Présidentielle 2022 : Yannick Jadot parle aux Français
Ce mercredi 3 février 2021, dans un studio d’enregistrement de la place Vendôme à Paris, Yannick Jadot, eurodéputé EELV, annonce le lancement sur internet de sa plateforme "2022 l’écologie". Il appelle à un rassemblement avec le PS et à une primaire commune pour désigner le meilleur candidat pour les élections présidentielles de 2022.
Son entourage explique qu’il n’est candidat à rien puisque les déclarations de candidature ne devront se faire qu’en juillet 2021 pour la primaire prévue à l’automne.
Pourtant, quelques mois auparavant il avait réclamé que le candidat écologiste soit désigné avant noël 2020 et déclaré : « on ne peut pas laisser le pouvoir à Emmanuel Macron encore 5 ans et Marine Le Pen ce sera terrible » puis, « il y aura une candidature écologiste et je m’y prépare. »
La politique gouvernementale du mouvement Europe écologie Les Verts n’est pas encore bien définie ou en tout cas pas très bien décryptable.
Celle de Yannick Jadot est au contraire parfaitement déterminée.
Peu après les élections européennes de 2019, il avait déclaré par exemple : l’écologie n’est « ni à gauche, ni à droite mais "centrale" » ; « je me sens plus proche de Jean-Louis Borloo que de Stéphane Le Foll » ; « ne pas fermer la porte à un éventuel rapprochement avec le PPE, les libéraux et les sociaux-démocrates au Parlement européen » ; en juillet, « je ne souhaite pas limiter la discussion au camp de la gauche. »
En août 2020, aux rencontres des entreprises de France organisées par le MEDEF, il avait exposé aux patrons sa vision d’une « écologie ni décroissante ni anticapitaliste. »
Quant à sa proposition de primaire commune avec le PS, « candidature commune entre Macron et Mélenchon (…) il faut qu'il y ait un rassemblement, avec un processus de désignation à l'échelle de cet espace politique », elle signifie que Yannick Jadot rejette d’emblée tout rapprochement avec toutes les autres composantes de la Gauche.
Sur sa plateforme "2022 l’écologie", on trouve "Dix premiers chantiers" et "15 "propositions" pour une République écologique et sociale.
Si un jour elles étaient mises en œuvre, elles feraient faire un premier vrai pas vers une politique plus verte en France.
En revanche elles n’amorceraient pas les nécessaires combats urgents contre les crises écologique, climatique et de la biodiversité qui menacent l’humanité.
Oh ! Combien de climatologues, combien d’économistes, spécialistes de l’environnement, océanologues, philosophes politiques, etc., pas joyeux, devront clamer que capitalisme financiarisé, mondialisation et ultralibéralisme sont incompatibles avec l’écologie, avant d’être entendus. « Dans ce morne horizon (EELV) se sont évanouis ! Combien ont disparu, dure et triste fortune ! » (emprunté à Victor Hugo)
« Il est vital que l'écologie soit la priorité absolue de tout pouvoir politique (…) Ce n'est pas une mince affaire, ce n'est peut-être plus même véritablement possible dans le système économique mondial actuel. Si tel est le cas, il faut le changer, ou périr. » Aurélien Barrau.
« L'avènement d'une société écologique est impossible sans un changement radical de modèle économique. La politique actuelle du gouvernement en est l'exemple à contrario : concilier, sur le plan politique, libéralisme économique et préservation de l'environnement débouche nécessairement sur l'inaction écologique. » Paul Jorion.
Et avec eux, Dominique Bourg, Thomas Porcher, Thomas Piketty, Esther Duflo, Nicolas Hulot, Fred Vargas, rien que pour les français.
Antonin Pottier, docteur en économie de l’environnement, lauréat du prix Veblen 2018, dans « Comment les économistes réchauffent la planète », explique l’échec des COP successives par la théorie et le discours économiques appliqués depuis trois siècles et il conclut : « le capitalisme est incompatible avec l’écologie ! »
Si c’est trop radical, au moins que Yannick Jadot et ses amis s’inspirent d’Ygnacy Sachs. En 1972, à Stockholm, lors de la conférence des nations unies sur l’environnement, il définit la notion « d’écodéveloppement ». Il faut réformer le capitalisme par une régulation sociale et environnementale. Il faut « une main bien visible de l’état » dit-il avec humour.
Depuis qu’ils se prétendent écologistes, ils ont dû les lire toutes ces contributions, ces rapports du GIEC sur la crise climatique, de l’IPBES sur la biodiversité, etc. Ils ne peuvent pas ignorer que l’ampleur des actions à mener nécessite la participation solidaire de tous, individus, spécialistes, politiques, états à l’échelon national comme international.
