François Hollande ont indiqué de façon réaliste, que vu la situation particulièrement complexe de l’Assemblée Nationale depuis le dernier scrutin législatif, il serait souhaitable que le (ou la) prochain(e) premier(e) fut une personnalité politique expérimentée de la chose ministérielle et non technique.
Mais voilà, après avoir appelé l’ancien numéro un de la CFDT Laurent Berger, désormais « en recul de la vie publique », qui a décliné la proposition, Vendredi 30 Mai, Emmanuel Macron est entré en contact avec Thierry Beaudet, président de la troisième chambre, le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), dont son utilité est pour le moins controversée, qui est un proche de Laurent Berger et de la CFDT. Les deux hommes ont échangé à plusieurs reprises durant le week-end, bien que selon Le Nouvel Obs. L’hypothèse Beaudet laisse cependant dubitatifs jusqu’aux soutiens du chef de l’Etat.
Monsieur Beaudet, malgré des qualités certaines ne paraît toutefois guère armé pour faire face au « chaudron » de l’assemblée nationale actuelle
Instituteur de formation de 62 ans, qui a consacré une large partie de sa carrière au secteur mutualiste, il a présidé la Mutuelle générale de l’Éducation nationale MGEN de 2009 à 2017, et la Fédération nationale de la Mutualité française de 2016 à 2021, ne paraît guère armé pour faire face au « chaudron » du Palais-Bourbon, désormais divisé en trois blocs, juge-t-on au centre et à gauche.
C’est à croire que le président Emmanuel Macron « singe » Jean-Luc Mélenchon qui avec ses ami (e)s du NFP avait choisi une personne jamais élue et sans aucune expérience ministérielle.
Egalement, sans jamais avoir eu le moindre mandat d’élu, ni aucune expérience ministérielle et de plus sans troupes pour le soutenir, Thierry Beaudet « saurait-il diriger un gouvernement ? Nouer la confiance avec les groupes politiques à l’Assemblée nationale ? », s’interroge un ancien conseiller d’Emmanuel Macron. « Entre parler aux patrons et aux syndicats en tant que président du CESE, et leur parler en tant que premier ministre, il y a une sacrée différence », avertit le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. « Je lui souhaite bien du plaisir ! » « C’est un homme de qualité, mais il n’a jamais gouverné, jamais travaillé au rassemblement des forces politiques », souligne la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga qui fut également invitée à l’Elysée avec d’autres président(e)s de régions.
Ne serait-il pas temps que le Président de la république mette un terme à cette valse Elyséenne, dont la population se fiche royalement et qu’il se rende à la raison politique ?
Il suffit de rappeler les résultats avec la composition des groupes politique à l’Assemblée Nationale le 18 juillet résultant du second tour de l’élection législative :
NFP et apparentés 193 député(e)s, camp Présidentiel 166 député(e)s, RN/LR et ses alliés 142 député(e)s, LR 47 député(e)s, LIOT 21 député(e)s. Non inscrits 8 député(e)s. Soit un total de 577 députée(e)s dont la majorité absolue est de 289.
Pour parvenir à une gouvernance viable pour l’intérêt du pays dans la durée et conduire à minima une politique à géométrie variable, en recherchant ponctuellement des majorités au gré des projets ou propositions de loi de manière à pouvoir les faire appliquer, au vu des chiffres des différentes forces politique de l’assemblée nationale, cela ne peut à priori que se réaliser dans le cadre d’une coalition totale ou d’une partie importante de l’une des principales force politiques de l’assemblée avec une autre, mais avec lesquelles ?
Pour censurer le gouvernement ou pour faire passer une loi il faut que deux des principales forces politiques à l’assemblée nationale sur les trois la vote. Toutefois, concernant une loi si l’une des Principales forces politique, même alliée à LIOT et LR et les non inscrits, contre l’une des deux autres forces politiques, elle pourra être votée à condition que l’une de ces deux autres forces politiques s’abstienne ou refuse de participer au vote. Ce qui signifie qu’il faut tenir compte de cette réalité et dans ces conditions, sachant que malgré des nuances concernant la suppression de la réforme des retraites qui est souhaité par le RN et le NFP, si les deux la vote, il n’y aura plus de réforme des retraites. Il en sera de même pour d’autres loi, même si cela se fait avec des alliances différentes. Cela signifie que l’on ne peut faire l’impasse du RN dans le fonctionnement politique de l’Assemblée nationale. Pour la nomination d’un(e) premier(e) ministre, Emmanuel Macron devra en tenir compte, car une alliance de circonstance entre RN et NFP pourrait être fatale à son choix, avant même que celle ou celui qu’il a désigné est pu réellement commencer sa mission gouvernementale…
Par ailleurs, Marine Le Pen indique qu’en cas de nomination de Xavier Bertrand, qui est l’un des pressentis, le RN votera d’entrée la motion de censure, comme nul doute le NFP qui a annoncé la même chose concernant Bernard Cazeneuve, autre pressenti. Le RN affirmant préférer toutefois le choix d’un « technique » au choix d’un « politique », à condition qu’il s’engage à changer le mode de scrutin législatif actuel par la proportionnelle, comme si c’était la principale préoccupation des Français ! Pour le NFP, bien qu’avec des aspects différents, c’est toutefois similaire, car il ne veut personne d’autre que Lucie Castets qui est adoubée par Jean-Luc Mélenchon pour appliquer son programme, tout son programme, rien que son programme… » ya de la joie, ya de la joie » !...
