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Accueil du site > Tribune Libre > Procès en appel d’un « serial killer » acquitté

Procès en appel d’un « serial killer » acquitté

L’ex docteur Bonnemaison de nouveau jugé en appel. Rappelons que ce médecin a été acquitté en juin 2014 pour avoir « abrégé la vie » de sept personnes qui n’en demandaient pas tant. C’est le procès de l’euthanasie.

Ce « bon docteur » était mu par quoi ? La compassion ? La méchanceté ? L'altruisme ? Le vice meurtrier ? La cupidité ? La dépression ? Le souci de rentabiliser les lits ? Tout est ouvert.

Lors de son premier procès il a été non seulement blanchi mais acquitté. C'est-à-dire que les jurés ont estimé que ses actes ne sont, en aucune manière, répréhensibles. Ça veut dire quelque chose toute de même ! D'autant plus que ça va dans le sens général puisque les f(u)ameux sondages montrent que les Français seraient sont favorables à l'euthanasie.

Mouais…Nous sommes au siècle du spectacle. L'affect populaire est modulé par la télévision, c'est-à-dire par le degré zéro de la culture. Le jury de Pau, lors du premier procès, a jugé non par la raison mais par l'émotion. Et les 90% de sondés qui acceptent le rétablissement de la peine de mort – parce que c'est de ça qu'il s'agit – confondent la compassion altruiste avec une sensiblerie pleurnicharde. Eh ! Oh ! Le « bon » docteur Casabuena, Goodhouse, Iyiev, Guthause, Buenhogar ou tout ce qu’on voudra, il a tout de même tué volontairement et sciemment malgré ses dénégations concernant son « intention de tuer ». Il a injecté du CURARE – substance létale du cocktail de poisons des tueurs légaux étazuniens – la nuit, en catimini, à des personnes qui n'ont JAMAIS demandé à mourir. Á des personnes très, très vulnérables venues en milieu hospitalier pour chercher une guérison, au moins un espoir. Et il les a tués, sans concertation avec des collègues, sans même en prévenir la famille ! Ce type – par ailleurs fragile mentalement - est sorti sous les applaudissements ! Et les jurés, comme les aplaudisseurs peuvent encore se regarder dans la glace ?

Peut-être ont-ils pensé à la souffrance des pauvres gens dans les angoisses ultimes de l'agonie ? Sensiblerie. Sous la pression de très nombreux imbéciles heureux, la justice populaire a statué sur la mise à mort des malades, des comateux, des vieux, des handicapés, des trop malades. Bientôt, sous Marine par exemple, pourquoi pas des trop moches, des trop bronzés, des trop récalcitrants à l’idéologie dominante « pour abréger leurs souffrances », bien sûr. Á la discrétion des autorités médicales ou à la demande des familles des « impétrants » à l’euthanasie. Euthanasie, tiens, en voilà un joli mot ! Ça fait savant, propre sur soi, pas comme ces vieux qui bavent, pissent et se chient dessus. Et qui coûtent si cher à la Sécu ! Pourtant, le meurtre par empoisonnement d’une personne, ça a un nom précis : ASSASSINAT ! Mais c’est pas joli.

Le jugement de Pau, s’il est confirmé en appel dans le procès qui s’ouvre aujourd’hui, fera jurisprudence. Il donnera à une corporation – les médecins – qui se croit déjà au-dessus des lois, le droit de vie ou de mort sur des personnes en état de souffrance et de vulnérabilité extrême. Il s’agit ni plus ni moins du rétablissement de la peine de mort mais décrétée non pas par un jury populaire et des juges professionnels, mais par un collège de toubibs et de personnes de l’entourage du « patient » ! La porte ouverte à toutes les magouilles ou les intérêts les plus sordides le disputeront à la vraie compassion.

On peut rétorquer : oui mais si le mourant a, lorsqu'il était lucide, demandé la mort assistée et douce plutôt que la souffrance ?

En finir avec la vie, c'est facile d'en parler lorsqu'on est en bonne santé, fort et un peu bravache. C'est probablement différent dans les angoisses ultimes, non ? Et puis, cette mise à mort légale, est-ce à la demande du malade ou à celle de sa famille, de son entourage ? Il faut se méfier de ce premier réflexe qui se veut altruiste et compassionnel : abréger les souffrances du malade en accédant, voire en lui suggérant de mettre fin à ses jours.

