Prostitution : l’Etat proxénète ou l’Etat-bouc ?
Il paraît que le régime politique des pays occidentaux est le libéralisme. Il paraît. Parce que c’est de moins en moins visible dans certains pays. Initialement le libéralisme est une philosophie politique qui au 18e siècle s’opposait au pouvoir absolu de la monarchie. La liberté de l’individu primait sur toute imposition de l’Etat et lui conférait la responsabilité personnelle de ses choix de vie. Cette philosophie a été largement soutenue par les socialistes du 19e siècle.
Liberté et libéralisme
Wikipedia en résume l’essentiel :
« Au sens large, le libéralisme prône une société fondée sur la liberté d'expression des individus dans le respect du droit du pluralisme et du libre échange des idées. La satisfaction et l'expression libre de l'intérêt de chacun permet une société qui valorise les meilleures adaptations. Elle doit joindre, d'une part, dans le domaine économique, l'initiative privée, la libre concurrence et son corollaire l'économie de marché, et d'autre part, dans la domaine politique, des pouvoirs politique encadrés par la loi librement débattue, et des contre-pouvoirs. Elle valorise ainsi le mérite comme fondement de la hiérarchie. Cela suppose idéalement un état de droit où sont respectées les minorités jusqu'à la plus petite, l'individu ; l'État n'étant que le garant de ce respect et devant rendre des comptes de son action. »
En clair le libéralisme tend à la plus grande la liberté individuelle. C’est à lui que nous devons la fin de l’esclavage, le droit de créer un parti politique selon ses opinions, l’Etat de droit moderne, l’avortement, le suffrage universel des femmes et des hommes, entre autres.
Il semble que certains pays ont de la peine à comprendre ce qu’est la liberté individuelle. Ils rognent inlassablement sur les libertés au nom de principes qui n’ont plus rien à voir avec le libéralisme.
Le projet de la ministre Roselyne Bachelot en est un nouvel exemple : elle veut criminaliser les clients des prostitué-e-s. La Suède, cauchemar féministe, l’a déjà fait. La France, pays des libertés, enfonce un peu plus le clou de la criminalisation du citoyen - et du citoyen homme en particulier.
Les arguments
Un argument de la ministre est qu’il n’y a pas de prostitution volontaire et donc que chaque client est complice de la traite d’êtres humains. Et bien si, il y a une prostitution volontaire et des prostitué-e-s qui revendiquent leur métier. Il y a aussi des occasionnel-le-s, étudiant-e-s, mères de familles, qui arrondissent leurs fin de mois. Mais, oui, il y a aussi des réseaux dirigés par des mafias. N’est-ce pas là que la police devrait investiguer plutôt que de passer du temps à traquer les clients ? Il faut dire que traquer les clients rapportera plus en futures amendes.
Et puis quoi ! Cet Etat qui prend l’argent des clients en prélevant des impôts sur les revenus des travailleuses du sexe, ne devrait-il pas être assimilé à un proxénète ? Cet Etat tient le mauvais rôle puisqu’au fond c’est lui qui est complice de traite des humains. Veut-il se refaire une virginité, devenir l’ange protecteur qui sauve la femme - décidément toujours considérée comme un enfant ?!
Un autre argument avancé en vue de la criminalisation du client est que le corps humain ne doit pas être loué ou vendu et qu’il n’est pas une marchandise. Sur ce point, d’abord, il n’est pas vendu - sauf dans la traite des prostituées où les filles sont vendues d’un proxénète à l’autre. Des enquêtes sur les prostituées des pays de l’est l’ont montré. C’est là où il faut intervenir.
Mais une prostituée n’est pas vendue au client. Elle loue son corps pour un service spécifique. Comme n’importe quel employé ou prestataire de service. Tout le monde loue son corps, sauf les indépendants. Si l’on ne veut plus que les gens louent leur corps sur un chantier, dans un lit ou à un guichet de poste l’Etat doit déclarer illégal le fait d’être employé et investir massivement dans une économie où chaque individu est son propre patron. Ce serait l’ère de l’artisanat. Ce qui au passage mènerait probablement à la fin de l’industrie par la fin des grandes firmes. Une grande firme ne peut être formée d’artisans indépendants. Ce serait donc la fin de toute production de masse : la fin des ordinateurs, des voitures, des avions, des immeubles, de la mousse à raser, des livres en magasins, des téléphones portables, enfin de tout ce qui demande des unités de productions composées de nombreux humains travaillant ensemble sous la coordination d’un directeur. Il y aurait bien quelques artisans capables de créer un ordinateur rudimentaire pièce par pièce, un à la fois et par année. A un prix évidemment inaccessible à la majorité des citoyens. Seules quelques superfortunes disposeraient de ces biens.