L’objectif ne doit pas être d’obtenir une place pour soi, la meilleure possible.
Et là, l’exemple de précédents leaders de divers mouvements écologistes est inquiétant : Antoine Waechter, Daniel Cohn-Bendit, Brice Lalonde, Jean Luc Bennahmias, Jean-Vincent Placé, Emmanuelle Cosse, François De Rugy, Barbara Pompili, Pascal Canfin, Pascal Durand, Matthieu Orphelin ; en Allemagne, l’Everest de la félonie, Matthias Berninger leader des Griinen (Les verts) recruté par Bayer-Monsanto (glyphosate, roundup) dont il dirige désormais le service « Relations publiques et développement durable », etc. : tous ont fait carrière ou changé de bord.
Octobre 2019, pour la 2ème fois, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a condamné la France pour avoir dépassé « de manière systématique et persistante » le seuil limite de dioxyde d'azote (NO2) depuis 2010, après une décennie de mises en garde.
Mercredi 3 février 2021, le tribunal administratif de Paris condamne l’État français pour insuffisance dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Et alors ?
Rien ! Ceux encore en place continuent de faire carrière.
La ministre de la transition écologique du gouvernement Castex, Barbara Pompili, autorise la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes dont l'interdiction avait été demandée dès 2016 par la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité des gouvernements Valls/Cazeneuve… Barbara Pompili.
Mais, attention, Barbara Pompili ne s’accroche pas à sa place. Elle assume ses responsabilités.
C’est comme à la CFDT. Tous ses secrétaires généraux, Edmond Maire, Jean Kaspar, Nicole Notat, Jacques Chérèque, le père, Francois Chérèque, le fils, tous très bien récompensés pour avoir mené une politique réformatrice, "négociée", concertée avec les pouvoirs successifs exclusivement dans l’intérêt de leurs adhérents et des travailleurs en général bien sûr.
Ou, Philippe Grangeon, ex de la CFDT, conseillé préféré du président Macron après l’avoir été de François Hollande.
Les leaders de ces deux institutions après avoir conduit des politiques, disons, consensuelles avec les gouvernants, ont ensuite été comme récompensés par l’obtention de places enviables.
Au détriment de tous mais particulièrement des pauvres et des nouvelles générations.
Yannick Jadot a raison : « on ne peut pas laisser le pouvoir à Emmanuel Macron encore 5 ans et Marine Le Pen ce sera terrible. »
Yannick Jadot a tort. Le mouvement écologique ne peut être que de gauche.
Obtenir un changement tangible et suffisant nécessite l’engagement et l’action de tous, solidairement, individus et états.
Pour permettre à chacun de pouvoir prendre sa place dans la lutte contre les crises du climat et de la biodiversité, il faut une réduction radicale des inégalités intra nationales et inter nationales.
Pour réduire les inégalités, dégager les moyens nécessaires, il faut abolir ou à minima réguler drastiquement le capitalisme financiarisé, l’ultralibéralisme et la mondialisation.
Seule la gauche le peut, la gauche unie.
Pas la droite, pas les socio-démocrates, pas ceux qui s’affichent ni de l’une ni des autres. Pourquoi ? Parce qu’en occident, ils ont été partout au pouvoir depuis des siècles sauf en quelques fugaces épisodes, et ont amené l’humanité au bord de son extinction !
Tous ceux qui concourront à la division de cette gauche seront responsables en particulier devant les pauvres, les jeunes générations et tous ceux qui n’ont pas accès aux décisions faute d’une démocratie véritable.
Yannick Jadot d’Europe Écologie Les Verts. Et les autres Eric Piolle, Julien Bayou, David Cormand ? Ils en disent quoi ?
Ils attendent les résultats des prochaines élections locales pour mesurer leur influence. Ils sauront alors jusqu’à quel niveau placer leurs exigences.
Attendons donc.
Écologistes et fidèles à ses idées, c’est possible : René Dumont, Dominique Voynet, Cécile Duflot, Noël Mamère, Yves Cochet, José Bové, Eva Joly… Devenu écologiste et lucide : Nicolas Hulot.
Article en complément des chroniques suivantes :
Municipales. Les écologistes gagnants mais, l’écologie peut-être pas
1% de la population de la planète possède deux fois plus que les 90% autres. Où est le problème ?
Les directions de la CFDT, « Trente ans de détricotage du droit social » ?
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