Alors que faut-il faire ?

La loi Léonetti est une bonne loi. Encore faudrait-il l'appliquer. Il existe des moyens de rendre les derniers instants dignes et apaisés. Encore faut-il que le monde hospitalier se donne les moyens de ces indispensables soins palliatifs. Ce qui compte, avant tout, c’est d’abattre la souffrance, pas de tuer le souffrant. Seulement ça coûte des sous. Beaucoup de sous. Et des sous, y en a pas...

Derrière tout ça, il y a des calculs trop sordides pour qu'on les laisse apparaître au grand jour. C'est le culte du pognon de la société ultralibérale : élimination des gens qui ne seront plus productifs, économies conséquentes sur les retraites, remise à flot de la Sécu. Une journée d'hôpital coûte cher à la collectivité, donc en ces temps d'austérité, abréger la vie ou suggérer aux patients que ce serait mieux qu'ils cessent de vivre parce que leur vie est devenue indigne va faire faire à la société de substantielles éconocroques !

Tè ! Le mieux, c’est encore de ne pas mourir !

 

Illustration : merci à Konk


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16 réactions à cet article    


  • Paranoïd 15 octobre 2015 13:36

    Bonjour,
    C’est un sujet très difficile à traiter que celui de la fin de vie ou plutôt des fins de vies, car il y a beaucoup de situations qui peuvent être très différentes et qui seront traitées différemment selon les hôpitaux et équipes médicales.
    Cependant il ne faut pas se voiler la face, dans certains cas, on préviendra simplement la famille présente que selon le pronostic de l’équipe médicale l’état du patient va quoi qu’il arrive se dégrader très vite,( par ex : grave problème post op, placé en coma artificiel) et à un moment il débranche simplement la machine respiratoire.
    On peut donner son avis sur ce sujet à qui on veut, mais le mieux c’est de se préparer soi-même à la pire dès situations et de faire en sorte si c’est possible, le moment venu, que l’équipe médicale qui vous entoure soit bien au courant de ce que vous souhaitez.


    • Paranoïd 15 octobre 2015 13:44

      J’allais oublier, je pense que vous avez raison ; il est parfois difficile de ne pas se laisser aller à croire qu’en parallèle du discours du médecin qui vous annonce qu’à un moment on débranchera la machine, il n’y a pas aussi un calcul de coût concernant la place en réanimation( par ex) qu’occupe une personne en fin de vie. Sordide non ?


      • Trelawney 15 octobre 2015 17:48

        @Paranoïd
         il n’y a pas aussi un calcul de coût concernant la place en réanimation( par ex) qu’occupe une personne en fin de vie.

        Justement le sordide serait de les laisser en vie le plus longtemps possible, pour pouvoir toucher les honoraires sur un malade tranquille puisque l’on sait que de toute façon, il va passer l’arme à gauche.


      • Trelawney 15 octobre 2015 18:51

        @oncle archibald
        On va jouer les législateurs et on va se fabriquer une petite loi qui va prendre 30 secondes et qui va gérer le problème définitivement

        Comme tout le monde a un numéro de sécu et comme la sécu et informatisé. On fabrique un questionnaire avec 2 questions

        Question 1 : acceptez vous le don d’organe ?

        Question 2 : En fin de vie seriez vous d’accord à ce que le médecin selon son âme et conscience vous euthanasie ?

        Si le questionnaire n’est pas renseigné, il le sera lors d’une consultation chez votre médecin (après tout on peut discuter de ça avec son médecin). Et quand vous êtes à l’hôpital, le médecin avec votre carte connait vos volontés.

        C’est quand même pas compliqué !


      • colere48 colere48 15 octobre 2015 14:56

        DÉRIVES INÉLUCTABLES

        Belgique : bientôt l’« euthanasie non volontaire » ?

        Les médecins de soins intensifs réclament ce droit aussi pour des patients qui ne souffrent pas et ne l’ont pas demandée.
        Après l’autorisation de pratiquer l’euthanasie sur les enfants sans limite d’âge, voici que la Belgique s’apprête à franchir un pas de plus : l’ « euthanasie involontaire », sans le consentement du patient.
        À ce stade, on doit donner raison à ceux qui avaient averti que la pente glissante des petits pas conduirait du « droit à mourir » au « devoir de mourir ».

