Présidentielle : élue dès le premier tour …
Politique fiction
Présidentielle : le nouveau président est une femme, élue dès le premier tour sous les superlatifs et l'incrédulité des médias qui n'ont rien vu venir malgré tous les sondages et enquêtes d'opinion qui l'annonçaient.
Un ex politicard, ancien soixante-huitard, crie à tout-va que la démocratie est une chose trop sérieuse pour la laisser au peuple. Quelqu'un lui retourne le slogan de ses vingt ans « Élections, pièges à cons ».
Un metteur en scène bien connu des intellectuels délivre son sentiment avec la même condescendance qu'il avait exprimée en dirigeant une artiste populaire dans un rôle sérieux : "C'est un crime de donner le droit de vote à des électeurs qui ne sont pas mûrs". C'était pourtant lui qu'on avait vu quelques mois plus tôt exiger le vote des étrangers, même pour ceux qui ne maîtrisaient pas notre langue ou qui ne connaissaient pas son art.
Un octogénaire, avec une carte de journaliste, commente doctement le résultat avec d'autant plus d'assurance qu'il en a l'habitude depuis des dizaines d'années et qu'à chaque fois ses pronostics ont le même indice de confiance : ils sont aussi éloignés du score officiel qu'un candidat de la télé-réalité a des chances de devenir académicien français.
Un ancien ministre s'épanche comme à son habitude depuis l'année 2002 en jérémiades parce qu'il a mal en son pays. Il a surtout mal à son ego, car même s'il a constaté le désamour de Marianne pour ses anciens amis, ses avances ont été rejetées, pire ignorées.
Les syndicats de tous bords, fébriles, se téléphonent et se rencontrent. Ils se mettent vite d'accord sur l'urgence : maintenir l'interdiction de la diffusion du rapport sur l'argent secret des syndicats, publié en 2011, qui a dérangé au point de voir son rapporteur menacé de "poursuites pénales par le président de l'Assemblée nationale et le président du groupe PS de l'époque", et qui expliquait
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que sur des ressources de 4,5 milliards d'euros par an, la part des cotisations n'est que de 3%,
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que 8% des salariés sont syndiqués dont 3% dans le privé,
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et que depuis les années 50, le nombre de personnes syndiquées dans les entreprises a été divisé par 4 et les moyens multipliés par 20.
cf http://bfmbusiness.bfmtv.com/ et http://www.leparisien.fr/
Dans les couloirs du pouvoir sortant et sorti, on ne comprend pas :
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la croissance est en panne,
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le déficit pire que prévu,
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le chômage encore en hausse,
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les réformes annoncées mais pas arrivées,
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et cependant, on s'est appliqué à mettre en pratique la méthode Coué pour forcer la vérité, et à utiliser des éléments de langage pour la pédagogie. Pédagogie, du grec παιδαγωγία, direction ou éducation des enfants, est bien le terme approprié. Le peuple est un enfant qu'il faut éduquer.
Dans l'opposition des partis dits de gouvernements, on est également abasourdi. Quelles erreur irrémédiables a pu commettre le pouvoir ? Il a fait exactement ce qu'ils auraient fait à sa place. Et pour donner le change, pour faire croire à une différence idéologique et pour bénéficier de l'alternance, ils avaient ferraillé de concert sur des leurres.
Le mariage pour tous en était un bel exemple. L'institution perdaient son caractère universel en passant de 387.739 en 1975 à 231.150 en 2011, soit une baisse de 40 % cf http://www.insee.fr
Accorder ce droit aux homosexuels, qui forment une population minoritaire, était donc marginal.
Et comme parmi ces derniers ceux qui voulaient se marier n'étaient qu'une minorité, ce droit n'était qu'une décision à portée très restreinte.
En effet, en 2013, on ne célébra que 7.000 mariages de personnes du même sexe sur un total de 231.000, soit 3 % des mariages, soit, pour 65,7 millions de Français, quelque 0,7 % de Français concernés par an cf http://www.insee.fr
Les manifestations et les déclarations solennelles étaient censées montré une opposition irréconciliable alors qu'elles ne portaient que sur les questions de société. Et encore. Sur l'économie, le travail, la finance, et bien d'autres points, leurs intellects, à défaut de coeur, battaient à l'unisson.
Pour se moquer des aberrations des programmes, un candidat avait promis de donner du travail à tout le monde en supprimant l'eau courante et en relançant l'ancien métier de porteur d'eau.