Incohérence des anti-libéraux
Voyons aussi la prostitution sous un autre angle. Certains disent qu’elle profite de la misère sexuelle des hommes. Comment cela ? Il faut peut-être rectifier l’image débile que l’on fait du client : ce n’est pas un criminel, un prédateur violent, sauf quelques-uns bien sûr. Dans la plupart des cas ce sont des hommes plutôt timides, qui ne savent pas rencontrer des femmes, ou défavorisés par la nature. Des hommes dont on profite. Mais taper sur les hommes, ça ne mange pas de pain et ça rapporte. Les féministes victimaires le savent bien, qui en font leur fond de commerce tout en déresponsabilisant les femmes et en les infantilisant.
L’Etat veut faire dans l’angélisme et protéger les prostitué-e-s. La question n’est alors pas bien posée. Pourquoi criminaliser le client ? Il faut interdire purement et simplement la prostitution. Et traquer les contrevenantes plus qu’on ne le fait actuellement. Parce qu’enfin, comment qualifier ce projet : on laisse la prostitution exister mais ont pénalise le fait d’y recourir.
C’est incohérent. Ou alors cela fait penser au paradis et à la pomme : il y a ce fruit dans le Jardin d’Eden, mais tu n’y toucheras pas sinon une baffe ! L’Etat prend donc le rôle du serpent, du Tentateur, de Satan l'homme-bouc, dans l'imagerie populaire.
En attendant de voir si ce genre de loi soutenue par un féminisme abolitionniste puritain passera en France, on devrait se demander sérieusement où va la liberté individuelle. Tout est de plus en plus réglementé, légiféré, décidé à notre place par des gens qui ne nous ont même pas consultés. Je ne dis pas qu’il ne faut pas de règles organisant la vie en société. Je dis que les grands principes doivent être posés mais que les lois sur chaque détail de la vie deviennent des contraintes et des volontés du législateur de gouverner les gens.
Alors soit, si l’on veut gouverner les gens, faisons-le ouvertement sans plus se référer au libéralisme. Décidons pour eux, contrôlons-les, donnons à un Régulateur (l’Etat) tous les pouvoirs pour décider de la vie de tous les jours. On se plaint qu’en système libéral, quelques grands groupes économiques peuvent influencer la société. Mais en système étatiste c’est un seul groupe qui décide : la nomenclatura au pouvoir. L’Etat-patron décide de l’économie, de la morale, de la vie quotidienne, de la pensée, de l’art. Et il n’y a plus de choix. Il y a seulement un peu moins d’injustice. Et encore...
Une autre voie serait la mise à mort du Régulateur, de l’Etat. C’est à la fois le libéralisme total, et l’objectif anarchiste. Car l’anarchisme est forcément libéral : ni Dieu ni maître.
En attendant, pour préserver la liberté individuelle, y compris le droit de louer son corps de quelque manière que ce soit, je suggère que la prostitution soit non seulement autorisée mais enseignée, pour que les péripatéticiennes donnent un vrai et incroyable plaisir à leurs clients. Je propose aussi, pour que l’Etat ne soit plus le proxénète ou le Satan, qu’il renonce à taxer cette profession.
Tout ce qui touche à la sexualité, et en particulier ici la prostitution, devient la cible de l’intégrisme moralisateur. Pour contrer celles qui veulent étrangler la liberté et instaurer un Etat autoritaire sans dire son nom, je dis : vive la prostitution libre et sans impôts ! Avec cela j’ose espérer que Roselyne Bachelot, qui n’a pas inventé la poudre et qui a coûté environ un milliard à la collectivité avec l’hystérie de la grippette H1N1, va manger son tailleur.
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