        Dans tout cela, l’avis du patient n’est pas envisagé,
        « étant donné que tout est fait en vue de son « bien-être ». L’administration de doses massives de morphine ne doit pas « être interprétée » comme une tentative de « tuer, mais comme un acte humain pour accompagner le patient en fin de vie." Bref, le Belge semble se diriger
        “à marche forcée vers l’enfer”


        • Lonzine 18 octobre 2015 12:08

          @colere48
          Il faut prendre aussi en considération le risque non nul d’erreur, comme en Belgique tout récemment ou un médecin s’est juste trompé de chambre et a euthanasié la mauvaise personne...


        • Le p’tit Charles 15 octobre 2015 15:47

          (acquitté en juin 2014 pour avoir « abrégé la vie » de sept personnes qui n’en demandaient pas tant)... ?
          heu..sept personnes...« Agonisantes » serait plus juste...A moins que vous ne sachiez pas le sens du mot... ?


          • cathy cathy 15 octobre 2015 16:23

            Le curare et l’anesthésie :

            Les anesthésistes d’aujourd’hui ont à leur disposition une grande variété de curarisants en anesthésie. La capacité de réaliser un relâchement musculaire indépendamment de la sédation a permis aux anesthésistes d’ajuster séparément ces deux effets (myorelaxation et sédation) de façon à s’assurer que leurs patients aient atteint, sans risque, le degré d’inconscience et de relaxation musculaire requis pour permettre l’intervention chirurgicale. Cependant, parce que les curarisants n’ont aucun effet sur la conscience, il est possible, par erreur ou accidentellement, qu’un patient puisse rester entièrement conscient et sensible à la douleur pendant la chirurgie, tout en étant incapable de bouger ou parler, et ainsi incapable d’alerter le personnel sur leur douleur et leur état de veille. Ce risque est maintenant considérablement réduit avec le moniteur bispectral ou BIS (en) (monitorage en salle d’opération) par exemple.

            • krapom.deviantart.com krapom.deviantart.com 15 octobre 2015 17:31

              Avec le consentement de certaines familles (voire de certains patients), puisque cinq des sept familles défendent le bon docteur. 

              Les omissions ont beau jeu, n’est-il pas.
              Je n’aimerais pas qu’un Victor m’empêche de mourir peinard.

              • cathy cathy 15 octobre 2015 23:29

                Silence on meurt dans les couloirs des urgences...


                • bakerstreet bakerstreet 16 octobre 2015 01:02
                  Non, moi non plus je n’aimerais pas Victor à mon chevet. D’ailleurs, rien à craindre, il nous dit dans sa bio qu’il est trop feignant.....Il nous dit qu’il a fait beaucoup de choses, en tout cas on veut bien croire qu’il n’a pas travaillé à l’hosto. Le billet est de la même teneur « d’épaté chronique » qu’il a écrit sur le camarade Poutine. Autant il était admiratif, autant le voilà scandalisé. « Eh Té ! ».... Nous dit-il.... Et oui, même en Russie des gens meurent aussi dans la douleur, même avec une photo de Vladimir pour les soutenir ! Ou de playmate aux seins nus avec chapka .....
                  Les propos sont misérables, visqueux, pleins de sous entendus sournois...Que connait il de la mort, et d’un corps agonisant, de tout ce que la plupart des gens des tribunaux ne soupçonnent pas ? Des docteurs Bonnemaison, mais il y en a des centaines en France. Je veux dire des gens d’humanité et de moralité qui n’ont pas besoin qu’on tente de faire passer le réel à l’anesthésiant et au gaz hilarant....Pas besoin de curare qui est un anesthésiant, mon pauvre ami pour faire passer quelqu’un de l’autre coté, la fin de vie misérable aura déjà amené ses propres munitions, pour le reste je n’en dirais pas plus.... Mais mes pauvres amis, aider quelqu’un à passer de l’autre coté, lui tenir la main comme on le fait pour les gosses quant ils traversent le passage clouté pour aller à l’école, tout le monde le fait dans les hôpitaux. Tous ceux qui ont travaillé en gériatrie ou en cancérologie doivent avoir un haut le cœur devant cette vaste hypocrisie qui amène le masque du bourreau sur celui du soignant. Les images de mort on les emmène chez nous, pour ça il n’y a pas de relève... Je souhaite simplement que je tomberai sur eux quand la camarde de l’ami Brassens sera assise à mon chevet, à ricaner et me faire mariner, sur le seuil infini de la souffrance...Cette affaire sidérante qui a été propulsé par la logique des plaintes et des lois, entrant en engrenages les uns avec les autres dans une logique de parquet, totalement déshumanisée, avec des inquisiteurs qui se lâchent avec des grands mots. Qu’ils les étouffent, et je les laisse se démerder avec !