Dans de telles conditions, face à une coalition qui s’avère impossible à trouver, pour sortir de la quadrature du cercle dans laquelle il s’est enfermé, il ne s’agit plus pour Emmanuel Macron que d’inviter les dirigeant(e)s des familles politiques de l’assemblée nationale à un jeu quelconque, par exemple type « course de caisse à savon » pour désigner le ou la gagnant(e) à choisir un(e) premier(e) ministre...
Vu l’urgence des questions sociales et sociétales, comme certaines autres problématiques fondamentales pour le devenir des populations, il serait temps de s’en préoccuper
Il y a les questions sociales aggravées par le situation inflationniste et ses impacts sur la vie quotidienne des citoyens. Mais également, sociétales classiques qui font l’objet des préoccupations quotidiennes des différentes forces politiques où chacune de ces forces propose ses solutions pour sortir des crises dans lesquelles, elles ont par ailleurs contribué. Ces solutions, étant par ailleurs différentes, parfois opposées, voire contradictoires des unes aux autres. Mais, par exemple, pendant ce temps la situation de l’hôpital public ne cesse de se dégrader...
Nos sociétés sont également confrontées à deux autres problématiques fondamentales posées par la question démographique et les évolutions du numérique des mégas données qui ont atteint un nouveau palier et nous n’en sommes qu’à la préhistoire avec le niveau dit » intelligence artificielle » qui ne cessent d’être délaissées par les différentes forces politiques, mais aussi par les gouvernements successifs. Or il est urgent que les futurs gouvernements intègrent ces problématiques avec leurs impacts social, culturel, économique, énergétique, environnemental et prennent les dispositions pour les préventives qui s’imposent.
Vu la situation inextricable dans laquelle se trouve le président de la république, pour avancer et trouver une solution il doit radicalement changer sa méthode de concertation avec les différents responsables des forces et formations politiques présentes à l’assemblée nationale. Ce n’est pas en les recevant individuellement de façon occasionnelle à l’Elyée, pour leur demander un avis, mais en organisant périodiquement une réunion de travail, par exemple trimestrielle, avec l’ensemble de ces responsables politiques et tous en même temps
Avec une dette de près de 3200 milliards d’euros, on peut imaginer la difficulté des mesures sociales à prendre
Faut-il rappeler une fois encore, qu’avec une dette de près de 3200 milliards d’euros ( 3159,7 milliards d’euros indique l'Insee dans sa publication du 28 juin 2024), il y a ce qui peut être fait immédiatement à condition que toute nouvelle fiscalité servant au financement de certaines mesures remplace une fiscalité existante afin de ne pas aggraver une situation fiscale déjà « très tendue » pour les Français. Par exemple, créer une contribution richesse (CSR), comme le demandaient certains très riches lors d’un forum économique de Davos en 2023, à partir de dix millions d’euros, portant sur les revenus, biens immobiliers, divers biens somptuaires divers et supprimer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui ne taxe pas forcément les plus riches. Mais aussi agir pour qu’un Euros dépensé ici soit compensé par un euros économisé là …
Faut-il encore rappeler également, qu’il y a 174 milliards d’euros à rembourser en 2024 et environ 200 milliards en 2025/2026. En 2022, la France avait emprunté en moyenne à 1,03 % contre des taux négatifs en 2020 et 2021, successivement -0,30 % et -0,28 %. En 2023, le taux de l’OAT (Obligations assimilables du trésor) à 10 ans était de 3,0250 %. En 2024, il faut s’attendre autour de 3 %. Faut-il encore rappeler que les investisseurs qui détiennent la dette de la France sont des investisseurs Français à hauteur de 52,2 %. Comme investisseurs institutionnels, on retrouve notamment : les compagnies d’assurance, les banques. les gestionnaires de fonds (fonds de pension, etc.). La Banque de France détient 25 % de la dette française. L’autre moitié de la dette est détenue par des investisseurs étrangers pour 47,8 % (dont 50 % sont des investisseurs issus de l’Europe et l’Union européenne). Il faut également rappeler qu’en 2000 la dette ne représentait que 60 % du PIB. Elle représente maintenant plus 111,7 % du PIB.