Sachant que la consommation en 2006 était de 1 875 m3/personne/an en France (110 milliards de m3/an) http://www.eaufrance.fr
cela fait 110.000.000 divisés par 4.000.000 chômeurs en catégorie A,
soit 27,5 m3, soit 27.500 litres.
Si à chaque trajet un homme porte des seaux de 20 litres,
cela fait 1.375 voyages.
A raison de 200 jours travaillés par an,
cela fait presque 7 trajets par jour.
Il faut donc s'arranger pour que le trajet dure environ une heure en moyenne.
A ses détracteurs, ils répondaient que le travail n'était pas LE problème.
Le Produit intérieur brut (PIB) en milliards d'euros étaient de 2.001,4 et de 2.032,3 respectivement pour 2011 et 2012 vs, en milliards d'euros courants, 110,8 et 206 pour 1969 et 1974 cf http://fr.wikipedia.org et http://www.insee.fr
Compte tenu de l'érosion monétaire due à l'inflation, cela correspond à 803,28 et 1018,72 milliards d'euros constants pour 1969 et 1974, cf http://www.insee.fr
C'est à dire un PIB double malgré un chômage à l'époque quasi nul et actuellement énorme.
Économie et travail ne sont pas liés.
Le problème, c'est de répartir les richesses créées et de donner à chacun un minimum au moins vital.
Les Romains l'avaient compris en ôtant le travail des mains des citoyens pour le donner de force aux esclaves. Les citoyens romains avaient protesté, mais « PANEM ET CIRCENSES », qui peut se traduire par « allocation et télévision », les avaient endormis et permis aux plus riches de continuer à s'enrichir.
Les moines aussi l'avaient compris, il y a environ mille ans. Ils avaient confié le travail à une machine, le moulin, pour se consacrer davantage à la prière.
Romains et moines s'étaient affranchis du travail, d'une manière différente. Mais l'objectif était le même.
Alors pourquoi à mille ou deux mille ans de distance en serions-nous incapables ?
Les journalistes habitués des plateaux et des micros l'avaient d'autant plus tourné en dérision qu'ils avaient une assiette à la table des palais ministériels et un siège dans les avions officiels.
Plus sérieux, des commentateurs invités à des heures avancées de la nuit cherchent une explication dans le décalage entre les discours et les décisions, sans oser parler de mensonge.
Ils parlent du triple décalage entre électeurs et élus qui s'était révélé lors du référendum dur l'Europe :
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une divergence entre les partisans, les élus, et les adversaires de la constitution proposée, les électeurs
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une étude approfondie du texte par le peuple, alors que les élites l'en jugeaient incapable
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une propagande financée par l'argent du peuple, à son insu et contre lui-même
Ils parlent aussi de la myopie des politiciens qui maîtrisent le court terme, en particulier quand il s'agit de prendre le pouvoir dans leur camp, mais ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et n'ont aucune vision du pays et de l'avenir.
Ils parlent encore de cette auto amputation continuelle de leur pouvoir, qu'ils attribuent à une attirance pour le suicide, sur tous les plans
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géographique, avec la décolonisation
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financière, avec la privatisation des banques
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économique, avec la privatisation des entreprises
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politique, avec la soumission à l'Europe
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monétaire, avec la BCE, banque centrale responsable de la monnaie unique européenne, l'euro
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informationnelle, avec la dépendance à l'étranger pour des ressources stratégiques comme le GPS, la cartographie, le moteur de recherche,
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militaire, avec l'incapacité grandissante de conduire une guerre, de gérer une crise ou de préserver la paix
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éducationnelle, avec ses 2,5 millions d’adultes en situation d’illettrisme en France
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...
Ils découpent le pays en morceau et l'autopsient.
La nuit se prolonge.
Les journaux tournent déjà la page et publient la projection des résultats des élections législatives qui se tiendront dans plusieurs semaines. Dès qu'un événement a lieu, il n'existe plus. Pour eux, ce qui compte, c'est le scoop, c'est d'être le premier à donner l'information, pas à l'expliquer. Il faut toucher le lecteur par l'émotion, pas par la raison. Ce postalat ne semble pas se vérifier quand on le compare à la chute des ventes et au peu d'estime des journalistes auprès des lecteurs. Mais un postulat, c'est comme une religion. On y croit avec la foi du charbonnier.
La même nuit, des politiciens annoncent qu'ils refusent la politique du pire, et que le pire selon eux est une opposition systématique, et que pour le bien suprême du pays, ils sont prêts à se rallier à la nouvelle présidence quand les approches sont convergentes.
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