                  • Julien30 Julien30 16 octobre 2015 09:43

                    @bakerstreet
                    « Des docteurs Bonnemaison, mais il y en a des centaines en France. Je veux dire des gens d’humanité et de moralité »

                    Un type qui achève plusieurs personnes en état de grande vulnérabilité sans leur accord, dont vous ne connaissez pas les motivations, présenté comme un type fragile, qui fait le contraire de ce que sa profession lui intime de faire, serait plein d’humanité et de moralité ? 

                    « qui amène le masque du bourreau sur celui du soignant. »

                    Et oui quelqu’un qui euthanasie une autre personne est bien plus proche du bourreau que du soignant, vous pouvez retourner ça dans tous les sens, ça n’y changera rien.


                  • bakerstreet bakerstreet 16 octobre 2015 13:08

                    @Laissebéton
                    « Mourir mais de mort lente » disait Bassens....D’accord, mais quand on est bien vivant... 

                    Il a beaucoup chanté la mort. Mais une mort assez bandante ! Suffit de réécouter sa chanson « l’ancètre » pour connaitre son opinion sur la chose.
                     Tant qu’il y a des belles autour du lit à danser, ça va !
                    Mais quand le lit n’est plus qu’un vieux wagon arrêté dans un couloir de mine, peut être mieux vaut éteindre la lumière, que de toute façon on ne voit plus.

                  • Trelawney 16 octobre 2015 14:31

                    @bakerstreet
                    Mais quand le lit n’est plus qu’un vieux wagon arrêté dans un couloir de mine, peut être mieux vaut éteindre la lumière, que de toute façon on ne voit plus.

                    Le droit pour tous de s’endormir avant de mourir est refusée catégoriquement par les sénateurs. Ils n’ont jamais été pour l’abolition des privilèges


                  • ecophilopat 16 octobre 2015 11:58

                    Pour une fois je suis en désaccord avec victor et en phase avec bakerstreet.

                    Je n’ai pas une confiance aveugle vis-a-vis des médecins en général mais je leur accorde celle-ci pour pratiquer, si besoin est, ma propre euthanasie.

                    La question ne serait-elle pas, avons-nous peur ou pas de mourir le moment venu.


                    • Garibaldi2 16 octobre 2015 12:48

                      Dites-moi VICTOR, qu’est-ce-qui vous donne le droit de traiter de ’’serial killer’’ quelqu’un qui a été acquitté par un jury populaire ? Il est vrai que vous avez du droit une notion bien ’’simplette’’, la preuve : depuis quand une unique décision de justice fait-elle jurisprudence ? En droit on parle de ’’jurisprudence constante’’. De plus une jurisprudence (même constante) peut évoluer et être infirmée, par exemple à cause de l’évolution des mœurs, ou pour d’autres motisf.

                      ’’Le jury de Pau, lors du premier procès, a jugé non par la raison mais par l’émotion’’, sans blague ? Ignorez-vous que, contrairement à ce qui fut longtemps le cas, les jury d’assises doivent motiver leur jugement :

                      Article 365-1
                      Le président ou l’un des magistrats assesseurs par lui désigné rédige la motivation de l’arrêt.

                      En cas de condamnation, la motivation consiste dans l’énoncé des principaux éléments à charge qui, pour chacun des faits reprochés à l’accusé, ont convaincu la cour d’assises. Ces éléments sont ceux qui ont été exposés au cours des délibérations menées par la cour et le jury en application de l’article 356, préalablement aux votes sur les questions.

                      La motivation figure sur un document annexé à la feuille des questions appelé feuille de motivation, qui est signée conformément à l’article 364.

                      Lorsqu’en raison de la particulière complexité de l’affaire, liée au nombre des accusés ou des crimes qui leur sont reprochés, il n’est pas possible de rédiger immédiatement la feuille de motivation, celle-ci doit alors être rédigée, versée au dossier et déposée au greffe de la cour d’assises au plus tard dans un délai de trois jours à compter du prononcé de la décision.

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