Quel que soit le gouvernement et de quelque coalition dont il serait issu, il ne pourra échapper à cette situation, ainsi qu’à la situation écologique. Urgence climatique, ressources, pollutions, problématique démographique... Jamais les alertes sur le futur de notre planète n'ont été aussi alarmantes.
Quoi qu’il lui en coûte sur le plan politique, le prochain gouvernement sera contraint de réaliser des économies importantes,
Il pourrait et devrait les réaliser, notamment sur le « mille feuille administratif » des collectivités locales, communes, intercommunalités. Selon les conclusions d'une mission commandée par le gouvernement, le coût de l'enchevêtrement des responsabilités et des compétences entre l'Etat et les collectivités locales, ainsi qu'entre ces dernières, « s'élève à 7,5 milliards d'euros au moins », « On peut considérer que c'est peu, 0,3 % du PIB. En réalité, c'est énorme pour une somme dont une large part pourrait être économisée grâce à une répartition plus claire et plus stricte des responsabilités et des compétences entre l'Etat et les collectivités », écrit Boris Ravignon, le maire LR de Charleville-Mézières et président d'Ardenne Métropole, qui avait été chargé de ce travail d'évaluation en fin d'année dernière..
La France est le pays qui compte le plus de communes en Europe, Si elle comptait 36 658 communes au 1er janvier 2015, depuis on enregistre une légère tendance à la fusion par an. Au 1er Mars 2024, la France comptait 34 945 communes (34 816 en France métropolitaine et 129 dans les DOM), soit dix de moins qu’un an auparavant. Il y avait 1254 établissements public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre qui sont dénombrés dans l’Hexagone, soit autant que l’année précédente. 22 sont des métropoles, y compris la métropole de Lyon qui a pris les compétences du département du Rhône sur son territoire, 14 des communautés urbaines, 221 des communautés d’agglomération et 992 des communautés de communes.
En France, en 2023 plus d’une commune métropolitaine sur deux comptait moins de 500 habitants, Environ 2800 communes ont moins de 100 habitants, environ 3500 ont entre 100 et 200 habitants et environ 10 000 entre 200 et 500 habitants. La population médiane d’une commune française est de 423 habitants contre, par exemple, 2300 habitants en Italie et 11 000 habitants en Belgique. Si le nombre de certaines de ces petites communes a toutefois diminué depuis quelques années, c’est du essentiellement au fait qu’elles ont fusionné avec d’autres où, par leur urbanisation, elles ont franchi le seuil des 500 habitants, mais cela ne modifie en rien la configuration générale.
Bien que cela n’apparaisse pas évident à priori, une fusion des communes à l’instar de nos voisins Européens, afin d’en ramener leur nombre à moins de 10 000 sur la base totale ou partielle des actuelles intercommunalité par cohérence territoriale, lesquelles seraient supprimées. On peut estimer que les économies pour les seules indemnités des élu(e)s et leurs collaborateurs se situerait à plus de 7 milliards d’euros, voire davantage.
En 2014, François Fillon, ex premier ministre, avait proposé de « réduire le nombre de communes de 6000 à 8000, ainsi que supprimer les départements ». Au fond, il ne faisait que traduire ce que bon nombre de responsables politiques pensaient également et le pense toujours...
Il convient de noter aussi, plus il y a de petites communes au sein d’une intercommunalité, plus le budget global concernant les indemnités des élu(e)s et de leurs collaborateurs sera élevé, si on y ajoute celles de président et vice- présidents, ainsi que leurs collaborateurs pour l’intercommunalité, cela représentera des sommes annuelles particulièrement importantes contrairement au coût de fonctionnement d’une seule commune sur la base territoriale de cette intercommunalité. Par exemple pour une intercommunalité de 20 petites communes, comme il en existe en région Auvergne Rhône Alpes cela représenterait une économie annuelle d’environ de plus de 300 000 euros. Plutôt que supprimer les départements, ce sont bien les intercommunalités qui doivent l’être, grâce aux fusions de communes sur tout ou partie de leur territoire actuel.
Pour conclure
Il faut se rendre à l’évidence, par un choix individuel et surprenant, alors qu’il n’y était pas contraint, Emmanuel Macron s’est mis dans une situation inextricable et ce n’est pas une nomination d’un premier ministre dans les heures qui suivent qui changeront quoi que ce soit à terme. Avec une dette de près de 3000 milliards d’euros qui vont rendre très difficile la politique du prochain gouvernement en regard des urgences sociales, sociétales écologiques auxquelles il devra faire face et l’obligation de réaliser des économies sur certaines dépenses publiques, sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille...
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