Putes, mensonges et DSK
Dix questions à ne pas soulever concernant l'affaire DSK... qui ne cesse de rebondir et prend rapidement une dimension atlantique. De la femme de ménage guinéenne Nafissatou Diallo à l'écrivain française Tristane Banon en passant par l'économiste hongroise Piroska Nagy, l'ex-directeur du FMI cumule déjà trois scandales sexuels... à ce jour.
Toutefois, la pudeur ou « l'autocensure » des médias américains comme français éludent de nombreuses questions qui doivent être abordées avec froideur et objectivité.
1. Au 15 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est un homme puissant dans la soixantaine, de confession juive, marié à une femme riche. Nafissatou Diallo est une femme de ménage africaine dans la trentaine, de confession musulmanne, de condition sociale modeste. Les médias, les opinions et la justice n'ont-ils pas été sujets à ce biais aussi manichéen que hollywoodien ?
2. Pourquoi un directeur du FMI et très probable candidat à la présidence de son pays ne bénéficie-t-il pas d'une sécurité rapprochée ? Pour peu qu'il soupçonne une « machination » à son encontre, a-t-il pris toutes les précautions comportementales et sécuritaires à la hauteur de ses fonctions (actuelles ou envisagées) ? Un week-end privé justifie-t-il une telle négligence pour un haut fonctionnaire international ambitionnant une carrière présidentielle ?
3. Y a-t-il eu agression sexuelle ou viol dans la chambre d'hôtel ? En cas de lutte, pourquoi DSK ne portait-il aucune marque de coups ou de griffures sur le visage ? Pourquoi l'avocat de Nafissatou Diallou n'a-t-il pas immédiatemment exploité les résultats des tests ADN (attestant d'un acte sexuel ou « masturbatoire »), les certificats médicaux et les documents photos afférents ? Compte-t-il inciter sa cliente à poursuivre personnellement Mr Strauss-Kahn au cas où le procureur abandonnerait les charges ?
5. Y a-t-il eu sexe consenti et/ou tarifé ? Quel incident a pu frustrer ou susciter la colère d'un partenaire ? Dominique Strauss-Kahn aurait-il subi quelque chantage verbal de la part de Nafissatou Diallo et, ce faisant, aurait littéralement « pété les plombs » ? Le directeur du FMI – figurant parmi les fonctionnaires les mieux payés au monde - aurait-il refusé de payer ? Pourquoi ? Ce refus aurait-il déclenché « une escalade » dans une confrontation à huis clos des deux partenaires ?
6. Doit-on être une victime au-dessus de tout soupçon afin de porter plainte pour viol et être entendue/soutenue par le ministère public ? Le souhait ou le mythe d'une victime « blanche comme neige » n'est-il pas facteur d'impunité pour les agresseurs sexuels de femmes au passé/présent trouble ?
7. Doit-on être un homme politique moralement irréprochable pour mener à bien ses fonctions gouvernementales ? Quelles vices ou quelles passions d'ordre privé devraient être autorisées à un parlementaire, à un ministre ou à un chef d'Etat ? Compte tenu de ses antécédents en matière de scandale sexuel, Dominique Strauss-Kahn est-il réellement à l'abri de futures poursuites judiciaires ? Ce risque probable n'est-il pas hautement nuisible pour son parti politique et pour sa carrière présidentielle (aujourd'hui releguée aux oubliettes) ?
8. Côté français, le président Nicolas Sarkozy et l'UMP n'ont pas attendu le verdict de la justice pour « lâcher » l'ancien ministre George Tron impliqué dans des scandales sexuels. Côté américain, le président Obama a rapidement fait de même pour le répresentant démocrate Anthony Weiner. Pourquoi la frange « strauss-kahnienne » du Parti Socialiste soutient-elle autant son poulain à la réputation désormais trop salie au risque d'éclabousser durablement son propre camp ? Pourquoi invoque-elle un complot (impliquant l'hôtel Sofitel New york, les renseignements français et même l'Elysée !) c'est-à-dire un fait aussi peu probable que très difficile à prouver ?
9. L'appel téléphonique effectué par l'hôtel Sofitel New York à l'Elysée (et à la Maison Blanche !) dès l'arrestation de DSK n'est-il pas lié à « un simple droit de regard » que de nombreux gouvernements exercent sur les personnalités politiques internationales/nationales les plus en vue, notamment en vue de leur porter assistance/secours ? Souvenons-nous que l'ex-premier ministre Michel Rocard fut victime d'un malaise neurocérébral lors d'un voyage en Inde en 2008 et qu'il bénéficia aussitôt d'une assistance médicale prodiguée par le gouvernement français. Pourquoi n'en aurait-il pas été de même pour DSK en cas d'incident d'ordre médical ?
10. À l'avenir, faudrait-il opposer à la présomption d'innocence (du violeur présumé) à la présomption de véracité (de la victime présumée) ?
Au 5 juillet 2011, « l'affaire Dominique Strauss-Kahn contre l'Etat de New York » suit toujours son cours. À suivre...
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